Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
|
|||
|
DARK CORNERS OF THE EARTH
Année : 2005, 2006
Systèmes : XBox, PS2, PC Windows Supports : DVD Développeur : Headfirst Éditeur : Bethesda L'histoireDans Dark Corners of the Earth (traduit par "les Recoins Sombres de la Terre"), on incarne le détective privé Jack Walters. Quand le jeu commence, on est le 16 février 1922, il est à l'asile d'Arkham en train d'écrire dans son journal. Puis il monte sur une chaise et tente de se pendre alors que le gardien, lui, essaie de le sauver. Vu son état et ce qu'il a écrit, il est clair qu'il ne va pas bien du tout. Aussitôt cette cinématique terminée, on se retrouve dans le prologue, qui se déroule 6 ans plus tôt. Jack, inspecteur, est appelé par ses anciens collègues policiers qui font le blocus d'un manoir dans lequel se trouvent les membres d'une secte. Jusqu'ici ces gens étaient mal vus par les habitants du coin, mais ils ne faisaient rien de vraiment dangereux. Ce soir-là, leur chef Victor Holt a expressément demandé que Jack vienne parlementer en personne. Dès que celui-ci arrive au manoir, les sectaires ouvrent le feu sur les policiers, mais pas sur Jack, qui peut entrer dans le manoir pour trouver Holt et mettre un terme à la fusillade. Mais ce qu'il découvre est cauchemardesque : d'innombrables corps des sectaires, qui visiblement se sont donné la mort par empoisonnement. Fouillant la maison, Jack met la main sur d'étranges documents, et dans la bibliothèque, finit par entendre des gémissements provenant du sous-sol. Avisant une trappe, il descend dans d'étroits conduits étayés tant bien que mal, mais d'étranges tremblements secouent le manoir, et détruisent l'escalier, impossible de remonter. Finalement, Jack arrive dans une immense salle souterraine, avec un homme attaché, dont les organes internes (cœur, reins, cerveau...) sont chacun dans un bocal, relié à lui par un tube. En plus de l'horreur de la situation, Jack se rend compte que l'homme est toujours vivant ! Voyant un étrange appareil, il appuie dessus, et aussitôt des rayons foudroient l'homme, rechargeant un petit cristal vert posé à côté. Jack, déjà perturbé par la montagne de cadavres vue dans le manoir, est livide car il comprend qu'il vient d'achever cet homme... Continuant ses investigations, vu que le chemin du retour est impraticable, Jack comprend qu'il doit utiliser le cristal pour ouvrir une porte blindée. Derrière, une autre pièce immense, avec le même appareil que celui qu'il a vu juste avant, et huit énormes cristaux verts, de la taille d'un homme, attachés au plafond. Une fois de plus, la seule chose qu'il lui est possible de faire est d'utiliser le petit cristal et d'appuyer sur l'appareil. Cette fois, des rayons convergent vers un des murs, provoquant son ouverture, et dans une lumière insoutenable une créature en sort, se dirige vers Jack qui hurle de terreur... L'histoire reprend, cette fois on est le 6 février 1922. Jack est à son bureau. Il explique que tout s'est passé il y a plus de 6 ans, mais que pour lui c'était il y a seulement cinq mois. En effet, à l'époque de l'affaire du manoir, on l'a retrouvé inanimé ; quand il a repris conscience, il n'était plus lui-même et il a été interné à l'asile d'Arkham. Au bout de quelque temps, vu qu'il ne représentait aucun danger, on l'a laissé sortir, et il s'est mis à voyager dans le monde entier et à s'intéresser à l'occulte, étudiant des livres dans d'autres langues que la sienne. Cela fait seulement cinq mois qu'il est redevenu lui-même, et cette amnésie fait qu'il n'a pas connaissance de toute la période entre l'entrée dans la bibliothèque du manoir et son "réveil". Reprendre une vie normale, alors qu'il est en proie à d'affreux rêves et qu'il a des bribes de souvenirs du manoir qui lui reviennent par moments, lui est très difficile. C'est à ce moment que le téléphone sonne. La personne au bout du fil s'appelle Arthur Anderson, et demande à Jack de retrouver un de ses employés, Brian Burnham, qui a disparu suite au cambriolage de son épicerie à Innsmouth. Jack accepte et dès le lendemain, il se retrouve dans le seul bus qui dessert Innsmouth, celui de Joe Sargent, qui le dépose devant l'hôtel Gilman. L'aventure peut vraiment commencer... Respect par rapport à l'œuvre de LovecraftDark Corners of the Earth (que j'appellerai DCE à partir de maintenant) est franchement intéressant sur ce point. Il y a une myriade de petits détails qui donneront au passionné du Cauchemar d'Innsmouth un large sourire. L'arrivée en ville est un festival : le chauffeur qui porte le même nom que dans le livre, le nom de l'hôtel et du gérant, jusqu'à l'inscription sur le pare-brise du bus ! Par la suite, on pourrait presque dire qu'on a juste modifié le personnage principal pour en faire un détective privé, qui a une raison précise de venir à Innsmouth, et qu'on le fourre dans les mêmes situations que le pauvre Robert de la nouvelle : découverte de la ville, conversation avec Zadok Allen qui raconte l'histoire d'Innsmouth (avec Obed Marsh et l'Ordre Ésotérique de Dagon), bus en panne, obligation de prendre une chambre, attaque des habitants... Le fil directeur est le même. Bien sûr, de nouveaux personnages font leur apparition pour permettre de raconter l'histoire. Mais ils sont parfaitement cohérents avec le matériau de base, et s'il le faut, cohérents avec l'univers plus vaste de Lovecraft. Par exemple, l'amnésie de 5 ans de Jack Walters, pendant laquelle il a développé une autre personnalité, est exactement la même que celle racontée dans la nouvelle Dans l'Abîme du Temps ou dans une moindre mesure, dans L'Appel de Cthulhu. Le personnage relié à ses organes, sous le manoir, fait penser à Celui qui murmurait dans les ténèbres. Les développeurs ont réussi à se servir de plusieurs aspects bien précis pour conforter leur jeu et le rendre aussi respectueux que possible de ce qu'a écrit Lovecraft. On découvrira aussi plus de lieux que n'en parcourt Robert dans la nouvelle, mais qui encore une fois restent cohérents avec l'histoire. Ainsi, Jack se retrouvera à un moment sur le tristement célèbre Récif du Diable, source de tous les maux. Certains bâtiments importants devront être explorés en temps voulu, comme l'affinerie Marsh, alors que Robert reste prudemment à l'écart. Élémentaire, heu... Non en fait.En fait, contrairement à ce qu'on pourrait penser au premier abord, DCE n'est pas un jeu d'enquête mais un "simple" survival-horror en vue à la première personne. On récupère des indices dont on se sert pour avancer dans l'histoire (des objets, des clés, des textes indiquant la combinaison d'un coffre...) mais on n'a jamais d'éléments à associer pour faire progresser l'enquête elle-même. On peut utiliser des objets pour se soigner, mais il n'y a pas non plus d'arbre de talents. On se contente de survivre, de progresser, et c'est déjà pas mal. Le jeu à proprement parlerFini les point'n click en 2D, l'ère de la 3D est là. Du coup, l'interface de DCE reprend les codes des FPS : déplacements, tir quand il y a lieu, etc. Gardez bien à l'esprit que le jeu sort en 2005 sur XBox et 2006 sur PC. Les limitations des machines sont forcément plus drastiques qu'aujourd'hui, donc on a une Innsmouth bien petite par rapport à sa taille originelle, coupée en quelques zones distinctes, et bien évidemment on ne parle pas d'open world. En contrepartie comme je le disais plus haut, on arpente bien plus de lieux différents que dans l'histoire d'origine, et leur représentation est aussi détaillée que possible. Côté vie à Innsmouth, on n'a que quelques rares passants qui passent et repassent (et des fois font pipi contre le mur, je n'en revenais pas la première fois que j'ai vu ça !) mais quand on réfléchit à l'ambiance de la ville, ce n'est pas surprenant qu'il n'y ait pas foule. Visuellement, c'est pas mal pour 2006. Même si les textures sont très sombres, au moins ça renforce l'ambiance putride (et en cours de jeu, c'est bien moins bruité que les captures ne le laissent penser). Les habitants d'Innsmouth sont un peu cubiques, mais bon on ne sait pas à quel point ils sont transformés sous leurs vêtements ;-) La vision qu'ont eue les développeurs sur le masque d'Innsmouth est intéressante : je trouve que les visages des habitants ne ressemblent pas trop à des poissons (enfin... au début), mais ils sont vraiment flippants quand même et on voit bien la différence avec les gens "normaux". Les effets visuels qui s'ajoutent quand on a peur ou qu'on a des flashs sont simples et efficaces. J'avoue, en 2023 tout ça a franchement vieilli : DCE n'attire plus l'œil. L'ambiance sonore est excellente. Les voix des personnages sont bien jouées (en anglais hélas), mais ce sont surtout les bruits autour du joueur qui sont réussis et fichent un peu la trouille. Le premier passage dans les égouts m'a fait me retourner sans arrêt parce que... bah, c'est pas racontable. On sent bien le dérapage vers la folie, on se demande ce qui se passe.
Le maniement du personnage fait un peu tâche quand même. On peut marcher, et en mode furtif, marcher discrètement, mais on ne court jamais dans DCE. Lors des scènes de poursuite ça fait tellement étrange... Certains partis-pris sont également un peu pénibles, comme le fait de ne pas pouvoir couper toutes les cinématiques qui ponctuent le jeu - surtout quand on recommence une séquence pour la énième fois. ConclusionParlons maintenant du jeu pour un joueur de 2023. Sur Steam, on le trouve à 5 euros. Est-ce que ça vaut le coup de l'acheter ? En l'état je ne peux pas vous conseiller de le faire. Quand je l'ai pris en 2013, je n'y ai pas joué tout de suite... J'ai commencé à m'y intéresser alors que j'avais déjà Windows 10, et le jeu ne démarrait pas sur mon PC. J'ai trouvé un programme sur le net qui améliorait ça, mais ce n'était pas systématique, et j'avais régulièrement des retours Windows, si ce n'était pas au lancement c'était à certains moments précis du jeu. Par la suite, j'ai fait plusieurs désinstallations et réinstallations, et j'ai eu moins de plantages de cette sorte. Depuis que j'ai remis le jeu sur ma machine pour écrire ce test, je n'ai plus aucun plantage au démarrage et uniquement des retours Windows si j'ai l'erreur de faire un Alt+Tab ou autre combinaison du même genre.
Mais ce n'est pas tout. J'ai constaté des bugs en cours de jeu, qui visiblement sont là depuis le début et qui ont été notés dans tous les tests. Un dernier point. Les premières étapes du jeu se font sans arme. C'est intéressant même si avec les bugs, les séquences de fuite (on ne peut alors rien faire d'autre) sont difficiles. Mais à un moment, on trouve un fusil, puis un révolver, une mitrailleuse... Et là on se retrouve plus dans un FPS que ce qu'on pouvait penser jusque là. Hélas, il est tellement difficile de tirer juste qu'il faut se mettre en mode visée pour espérer toucher sa cible, et encore ce n'est pas certain. Les ennemis, eux, ont un peu le même problème de visée, mais quand ils vous touchent, vous y passez vite. Donc au début on est content de pouvoir enfin répliquer, mais on déchante rapidement. Bref, Dark Corners of the Earth est un très bon jeu d'ambiance horrifique, assez long et proposant pas mal de situations mémorables. Mais de nos jours il est techniquement dépassé, avec des idées de gameplay parfois mal maîtrisées, et sujet à des bugs assez pénibles, dont certains peuvent empêcher purement et simplement de jouer. Même un vrai fan de Lovecraft qui accepte de s'acharner pour arriver à utiliser le jeu et passer les séquences un peu rigides aura du mal à aller jusqu'au bout. Si vous ne voulez pas prendre le risque, vous pourrez toujours regarder les sessions de jeu de Dante If Riss, qui découvre l'intégralité du jeu en 2023 (et qui, lui aussi, expérimente certains bugs que j'ai eus).
Dark Corners of the Earth fut testé :
- dans le Joystick n°180 d'avril 2006 (7/10) ; - sur Metacritic (77%) ; - sur jeuxvideo.com (13/20 version PC, 14/20 version consoles). Le jeu suivant, Call of Cthulhu, est sorti de nombreuses années après celui-ci et se veut en quelque sorte un reboot officiel de la licence. Vous en saurez plus à la page suivante.
Envie de réagir ? Cliquez ici pour accéder au forum |