Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par IsKor (04 novembre 2013)
System Shock 2 est un monument du cyberpunk sur PC, véritable précurseur du phénomène Deus Ex. Mais avant d'entrer dans le vif du sujet, un peu d'histoire s'impose.
System Shock est sorti en 1994, en pleine folie Doom. Le studio Looking Glass a alors pris le parti de sortir un jeu voisin du hit intersidéral de ID Software, mais dans un univers Cyberpunk très sombre.
Notre héros réussira à déjouer tous les plans de SHODAN, et regagnera la Terre en tant que simple hacker.
Nous voici rendus en 2114, 42 ans après les évènements de Citadel. Le monde a bien changé, TriOptimum a perdu de son influence passée face à une organisation militaire, l'UNN (United Nations Nominate). À cette date, la technologie pour aller plus vite que la lumière a été découverte, et TriOptimum a construit le Von Braun autour de cette technologie. Le voyage inaugural du vaisseau est imminent, sous l'étroite surveillance de l'UNN par le biais du Rickenbacker, bâtiment militaire arrimé au Von Braun. Durant ce trajet baptismal, l'équipage intercepte un appel de détresse émanant de la planète Tau Ceti V et y envoie une escouade afin d'enquêter sur l'origine du signal. Une fois la difficulté choisie, une petite vidéo d'introduction plante le décor (avec une reprise du premier log vocal de SHODAN dans le premier épisode), et voilà le joueur propulsé dans une zone urbaine juste devant le centre de recrutement de l'UNN. Cette phase du jeu est en fait un didacticiel - dans le plus pur style du cyberespace du premier opus - divisé en deux catégories : Basic Training et Advanced Training. Le premier sera une simple mise en bouche pour apprendre à sauter, marcher, monter aux échelles, alors que le second sera plus décisif en donnant au joueur des exemples concrets sur trois des aspects clés du jeu : les pouvoirs psioniques, les armes et les compétences techniques. Le joueur sera ensuite amené à choisir son corps d'armée, qui conditionnera plus ou moins le style de jeu à adopter : l'OSA (les soldats psi, les "magiciens" du jeu), la Navy (branche technique, douée en hacking et en réparation) et les Marines (les bourrins spécialisés dans les armes). System Shock 2 n'est pas à confondre avec un FPS basique, car il intègre des mécanismes tout droit issus du jeu de rôle pour densifier le gameplay. Ainsi, les premiers pas de militaire se feront dans des missions non jouables qui n'ont d'autre but que d'augmenter quelques compétences pour ne pas lâcher le joueur dans le jeu complètement désarmé.
Dès le début, les missions seront confiées par le biais de messages radio, l'occasion de visiter chaque recoin du vaisseau, mais aussi et surtout d'engranger des modules cybernétiques.
Le jeu ne comporte pas de système de niveaux d'expérience ou d'expérience à proprement parler. Les développeurs ont préféré récompenser le joueur par l'attribution de modules cybernétiques une fois les missions accomplies. Ces modules peuvent être dépensés dans des stations d'augmentation, au nombre de quatre : Sur le papier, ces différentes classes d'armes sont alléchantes, mais à l'utilisation, elles sont terriblement déséquilibrées : les armes exotiques sont complètement inutiles (en plus d'être gourmandes en munitions), les armes énergétiques sont des gouffres à énergie et presque aussi inutiles que les armes exotiques (mis à part le pistolet laser), idem pour les armes lourdes, dont une seule est vraiment incontournable. Seules les armes conventionnelles sont vraiment toutes très utiles et meurtrières. Le jeu est un peu trop laxiste concernant les carrières du joueur, et il sera par exemple possible de se spécialiser dans les armes lourdes alors qu'on a choisi l'OSA au départ. Cet aspect peut être considéré comme un point faible, mais aussi être vu comme une volonté des développeurs d'offrir une flexibilité maximum au joueur. Dans la pratique, un joueur qui choisit l'OSA aura tout intérêt à maximiser ses compétences de psi afin d'être plus efficace dans sa branche de prédilection. En plus de tout ceci, à des points-clés du jeu se trouvent des stations d'amélioration qui permettront de choisir quatre compétences parmi seize disponibles afin d'affiner le style de jeu : au choix une augmentation des dégâts au corps à corps pour économiser des balles, une autre pour faire plus de dégâts avec les armes, ou encore une amélioration pour payer moins cher les articles aux réplicateurs... Les implants constituent une autre manière d'augmenter ses attributs (force, endurance, piratage...). Au début du jeu, un seul implant peut être utilisé à la fois, mais une augmentation permet d'en utiliser deux simultanément. Les implants, à l'instar des armes énergétiques, ont une durée de vie conditionnée par leur énergie rechargeable aux stations de recharge. Les nanites constituent la monnaie du jeu. On en trouve sur les cadavres, dans les coffres-forts ou même simplement posées par terre. Ces nanites permettent d'augmenter les armes (avec la compétence associée), d'acheter des Med-hypos (les médikits du jeu) et autres munitions aux réplicateurs, pirater tout ce qui peut l'être ainsi que de ressuciter au besoin (à condition d'avoir activé une machine de Bio-Reconstruction au préalable).
Le jeu étant d'une grande complexité, il est également possible (et fortement recommandé) de faire des recherches sur des objets inconnus qu'on rencontre dans le jeu. Elles seront possibles uniquement si le joueur a une compétence au niveau souhaité et, généralement, elles servent à faire plus de dégâts sur les différents ennemis du jeu. Les armes exotiques, ou les armes biologiques directement issues des ennemis du jeu, doivent également faire l'objet de recherches avant toute utilisation.
System Shock 2 innove par plusieurs aspects, notamment dans la manière d'aborder les niveaux : soit brutal et frontal, soit plus en finesse et furtif, en piratant les tourelles par exemple... C'est une vraie nouveauté, et ça apporte une rejouabilité du titre non négligeable, ne serait-ce que parcourir le jeu les armes au poing puis à la force de son esprit.
Côté technique, le moteur du jeu est celui de Thief: The Dark Project amélioré, permettant de monter en 1024x768. Les textures et modèles 3D d'alors sont très convaincants, aidés par des sons et des bruitages d'ambiance réussis, plaçant le joueur dans une situation de stress continu. Malgré des éloges dithyrambiques émanant de tous les magazines spécialisés d'alors, le jeu n'a pas connu un grand succès commercial, mais jouit d'une solide base de fans acharnés, qui ont notamment œuvré pour que le jeu connaisse une nouvelle sortie sur Good Old Games et Steam en février 2013. Pourquoi pas avant, alors que c'était le jeu le plus attendu ? Tout simplement parce que les droits de la série étaient disséminés entre EA et une compagnie d'assurance qui avait acquis une partie des droits à la fermeture des studios Looking Glass. En février 2013, Stephen Kick a réussi à acquérir la licence, et a travaillé en étroite collaboration avec GoG afin de satisfaire les fans.
Le jeu est graphiquement identique à celui sorti en 1999, sauf qu'il accepte des résolutions bien plus importantes qu'alors (il est possible de jouer en 1920x1080 voire plus), ainsi que le support natif des mods sortis pour améliorer le soft. Mieux encore, il est possible de lancer le jeu avec les missions créées par les fans avec l'outil ShockEd, que l'on peut trouver à cette adresse. J'ai découvert cette pépite grâce à sa sortie sur Steam, et ce fut un coup de cœur instantané.
Après lecture de ce qui a été écrit ici, beaucoup d'entre vous verront la filiation évidente avec Deus Ex. En effet, le soft de Ion Storm partage énormément de points communs avec System Shock 2, comme le gameplay hybride FPS/RPG, les multiples manières de résoudre une situation, les augmentations du personnages qui modifient en profondeur la manière d'appréhender le jeu, et bien entendu l'environnement cyberpunk. Ces ressemblances ne sont pas fortuites, Warren Spector ayant avoué s'être inspiré du jeu pour créer la base de son futur chef d'œuvre.
Pour les personnes intéressées par le jeu, voici des sites utiles, notamment la SHODANpedia, qui propose des articles très fouillés sur toute l'histoire des 2 jeux : Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (14 réactions) |