Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Tonton Ben (20 mai 2013)
Attention, jeu culte ! Parce que l’arcade, ce n’est pas uniquement des types en karategi qui se mettent sur la poire, ou des vaisseaux qui massacrent la moitié des espèces extra-terrestres de l’univers. Non, c’est aussi l’histoire dramatique d’un kiwi jaune en baskets qui part récupérer sa famille enlevée par un léopard des mers. En Nouvelle-Zélande. Non, je n’ai encore rien bu. Laissez-moi vous présenter Tiki. Il a de belles baskets, il est jaune, et d’après les programmeurs, c’est un kiwi de Nouvelle-Zélande qui vit avec sa copine Phee-Phee et ses potes dans un jardin zoologique sur l’île du nord. Un jour, un léopard des mers venu de l’océan Antarctique kidnappe tous les kiwis afin de les revendre. Tiki s’échappe, et part à la recherche de Phee-Phee et de ses copains. Et c’est parti pour 16 niveaux avec Tiki aux commandes d’un des jeux de plateformes les plus connus de l’arcade, et qui a été également un succès sur micros et consoles, avec un éventail d’adaptations conséquent. Pourquoi ce succès ? Par sa réalisation, principalement, et peut-être aussi parce que les jeux de plateformes purs et durs en arcade, à part Blue’s Journey sur Neo Geo, ça ne court pas les rues. Dans The NewZealand Story, chaque niveau est calé sur le modèle suivant : Tiki doit retrouver une cage dans laquelle est enfermé un kiwi (pas le fruit, l’espèce de poussin jaune, là, suivez un peu). Le problème est que les niveaux sont très vastes, avec des parcours multiples partant dans les huit directions et formant un labyrinthe. Ces parcours sont littéralement truffés de pièges mortels et de plateformes étroites, et sont remplis de hordes d’ennemis aussi variés que nombreux et agressifs. Ah oui, on est en arcade, donc le temps est limité. Bon courage ! La première caractéristique de The NewZealand Story est la configuration des niveaux : le terrain est délimité et contenu dans un rectangle (un radar indique en permanence la position de Tiki et celle de la cage), dont tout l’espace sera utilisé. L’on va donc assez rapidement monter, descendre, aller de gauche à droite, bref, passer notre temps à casser le schéma classique des jeux de plateformes depuis Super Mario Bros qui se bornent à avancer de gauche à droite. Ensuite, le terrain est tout sauf sûr : si les trous sans fond sont inexistants, les pointes, la lave, et autres surfaces mortelles sont omniprésentes, et on les traverse en général sur des plateformes plus petites que nos pieds. Un soin tout particulier a été apporté au level design, vicieux au possible, et il faudra régulièrement traverser des passages étroits calculés au pixel près où tout écart est fatal ; sauf qu’on dirige Tiki au joystick, et qu’en général, il a une horde d’ennemis aux fesses. La dernière caractéristique du terrain est qu’il se décline sous trois formes : à pied, sous l’eau et dans les airs. En effet, à part les plateformes, Tiki va devoir régulièrement plonger : une jauge d’air se vide alors progressivement et se recharge à l’air libre. Mais une bonne partie du jeu va se dérouler dans les airs : de nombreuses sections ne sont pas accessibles par un simple saut (Tiki sait sauter), il va falloir emprunter un des nombreux véhicules volants du jeu. Petit problème : ils sont quasiment tous dans les mains des ennemis qui débarquent sans prévenir et se jettent sur lui. Pour se défendre, Tiki manie l’arc et balance des flèches à un rythme soutenu. D’autres d’armes peuvent être obtenues : bombes, bâton de feu (du même style que celui des mages dans Bubble Bobble), et même laser. Tiki peut tirer en sautant, lorsqu’il est sur un véhicule, mais pas sous l’eau ; il peut néanmoins cracher de l’eau lorsqu’il est à la surface. Tous les ennemis n’ont besoin que d’un coup de n’importe quelle arme pour être vaincus, et à l’exception des hérissons, le contact avec eux n’est pas fatal.
Les ennemis sont de toutes sortes : chats volants, chauves-souris, clowns, ours funky, cochons, grenouilles, anémones... Ils apparaissent pour la plupart par surprise, par des portails qui s’ouvrent soudainement au passage de Tiki, et ils chevauchent tout et n’importe quoi : ballons, canards, zeppelins, soucoupes volantes... tous ces véhicules volants peuvent être volés par Tiki et utilisés. Taito vient d’inventer le concept de Grand Theft Auto dix ans avant le début de la série ! The NewZealand Story est un jeu dur et exigeant. Il demande une très bonne connaissance des mécanismes du jeu, et des réflexes d’acier. Les derniers niveaux sont à la limite de l’extrême, et s’il n’y avait pas de système de checkpoint, seraient infaisables. Si vous doutiez encore de la richesse de ce jeu, sachez que de nombreuses warp zones sont cachées dans tous les niveaux, on les fait apparaître en tirant à certains endroits, ou en passant à travers certains murs ou sols creux. Les warp zones mènent à des bonus, mais également à un niveau caché commun. Il est même possible de sauter des niveaux, et de revenir en arrière ou d’accéder à des zones de niveaux précédents inaccessibles autrement ! Le level design est décidément très poussé. Comble du raffinement : la heaven zone. À partir de la moitié du jeu, si vous perdez votre dernière vie de votre crédit à cause d’un projectile, le Game Over n’est pas immédiat : Tiki se retrouve au ciel ! Si vous survivez au niveau spécial dans les nuages (il y en a trois différents), rempli de pièges et d’ennemis, et si vous trouvez la sortie cachée, alors le jeu vous donne une nouvelle chance ! Attention, n’allez pas dans les bras de la vierge Marie qui vous attend dans le niveau, c'est un leurre qui vous mène droit au Game Over. C’est tout bonnement génial !
Côté réalisation, on nage en plein âge d’or de Taito période Bubble Bobble et Rainbow Islands : tout le monde est mignon ; les décors, malgré le peu de couleurs, présentent des tons vifs ; quant aux sons, c’est dans la même veine, so cute. Ce qui contraste avec l’action du jeu puisque tout l’environnement cherche à vous trucider par n’importe quel moyen : les chatons lancent des haches, Tiki se prend pour Rambo avec son arc... The NewZealand Story est un jeu violent, on y meurt avec une étonnante régularité. Mais c’est surtout un jeu très bien pensé, original, et bien fini, une vraie référence. Deux versions ? Oui. Comble du plaisir, il se trouve que la version arcade a été refaite ; certaines sources affirment que c’est la version Megadrive, à l’instar de Toki, qui a eu droit à une version remixée, et qui serait à l’origine de cette réédition. Toujours est-il qu’en fonction de la version du jeu, en arcade, vous n’aurez pas droit aux mêmes niveaux ! Si les thèmes graphiques sont les mêmes (avec quelques différences graphiques cependant, la nouvelle version étant un peu plus riche), les labyrinthes ne sont pas les mêmes, et sont bien plus durs dans la version originale. De mémoire, j’ai toujours vu en France la nouvelle version, j’ai découvert l’ancienne ultérieurement par le biais de l’émulation. Toutes les images présentes dans cet article sont tirées de nouvelle version (sauf mention contraire). Deux versions différentes du jeu, c’est quand même la classe ! Si vous ne connaissez pas ce jeu culte, essayez-le, mais soyez prêts à essuyer une certaine difficulté. Si vous cherchez du challenge, allez-y, c’est une vraie perle de Taito. Même si le jeu ne connaîtra pas de suite, on considère Liquid Kids comme son successeur spirituel (comme Rainbow Islands pour Bubble Bobble). Mais c’est une autre histoire. Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (10 réactions) |