Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Ultimate élargit son spectreTandis que le noyau dur de la firme se concentre avec brio sur le spectrum, les autres machines ne sont pas pour autant laissées pour compte. Parallèlement à ce que nous venons de voir, Ultimate embauche des programmeurs externes afin de porter ses jeux sur d'autres supports, notamment le Commodore 64, L'Amstrad CPC et le MSX... De son côté Sinclair ayant en décembre 1982 retardé la sortie du spectrum aux Etats-Unis pour répondre à la demande en Angleterre, il laissa du même coup le champ libre à son concurrent Commodore qui en profita pour imposer le C64 outre-atlantique, et ne parviendra jamais à inverser la tendance. Pour Ultimate, qui n'est absolument pas lié à un constructeur plutôt qu'un autre en dehors de ses goûts personnels, c'est une raison supplémentaire de diversifier ses choix de supports vidéo-ludiques... Ainsi, la série des Sir Arthur Pendragon est exclusivement créée pour le Commodore 64, et regroupe 4 jeux : Staff of Karnath, Entombed, Blackwyche et Dragonskulle. On retiendra d'ailleurs que cette série est l'oeuvre de deux frères, Dave & Robert Thomas, et qu'Ultimate n'a finalement ici qu'un rôle de producteur/éditeur. The Staff of Karnath (1984) - C64 Il ne suffit pas d'être l'une des équipes de développement les plus douées sur une machine spécifique pour forcément casser la baraque lorsqu'on décide d'éditer des jeux sur d'autres systèmes, et les jeux créés sur C64 par Ultimate le prouvent. Changer de système signifie aussi changer de public, et l'on est généralement attendu au tournant. Ceci étant, même si les jeux Ultimate sur C64 ne sont pas les bombes que l'on aurait pu espérer de cette firme à succès, certains d'entre eux se sont peut-être un peu vite retrouvés sous-estimés. The Staff of Karnath, par exemple, est loin d'être aussi anecdotique que la réputation des softs Ultimate C64 le laisse entendre... Entombed (1984) - C64 Entombed est donc le deuxième volet des aventures de l'Indiana Jones aristocrate qu'est Sir Arthur Pendragon, et est probablement aussi le meilleur jeu Ultimate du Commodore 64, dans tous les sens du terme... Malgré les apparences, Entombed est bien plus qu'un "Staff of Karnath 1.5" comme on pourrait le penser de prime abord. Ce cher Arthur se retrouve cette fois prisonnier d'un tombeau égyptien, et il faudra faire preuve d'ingéniosité pour s'en sortir. En effet, au chapitre des améliorations on trouve des énigmes véritablement intelligentes : là où l'épisode précédent basait sa difficulté sur une succession de problèmes obscurs, ici il faudra souvent faire preuve d'une vraie logique pour s'en sortir. Les différentes grandes salles du jeu sont autant de puzzles qui mettront vos neurones à l'épreuve (la quantité d'air dans ces salles diminuent, faisant ainsi office de temps limité mortel), tandis que les couloirs qui les relient semblent avoir comme but principal de vous perdre ! Bien entendu, vous n'êtes pas seul dans ce tombeau. De nombreux ennemis devront être évités sous peine, là encore, de perdre une vie. Blackwyche (1985) - C64 La firme des frères Stamper continue sur sa lancée, en éditant un nouvel épisode de la série des Pendragon. Malheureusement, les choses commencent à se gâter. Le scénario vous propulse cette fois à bord d'un vaisseau fantôme (hostilement peuplé, cela va sans dire). Votre but sera de vous frayer un chemin jusqu'aux différents items à collecter, et qui permettront d'atteindre l'âme du défunt capitaine. Blackwyche ne parvient pas vraiment à renouveler le concept et si, intrinsèquement, il ne mérite pas nécessairement d'être descendu en flammes, le fait est qu'il est inférieur aux volets précédents, car moins inspiré dans son déroulement et nantis de sprites qui laissent une étrange impression de retour en arrière. D'une certaine façon, Ultimate entre dans une phase de répétition, phase que l'on retrouve d'ailleurs aussi sur ZX Spectrum (depuis Knight Lore, ce sont les jeux "filmation" qui dominent leur catalogue). Bref, un jeu qui n'apporte pas grand-chose de neuf, si ce n'est quelques inquiétudes vis-a-vis du futur d'Ultimate... Imhotep (fin 1985) - C64 En 1984, après plusieurs mois de développement, Manuel Caballero dont c'est le troisième jeu (on lui doit Firefleet et Batty Builders, sur Atari 800), envoie une copie de Imhotep à plusieurs éditeurs parmi lesquels Ultimate. A ce moment-là de l'histoire, les jeux C64 d'Ultimate que nous avons évoqué un peu plus haut ne sont pas encore sortis, et Ultimate ne semble pas très intéressé par d'autres machines que le ZX Spectrum. Mais contre toute attente Tim Stamper contacte Caballero et se montre intéressé. Avec Imhotep, la firme anglaise tente ici d'explorer un genre différent et de renouer avec le côté action de ses débuts, grâce à un shoot'em up. Ce choix a dû en surprendre plus d'un vu le côté action-aventure cher à Ultimate depuis si longtemps. Imhotep sort fin 1985 et à l'arrivée se montre extrêmement difficile (pour ne pas dire injustement cruel, certains ennemis étant tout simplement inévitables), et globalement monotone. Ses qualités en termes de fluidité d'animation et de scrolling différentiel n'y changent rien et ne parviennent pas à faire oublier la lenteur de déplacement du héros. Du côté de la presse, certaines critiques seront modérées, d'autres carrément incendiaires (à sa sortie, le jeu se prend la note catastrophique de 20% dans Zzap, célèbre magazine dédié au C64. Le genre de publicité qui fait mal)... Pourtant croyez-moi, j'aurais voulu l'aimer, ce jeu. La musique de l'écran titre, même si elle n'impressionnera pas une seconde les habitués du C64 et de son excellent format sonore SID, est plutôt sympa (avis totalement perso, absolument pas partagé, mais définitivement assumé!), le jeu n'est pas moche, le scrolling reste fluide, et l'idée d'un shoot sur fond égyptien est assez alléchante... mais une fois le joystick en main, l'intérêt que l'on devrait ressentir pour Imhotep n'arrive jamais à décoller, et c'est bien un constat d'échec qui domine après quelques parties. On est loin, si loin de tellement d'autres shooters à l'action frénétique et à la difficulté "sévère mais juste". Quel dommage. Outlaws (fin 1985) - C64 Comme son nom le sous-entend, Outlaws vous propose d'éliminer des hors-la-loi de tout poil, dans une sorte de shooter horizontal parsemé d'idées sympathiques, mais qui au bout du compte se révèle très dispensable. Votre personnage peut se diriger vers la gauche ou la droite, plus ou moins vite, un peu à l'image de Defender mais en restant toujours au centre de l'écran. Vous croisez régulièrement divers ennemis et à chacun correspond une façon de l'éviter, et de l'éliminer (se baisser pour éviter les balles des bandits qui traversent l'écran à toute vitesse, sauter par dessus un obstacle, accélérer ou ralentir pour éviter les flèches lancées par des indiens qui chevauchent en arrière-plan. Outlaws est fluide, graphiquement réussi, les animations sont même très bonnes (particulièrement les chevaux), mais malheureusement la maniabilité peine à suivre. Votre monture a un déplacement trop poussif, et tirer exige d'indiquer une direction --droite, gauche ou haut (fond du décor)-- en même temps que l'on tire. Finalement on se bat parfois autant contre les commandes que contre les adversaires, et le manque de variété fait alors perdre toute l'intensité qu'un shooter devrait provoquer. Du coup, à peine les commandes apprivoisées, on ne peut que se sentir lassé par un gameplay qui manque d'ambition. Au bout de quelques parties seulement on sent qu'on a fait le tour du jeu, et si le nombre croissant d'ennemis ajoute de la difficulté à des tableaux qui répètent jusqu'au game over, cela ne renouvelle pas l'expérience et n'a donc ludiquement que très peu d'intérêt... Outlaws maîtrise mieux son sujet qu'Imhotep, et aurait pu donner un très bon résultat, mais il oublie en chemin que dans un jeu vidéo, les graphismes seuls ne sont rien. A la décharge des développeurs, on peut préciser que le jeu est une commande d'Ultimate à Dave & Robert Thomas (les auteurs de la série des Arthur Pendragon), qui voulait sortir un jeu pour la période de noël 85. Outlaws a ainsi été développé intégralement en six semaines, ce qui peut expliquer que le résultat n'est pas des plus fabuleux. Dragonskulle (début 1986) - C64 La suite de la suite de la suite des aventures de Sir Arthur Pendragon... Que dire qui ne soit pas déjà résumé par cette phrase ? Dragonskulle n'est, une fois n'est pas coutume, pas un mauvais jeu en soi, mais c'est la quatrième fois que les développeurs nous resservent la même recette (ou tout comme) et les possesseurs de C64 ont légitimement un peu envie d'autre chose. Le hic, c'est que lorsqu'Ultimate s'essaye à éditer des jeux plus variés, le résultat n'est pas des plus satisfaisants non plus (comme le montrent Imhotep ou Outlaws, ci-dessus). Accessoirement, si Blackwyche semblait déjà en régression par rapport aux précédents opus de la série, Dragonskulle ne fait rien pour inverser la tendance. Progression linéaire, pièges peu inventifs, épisode trop court, il faut vraiment être magnanime pour ne pas rejeter le jeu trop vite... A vrai dire, et à titre tout personnel, j'ai toujours eu une certaine affection pour la tetralogie des Pendragon, sans doute aidé par le fait qu'il s'agisse de jeux qui sont souvent montrés du doigt de façon rétrospective (y compris par des gens qui n'ont jamais pris la peine de les essayer). Mais on ne peut nier que certains épisodes sont au final moins bons que les autres, et si j'ai (pour des raisons purement subjectives) une petite préférence pour Dragonskulle sur Blackwyche, ce sont deux jeux qui demeurent de toutes manières inférieurs à Entombed et Staff of Karnath. Ce qu'il faut retenir du passage d'Ultimate Play the Game sur le Commodore 64 : Pour la postérité, Ultimate Play the Game reste donc avant toute chose un développeur ZX Spectrum, ce qui n'est surement pas sans ravir les fans de la machine de Clive Sinclair. Ceci dit, ami joueur, ne tombe pas dans la facilité en zappant le plus que sympathique Entombed sur le simple fait Ultimate n'a pas été au top en passant du Spectrum au Commodore 64.
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