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Bump'n'Jump
Année : 1982
Système : Arcade, Atari VCS, Colecovision, C64, Intellivision
Développeur : Bally Midway
Éditeur : Bally Midway
Genre : Arcade / Jeu de Course
Par JPB (14 mai 2009)
Deux flyers : celui de Data East et celui de Bally/Midway. Sur Coleco, le logo correspondait à celui de Data East.
Cliquez sur une image pour une version plus grande. Merci au site Arcade Flyer Archive !

Deux jeux d'arcade trônent côte à côte, à l'étage du Centre Jaude à Clermont-Ferrand, en cette année 1983. Le premier : Amidar, a retenu mon attention pendant quelques parties, et même si j'ai bien aimé y jouer, j'ai laissé tomber. Je préfère désormais son voisin : Bump'n'Jump.
Hop, je mets deux pièces de 1F, j'appuie sur le bouton 1 joueur, et le jeu démarre avec une petite musique entraînante.
J'ai la manette bien en main, je suis prêt à appuyer sur le bouton de saut, la partie peut commencer.

La course de tous les dangers ?

Bump'n'Jump (connu aussi sous le nom de Burning Rubber aux USA) est une course de voitures.
La piste, une longue ligne droite, et les engins sont vus du dessus. Imaginez que vous rouliez sur une route parfaitement rectiligne, dont les obstacles naturels sont : le bord de la piste, des blocs rocheux qui dépassent plus ou moins sur la route, des ponts étroits sur lesquels il faut arriver à se faufiler, ou encore des étendues d'eau qu'on ne peut franchir que grâce au saut de la voiture. Le moindre contact avec un de ces éléments se traduit par l'explosion immédiate du véhicule.

L'écran titre.
Le tout début du jeu.

La ligne droite est donc de temps à autre brisée par des avancées de terrain qui prennent jusqu'à un bon tiers de la largeur. Parfois, la chaussée est très rétrécie et n'offre qu'une petite marge de manœuvre. Plus tard, ce seront carrément des séparations qui obligeront le joueur à choisir entre le passage de gauche et celui de droite, en évitant le petit rocher placé pile au mauvais endroit, au bout de la chicane. Les ponts faciles à franchir au début, deviennent progressivement de véritables îles sur lesquelles il faut parfaitement viser pour rebondir, la distance à parcourir étant trop importante pour y arriver en une fois.

Boiiing !

Le saut ! Parlons-en car il représente un atout non négligeable. La voiture du joueur est la seule qui soit capable de sauter. Pour cela il faut atteindre une certaine vitesse : 100 MPH, l'indicateur "JUMP OK !" se met à clignoter. En appuyant sur le bouton de saut, la voiture bondit dans les airs, se "rapproche" du joueur (elle grossit jusqu'à atteindre 2 ou 3 fois sa taille de départ), puis retombe sur la piste. Il faut donc faire attention car une fois qu'on a lancé un saut, on peut contrôler la direction gauche et droite, mais la longueur dépend de la vitesse prise au moment du saut.

La règle de base : on ne saute que si
on roule à plus de 100 mph.
Un saut réussi jusqu'à la berge.
Là, pas de risque : je passe par la route
(pour une fois qu'il y en a une).

En dehors du fait de pouvoir passer au-dessus d'une zone immergée, ou de pouvoir éviter de s'abîmer contre le talus, on peut se servir du saut pour retomber directement sur une voiture ennemie (même deux si elles sont l'une contre l'autre) : le concurrent sur lequel vous atterrissez est immédiatement réduit en poussière.
Et chose amusante, si la route est suffisamment large, il est possible de sortir d'un côté de l'écran lors du saut, et de revenir par l'autre côté (comme dans Astéroïds).

Attention cependant : quand on saute, on ralentit. Il est donc possible d'enchaîner plusieurs sauts, mais pas plus de trois : ensuite la vitesse a tellement baissé qu'il faut réaccélérer avant de pouvoir recommencer. C'est dans ce genre de situation que la voiture est la plus vulnérable, quand on espère se sortir d'un mauvais pas en sautant, mais que la vitesse ne le permet plus.

Les concurrents

En dehors des obstacles naturels, de nombreux véhicules sont présents. Ils ne concourent pas contre vous pour la place, car la course ne se calcule pas en terme de place ou de temps. Par contre, selon le type de voiture, deux comportements sont possibles : soit elles roulent sans s'occuper de vous un seul instant, soit elles cherchent à vous pousser à la faute en vous heurtant volontairement.

Les différents concurrents et les points qu'il rapportent... si on arrive à les détruire.

Il faut savoir que comme les véhicules peuvent se toucher, en fonction de leur vitesse et de la force avec laquelle ils entrent en collision, il y aura une réaction plus ou moins importante entre les deux. Pour le joueur (et les autres véhicules), cette réaction consiste en un dérapage plus ou moins long, durant lequel il est impossible de contrôler la voiture, à moins de pouvoir sauter ; du coup il arrive de toucher le bord de la route, et là...

Plouf, un poil trop court !
Séparation de la route en deux voies.
Un camion vient de larguer un obstacle.
Les camions s'en donnent à cœur joie.

Et comme les voitures ne sont pas toutes identiques (non seulement en termes de comportement comme je le disais plus tôt, mais aussi en termes de résistance), il faut choisir son adversaire. N'essayez pas de pousser le tank dans un obstacle : il ne bougera presque pas, tandis que vous allez vraiment rebondir ! De même, la moissonneuse-batteuse est plus difficile à percuter que les autres voitures. Enfin, le camion est une véritable horreur : à partir du second niveau, il largue des débris sur la chaussée quand ça lui chante, aucune indication ne permet de prévoir à quel moment il le fera ; ensuite, son chargement largué, il est bien plus léger et s'enfuit.

Le jeu

Mais s'il n'y a qu'une simple ligne droite, quel est l'intérêt de ce jeu ?
Eh bien, c'est l'ensemble de tout ce que je vous ai énuméré auparavant qui donne tout son charme à Bump'n'Jump.
Pendant la course, on se retrouve à zigzaguer entre les rochers, les concurrents, les ponts... Lorsqu'on se fait percuter par l'arrière, on peut encore manœuvrer (surtout si à grande vitesse, on peut encore sauter pour éviter une catastrophe) ; mais deux ou trois coups par l'avant réduisent dramatiquement la vitesse de la voiture, et il est possible alors de se retrouver acculé contre la paroi. L'action est très soutenue, on ne peut pas se permettre de relâcher son attention un instant.

Le but du jeu étant d'arriver à rallier un point, il vous sera possible de vous y prendre de deux manières :
- la première est de détruire le maximum d'engins, pour récolter un bonus proportionnel à ce nombre ;
- la seconde est au contraire d'arriver à bon port sans avoir bousillé le moindre concurrent, ce qui rapporte un bonus conséquent de 50 000 points. C'est plus facile à dire qu'à faire, la moindre touchette pouvant entraîner un de vos adversaires contre le bord de la route, voire même provoquer un effet domino entre plusieurs voitures.

Quelques avancées rocheuses.
Ouf, rocher évité de justesse !
Première course sans détruire d'ennemi.

Bien entendu, au fur et à mesure que vous avancez dans le jeu, les parcours deviennent - toutes proportions gardées - plus torturés, et certains concurrents apparaissent pour vous causer des problèmes (je pense au camion qui largue des débris devant vous, au début du jeu il ne le fait pas). Bref, la difficulté augmente progressivement et offre un challenge continu.

La réalisation

Visuellement, Bump'n'Jump est tout à fait correct : des couleurs vives, un design des voitures assez sympa.
Les décors sont par contre relativement monotones. À part la première course qui sert d'entraînement et qui n'est pas trop difficile, chacune des courses suivantes est représentée par une saison, ce qui permet de varier la couleur de toute la partie hors-route ; cette différence de couleur n'a pas d'autre incidence. En fait au bout d'un moment, on a vu tous les éléments qui servent au décor ; c'est leur agencement qui va changer et donner de nouveaux lieux (l'exemple le plus simple, c'est le pont qui fait 1/2 écran de long au début, et qui fait au moins 4 écrans de long dans les niveaux avancés : c'est le même élément répété plusieurs fois de suite).
Maintenant, je vais vous avouer un truc : quand on joue on n'a pas le temps d'admirer les décors.

Le scrolling du décor est fluide, celui des véhicules aussi (ils ont même de petites animations au niveau des roues). Le maniement de la voiture du joueur répond au quart de tour, rien à dire de ce côté-là.

La petite musique est entraînante et pas trop lassante, et les bruitages simples collent bien à l'action.

Les différentes adaptations ont permis de retrouver l'esprit du jeu chez soi. J'avais pour ma part la version Coleco, qui était parfaitement fidèle à l'arcade. La Version NES (appelée au Japon Buggy Popper) semble différente du jeu d'origine, mais je ne l'ai jamais vue tourner. Je n'ai pas réussi à trouver trace d'autres conversions que celles affichées en-dessous.

VCS Atari...
... Intellivision...
... ColecoVision...
... C64...
... NES.

Bump'n'Jump est donc un jeu super speed, encore aujourd'hui il est tout à fait jouable... Mais la prise en main est délicate et risque de rebuter les joueurs qui veulent le découvrir. Nul doute que le record de Bob Hastings (2 413 182 points, le 6 avril 1984) restera longtemps valide.

JPB
(14 mai 2009)
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