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Virtual On (Cyber Troopers)
Année : 1995
Système : Arcade ...
Développeur : Sega
Éditeur : Sega
Genre : Action
[voir détails]
Par Shenron (25 mai 2009)

Réalisé par le studio AM3 (aujourd'hui Hitmaker), Virtual On est sorti originellement en arcade en Février 1995. Cependant, contrairement aux autres titres de Sega commençant par "Virtua", la distribution de la borne en France fut des plus confidentielles, et ce n'est que lors de sa sortie sur Saturn que le jeu commença à se faire -légèrement- connaître, en particulier grâce à sa démo jouable proposée sur le CD Sega Flash n°3.

Virtual On propose au joueur d'incarner un pilote de Virtuaroid, un gigantesque robot de combat anthropomorphe, dont la mission est de détruire une base lunaire devenue hors de contrôle qui pointe un énorme rayon laser vers la Terre. Quand je dis "incarner", c'est vraiment le cas: la borne d'arcade est censée être une unité de simulation permettant de repérer les pilotes d'exception (les Virtual On Positive) et de les faire combattre les unités rebelles à leur insu, tranquillement installés dans leur cockpit en plastique.

La borne. Plutôt classe, non ?
Et son substitut pour le salon, le Twin Stick. Plutôt imposant aussi.

Le jeu permet de choisir son VR parmi huit, aux caractéristiques et à l'armement différent. Une fois le robot choisi, le programme de simulation, composé de 5 combats, commence. Les combats réels sur la lune n'arrivent qu'ensuite. Virtual On, entièrement en 3D, est en vue à la troisième personne. On voit donc son robot en pied, et de dos. Les commandes sont un peu particulières, puisque le panel de contrôle est uniquement composé de deux sticks munis d'une gâchette et d'un bouton sur le dessus. En orientant un stick dans une direction, le robot marche d'un pas modéré. En orientant les deux dans la même direction, il accélère légèrement. En appuyant sur un des boutons, il effectue un dash, qui s'interrompt quand on en refait un dans la direction opposée. Ecarter les sticks vers les côtés permet de sauter, les rapprocher d'interrompre le saut rapidement. Cela permet également de se mettre en garde ou de se baisser pendant que l'on tire. Enfin, écarter les sticks dans le sens de la hauteur permet de tourner sur place.

Chaque gâchette active une arme : l'arme gauche est une arme lourde (comme une bombe), l'arme droite une arme légère (une mitraillette par exemple), et la combinaison des deux enclenche l'arme spéciale. Il est bien entendu possible de tirer en marchant, dashant, en se baissant (en maintenant la garde) et en sautant, et la position de tir influe sur sa forme et sa puissance.

L'intro est bien pêchue, bien qu'un peu pixellisée, comme toujours sur Saturn.
Un casting alléchant

Les munitions des armes sont infinies, mais on ne peut pas les utiliser à volonté pour autant ; chacune d'elles possède une jauge de charge, qui diminue à l'usage et met un certain temps à se reconstituer. Si vous essayer d'utiliser une arme déchargée, vous aurez droit à une grosse croix rouge et un vilain bruit de buzzer. Pas de panique cependant, on ne reste jamais plus de trois ou quatre secondes totalement désarmé. Le gameplay est fondé sur deux principes: le mouvement et le couvert. L'adversaire n'est pas locké en permanence, et pour se retrouver face à lui il y a trois moyens : bouger manuellement, sauter, ou tirer en effectuant un dash. La première solution est longue et donc périlleuse, on passe donc son temps à sauter dans tous les sens pour mettre l'adversaire en joue. Le couvert ensuite : les combats se déroulent dans des arènes fermées parsemées d'obstacles sur lesquels on peut monter, mais qui servent surtout à se protéger, la garde n'étant efficace que lors des corps à corps. Mais attention car certains tirs passent à travers les obstacles... Les parties alternent donc entre les phases de rush et de cache/recherche, et vont en général à 100 à l'heure. D'ailleurs la durée par défaut d'un round est de 30 secondes, ce qui est en général largement suffisant pour démonter l'adversaire.

Du napalm d'un côté, des roquettes de l'autre. La routine.
Les bombes font une excellente couverture. Ah, et elles froissent très bien la tôle aussi.

La version Saturn est une conversion fidèle de l'arcade qui n'a pas trop vieilli. Les robots sont joliment modélisés et ont bénéficié d'un très bon chara-design (celui du chara-designer d'un bon nombre de Gundam, ceci explique cela), seuls quelques décors sont un peu fades (mais d'autres sont magnifiques), mais ils sont plutôt variés. Mais le plus marquant est sans conteste l'animation des robots qui est criante de fluidité, de réalisme (pour autant qu'on puisse juger du réalisme de l'animation de robots géants) et surtout de naturel (pareil). Il faut voir les méchas entamer leur course, puis la stopper par une roulade avant de s'accroupir pour lancer une grenade tout en glissant... Le souci du détail est omniprésent, comme le capot de la Saturn dorsale des VR qui s'ouvre durant un dash. La bande-son, très dynamique avec deux ou trois morceaux à tomber (ah, le thème D'apharmd et de Raiden...), participe largement à l'incroyable pêche que dégage le soft. D'ailleurs on retrouve ces deux thèmes sur certaines compilations Sega.

Sur Saturn, en plus du pad classique, il est possible d'utiliser le Twin Stick dédié. L'objet, plutôt imposant, facilite l'immersion en plus de permettre aux fans de la borne de retrouver leurs sensations. Si l'objet est pittoresque, force est pourtant de constater que la maniabilité est bien plus évident au pad, en particulier pour l'usage de la garde (et donc des coups accroupis), bien qu'on perde au passage les deux vitesses de marche.

On a droit à un Replay, qu'on peut même enregistrer, après chaque round.
Le mode Versus. Quand Raiden fait mouche, ça fait très mal !

Le mode solo ne propose que du classique, avec entre autres du Time Attack, et le jeu est plutôt facile une fois qu'on a décrypté le jeu de l'IA. Et même si on est souvent tenté de refaire une petite partie comme ça, pour le fun, c'est évidemment à deux qu'on s'amuse le plus. On peut en effet s'affronter en écran splitté, verticalement ou horizontalement au choix, et alors les parties peuvent s'enchaîner sans aucun temps mort pour peu qu'on trouve un partenaire motivé et au même niveau. Surtout que c'est à deux qu'on découvre les subtilités du jeu, qui sont plus nombreuses qu'il n'y paraît au premier abord (ne serait-ce qu'au plan de l'usage stratégique des bombes), et que donc le jeu dévoile tout son potentiel.

Pur produit arcade, Virtual On est ce qui se fait de mieux dans le genre "combats de méchas télécommandés en vue à la troisième personne" (même s'il est certainement l'unique représentant de ce genre), et a sans aucun doute servi d'inspiration aux équipes de développement des DBZ Sparking. Evidemment on peut ne pas accrocher, mais une fois qu'on y a goûté, difficile de ne pas revenir dessus de temps en temps pour botter le train de cette garce de Fei-Yen !

La couleur et la taille de Jaguarandi sont aléatoires. Pas sa puissance de feu.
Il n'est pas beau ce clair de Terre ?

À noter que le jeu a quand même eu assez de succès au Japon pour générer plusieurs suites, en arcade et sur consoles :

- Virtual On: Oratorio Tangram (1998) a ainsi été adapté sur Dreamcast, et importé aux US bien que certaines features aient disparu au passage (comme la customisation de VR). Malheureusement le fait que le pad DC comporte deux boutons de moins que le pad Saturn, alors que les mouvements disponibles sont plus nombreux que dans le premier épisode oblige presque à jouer au Twin Stick.
- Virtual On Force (2001) n'a connu qu'une version arcade
- Virtual On Marz (2003) n'est sorti que sur PS2.

Trivias

  • Virtual On est un des quelques jeux Saturn à posséder une version SegaNet qui, comme son nom l'indique, permettait de jouer en réseau. D'ailleurs c'est toujours possible au moment où cet article est écrit (janvier 2009).
  • Virtual On a eu droit à un remake dans la gamme Sega Ages (n°31), et à une version PC.
  • Le Twin Stick Saturn n'est pas très courant mais reste trouvable à des prix raisonnables (j'ai eu le mien pour une quarantaine d'euros), contrairement au Twin Stick Dreamcast qui est une vraie rareté.
  • Le jeu possède quelques cheats, qui doivent être exécutés à l'écran titre :
    - L+R : jouer avec les VR dans leur deuxième couleur en mode Arcade
    - Haut + Start : jouer avec un Temjin ou un Raiden jaune fluo
    - Bas + Start : jouer avec Jaguarandi
  • Temjin et Viper II possèdent une attaque spéciale qui leur est propre : durant un saut, il faut effectuer la combinaison suivante : haut, haut+arme centrale. Ils plongent alors sur l'adversaire et infligent pas mal de dégâts, mais les trois jauges d'arme se vident.
  • Dans le Sound Test on peut entendre des voix et des sons inédits, par exemple le nom du dernier boss, Z-Gradt, comme s'il s'agissait d'un VR jouable. Or il n'existe aucun code à cet effet.
  • Il semble qu'Apharmd a eu son petit succès puisque le personnage de Yoko, dans Last Bronx, en est un clone au féminin.
  • Il existe plusieurs versions arcade de Virtual On : Oratorio Tangram : les versions 5.2 et 5.4 tournent sur Model 3, la 5.66 sur Naomi. La version Dreamcast, fondée sur la 5.4, a pour référence 5.45 car elle propose en plus des décors de Virtual On. Il est d'ailleurs possible de choisir à quelle version on veut jouer. La version arcade 5.66 propose trois nouveaux VR. Un GD spécial a été édité pour que les possesseurs de Dreamcast puissent customiser ces trois nouveaux robots, et transférer leurs données dans la borne avec leur VMU.

Les Virtuaroids

Temjin : le Ryu du jeu. Il est, avec Raiden, le premier modèle produit. C'est un robot équilibré, idéal pour débuter. Rapide et maniable, son arme droite fait pas mal de dommages en attaque frontale, et son arme gauche fait un très bon bouclier. Son arme centrale est quasiment inutile à distance mais mortelle au corps à corps.

Viper II : Avec son look d'avion de chasse, on le jurerait venu tout droit d'une série sentai. Viper II ressemble au Temjin en plus léger et aérien. Il peut se maintenir très longtemps en l'air et l'amplitude de ses sauts est impressionnante. Ses roquettes et ses tirs de laser ont un bon rayon d'action, et son arme centrale, une boule d'énergie, peut venir vous chercher à l'autre bout du niveau. Revers de la médaille : il est très frêle.

Dorkas : Un des VR conçus pour remplacer le modèle Raiden, trop coûteux. Dorkas est le VR idéal pour combattre à distance. Son arme gauche est une boule hérissée à tête chercheuse, son arme droite des boules de feu flottantes et son arme centrale une batterie de missiles au napalm. Malheureusement pour lui il est très lent, ce qui le rend vulnérable à mi-distance.

Belgdor : Une autre déclinaison du modèle Raiden. Plus léger que Dorkas, il possède une puissance de feu moyenne mais de bonne portée, en particulier grâce à ses missiles à tête chercheuse.

Bal Bas Bow : Ce VR expérimental de toute nouvelle génération n'a pas de jambes, mais flotte en permanence au dessus du sol. Sa mobilité en l'air est exceptionnelle, meilleure même que celle du Viper II. Il possède des lasers dirigeables par la pensée assez coton à esquiver. Un robot intéressant à jouer donc, dommage qu'il soit aussi moche.

Apharmd : un VR de l'armée, il est à Temjin ce que Ken est à Ryu. Leur structure est similaire mais leurs attaques diffèrent légèrement. L'arme droite d'Apharmd est moins puissante en attaque frontale, mais son arme gauche possède une variante moins étendue mais plus puissante. Et en plus il est super classe avec ses tonfas et son stage a la meilleure musique du jeu.

Fei-Yen : conçue par une fillette de 10 ans, Fei-Yen est un mélange improbable de Sailor Moon et d'un Super Saiyan. C'est le VR le plus rapide du jeu, et le plus pénible à vaincre en solo. Ses attaques sont facilement évitables tant qu'on n'est pas en l'air, mais font très mal. Elle se transforme une fois qu'elle a perdu la moitié de sa vie, et la puissance de ses attaques augmente encore.

Raiden : Prototype extrêmement coûteux, à tel point qu'il n'en fut produit que 26 en série. Raiden est puissant, lourd, et résistant. Ses armes classiques sont relativement inefficaces mais il dispose d'un puissant laser qui, bien placé, peut retirer ¾ de la barre de vie.

Jaguarandi : Il n'est pas vraiment un VR, mais un bug dans le programme de simulation, qui se déclenche de façon aléatoire, puisque sa taille et sa couleur varient selon les moments. Il ressemble beaucoup à Raiden, en un peu moins puissant.

Z-Gradt : Le Boss du jeu qui menace la Terre de son rayon géant. Il possède une puissance de feu dévastatrice, et est quasiment indestructible en temps normal. Seule solution : attendre qu'il déploie son canon et devienne ainsi vulnérable.

Shenron
(25 mai 2009)
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