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Dragon Force
Année : 1997
Système : Saturn
Développeur : Working Designs
Éditeur : Sega
Genre : Tactical-RPG
Par Tama (14 juillet 2008)

Toutes les catégories de jeux ont en quelque sorte leurs emblèmes, leurs titres incontournables, que ce soit pour le foot, la baston ou le shoot'em up. Ce qui m'a fait découvrir le Tactical RPG, ce n'est pas Final Fantasy Tactics, ni Tactics Ogre ou encore Fire Emblem ; non, aucun des titres archi-reconnus dans ce genre de jeu très codifié. Rien de tout cela. Le T-RPG, je l'ai connu à 11 ans avec ma petite Saturn chérie, à 2h30 du matin alors que j'avais cours six heures plus tard et que mes parents me croyaient couché (attention, avis aux jeunes lecteurs : c'est pas bien !), bénissant l'achat de ce jeu et de la carte mémoire de la taille d'une cartouche Megadrive, ricanant silencieusement dans l'obscurité du salon tandis que j'allumais délicatement la TV, dans la lumière froide du tube cathodique qui semblait me dire « félicitations mon garçon ! Tu as enfreint les règles, tu es devenu un homme ! ». C'est fou ce que les gosses s'imaginent comme trucs. Des tubes cathodiques qui parlent, j'te jure...

Ce jeu, cette petite perle de la Saturn qui m'a accompagnée pendant une bonne centaine d'heures (minimum), c'est Dragon Force. Et voici son histoire.

Dragon Force est un T-RPG en 2D développé par Working Designs et sorti en 1997 sous nos latitudes européennes. Le nom du studio vous dit quelque chose ? Si vous avez touché de vos doigts cornés par les années la série des Lunar, Alberts Odyssey ou encore Alundra, ce sont eux également, ce qui est d'emblée un gage de qualité.

Après un sommeil de 300 ans, Madruk est d'humeur plutôt méprisante. Renvoyez-le dans sa caverne !

Dragon Force se déroule dans un univers médiéval-fantastique appelé Legendra, un monde menacé par le réveil du dieu maléfique Madruk. En ces temps troublés, et puisqu'un malheur n'arrive jamais seul, l'Empire Fandaria, dirigé par Goldark, a déclaré la guerre mondiale contre tous les autres royaumes. Puisqu'il va falloir faire un peu le ménage et mettre fin à cette menace démoniaque en réunissant les huit membres de la Dragon Force (tatiiiiiiiin !), le jeu vous propose de jouer un des 8 monarques contrôlant les royaumes de Legendra (6 de base et 2 cachés). Les voici, les voilà :

Wein : Roi de Highland, Wein a prouvé dès son plus jeune âge sa valeur en tant que combattant talentueux et en tant que fin stratège, mais il s'est surtout illustré comme un leader généreux et ne supportant pas l'injustice. Commencer avec Wein correspond à peu près au mode Facile, tant les alliances se feront assez aisément et les alliés précieux viendront garnir vos rangs.

Teiris : La dirigeante de Palemoon manque peut-être encore d'expérience politique et peut sembler un brin naïve, mais elle se distingue par une volonté de fer de résoudre le conflit par la paix. Bien que le début du jeu soit ardu, le reste s'avère tout de même facile grâce à plusieurs alliances-clés et ses capacités magiques surprenantes.

Gongos : Le monarque de Bozack se fait appeler « The Guardian of The Forest », ce qui s'explique par sa carrure et ses manières plutôt... bestiales ! Cela dit, même si c'est un excellent combattant, il n'en est pas moins extrêmement galant... Jouer avec Gongos peut s'avérer assez difficile au premier abord, il vaut mieux bénéficier d'un peu d'expérience pour s'en sortir.

Junon : L'Empereur de Tristan dirige son empire d'une main de fer. Surnommé « The Black Death Mask », il écrase sans pitié ses adversaires et éprouve une haine sans limites envers Goldark qui a tué son père en duel. Le jeu avec Junon sera jonché de batailles mais ne posera pas de difficultés particulières. Vous aurez également une petite surprise : que peut bien se cacher derrière ce masque ?

Leon : Même si le Royaume de Topaz est assez calme et religieux, son dirigeant et ses troupes sont des combattants féroces et ne font aucun compromis. Le jeu est assez dur avec Léon puisque vous commencez en plein milieu de la zone de combats !

Mikhal : La nation d'Izumo est constituée d'exilés, suite au désastre provoqué par Madruk plusieurs centaines d'années auparavant. Autant dire que Mikhal entretient une haine farouche pour ce démon. Comme le souligne son design, lui et ses troupes sont des samuraï confirmés, ce qui donne un jeu de difficulté moyenne.

Reinhart : Oui, c'est un enfant, oui il a l'air tout mignon ! Mais le fils du Dieu de la Guerre n'est pas à prendre à la légère ! Ce mage prodige constitue le premier perso caché, qui sera accessible une fois le jeu achevé une première fois. La partie est très facile avec lui du fait des alliances se bousculant à vos portes.

Goldark : Deuxième perso caché, vous pourrez jouer dans la peau du « Mad Lion », celui qui a déclenché le conflit. Mais est-ce aussi simple ? Qui sait... Quoi qu'il en soit, aucune alliance avec Goldark n'est possible, seul le combat compte, ce qui rend le jeu assez difficile.

Vous aurez noté le design assez manga. Sachez que tout le long du jeu, des cut-scenes aux sprites des combats (la Saturn en affiche plus de 200 à la fois sans jamais moufter), propose cette esthétique, ce qui donne un cachet très particulier et très attachant à l'ensemble. Les superbes artworks qui parsèment la partie avaient suffit à me faire saliver d'envie à l'époque (et encore maintenant).

Certains passages tiennent du morceau d'anthologie tant les personnages respirent le charisme.

Ce qui distingue Dragon Force des autres T-RPG se trouve dans le déroulement des combats, totalement (ou presque) en temps réel. Ici, pas de tour par tour ou de système de cases, toutes les troupes se déplacent simultanément, les seuls temps morts survenant au moment où vous ouvrez le menu pour décider de la stratégie à adopter. Ce système rend les joutes particulièrement nerveuses et épiques sans laisser l'occasion de s'endormir !

Et tout ça bouge parfaitement, crie, lutte pour sa vie, et sans ralentissement !

Pour combattre, chaque monarque dispose de quelques généraux. Le monarque et les généraux ont sous leur commandement un certain nombre de troupes (de 10 à 100) auquel vous donnez des ordres en combat. Cependant, une des subtilités reste qu'il existe 10 sortes de troupes différentes et que chaque sorte de troupe est forte ou faible face à une autre. Par exemple, si les Soldats sont forts face aux Moines et aux Bêtes, ils sont désavantagés face aux Cavaliers, aux Zombies et aux Harpies. Et étant donné qu'il existe plusieurs environnements de combat favorables ou non à certains types de troupes, le choix des armes détermine de manière cruciale le déroulement d'un combat.

Autre subtilité : le monarque et les généraux disposent d'HP, d'MP et d'une barre de Power, qui une fois remplie (au fil du temps) permet de lancer des sorts : vagues d'energie, résurrection, pluie de météores, bouclier, invocations, tout y passe ! Ces sorts donnent souvent lieu à de très belles animations et permettent de renverser le cours d'une bataille si on les exécute correctement. C'est pourquoi il convient de ne pas dépenser ses MP à tire-larigot, mais plutôt d'observer attentivement l'affrontement, et de lancer une vague d'énergie salvatrice au moment critique.

Meteor Storm et Sonic Blast, deux des sorts les plus puissants du jeu. En règle générale, on ne s'en relève pas...

Même si vous combattez souvent, il va falloir aussi organiser vos troupes pour se déplacer, recruter des soldats, etc. L'écran de la carte, même si il est réalisé dans une 3D plutôt moche, a le mérite d'être très clair et de ne jamais laisser le joueur perdu dans un trop-plein d'informations. C'est également sur cette carte que vous prendrez connaissance des effectifs ennemis et des niveaux des châteaux qui les abritent. Car oui, les châteaux disposent, comme les monarques et les généraux, de niveaux. Plus celui-ci est élevé, plus il pourra abriter de troupes et plus il procurera un avantage pour les assiégés.

Cependant, même après tant de batailles épuisantes, le temps s'écoule, et au bout d'une semaine (une dizaine de minutes à peu près), vos conseillers vous convoqueront pour administrer les affaires internes du royaume. Vous récompensez vos généraux, vous écoutez leurs doléances (attention : si ils ne sont pas satisfaits, ils déserteront !), tentez de convertir les captifs à votre cause, fortifiez (pour augmenter son niveau et ainsi accueillir plus de troupes pour procurer un plus grand avantage aux assiégés) ou effectuez des recherches dans vos châteaux (pour trouver des généraux ou des objets).

Ce qui rend le jeu si immersif se trouve d'abord dans le soin apporté à la 2D ainsi que dans les personnages qui disposent réellement de charisme. Les dialogues sont absolument savoureux (les anglophobes passent vraiment à coté de quelque chose : les scènes d'insultes avant le combat sont géniales !) et donnent lieu à des scènes rarement ennuyeuses, souvent gratifiées de dessins de toute beauté. L'humour distillé, parfois assez noir, fait beaucoup de bien, il m'évoque presque du Monty Python par moments.

Gaul et Scythe sont des adversaires récurrents et de plus en dangereux. Prenez garde à leurs sorts surpuissants.

Ensuite, les combats sont en règle générale très équilibrés, ni trop faciles ni trop ardus, ils n'ennuient ni ne découragent (même si les combats finaux vous donneront suffisamment de challenge pour suer abondamment!), et sont suffisamment stratégiques sans verser dans le too-much trop cérébral qui saoulerait le joueur. Sur ce point, tous les affrontements sont des fresques épiques ou dramatiques, et ne sont jamais vus comme une routine, sans compter qu'ils sont accompagnés de musiques parfaitement adaptées et très agréables à écouter.

Pour ce qui est de la durée de vie, c'est également l'orgie : comptez environ 30 à 40 heures pour chaque monarque, puisque chaque royaume dispose de sa propre story-line. Quand on se lance sur Dragon Force, on lâche très difficilement le pad, tant il apporte un peu d'air frais dans les Tactical et permet de se dire tout bas : « bon sang, la Saturn c'était le pied quand même ! » (cette phrase n'était pas un message marketing visant à vous faire acheter une Saturn, non non !).

Hayate, Vangal, Vlad et Sierra sont quatre personnages cachés très puissants. Encore faut-il les convaincre de vous rejoindre...
Tama
(14 juillet 2008)
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