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Carnival
Année : 1980
Système : Arcade, Atari VCS, Colecovision, Intellivision
Développeur : Gremlin
Éditeur : Sega
Genre : Arcade / Shooter
Par JPB (02 janvier 2006)

C'était il y a des années, quand j'étais jeune et que ma passion des jeux vidéo ne faisait que commencer. Je n'étais que novice en ce domaine et certains d'entre eux me rebutaient par leur difficulté trop importante. Par exemple, je m'emmêlais les doigts quand je tentais - vainement - de faire un score à Defender. Je n'arrivais pas à maîtriser les trajectoires de Nibbler, ce serpent qui grossit au fur et à mesure qu'il mange (pourtant, ce jeu n'est pas difficile, juste heu, pénible. Enfin, ce n'est que mon point de vue !). Et dans Hyper Olympics, tout ce que j'arrivais à faire c'était lancer le javelot à la verticale et embrocher un pauvre pigeon qui n'avait rien demandé.

Le flyer. Cliquez sur une image pour une version plus grande.
Merci au site Arcade Flyer Archive !

Un autre jeu me stupéfiait par sa difficulté : je n'arrivais jamais à gagner. Pourtant, le principe me paraissait enfantin : tirer sur des figurines qui défilaient lentement à l'écran. Oui, vous avez bien lu : lentement ! Encore plus facile qu'un shoot'em up, de la gnognote quoi !! Malgré tout, pas moyen de passer le premier tableau : je finissais toujours par perdre, submergé par les canards qui me piquaient mes munitions. Il me fallut attendre quelques années pour enfin comprendre le but de ce jeu : Carnival.

Regarder la démo du jeu vous indiquera tout ce qu'il y a à savoir.

Bon, tout le monde ici connaît ce jeu, j'en suis persuadé. Même si ce n'est pas le cas, soit la petite musique, soit les captures écran auront bien laissé une trace dans votre mémoire.

Non ?

Ah, ben alors je vais vous faire un petit résumé du jeu. Vous allez voir, il n'est vraiment pas compliqué.

Approchez, approchez !

Vous dirigez un pistolet, au bas de l'écran, pointé vers le haut, à la manière d'un Space Invaders. En dessous de vous, toutes les munitions dont vous disposez. Le but est de tirer sur toutes les cibles qui passent devant vous sur trois rangées. Le tir met un certain temps pour parvenir à l'objet visé, il faut donc légèrement anticiper. Chaque tir décrémente les munitions, mais vous pouvez garder un œil sur celles qu'il vous reste.

Les cibles sont de quatre sortes :

- les figurines (chouettes rouges, lapins blancs et canards jaunes) qui sont grosses et faciles à viser. Ces animaux placides n'essaient pas de s'enfuir quand on leur tire dessus : ils disparaissent tout simplement. Enfin, les canards c'est un peu particulier, j'y reviendrai. Ces figurines rapportent 10, 30 ou 50 points en fonction de leur distance par rapport à vous (ces valeurs augmentent avec les niveaux) ;

- les bonus de munitions, de petits carrés avec un nombre inscrit (5 ou 10) qui, lorsque vous les touchez, vous rajoutent le nombre de munitions indiqué. Ces bonus ne défilent que sur les deux rangées du haut (ils ne passent jamais sur la rangée la plus proche de vous) ;

- les lettres composant le mot BONUS qui, si vous arrivez à les détruire dans le bon ordre, vous ajoutent un score bonus, visible en haut à droite de l'écran ;

- les pipes, qui tournent autour de la roue en haut au milieu de l'écran. Toutes les détruire donne les points de bonus inscrits dessous, mais cette valeur diminue petit à petit : il faut donc les toucher au plus vite... ce qui est difficile en début de jeu à cause de la quantité de cibles qui passent devant vous. Pour gagner des points de bonus, il faut les détruire par paire colorée.

Un canard en formation... Et la sanction pour ne pas l'avoir touché.

Voilà pour les bases - et les cibles à éliminer.

Ici on (ne) gagne (pas) à tous les coups !

Plusieurs facteurs vont vous poser des problèmes (heureusement parce que sinon, on s'ennuierait un peu) :

- tout d'abord, le plus important : vos munitions s'épuisent. Tirer à tort et à travers est le plus sûr moyen pour perdre en quelques minutes. De plus, un panneau bonus/malus, présent en haut à gauche de l'écran, peut vous faire gagner - ou perdre - quelques munitions supplémentaires, prudence donc.

- ensuite, les canards ne sont pas des animaux comme les autres : ils volent. Mais si, les canards ça vole, j'en ai encore vu un le faire l'autre jour, et si vous ne me croyez pas vous le constaterez vite par vous-même. Lorsqu'une figurine en forme de canard arrive sur la rangée du bas, la plus proche de vous, il peut décider au moment où ça l'arrange de s'envoler en zigzag et en caquetant jusqu'en bas de l'écran. Si vous n'arrivez pas à lui mettre du plomb dans l'aile, il va gober 10 munitions, et déjà qu'elles sont comptées c'est vraiment pas l'idéal !

Voilà ce qui vous attend si vous négligez les pipes !

- pour finir, tant qu'il reste des cibles, des canards vont continuer à apparaître, jusqu'à un point où vous en serez à ne tirer que sur eux.

Bon, vous voyez, c'est pas compliqué hein ? Alors, si c'est si simple, pourquoi est-ce que je n'arrivais pas à gagner, me demanderez-vous ?
Eh bien voilà : je ne savais pas qu'il fallait détruire aussi les pipes. Du coup, je détruisais toutes les cibles mouvantes, et je me retrouvais avec des canards, encore des canards, toujours des canards... jusqu'à ce que je n'aie plus de munitions.

Tentez votre adresse !

Quand vous terminez un tableau, c'est à dire que vous avez réussi à détruire toutes les cibles y compris les fameuses pipes, vous gagnez 50 points par munition restante, et vous arrivez à l'écran bonus intermédiaire : l'ours.

L'ours, sympathique plantigrade velu avec une énorme cible tatouée sur chacun de ses flancs et sur son ventre, apparaît d'un côté de l'écran, se dandinant tranquillement sur ses quatre pattes vers l'autre extrémité. Contrairement au canard, l'ours ne vole pas. Par contre, lui non plus n'aime pas quand on lui tire dessus : il se dresse sur ses pattes arrière, rugit et fait demi-tour, mais là il se dandine un peu plus vite, peut-être qu'il a oublié quelque chose sur le feu. Si vous re-tirez sur lui, il répète le même demi-tour, et repart encore un peu plus vite.

L'ours.
Touché ! L'ours fait demi-tour.

Le but est d'arriver à le toucher un maximum de fois. À chaque tir réussi, vous obtenez 50 points et l'ours fait demi-tour un peu plus vite que la fois précédente, jusqu'à aller à une vitesse impressionnante. Sachez en tout cas que si vous arrivez à trouver le bon timing, il est possible de le toucher indéfiniment. Mais on finit toujours par faire une petite erreur, et l'ours en profite pour s'échapper à toute vitesse.

Le tableau de fête foraine réapparaît, vous êtes prêt à recommencer. Les scores des cibles sont plus élevés, et pour le stage de l'ours vous en aurez un de plus (à concurrence de 4 en même temps, les uns sous les autres).

Revenez quand vous voulez !

Comme vous avez pu vous en rendre compte, graphiquement Carnival ne casse pas trois pattes à un canard (ça tombe bien) : les sprites sont simples, mais curieusement je trouve que dans le contexte, ils pourraient être assez réalistes : j'imagine très bien, dans un vieux stand de fête foraine, ces silhouettes identiques en métal peint sur un axe, qui basculent quand on arrive à les toucher au fusil à plombs... Cette simplicité visuelle (n'oubliez pas que le jeu date de 1980) est finalement bienvenue pour arriver à viser avec précision.

L'animation est sans reproche et sans surprise non plus.

Les bruitages sont des plus succincts. Ceux du tir (un "bang") et de l'impact (un "bing" métallique) sont sympas ; les caquètements des canards et le rugissement des ours sont moins impressionnants.

La musique, quant à elle, est archi-connue. À l'origine, il s'agit d'une valse intitulée Sobre las Olas (Over the Waves, en français : Sur les Vagues), créée et publiée en 1884 par Juventino Rosas. Une version plus appropriée désormais à l'idée de la fête foraine, du carrousel et du cirque, est disponible ici. Dans le jeu, il est possible de couper la musique si elle vous soûle trop, en tirant sur la note de musique tout à droite de l'écran.

Deux ours en même temps...
Le troisième niveau.

Jouez-y même chez vous !

Carnival est sorti sur les trois consoles phares de l'époque : VCS, Intellivision, Coleco.

Carnival sur VCS Atari...
... Mattel Intellivision...
... et CBS ColecoVision.

Une fois de plus, la version ColecoVision est plus proche du jeu d'arcade que les deux autres. Mais si vous regardez bien, vous constaterez que celles-ci ne déméritent pas - surtout la version VCS, aux sprites très travaillés et reconnaissables.

Vous verrez à droite la jaquette de la version Coleco. J'ai toujours trouvé que les animaux dessinés semblaient un poil trop méchants (si je voyais un ours me regarder comme ça, je ne m'arrêterais certainement pas pour lui tirer dessus !) En tout cas, contrairement à d'autres jaquettes Coleco, celle-ci ne reprend pas le design du flyer d'arcade mais propose une idée originale.

Quelques années après avoir côtoyé Carnival dans le Jean Bart (ce bistrot où je jouais à tant de jeux d'arcade), et après qu'il m'a vaincu, j'ai pris ma revanche : j'ai acheté sa conversion sur la console ColecoVision, et là j'ai compris comment le vaincre.

Depuis, je suis devenu bon à l'original : j'ai vérifié sur M.A.M.E. Je reconnais que je n'arrive pas toujours à réussir les bonus dans l'ordre... mais je me débrouille. En revanche, forcément, au bout d'un moment, le côté répétitif fait que je me lasse de tirer même sur des canards, et je m'arrête généralement en cours de partie pour passer à autre chose.

Je n'ai en tout cas pas la prétention de battre le record de Fred Pastore : 386 750 points le 3 Juin 2001.

Voilà ce qu'est Carnival : un grand classique à découvrir et à réessayer pour le plaisir.

JPB
(02 janvier 2006)
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