Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Corentin M. (07 avril 2004)
Octobre 2001. La Gamecube vient tout juste de sortir au Japon, et, malgré des débuts timides, une annonce fracassante est faite par Capcom. Shinji Mikami, gourou de la secte Resident Evil, annonce qu'à son goût la saga est en train de péricliter. Pour pouvoir retrouver la terreur originelle, saper cette tendance arcade qui ronge insidieusement sa création, Mikami décide que Resident Evil doit renaître. Pour cela, le support utilisé devra être parfaitement et intelligemment maîtrisé – fini donc la politique multi-plates-formes. Et c'est la Nintendo Gamecube qui accueillera le monstre ! La série Resident Evil, qui sévit depuis 5 ans sur PlayStation et qui a grandement contribué à la formidable carrière de cette dernière, devient ainsi une exclusivité Nintendo Gamecube. Le logo de la série est redessiné. « biohazard ». Ni espace, ni majuscule. On joue donc la carte de la sobriété pour le logo - même si cela n'apparaîtra pas chez nous où le jeu continuera de se faire appeler « Resident Evil ». Mais là où Capcom ne fait clairement plus dans le sobre, c'est pour la résurrection de son jeu. Resident Evil 1, 2, 3, 4, Zero et Code Veronica sont annoncés. Les totalement inédits Resident Evil Zero et Resident Evil 4 ne devraient alors théoriquement pas tarder. Et Capcom enchaîne avec la présentation d'un phénomal remake sorti d'outre-tombe de Resident Evil premier du nom. REmember... REbirth... Resident Evil... Une bande annonce. Des décors fixes extrêmement sombres, dessinés avec une précision maniaque et un design morbide, conçus à partir d'une palette de couleurs tirant sur le noir et blanc, traversés par de subtiles animations au rendu CG jamais vu. Des personnages et des monstres totalement transfigurés par rapport à l'opus original, car excellemment modélisés et parfaitement intégrés aux décors, notamment grâce à des éclairages dynamiques fantastiquement réalistes... La refonte graphique annoncée est totale. L'inconnue subsiste par contre quant au gameplay et au scénario. On rêve alors encore d'un Live Selection avec bifurcations scéniques à la Resident Evil 3, de contrôles moins raides, bref, d'une synthèse parfaite de toutes les qualités de la saga servis dans le plus beau des écrins... Mars 2002. L'effet d'annonce est un peu retombé. En effet, tous les épisodes de la saga n'auront pas droit à ce traitement de roi : seul, le premier épisode doit être totalement refondu. Resident Evil 2, 3 et Code Veronica ne seront que de simples portages... prétendument pour permettre à Resident Evil Zero et 4 – appelés à révolutionner le genre - d'arriver plus vite. Mais passons. Resident Evil Rebirth sort donc sur Gamecube au Japon et ne s'écoule qu'à 120 000 exemplaires, à la stupeur générale, les deux précédents épisodes PlayStation s'étant écoulé respectivement à 2.1 et 1.6 millions d'exemplaires au pays du Soleil Levant. Ce Rebirth fait même encore moins bien que l'épisode Dreamcast sorti en février 2000, Code Veronica, écoulé à 550 000 unités – déjà un presque bide en son temps... Ce remake est donc boudé par les japonais. Ce n'est pourtant pas faute d'être de qualité. Car ce remake, non content d'être une expérience ludique extraordinaire, se permet d'en mettre plein la vue en devenant tout simplement l'un des (le ?) plus beau jeu de tous les temps. Le scénario de ce remake est donc inchangé comme annoncé. L'équipe Alpha des STARS, composée de Chris Redfield, Jill Valentine, Barry Burton et Albert Wesker, survole la forêt de Raccoon City, petite ville du midwest américain, à la recherche de l'équipe Bravo disparue 24 heures plus tôt alors qu'elle enquêtait sur d'étranges meurtres. Un film d'introduction totalement inédit - où l'on ne retrouve pas, hélas, le mythique casting de l'épisode PlayStation - explique comment les héros se retrouvent piégés dans un angoissant manoir... Le jeu peut alors commencer. Mais si la trame générale reste effectivement la même, on trouve heureusement de nombreux passages inédits, comme un jardin bâti sur un gigantesque et immonde caveau recelant un improbable cercueil de fer solidement attaché au plafond, ou encore une terrifiante forêt tout droit sortie du Projet Blair Witch, avec ses arbres sinistres balayés par le vent, abritant une vieille cabane en bois suintant où vit un monstre inconnu réputé invincible... La refonte technique totale étant passée par là, et grâce aux nouveaux angles de caméras, on se retrouve médusé devant un jeu supposément archi-connu qui, pourtant, nous piège à chaque instant. Car les énigmes et le déroulement du jeu se ressemblent en effet juste assez pour paumer plus encore le joueur habitué que le novice, grâce à de subtils changements... Intéressant. Le gameplay lui aussi s'est vu quelque peu modifié : si les coffres à objet sont toujours de la partie (contrairement à Resident Evil Zero), et si la maniabilité reste toujours aussi raide, les zombies terrassés finissent désormais par se relever s'ils ne sont pas systématiquement brûlés, et des armes jouissives de combat au corps à corps font leur apparition... On se laisse alors mordre avec un certain plaisir, afin de planter un couteau en pleine tête de notre agresseur, voire pour lui coincer une grenade dégoupillée entre les mâchoires... Feu d'artifice et spectacle répugnant assurés. Hélas, malgré la présence de segments de jeu et donc de scènes et dialogues inédits, on ne retrouve pas le Live Selection de Resident Evil 3, ni son système d'esquive... Un gameplay modifié donc, enrichi, mais qui aurait pu l'être encore plus – dommage. Quant à la réalisation, comme on l'a dit, il s'agit définitivement d'une véritable tuerie. La modélisation est exceptionnelle et les textures semblent plus vraies que natures : l'image de synthèse intéractive, véritable fantasme de joueur, est enfin là, sous nos yeux ébahis. Alors lorsque le tout se met en mouvement, le décrochement de mâchoire est garanti. L'animation est en effet d'une précision diabolique avec des personnages qui posent leurs pieds précisément sur les marches - tout au moins le croit-on, malgré quelques minimes bugs de collision... Les décors n'ont désormais presque plus rien à voir avec ceux connus en 1996, j'en veux pour preuve une des scènes les plus magistrales du jeu : le bassin des requins. Les caméras placées au ras d'une eau au rendu exceptionnel captent fugitivement les ailerons des squales que l'on devine gigantesques. Le stress se fait insoutenable. Puis une caméra plus haute révèle la bête hideuse, énorme, fonçant sur vous la gueule ouverte, fendant l'eau qui tord superbement l'image... Une scène d'anthologie au rendu technique et esthétique jamais vu ! Surtout que plusieurs surprises vous attendent, avec notamment une pièce sous-marine exiguë aux hublots blindés donnant vue sur les monstres marins, et un affrontement final totalement inédit contre le plus grands des requins... L'ambiance stressante si géniale du premier opus, qui s'était depuis quelque peu perdue, est donc enfin retrouvée, voire surpassée. Alors, avec un scénario intéressant, des scènes monumentales, une technique fantastique, on possède quelques uns des éléments pouvant résumer ce monumental Resident Evil « Reborn »... Une expérience ludique à vivre absolument. Un avis sur l'article ? 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