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Theme Park
Année : 1994
Système : Amiga, DOS ...
Développeur : Bullfrog
Éditeur : Electronic Arts
Genre : Simulation
Par Shenron (02 février 2010)

Vous en avez assez de gérer une ville pleine d'ingrats qui rechignent à payer leurs impôts, qui font crâmer leur maison et qui ne vous rééliront probablement pas ? Assez de la grisaille, de la gestion des réseaux d'eau potable et de la pollution ? Bullfrog a pensé à vous et vous propose avec Theme Park de gérer un parc d'attraction. Et attention, ce n'est pas aussi facile que ça en a l'air. Vous pensez que vous avez la trempe d'un gestionnaire de parc, que vous en avez assez pour rendre Disneyland Paris rentable ? Alors montrez ce que vous savez faire !

Une fois que vous avez entré votre nom et votre pseudo, votre âge, votre sexe, le nom de votre parc, il faut choisir le degré de complexité de la simulation, la difficulté du jeu (qui conditionne la somme d'argent dont vous disposez au départ), le nombre et la férocité de vos adversaires, et l'humeur des autochtones.

Mettez le jeu en facile, en simulation basique, sans concurrent et avec des visiteurs de bonne composition, et obtenir un parc rentable sera une formalité. Choisissez d'avoir 10 concurrents, des habitants mal embouchés et une somme de départ ridicule, et ce sera une autre histoire.
Bon, admettons qu'on commence l'aventure en mode Bac à sable, à savoir le mode de gestion le plus basique. On se retrouve à choisir un terrain à acquérir, mais à la vue de nos finances, on n'a pas tellement le choix : il faut aller en Angleterre. Ça tombe bien, les habitants sont plutôt nombreux et riches, même s'il pleut

Le choix du terrain influe sur la richesse des habitants, le montant des taux d'intérêt et la météo, entre autres.
Il faut choisir ses attractions avec soin selon la clientèle visée.

Au départ, c'est un peu la panique devant le nombre de menus et sous-menus disponibles, heureusement si on a coché l'option, le jeu commence par un tutorial plutôt bien fichu, avec un conseiller qui vous dit quoi faire. On commence alors par tracer des routes, on achète des attractions, on choisit leur implantation et celle de leurs entrées et sorties.

Premier dilemme : la file d'attente, plutôt droite ou courbe ? Longue ou courte ? Vue la capacité des premières attractions disponibles, une courte fera l'affaire. Les manèges, c'est bien, mais ça ne rapporte rien. Il faut donc ajouter des commerces, qui sont de trois types : la restauration, les jeux et les souvenirs. Ce qu'il faut savoir dans Theme Park, c'est que les clients sont des goinfres qui ont sans arrêt faim et soif. Alors hop, on met un marchand de glace et un café. De toute façon au début du jeu, il n'y a que ça de disponible.
C'est bon, il ne manque rien ? Et si, du personnel. Il faut engager un balayeur pour ramasser les saletés des visiteurs, un mécano pour réparer les attractions, sous peine de les voir fumer, éjecter les visiteurs voire exploser, et pourquoi pas un pauvre étudiant déguisé en requin pour amuser la galerie. Allez zou, on peut ouvrir.

Un parc un peu avancé. La grande roue est en train d'être réparée.
Le jeu gère les conditions météorologiques : là il fait de l'orage, et on n'y voit goutte.

Les portes s'ouvrent, et le conseiller s'affole : il faut augmenter le prix des billets ! Un tour dans le menu Brouzoufs : on peut y voir différentes courbes (dépenses, recettes, valeurs des actions, etc.), effectuer un emprunt et modifier le prix des billets. Hum, ça paraît un peu cher pour deux malheureuses attractions, mais si les gens paient... Un petit tour sur les relevés de compte permet d'avoir le détail des dépenses en temps réel.

Mon conseiller me félicite : le prix des billets est parfait. Par contre, il veut que j'augmente le prix des glaces. Tiens, pendant que j'y suis, je vais augmenter les quantités de sucre, ça donne soif. Et j'augmente aussi la caféine dans le café, les gens vont être plus speed, c'est bon pour les affaires.

Mon parc tourne, je gagne de l'argent. J'ai rajouté un jeu de tir au canard (j'ai réglé la valeur des cadeaux, le ratio de victoires et le prix de la partie) et j'ai ajouté des toilettes. Ce ne sont que des vespasiennes qui sont vite sales et si le balayeur ne passe pas régulièrement les nettoyer, les gens vomissent en passant devant. Mais c'est mieux que rien.

L'écran de gestion du parc. On y voit la proportion de visiteurs heureux (bleu clair), indécis (orange) et mécontents (violet), ainsi que leurs doléances principales (manger) et leur nombre. Cet écran donne aussi accès à la recherche et aux stocks.
L'écran des finances. On y règle le prix des billets, consulte les relevés de compte, et gère les actions.

En mode Bac à Sable, chaque année on gagne de nouvelles attractions et boutiques. Mon parc grandit, je rajoute un train fantôme (pas cher, bonne capacité, plutôt amusant), un spectacle de cow-boys (24 personnes à la fois et en plus je peux faire une thématique western avec le Steak House et le Saloon), une rivière avec des bouées : un peu cher, mais très fiable, les gens en sortent ravis et sont prêts à acheter n'importe quel souvenir une fortune.

Je rajoute des frites, que je sale beaucoup pour donner soif, du coca en mettant un max de glace, des hamburgers avec plus de graisse que de viande, mais pas trop sinon les gens n'achètent pas. Je règle les prix à l'euro près, pour faire un max de profits. Mon parc est rentable, il est grand, je suis grand !!!! En plus, il y a de quoi s'y croire pour de bon : les attractions s'animent et possèdent chacune leur propre musique, on entend le brouhaha de la foule et son mécontentement (y compris les vomissements), le parc est vraiment vivant.
Mais il me manque quelque chose. Mes attractions tombent en rade tous les quatre matins, je n'ai quasiment rien pour décorer mon parc, le bus qui amène les visiteurs est minuscule, mon personnel est peu compétent. J'ai de plus en plus de mal à gérer le nettoyage de mon parc, même en assignant des zones précises aux balayeurs, les gens vomissent partout, ils sont mécontents, c'est la chienlit. Des blousons noirs ont même investi le parc, pillent mes magasins, dégradent mes attractions. C'en est trop, il faut passer au stade supérieur !

L'écran de gestion des stocks, à surveiller comme le lait sur le feu. Heureusement les denrées ne sont pas périssables.
Les négociations salariales sont limitées dans le temps : si aucun accord n'est trouvé avant que tous les petits gâteaux ne soient mangés, c'est la grève.

Je passe en mode Sim et ça rigole déjà moins. Je dois maintenant gérer la Recherche : si je veux des améliorations, je dois investir. 1000 brouzoufs par mois dans l'amélioration des attractions, 500 pour la formation des employés, 500 pour la déco, 1000 pour les bus. Ça me coûte, mais je m'y retrouve : les bus grandissent, mes balayeurs sprintent, mes manèges tombent moins souvent en panne et j'ai accès à plus d'arbres, de barrières, à des toilettes plus sophistiquées.

Mais je dois aussi gérer les négociations au niveau de salaires et de la nourriture : régulièrement, je suis sollicitée par les syndicats et les fournisseurs. Si la négociation échoue, je risque la grève et la rupture de stocks.

Je suis à l'aise, je passe au mode supérieur ; dans le mode Complet, je dois en plus surveiller l'état des stocks de nourriture et de boisson et passer commande régulièrement. Je peux également acheter des actions des parcs voisins et en retirer des dividendes. Mais ils peuvent vous rendre la pareille...

Mais l'aspect gestion, c'est peanuts. Avoir un parc rentable, c'est de la rigolade, même en mode Complet. On augmente un peu le prix des billets et des boutiques, on tire le nombre d'employés au minimum, on diminue les coûts des fournitures en vendant de la daube, on place des magasins de souvenirs hors de prix à la sortie des montagnes russes et on regarde rentrer les pépettes, en profitant des jolies musiques et en admirant l'ergonomie du jeu : en deux clics on entre dans n'importe quel menu, on suit n'importe quel employé, on est Dieu. Franchement, pour faire faillite, il faut presque le faire exprès.

Grâce à mes recherches, j'ai agrandi la taille des bus.
Tous les menus d'achat disposent de raccourcis. Mais on n'a plus accès aux caractéristiques des attractions.

Ce qui est difficile, c'est de rendre les clients heureux. Parce qu'ils ont toujours quelque chose qui cloche. Ils ont faim (ou trop mangé), soif (ou trop bu), trouvent que le parc est sale (alors qu'ils jettent leurs papiers partout et mangent dans les attractions), trouvent les manèges trop rapides (ou trop lents), trouvent tout trop cher mais se plaignent quand les lots à gagner sont trop mesquins... Alors on fait des efforts : on ajuste la durée des tours pour que les files d'attente ne soient pas trop longues, on modifie la vitesse des attractions pour éviter qu'ils vomissent, on met tout un tas de stands de nourriture pour qu'ils ne fassent jamais plus de 10 mètres sans ravitaillement, on s'arrange pour qu'ils puissent enchaîner les attractions sans trop marcher, on engage tout un tas de comédiens pour qu'ils puissent passer le temps, et pour éviter qu'ils ne se perdent, on installe des panneaux et des sens uniques partout.

Et vous savez quoi ? Ça ne marche pas. On a beau faire, ça ne va jamais. Les vieux trouvent les attractions trop rapides, les jeunes les trouvent trop lentes, les grosses dames en rouge trouvent les frites trop chères, les petits garçons cherchent les toilettes, et la plupart des visiteurs réussissent à passer trois jours dans le parc sans avoir fait une seule attraction. Je le sais, j'en ai suivi un de son entrée dans le parc jusqu'à la sortie. La solution ? Anticiper à mort, quitte à construire 3 ou 4 fois la même attraction pour qu'ils ne s'ennuient pas. Et encore, ça ne marche pas à tous les coups.

Mon coin western est prêt : un spectacle de cow-boys, un saloon, un steak house, un stand de tir, et des montagnes russes en rondins avec un grand slash. Notez le magasin de souvenirs placé à la sortie de l'attraction.
J'ai le grand huit le plus haut, le plus sophistiqué et le plus dangereux du monde !!!

Alors on baisse les bras. On laisse le parc en autogestion, en envoyant les mécanos réparer ce qui fume, et tant pis pour les montagnes russes qui éjectent un visiteur à chaque tour, même à vitesse réduite et avec les améliorations maximales. On laisse les gens vomir devant les toilettes soi-disant auto-nettoyantes mais en fait non. On se console à chaque fin d'année devant le bilan comptable et les récompenses obtenues (j'ai le grand huit le plus haut du monde, yeah !!!), et puis finalement, un peu las, on vend son parc aux enchères. Pour acheter un terrain ailleurs, et en créer un autre, en espérant qu'au moins, là-bas, la météo sera meilleure et les clients un peu moins pénibles.

Évidemment il y a d'autres choses un peu agaçantes : la manie des mécanos à rester coincés à l'intérieur des circuits, ce qui oblige à les fermer, les casser, et les reconstruire. Les balayeurs qui déraillent et se mettent à faire du surplace ou se dirigent invariablement vers le nord. Les bugs qui empêchent les clients d'accéder aux boutiques, qu'il faut détruire et reconstruire. Et plein d'autres petites choses. Mais ce n'est pas si important, parce que malgré ses limites et sa répétitivité, on s'amuse toujours à relever le défi, à créer un autre parc, un mieux, un qui rapportera et rendra les gens heureux. Après tout, chacun a le droit à la recherche du bonheur...

Shenron
(02 février 2010)
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