Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Kwor (25 juillet 2003)
Minuit : le professeur Lester Chaykin se rend à son bureau pour des essais d'accélération de particules quand la foudre frappe son installation et projette celui-ci dans... un autre monde ! Quelques temps après l'acquisition de mon Atari 1040 STE, et après avoir fait 13 millions de parties à Arkanoïd, un ami me prêta un jeu appelé Another World. Tout commence par une cinématique style dessin animé et non pas par un slideshow, ce qui déjà est surprenant pour l'époque. Le jeu démarre et je me trouve confronté à quelque chose d'inhabituel pour le moins, un mélange de plates-formes, d'action et de réflexion dans un univers extraterrestre assez spécial. C'est ce jeu qui a fait naître la passion que j'ai aujourd'hui pour les jeux vidéo (pour les bons jeux !) Après s'être fait la main sur quelques jeux, Éric Chahi avait en tête l'idée d'en créer un qui sortait un peu de l'ordinaire. Quand il montra la scène cinématique d'introduction qu'il avait réalisée, celle-ci provoqua l'engouement de certaines grosses têtes de l'époque (Phillipe Ulrich par exemple), mais les graphismes étaient trop déroutants et du fait que les premières consoles faisaient leur apparition, personne ne voulut s'investir dans ce jeu. Hé oui, en 1990, l'ordinateur c'était fini et l'avenir était dans les consoles... Même Virgin repoussa les « avances » de Philippe Ulrich qui voulait faire connaître son poulain. Éric Chahi termina donc la programmation du logiciel tout seul dans le pavillon de ses parents. C'était l'époque des gros pixels, mais ce qui fit la particularité d'Another World, c'est que Éric Chahi décida d'utiliser cette fois des polygones, permettant d'avoir un design nouveau et une ambiance spéciale. Ce fut le premier jeu à utiliser des polygones mélangés à de la 2D. Delphine Software édita Another World, qui fît un vrai carton. Le succès fut international, le jeu étant même numéro un des ventes au Japon. Un an plus tard, Virgin versera plusieurs millions de francs pour acquérir les droits d'Another World. Et le jeu dans tout ça ?Après la séquence d'introduction où j'ai vu la foudre entrer dans le laboratoire et frapper Lester assis à son bureau, je me retrouve dans l'eau. Des tentacules arrivent du bas et m'attrapent, je suis mort. Je recommence et cette fois je nage vers le haut et sors de la piscine. Je me dirige vers la droite et me fais mordre par une sorte de serpent, je suis mort. Je recommence, je tue les serpents et arrive devant une sorte d'ours pas commode qui me court après, je m'enfuis vers la gauche, je passe trois écrans et tombe dans un trou. Il fallait sauter pour s'accrocher à la liane et repartir vers la droite, tant pis, je suis mort. Je recommence... Et ainsi de suite. Dès le début le ton est donné : ce jeu de plates-formes est composé de petites énigmes qui permettent d'avancer. Après chaque tableau, si l'on perd, on recommence au début de celui-ci sans refaire tout le jeu, ce qui donne un certain rythme sans jamais lasser. Le jeu est ponctué de scènes intermédiaires en pseudo 3D/2D qui viennent donner du punch au moment où l'on s'y attend le moins. C'est une aventure linéaire mais qui ne se répète jamais, les mouvements sont simples (marcher, courir, sauter) et on possède un pistolet Mc Gyver qui peut tirer un laser, un méga-laser ou faire apparaître un écran de protection. Un ami alien nous vient en aide plusieurs fois dans le jeu à des moments où l'on croit être bloqué. On a l'impression d'être dans un film... Mais revenons sur terre. Ce jeu a quand même plus de dix ans et cela se ressent sur les graphismes qui sont certes dépassés aujourd'hui, mais ont gardé un je-ne-sais-quoi de spécial. Malgré le peu de couleurs utilisées et des dégradés en 2 ou 3 tons, l'ensemble est agréable à l'œil car l'architecture des endroits visités dans ce jeu est vraiment dépaysante, un autre monde quoi. Mais un bon jeu n'est pas forcément un beau jeu, non ? Le seul problème est la jouabilité : sur ST, il fallait souvent recommencer à cause des problèmes de maniement. C'est un peu mieux sur la version Megadrive. La durée de vie est moyenne et une fois le jeu fini on peut le refaire en 3/4 d'heure environ, mais la première fois c'est une autre paire de manches ! Enfin, à choisir entre un superbe jeu en troadé qui en jette utilisant à fond les GeForceVoodooTnT54 mais qui au bout de 5 minutes partirait à la poubelle si le graphisme n'était pas si beau, ou un jeu sobre, graphiquement dépassé mais où l'intérêt est présent, j'ai fait mon choix. Éric Chahi : l'après Another WorldAprès avoir travaillé avec Paul Cuisset sur l'excellent Les voyageurs de temps, il sort Another World sur les machines de l'époque, Amiga et ST (Le jeu ressortira plus tard sur PC, Megadrive et Super Nintendo avec un niveau supplémentaire). Paul Cuisset réalisera en 1992 Flashback, largement inspiré d'Another World, qui fera l'objet d'une distribution internationale, ainsi que sa suite en 3D Fade to Black. Éric Chahi participe par la suite à la création d'Amazing Studio, qui donnera naissance à l'un des jeux qui se sont le plus fait attendre (5 ans) : Heart of Darkness. Dans l'esprit d'Another World et nanti de fantastiques séquences cinématiques, ce jeu a souffert de sa sortie tardive et de son gameplay old-school, en pleine expansion de la 3D. Steven Spielberg s'est déclaré intéressé par une adaptation filmique, mais malgré le succès commercial du jeu (1 million et demi d'exemplaires vendus), la chose ne s'est jamais faite et Éric Chahi s'est retiré des jeux vidéo, qu'il espère retrouver un jour. Another World est ressorti en 2008, en version haute définition pour Windows XP. Pour l'occasion, un site officiel est présent ici : http://www.anotherworld.fr/index.htm. Si ça vous tente, vous pouvez y télécharger la démo, ou y acheter le jeu en ligne pour 7 euros (septembre 2009). Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (42 réactions) |