Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par MTF (15 décembre 2022) J'avais lu jadis, dans un magazine spécialisé, que « contrairement au cinéma, une suite de jeu vidéo est toujours supérieure à l'original ». On peut soupirer devant une telle généralité : mais à l'époque, encore maintenant, c'est vrai que j'ai du mal à trouver de notables exceptions. Il y a bien entendu des séquelles moins touchées, ou qui se contentent de polir une formule éprouvée ; mais j'ai souvent été content de retrouver un univers qui m'avait captivé une première fois. Le jeu, c'était prévisible, fut un énorme succès, critique comme populaire ; mais surtout, il atteignit un degré de perfection inédit dans sa formule, au point d'éclipser la mémoire du premier opus qui, malgré ses qualités, souffrait de plusieurs errances, de rythme ou d'intelligence : il était surtout concentré dans le Temple situé sur le dos du Titan Kronos, et son combat final, contre Ares, était assez laborieux. S'il était inattaquable dans son spectacle et dans son gameplay, on le sentait néanmoins comme limité, étouffé par ses ambitions. Ce ne sera plus le cas ici. I am SpartacusL'histoire reprend plus ou moins là où le premier épisode s'était arrêté. Pour résumer, nous incarnons Kratos, un ancien spartiate qui avait vendu son âme à Ares, dieu olympien de la guerre, en échange d'une puissance surhumaine et de deux lames fatales, des haches reliées éternellement à ses avant-bras par des chaînes brûlantes. Le Dieu, cependant, l'enivra tant de violences qu'il le conduisit à assassiner sa femme et sa fille par erreur. Rempli de regrets, il ne cherche qu'à apaiser ses souffrances et les visions d'horreur qui le hantent. Les affaires olympiennes ne le regardent guère cependant, et toujours fou de colère et de fureur, il décide de mener son armée de spartiates dans des guerres infinies, pour la gloire de sa nation terrestre. Zeus, désirant mettre hors d'état de nuire cet électron libre qui pourrait menacer sa puissance, se décide alors de le tuer. Il le trompe en lui donnant une lame magique, qui le déchargera de ses pouvoirs divins et lui permettra de l'envoyer en enfer. Mais il en faut plus pour arrêter Kratos ! Il échappera à la mort et se mettra en quête des Moires sur le conseil d'Athéna toujours, afin de remonter dans le temps au moment funeste et de changer son destin. D'un autre côté, et même s'il est vrai que l'histoire mange à tous les râteliers, force est de reconnaître que la mythologie grecque s'est toujours prêtée à ces interprétations et réinterprétations, comme elles en connurent déjà énormément tout au long de leur histoire culturelle, dès l'antiquité du reste : chaque mythe connaît tant de variations, sans que l'on ne puisse véritablement en pointer une comme étant la « véritable ». Il faut reconnaître également que l'équipe de développement a fait ses devoir, et a su garder les grandes lignes de ces figures que l'on croise. Ainsi, Prométhée a son foie dévoré perpétuellement par un aigle ; les Moires, Clotho, Lachésis et Atropos, tissent les fils du destin ; Icare a ses fameuses ailes, qu'on lui piquera par ailleurs pour augmenter notre mobilité aérienne. Je suis la mort, destructrice des mondesLa structure générale de la partie n'a guère évolué. Nous avons là un jeu d'action plutôt linéaire, entrecoupée de séquences d'exploration, de quelques énigmes et de combats dans des arènes closes. Occasionnellement, l'on peut explorer quelques passages annexes pour récolter des bonus augmentant notre vie, notre magie ou la durée d'utilisation des armes secondaires, mais nous serons surtout sur un chemin fixé par avance, sans réelle liberté. D'autre part, on ne s'ennuie guère sur ce sentier battu. Les environnements sont intrigants, et ont tous un petit quelque chose de distinct, dans leur architecture ou leurs pièges, qui nous engage toujours. On ne sent ainsi pas trop la redite même si on active un nombre impressionnant de leviers et de manivelles : mais surtout, les combats, nombreux, nous obligent à diversifier parfaitement nos approches. Certes, les haches enchaînées, symboles du personnage, seront sans doute celles que l'on utilisera le plus, tant elles s'avèrent efficaces pour garder les ennemis à distance. Mais au regard de l'épisode fondateur, qui introduisait tardivement les armes secondaires et ne nous obligeait jamais, ou presque, à nous en servir, on aura ici tout intérêt à les explorer. Déjà, on nous les donne bien plus tôt, à un moment où la puissance des haches n'est pas encore totalement débloquée ; ensuite, certains ennemis sont bien plus sensibles à leurs caractéristiques. Si le premier épisode pouvait s'achever en une dizaine d'heures, plus ou moins, en prenant son temps et en explorant un peu tout, il faudra en compter ici entre quinze et vingt, au bas mot. Non seulement l'on compte davantage de chapitres qu'auparavant, mais il y a surtout plus de combats, et de combats de boss notamment. Des colosses qui nous toisent, des divinités diverses, des héros combattant avec leurs attributs mythiques. Partant, et même si nous savons toujours que faire et où aller, le voyage se fait plutôt long... trop long voire. Voir pour croireCe sans-faute, on l'aura en revanche sur les aspects techniques, et notamment les graphismes du jeu. Je sais que cela peut sembler un cliché, mais par moment, le jeu pourrait très volontiers passer pour un titre du début de la génération suivante. S'il est bien encore quelques polygones moins arrondis, et s'il est quelques effets un peu chiches, l'ensemble est absolument bluffant, sans ralentissement aucun malgré l'exubérance de la bataille. Rien que la première séquence de jeu, qui nous fait affronter le colosse de Rhodes, est un tour de force magistral qui inaugure le meilleur des spectacles. Celles-ci, c'était attendu, sont encore de la partie. Lorsqu'un ennemi arrive en fin de vie, ou lorsqu'une étape de combat de boss est atteinte, le jeu nous propose de participer à un mini-jeu prenant la forme d'un quick time event, où il faut appuyer sur les bons boutons au bon moment, ou imprimer une certaine direction sur le stick analogique. La réussite de l'action entraîne une exécution particulièrement violente, qui avance le combat contre un boss ou rapporte souvent beaucoup de points d'expérience face aux ennemis habituels. Étrangement, il m'a semblé que cette extravagance édulcorait, de façon bienvenue, la violence et la cruauté inhérente à la saga depuis son commencement. Qu'on ne s'y trompe, God of War II reste un jeu particulièrement violent, farci de décapitations, de démembrements, de tortures toutes explicitement montrées, mais ces exactions atteignent un niveau tel qu'elles en deviennent ridicules et grandguignolesques. Kratos devient comme une petite parodie de lui-même, cela étant aidé par la voix de Terrence Carson qui rocaille et hurle la moindre des répliques du personnage. Jeux olympiensOui, difficile de trouver à redire à God of War II, qui s'impose à mon goût comme le meilleur de la trilogie originale. Il corrige les aspérités les plus notables du premier, mais sait malgré tout rester concentré sur la longueur là où le troisième, à mon goût, cherche définitivement à trop en faire et se perd absolument. Aussi, et même si l'intrigue de ce second épisode s'achève sur un cliffhanger qu'on ne veut que résoudre, il compose une unité particulièrement forte que l'on se plaît à redécouvrir. Ses nombreuses qualités graphiques, ses possibilités folles de gameplay et son ambiance unique en font un titre exceptionnel, dernier des grands jeu du genre sur une console qui en abrita beaucoup, et de qualité de plus. Envie de réagir ? Cliquez ici pour accéder au forum |