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Puma World Football 98
Année : 1998
Système : Windows
Développeur : Ubisoft
Éditeur : Ubisoft
Genre : Sport
Par Thomas V. (05 septembre 2003)

Un an avant une coupe du monde pleine de surprises (champions / les / est / on, remettez dans l'ordre, je vous en donnerai d'autres), alors que EA astique son Fifa 98, que tous les studios se mettent en quête du "moteur 3D qui plante un caramel dans la lucarne sans forcer", ne voilà-t-il pas que les petits gars de chez Ubi soft nous sortent un jeu totalement décalé du reste de la production de l'époque... Et pour cause, World football, c'est le véritable OVNI du jeu de foot de l'ère 32-bits / 3DFx, et, au final, une véritable réussite, voire bien plus que ça pour ses adeptes (il y a moi, les autres restent à trouver !).

"What's the difference with les autres games de Futcheboule ?" Demandent ceux du fond qui ont pas suivi et qui ont du chewing-gum plein la bouche. La différence, c'est que le jeu est entièrement en 2D ! Vouivoui, vous avez bien lu, alors que la mode est au passage à la 3D tétrabrick, Ubi soft s'est mis en tête de réaliser un jeu où les joueurs sont encore de bons petits sprites joliment dessinés, avec des animations précalculées, scriptées, mais d'une fluidité imparable, et un game play au fun instantané. En gros, les gars ont adapté Super Sidekicks (Neo Geo) sur PC, avec toutefois leur gros lot d'améliorations.

Je vais pas rappeler les règles du foot, si vous ne les connaissez pas, je pars du postulat que le foot en lui-même vous fait autant d'effet qu'un reportage sur l'épilation laser, pratique illégale (mais dont l'usage est scandaleusement répandu) dans les concours de toilettage pour chiens. D'ailleurs, si vous êtes dans ce cas, je vous remercie de lire l'article pour mon charme (ou simplement parce que vous avez 5 minutes avant votre reportage).

Le gameplay est très simple, à l'opposé de la complexité (tous les boutons d'une manette de Playstation utilisés) d'un Fifa. Trois boutons : Tir, passe, lob. Ajoutés à cela l'obeissance au doigt et à l'oeSil des commandes de directions, vous obtenez enfin un jeu dont vos invités ne pesteront pas après vous parce que vous le connaissez mieux qu'eux. On note la présence d'un mode entraînement (ajoutant un challenge par sa difficulté réglable) afin de vous familiariser avec la bête (savoir comment se présente un ballon de foot, pourquoi y a t'il des octogones noirs dessus, pourquoi il y a des octogones dessus, et autres questions existentielles, reprenant les grandes lignes du courant de pensée existentialiste).

On observe la présence d'une licence (ce qui est sympathique) datant de 96-97 (c'est marrant de jouer avec l'OM de Libbra, Beccanovic, et le PSG de Simone/ Maurice), couvrant un nombre immense de clubs : 358 ! Eh oui, Fifa n'a rien inventé, et croyez moi, c'est une attention qui faisait chaud au coeur à l'époque : on n'avait droit aux D1 et D2 anglaise, française, italienne, espagnole, et aux plus grands clubs d'absolument toutes les nations du monde (de la Roumanie à la Chine, en passant par l'Australie et le Pérou). Le seul défaut et de ne pouvoir jouer avec les équipes nationales (corrigé par un patch qui ne marchait pas sur mon PC, et par la version « Cup édition » sortie plus tard). Toutes les compétitions internationales sont jouables (coupes d'Europe, Pacific Cup, Intercontinentale, Super coupes...) ainsi que les championnats et les coupes nationales. On peut aussi au passage créer sa propre coupe, avec jusqu'à 256 équipes, ou son propre championnat, ou encore changer les maillots et les shorts (ça vaut vraiment le coup), ainsi que le nom des joueurs et leurs aptitudes. Associé à une telle richesse on est en droit d'exiger LE gameplay qui tue, celui qui vous fera revenir encore et encore, jusqu'à avoir usé la totalité des possibilités offertes.

Et, à la différence d'un FIFA, l'attente n'est pas déçue, et...

... On est tout d'abord déçu (je suis contrariant avec moi même !). On démarre une partie, et bon, là, ce n'est pas le pied : On fait des passes molles avec le bouton prévu à cet effet, le terrain paraît immense pour nos pauvres schtroumpfs, on a l'impression de slalomer librement entre les adversaires, on met tous ses tirs trop hauts, bref, on regrette d'avoir mis ses brouzoufs dans ça (ce truc, le seul avantage c'est qu'il ya Zidane sur la boîte, mais le Zidane d'avant qu'il se passe ce que vous savez Bleus/ Allez / les). On s'emm... (ou s'embête, mais pour le coup soyons grossier, c'est notre argent quand même !) ferme, on coupe les commentaires qui peuvent paraître imbuvables, et tout ça semble monotone, beau, mais monotone...

On est d'ailleurs sur le point de jeter la boîte, le CD , le caniche quand soudain, dans l'écran du menu et...

LE FOOT EN SALLE !!!! ! Et voui, la trouvaille d'Ubi soft a été d'inclure au jeu un mode foot en salle. A partir du moment où vous l'essaierez, vous ne pourrez plus vous en passer. 5 joueurs, un tout petit terrain, pas de touche ou de sorties, des murs renvoyant les balles. Tous ces ingrédients donnent l'élixir de jouvence, le bol d'air, l'idée de génie qui renvoie tous les autres développeurs à leur chères études, et pour cause ! Le gameplay, mou auparavant, devient tout à coup nerveux, très rapide. On s'invente des combinaisons entre joueurs, on envoie le ballon contre le mur pour mieux le reprendre de volée, les actions se concluent en général par un but, les gardiens, redoutables en duel, se retrouvent démunis face aux cachous tirés bien tendus dans les bois (c'est un jargon technique, je le conçois, allez voir chez .com, on y parle admirablement bien d'alpha blending, de Gouraud et autres Pro logic II), et se vautrent dans des plongeons jouissifs. Plus la peine de faire de passes au sol, lober est la meilleure solution, afin que votre coéquipier accomplisse des gestes techniques (ciseaux, retournés, têtes plongeantes, &) sans risquer de predre le ballon.

Le jeu devient proche du basket dans son déroulement, à savoir que chaque possession de balle doit se concrétiser par un but, sous peine de voir l'adversaire (un CPU coriace en level 3) prendre les devants. Les scores en fin de partie sont sans appel : des 30/22 ou encore 27/29 (ce coup là c'était serré), on sort lessivé de chaque match. A noter qu'ici, point de cartons rouges, seulement des "prisons" comme au hockey, et il faudra gérer votre infériorité temporaire, ce qui est dur face aux assauts répétés de vos vis-à-vis.

Le mieux pour ressentir toute cette intensité est de jouer avec le son à fond (les commentaires, au fond, à les réécouter, sont amusants, les speakers y croient ! - NdL : les voix sont celles de Mario Santini, comédien de doublage talentueux hélas décédé en 2001, et de Olivier, animateur de la radio parisienne Oui FM qui formait un duo avec Kad pour l'émission Rock'n'roll Circus, duo qui a par la suite rejoint la chaîne Comédie. L'écriture de ces commentaires de WF98 est l'oeuvre de Josquin, autre animateur de Oui FM (Les grands matins)), en accélérant un poil le jeu (ce qui est possible dans le menu pause, sympa là encore), et en se faisant une coupe Ubi rassemblant les grandes équipes : Real, Juventus, Milan, MU, & Le nec plus ultra étant de tenter l'expérience d'un tournoi multi joueurs. Là je ne répond plus de rien (à condition que tout le monde ait une bonne manette).

Les programmeurs ont par ailleurs offert la possibilité de participer à tous les modes de jeu (y compris l'entraînement) en salle, ce qui du coup sauve un jeu qui était mal barré.

Parmi les petits plus qui font plaisir, citons en vrac la possibilité de paramétrer le comportement de l'arbitre (son niveau), de jouer en mode temps effectif comme au basket, de régler ses formations selon des modèles archi-connus (catennaccio, Kick and rush) d'offrir un résumé du match à la fin (et ce bien avant PES) ou le replay à volonté enregistrable. En fait, les vrais plus du jeu se découvrent au fil des parties, lorsque l'on observe telle ou telle phase d'animation, ou que l'on retrouve ses anciennes gloires (Boli, Sauzée, Papin, Cantona) dans des équipes pas forcément évidentes (Japon pour le Monsieur Boli).

Ubi soft 3 - les autres 0

Le nombre faramineux de clubs et de compétitions est aussi une volonté d'offrir un jeu à la durée de vie importante, et le choix de la 2D se veut un clin d'oeil aux rétro gamers élevés au Kick off. Par conséquent, s'il ne fallait retenir qu'un seul jeu de foot, celui ci serait probablement en concurrence avec PES 2, et il s'avère être sont parfait complément pour les amateurs d'arcade. Les joueurs ont un comportement peu réaliste. Le ballon leur colle au pied, soit, mais ils possèdent le charme désuet typique de la vision idéalisée du foot d'il y a une quinzaine d'année. On joue à ce jeux comme un feuillette les Panini des années 70/80 : une larme à l'oeil, mais ce coup là point de nostalgie, rien que de la joie.

Thomas V.
(05 septembre 2003)
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