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Steep Slope Sliders
Année : 1997
Système : Saturn
Développeur : Victor Interactive
Éditeur : Sega
Genre : Sport
Par Tama (18 janvier 2010)

Cet article est garanti 100% souvenirs d'enfance, approuvé par George Pérec, donc.

Steep Slope Sliders ne paye pas de mine. En plus, on pourrait se demander pourquoi j'aime un jeu de surf, genre qui n'a jamais été ma tasse de thé. La réponse est simple et complexe à la fois, puisqu'il représente, en compagnie de ma ludothèque Saturn de l'époque, une époque bien particulière. Des temps à la fois joyeux et troublés, qui me font remonter le temps, quand j'étais au collège (en 6e je crois) : la Saturn se débattait comme elle le pouvait devant le succès commercial insolent de sa concurrente grisâtre, et il tenait de la gageure de défendre Sega dans la cour de récréation. Des temps où on se levait le matin en se demandant, devant sa tasse à l'effigie de Sonic, à quoi bon lutter pour prouver que vous ne jouez vraiment pas sur la même planète... D'ailleurs, c'était totalement vrai, j'ose imaginer que les possesseurs de la belle à la carrosserie noire de jais ont dû se sentir bien seuls. Une situation qui m'amenait à affuter mon argumentation de manière à friser l'insolence : je me souviendrais toujours d'une discussion homérique où je soutenais mordicus que Last Bronx était meilleur que Soul Edge !

Enfin bref, toujours est-il que nous sommes en 1997, et que Sony tire toute la poudreuse vers lui avec sa série de surf Coolboarders (qui en est déjà au deuxième volet). La réponse de Sega va venir d'un studio pour le moins inattendu : Cave. Oui oui, le même développeur désormais célèbre de shoot'em up, celui-là même qui a pondu Donpachi deux ans auparavant. Ils seront aidés dans leur tâche par un studio obscur appelé Victor Interactive Software... Enfin, obscur à l'époque, car si on prend notre Delorean pour voyager quelque peu dans le futur, on s'aperçoit qu'ils développeront plus tard la série des Harvest Moon, puis seront rachetés par Marvelous Entertainment en 2003, qui deviendra pour le coup Marvelous Interactive. Voilà pour l'anecdote.

Comme beaucoup de monde, j'entassais les CD de démos, histoire de me faire une idée des jeux pour lesquels j'allais supplier mes parents de dépenser leurs précieux deniers : c'est donc comme ça que j'ai découvert le jeu. Steep Slope Sliders, hormis le fait qu'il constitue un exercice de diction d'une efficacité redoutable (répétez-le dix fois de suite très vite avec une patate chaude dans la bouche, pour voir !), est une rencontre visuelle proche de la première fois que l'on fait goûter à un enfant de six ans de la ratatouille ou du roquefort : c'est repoussant. Autant ne pas se le cacher, même en 1997 le jeu est moche, les bouillies de pixels se battent en duel contre les arbres et les spectateurs en 2D intégrée au chausse-pied. Malheureusement, ce n'est pas lui qui fera taire les détracteurs de la Saturn quant à son incapacité à faire de la 3D potable...

Ceci dit, la ratatouille et le roquefort, une fois la première bouchée peu encourageante, révèlent leur substantifique moelle aux récepteurs sensoriels de la bouche du pauvre gosse. Enfin, au bout de la deuxième, ou de la troisième... Steep Slope Sliders, c'est pareil ! Une fois le bouton Start pressé et les maigres options configurées, on a accès aux choix des pistes... Un mode Deux Joueurs ? Time Attack ? Rien de tout cela. Le jeu fait preuve d'une économie de modes de jeu faisant presque figure d'avarice pure et simple. Vous choisissez votre piste, puis votre surfeur, et zou, sur la neige ! « C'est un peu court, jeune homme ! », pourrait-on s'écrier en cœur avec Cyrano. Mais c'est quand on ne s'y attend pas que le plaisir arrive...

En effet, une fois sur la piste, le jeu s'avère agréable à jouer, très agréable même. Le surfeur répond très bien, le jeu est d'une fluidité exemplaire, et l'animation mérite les louanges, à croire que tout le travail a été fait pour ça, quitte à mettre l'aspect visuel à la trappe ! Les commandes sont simples : A pour sauter, B pour les grab (saisir sa planche), C pour les backflip, L et R pour tourner. C'est à vous de faire preuve de créativité pour engranger le maximum de points avec ses figures, d'autant plus que le jeu vous réserve une surprise : plus vous marquez de points, et plus vous allez avoir du mal à en marquer. Par exemple, le 720° dont vous étiez si fier en début de piste ne vous rapportera plus rien au bout d'un moment ! Il va falloir combiner les boutons afin de faire des figures de plus en plus difficiles (et donc plus à même de vous faire manger la poudreuse par le nez), ainsi que les directions, qui changent la nature des grabs effectués avec le bouton B. Steep Slope Sliders, contrairement à Coolboarders qui était régi par un système très strict, vous laisse très libre de vos mouvements et fait parler l'improvisation et l'inspiration avant tout. On ne tarde pas à se retrouver avec des noms de figures totalement fantasques à l'écran, en se disant à voix haute qu'on est tellement fort que c'en est illégal.

D'autant plus que selon le surfeur que vous aurez choisi, les figures, et donc les points rapportés ne sont pas les mêmes. Au nombre de 4 au début, ils atteignent le nombre de 15 une fois que l'on a tout débloqué. Autant être franc, certains ne sont là que pour faire sourire, comme le chien, le pingouin ou la soucoupe volante... Mais d'autres, comme le garçon (spécialiste des figures à rallonge) ou l'expert (qui surfe très très vite, mais ne peut pas faire de figures, idéal pour les courses de vitesse) valent vraiment le coup. La remarque vaut aussi pour les pistes : de 7 au départ, elles passent à 11 au total et leur qualité varie grandement, ça va du « woah trop bien ! » au « Mais qu'est-ce que c'est que cette piste de m... ». Certaines valent vraiment le détour, comme Alpine ou Half-Pipe, d'autres sont clairement à jeter, comme Extreme 01 ou Artificial Planet... Mais globalement, le jeu s'en tire très bien de ce côté-là. D'ailleurs, certaines pistes, comme certains surfeurs, sont faits soit pour la vitesse, soit pour les figures, et parfois un peu des deux, ce qui tend à varier les défis.

De plus, le jeu s'applique via son ambiance musicale à retranscrire l'ambiance surf de la fin des années 90. Oscillant entre l'électro et la techno, les musiques sont tout à fait dans le ton et apportent un cachet très particulier. À vous de voir si vous êtes réceptif au genre, moi j'adhère, à part certains thèmes pas terribles à mon goût...

Alors non, Steep Slope Sliders n'est pas vraiment un indispensable. Il a terriblement vieilli visuellement (déjà qu'à l'époque c'était vraiment pas terrible...), au point que certaines personnes peuvent être choquées, et son absence de modes de jeux le handicape très nettement. Mais il est très agréable manette en main, hyper intuitif, et est avant tout le signe d'une époque où je mangeais encore des Frosties au petit déjeuner pour me donner la force du tigre (très important quand il s'agit de défendre Sega), et où le fait de se retrouver dans le menu de la Saturn me faisait vraiment penser que, oui, on n'est pas sur la même planète...

Tama
(18 janvier 2010)
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