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Unreal Championship 2
Année : 2005
Système : Xbox
Développeur : Epic Games (Scion Studios)
Éditeur : Midway
Genre : FPS
Par Niko844 (22 juin 2009)

Console la plus orientée gamer de sa génération, la Xbox s'est illustrée par son nombre impressionnant de FPS. Son règne achevé, il n'y a au final qu'un seul jeu du genre à avoir réellement marqué l'industrie du jeu vidéo. Je veux bien sûr parler de Halo 2, carton sans précédent dans le monde des FPS sur console. Bien que très réussi, le jeu de Bungie ne présentait guère d'intérêt aux yeux d'une communauté de joueurs PC qui n'y voyaient là qu'une simple imitation des doom-like auxquels ils s'adonnaient au clavier et à la souris. Offrant une jouabilité plus précise, des graphismes plus fins et une animation plus fluide, leur support de prédilection ne rougissait guère face à ce soft qui n'apportait pas grand chose à un gameplay pratiquement inchangé depuis des années.

Un constat peu flatteur à l'égard de la notion d'adaptation et de création dans le milieu des consoles de salon donc, mais qui connaîtra un véritable sursaut avec la sortie d'Unreal Championship 2: The Liandri Conflict, un FPS ici vraiment pensé pour la Xbox , et qui se paie en plus le luxe d'apporter une pierre à l'édifice.

Cet opus serait-il le meilleur Unreal ? Voire le meilleur FPS multijoueurs de la console ?

Faisant suite au plutôt réussi Unreal Championship, The Liandri Conflict marque l'association de deux noms du jeu vidéo. En effet, à l'époque, le jeu fut distribué par Midway, alors que jusque là tous les jeux de la licence Unreal l'étaient par Atari. Le jeu, confié aux développeurs de Scion studios (peu après l'acquisition de ces derniers par Epic Games), n'hésite ainsi pas à associer les deux univers emblématiques des deux boîtes aussi bien pour marquer le changement de style de la série que pour célébrer l'événement. Cela se traduit par la possibilité de choisir de remplacer les voix du speaker original par celui de Mortal Kombat mais aussi, clin d'œil beaucoup plus intéressant pour les fans de la franchise, par la présence de fatalités (ici appellées "coup de grâce") et de Raiden dans les personnages àdébloquer !

Démarche volontaire ou simple coincidence, les changements qui apparaissent dans cet épisode font plus ou moins subtilement écho à la franchise vedette de son nouveau distributeur.

Mais l'impact le plus flagrant de cette association, reste le gameplay du jeu. Alors que le premier opus d'Unreal Championship se limitait à une simple adaptation d'Unreal 2003 sur Xbox, The Liandri Conflict n'hésite pas à incorporer de nombreux éléments issus des jeux de combat pour mieux s'adapter aux carences et avantages d'une manette. On se retrouve ainsi face à un croisement hybride entre FPS, jeu de combat, et Third Person Shooter. Un cocktail déroutant au premier abord, mais qui, n'en déplaise aux sectaires de l'ordre du PC, enrichit intelligemment le gameplay.

En effet, alors que les précédents opus de la franchise et tout autre jeux du genre avaient toujours délaissé le combat au corps-au-corps, qui n'était là qu'en ultime recours pour le joueur en rade de munitions, The Liandri Conflict donne la part belle aux combats au corps à corps, tout en restant parfaitement jouable.
La palette de coups au corps-à-corps peut facilement en témoigner, et ce n'est plus une, mais cinq techniques différentes qui assurent des affrontements bien plus techniques et jouissifs que ceux auxquels les FPS nous avaient habitués.

- L'attaque en vrille, rapide et circulaire, qui multiplie les chances de toucher votre adversaire. Particulièrement pratique pour toucher plusieurs concurrents en même temps. Elle peut même paralyser l'ennemi lorsqu'on le frappe sans relâche, un peu comme dans Sreet Fighter, les petites étoiles en moins.
- L'attaque lourde est beaucoup plus précise car toute la force du coup se concentre à l'avant. Elle est par conséquent plus puissante.
- L'attaque saut exige que le joueur maintienne la gâchette droite appuyée. Le combattant, alors maintenu en l'air, concentre son énergie. Lorsque la gâchette est relâchée, il s'élance dans la direction voulue ou mieux, sur un ennemi. Idéal pour se rendre plus vite d'un point à un autre, mais gare ! Pendant que le personnage concentre l'énergie de son arme, il est très vulnérable...
- "Bondir" est aussi une attaque aérienne, mais beaucoup plus rapide que l'attaque saut car elle s'effectue d'une simple pression sur le bouton B pendant un saut. Elle consomme quelques mutateurs.
- Le coup de grâce, à la manière d'un Mortal Kombat, en effectuant une combinaison de boutons qui s'affichent à l'écran lorsque l'ennemi est paralysé. Aussi classe pour celui qui le réalise qu'humiliant pour celui qui le subit, il tue du premier coup. Revers de la médaille, il est peu évident à sortir et vous fait de vous un frag facile pour les autres joueurs.

Avec une palette de coups au corps-à-corps assez fournie, les phases de combat hors gunfight se révèlent être techniques et jouissives.

Tous ces coups, c'est bien gentil, me direz-vous, mais rien ne vaut un bon gros flingue ! Eh bien détrompez-vous. Pour équilibrer les forces entre joueurs armés et adeptes du corps-à-corps, les développeurs ont poussé l'intégration d'éléments de jeu de bourre-pif jusqu'à introduire un système de blocage et de contre dans leur jeu ! On peut ainsi plus ou moins se protéger grâce à un bouclier laser intégré à notre arme de contact, voire carrément renvoyer les tirs ennemis à l'envoyeur ! Cette dernière technique demande, à la manière d'un jeu de combat, un bon timing et surtout un grand sens de l'anticipation, sous peine de finir en bouillie.

Les plus expérimentés sont tout aussi dangereux sans arme à feu...

L'équilibre et la jouabilité de ces deux types de gameplay sont tels qu'un joueur désarmé n'est pas forcément une proie facile, car non content d'être potentiellement dangereux, il est aussi capable de se mouvoir comme dans un jeu de plates-formes à la troisième personne, et ainsi esquiver sans mal les tirs grâce à la possibilité de rebondir sur les murs et d'effectuer des doubles sauts. Heureusement pour les débutants, la possibilité de verrouiller leur cible à la Zelda: Ocarina of Time permet de ne pas se laisser déborder par les joueurs les plus agiles.

Bien entendu, on retrouve aussi ce qui faisait la particularité des précédents opus, à savoir les mutateurs, à la différence que cette fois ci, les pouvoirs accessibles dépendent du personnage utilisé et sont utilisables très rapidement. Ces pouvoirs sont incroyablement variés et efficaces selon les personnages et sont très simple d'utilisation. On pourra ainsi se soigner, devenir plus résistant, plus puissant, plus précis, empoisonner ses tirs, etc. L'agilité, la force et les armes de mélée sont tout autant d'éléments qui distinguent chaque personnage et achèvent de leur conférer un vrai style de jeu, là ou la plupart des FPS ne différenciaient leurs personnages que par leur apparence.

Le choix des personnages se fait surtout selon leur style de jeu, pas selon des critères esthétiques.

Les apparences, justement, les développeurs ne les ont pas délaissées. À l'image de ses grands-frères, The Liandri Conflict déploie l'artillerie lourde avec le recyclage du moteur 3D Unreal Engine 2, spécialement amélioré pour cet épisode. Le résultat est à la hauteur des espérances des fans de la franchise, avec des texture magnifiques et des effets de toute beauté, le tout animé à l'écran avec panache et fluidité. Un plaisir tel pour les yeux qu'on avait l'impression d'avoir un jeu de la prochaine énération de console entre les mains.

Visuellement, le jeu transcende son support, à tel point qu'il n'a pas à rougir de la comparaison avec bon nombre de productions nouvelle génération.

Toujours au niveau du visuel, cet épisode confirme l'orientation artistique de la série, à savoir un melting-pot des plus grandes références de la culture populaire américaine. À la différence des précédents opus qui employaient un character-design lourdingue dont la beaufitude venait renforcer l'aspect série B, The Liandri Conflict se veut un brin plus propret et y ajoute une pointe de mysticisme. Ici, le spectre de la mythologie égyptienne est encore plus présent que par le passé, que ce soit dans certains décors ou dans certains combattants qui ne sont ni plus ni moins que des répliques de dieux égyptiens, à la Stargate.

Néanmoins on retrouve toujours certains personnages au character-design dont les Américains ont le secret... Bien bourrin donc. Au menu se succèdent des personnages tous plus iconiques les uns que les autres, avec anciens du tournoi au look cyberpunk qui n'ont pas l'intention de prendre leur retraite, cyborgs programmés ou repensés pour tuer, guerriers aliens en quête de rédemption ou de vengeance, combattants ressucités dont le look raviront les gothiques et bien entendu répliques de dieus égyptiens en quête de pouvoir. Les nostalgiques des débuts d'Unreal regretteront l'aspect nanar bien moins

Unreal Championship 2 apporte quelques changements à l'orientation artistique plutôt réussies comparés à celles prises pour Unreal 3...

Sur le plan sonore, le jeu remplit son contrat. Des bruitages explosifs à la musique à la fois militaire, mystique et futuriste, le joueur est totalement immergé dans le jeu. Les voix de la version francaise restent correctes, mais bien ternes comparées aux originales, tout bonnement excellentes.

Grosse déception en revanche pour les fans du premier Unreal Tournament qui comme moi espéraient le retour des répliques cultes du type "c'est ma maison" ou "pauvre nul !". The Liandri Conflict est beaucoup moins caustique dans les dialogues

Pas de soucis côté son. Ça tue.

L'une des originalités de la saga des FPS multijoueurs d'Unreal réside dans l'originalité des armes. The Liandri Conflict reste fidèle à ses grands-frères de ce côté là, à la différence que cette fois-ci, vous n'aurez accès qu'à deux armes par match au choix, à savoir une consommant des cristaux, et l'autre des munitions explosives. En voici

Armes à énergie

  • Fusil de sniper
  • Fusil de choc
  • Fusil bio
  • Stinger

Armes explosives

  • Lance-roquette
  • Canon anti-aérien
  • Lance-grenades
  • Ripjack

Si les munitions de vos deux armes viennent à vous manquer, vous pouvez toujours faire l'usage de votre arme de mélée ou d'une arme de poing dans chaque mains. Selon le personnage choisi, l'arme et le tir secondaire diffèrent : tir en rafale, tir empoisonné voire tir paralysant, ce qui s'avère bien pratique pour exécuter plus facilement un coup de grâce...

Si elles restent similaires à celles proposées dans les précédents opus, les armes d'Unreal Championship 2 restent un modèle d'inventivité et une belle leçon de design...

Non content de proposer un gameplay incroyablement riche pour un FPS, Unreal Championship 2 ne délaisse pas le joueur frappé par la crise et qui ne peut donc pas se permettre le luxe de débourser 60€ par an pour jouer sur le Xbox Live. Il y a ainsi de quoi s'amuser en solo si l'on prend la peine de débloquer tous les personnages, en commençant par terminer le mode histoire. Un mode certes pas transcendant, qui fait plus office d'amuse-gueule qu'autre chose, mais qui fait l'effort d'y mettre les formes en intégrant des cinématiques entre deux matchs, histoire de raconter l'ascension du héros dans le tournoi. Bien foutues avec notamment quelques idées de mise en scène très ludiques pour un jeu d'un genre qui ne s'est jamais intéressé jusque là à la narration, ces dernières laissent entrevoir un héros qui se distingue de ses prédécesseurs par ses motivations à participer au tournoi et un univers un brin plus é. Rien de très poussé cependant mais là encore, on sent encore un changement dans la série.

Comparé aux autres Unreal, l'histoire est assez intéressante avec un héros et un univers plus développé.

En plus du mode histoire classique, le mode tournoi et le redoutable mode challenge vous permettront, au fil des nombreuses victoires (et défaites), de maîtriser complètement le jeu et surtout de débloquer les personnages cachés ! Au menu, six modes de jeux différents, dont quelques nouveaux, pas révolutionnaires pour un sou, mais bien sympas.

  • Deathmatch, où le plus meurtrier gagne.
  • Massacre de Nali, où l'on doit massacrer un maximum de ces pauvres extraterrestres pacifiques.
  • Match à mort par équipe, où l'on tue avec des coéquipiers, le tout avec une jolie couleur bleue ou rouge.
  • Overdose, où il faut récupérer des balles radioactives et les ramener sur des socles pour gagner des points.
  • Capture The Flag, où l'on pique le drapeau de l'autre camp pour le ramener dans sa base et marquer des points.
  • Survie, un match à mort où l'on enchaîne les adversaires àun. Si l'on meurt, on attend son tour pour prendre sa revanche.
Avant de se mesurer aux autres, rien ne vaut l'entraînement, ne serait-ce que pour connaître les règles des différents modes sous peine de se faire traiter de boulet...

Après quoi, vous pourrez de vous lancer dans le vif du sujet, à savoir le multijoueurs. La même chose quoi, mais avec jusqu'à huit vrais humains qui jouent aussi mal que vous dans le meilleur des cas, ou qui d'après mon expérience vous colleront une déculottée mémorable. C'est surtout ce qui risque de vous attendre dans la mesure ou bon nombre de joueurs ont cédé aux sirènes de la nouvelle génération, et que ceux qui restent sont donc TRÈS expérimentés. Sinon jouer avec un ami reste possible, ou en LAN. Pas d'excuses donc pour ceux qui n'ont pas le Xbox Live, il est d'autant plus toujours possible de jouer gratuitement sur le net par le biais de logiciels tels que XBConnect ou Xlink Kai ! Petite précision concernant le Xbox Live, il est possible d'y télécharger un patch assez costaud pour le jeu. Il comprend de nombreux nouveaux personnages, deux nouvelles maps, ainsi que divers

Aaah... Le multijoueurs, ses gros PGM, les insultes et autres blagues douteuses qui fusent...

Orientation multijoueurs oblige, si vous n'avez pas d'amis ou que vous êtes asocial, il reste toujours la possibilité de jouer contre des bots. Ces derniers se débrouillent très bien, surtout si dans un excès de prétention vous avez choisi le plus haut niveau de difficulté parmi les cinq disponibles. Les parties contre l'ordinateur ont étés très bien pensées.

Vous pouvez entre autre sélectionner vous même et très rapidement vos ordres lors des matchs en équipe en utilisant la croix directionnelle à la personne de votre choix. Idem pour les vannes et autres provocations, même si une option « provocation automatique » aurait été la bienvenue pour égayer les parties en ligne, en particulier pour ceux n'ayant pas la chance de posséder un micro.

Jouer contre les bots ne se révèle pas toujours plus facile que contre un joueur humain...

Le jeu a beau avoir de nombreux atouts, il restera dans l'ombre d'Halo 2. Contrairement à ce dernier, Unreal Championship 2 n'est pas aussi facile d'accès, la diversité de son gameplay combiné aux pouvoirs des personnages exigent un minimum de pratique pour ne pas devenir de la vulgaire chair à canon. En définitive, seuls les joueurs patients peuvent apprécier le jeu à sa juste valeur.

La principale critique émise à son égard était que l'importance accordée au corps-à-corps et à la mobilité avait tendance à rendre les parties confuses. Une critique parfaitement justifiée au début, mais qui disparaît rapidement une fois le gameplay complètement assimilé. On pourrait donc attribuer au manque de joueurs en ligne la faute à un gameplay peu engageant au premier abord, comme ça avait été le cas sur PC pour Tribes: Vengeance, un des meilleurs FPS multijoueurs à l'époque, et dont le flop fut retentissant sur une plate-forme ou le genre

Le mot de la fin... Il n'y a pas que Halo 2 sur Xbox.

Vous l'aurez compris, Unreal Championship 2, en plus d'être un excellent FPS multijoueurs, s'avère être une adaptation bien pensée qui parvient à apporter quelque chose de véritablement nouveau au genre. Grâce à sa jouabilité irréprochable, à son gameplay très riche qui nivelle le doom-like console par le haut, à son visuel splendide qui le hisse parmi les plus beaux de la console et à ses nombreux modes de jeux qui lui garantissent une durée de vie assez conséquente, il ravira les amateurs de FPS nerveux en quête de sensations fortes, qu'ils jouent seuls, avec des amis ou sur internet. Le maigre succès de cet opus est d'autant plus amer que Scion Studios avait réellement fait l'effort d'adapter la franchise au support console en retravaillant son gameplay.
Il constitue à mes yeux en tout cas le meilleur opus de la saga et le meilleur FPS multijoueurs de la console. Je vous le conseille donc vivement, sous réserve d'aimer le genre, l'univers, et surtout de ne pas être réfractaire aux changements instaurés par cet épisode. Bref, une histoire de goût avant tout.

Des années plus tard avec la Xbox360, Epic a abandonné cette stratégie en se contentant d'importer le dernier opus PC (Unreal 3) de la licence sur la console de Microsoft et de Sony. Les résultats se sont avérés décevants pour Midway, la saga est donc aujourd'hui en déclin. Dans ce contexte, The Liandri Conflict se pose comme un produit d'autant plus intéressant qu'il témoigne de la difficulté que rencontrent les créateurs de jeux vidéos à imposer de nouveaux concepts dans un marché conservateur et formaté qui sanctionne sans états d'âmes les prises de risques. Alors si vous en avez marre de ces jeux qui se ressemblent tous et que vous n'avez pas acheté ce petit bijou pour votre Xbox, voire votre Xbox 360 (le jeu est rétrocompatible), réparez votre erreur éveloppeurs de Scion studios !

Niko844
(22 juin 2009)
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