Mastodon
Le 1er site en français consacré à l'histoire des jeux vidéo
Pokémon - Version Noire 2 & Blanche 2
Année : 2012
Système : DS
Développeur : Game Freak
Éditeur : Nintendo
Genre : RPG

F.II - Pokémon noir 2 et blanc 2

Après une lecture attentive de ce long dossier, baies Maron à l'appui, vous aurez compris que chez Game Freak, on a la release facile et que chaque génération de jeux Pokémon, depuis la genèse, se voit améliorée par l'intermédiaire d'une nouvelle teinte, d'une pierre précieuse inédite voire d'un élément chimique que l'on trouve d'ordinaire au sud de l'Afrique.
En l'occurrence, l'impôt 2012 sur les monstres de poche se décline sous la forme de deux extensions. Oui, deux. On aime le fric, chez Nintendo. Les versions améliorées de Pokémon Versions Noire et Blanche sont deux suites directes, à savoir Pokémon Version Noire 2 et Blanche 2, une première pour la série ! Enfin, « suite » est un bien grand mot puisqu'on traque le Pokémon sauvage dans les mêmes contrées, avec les mêmes fonctionnalités et le même confort de jeu. D'ailleurs, quand on place côte à côte les Versions Noire et Blanche et Noire 2 et Blanche 2, il faut un œil d'expert de maître Pokémon pour faire la distinction. Il n'empêche que ces deux versions sont si riches qu'elles valent clairement leur pesant de Pokéyens !
De prime abord, ne nous voilons pas la face, Pokémon Versions Noire 2 et Blanche 2 sont extrêmement proches de leurs prédécesseurs. « Extrêmement proches » est un euphémisme d'une grande politesse, à mon humble avis, puisque les mécaniques de jeu n'ont pas bougé d'un iota. Techniquement, nous sommes en présence d'une photocopie parfaite des premières versions, sans altération aucune des sprites ou des modélisations. À la limite, le C-Gear - l'OS maison - a changé d'interface, mais ce n'est pas ce qui justifie une nouvelle version, soyons francs. Il est donc légitime de lancer le débat : les développeurs de Game Freak sont-ils des génies du marketing ou des manifestes paresseux ? Les deux réponses ne sont pas incompatibles, à priori. Mais ce qu'il faut bien garder en tête quand on se lance dans ces deux extensions, c'est qu'ici, à l'instar des petites bébêtes enfermées dans leurs boules de plastoc, tout est question d'évolution et non pas de révolution.

Pokémon Version Noire à gauche, et Pokémon Version Noire 2 à droite. Heu...

De petite touche en petit réglage, Unys a pas mal changé depuis le précédent opus. La principale nouveauté est l'élargissement du Pokédex régional à 300 bestioles. Cela n'a l'air de rien, écrit comme ça, mais ça représente 46,22% du Pokédex national. Cela signifie également qu'en plus des 150 monstres d'Unys, on trouvera 150 pokémons issus des précédentes générations. Comme beaucoup, j'ai été assez déçu par la première partie de Pokémon N&B qui ne proposait que de nouveaux pokémons (rendez-moi mon Léviator, que diable). Dans N&B2, on commence avec un mix intéressant de plusieurs générations et, pour le coup, je trouve la distribution des pokémons vraiment généreuses puisque dès les premiers pas, on tombe sur des spécimens tels que Riolu et autres Wattouat. Au moins, il ne faudra pas se coltiner les habituels insectes, vol et normal des premières heures... À ce propos, Riolu est un pokémon sauvage assez courant dans cette version (qu'on trouvait sous forme d'œuf à Sinnoh ou dans des zones reculées d'Unys dans N&B) donc il ne faut pas s'étonner de trouver un Lucario rigide ou jovial dans une équipe sur deux au Panthéon. Mais je m'égare...
D'ailleurs, ce Pokémon N&B2 est d'une générosité rarement constatée dans la saga puisqu'on termine l'aventure avec un sac rempli de pierres (foudre, plante, eau...), des couronnes royales à en revendre, des peaux métal à ne pas savoir qu'en faire et des paquets entiers de super bonbons qu'un Goinfrex ne refuserait pas, j'en suis convaincu.

Très rapidement, des bestioles intéressantes pour monter une équipe rejoindront votre PC...

Cela ne veut pas pour autant dire que tous les pokémons sont disponibles dans ces versions, aussi riches soient-elles. Bien évidemment, il faudra faire des échanges entre les deux (voire les quatre) pour remplir son Pokédex mais il y aura des bestioles introuvables qu'on ne pourra même pas réclamer à l'échange sur le GTS. C'est la règle : pour avoir le droit de demander un pokémon, il faut au moins l'avoir rencontré une fois (même lors d'un combat de dresseur, sauf dans certaines zones telles que le PWT, la ville noire ou la forêt blanche). Du coup, il est impossible de récupérer certaines bêbêtes sans l'aide d'un transfert depuis une version précédente. Cela vaut pour certains pokémons loin d'être rares habituellement, tels que Taupiqueur, Mimitoss et pleins d'autres. N&B2 inclut également quelques rares nouvelles zones et on commence l'aventure à Pavonnay, complètement au Sud-Ouest d'Unys (alors que N&B débutait à Renouet, au Sud-Est). De ce fait, l'ordre de visite des lieux est chamboulé et il est assez drôle de constater qu'entre les deux versions, les pokémons sauvages d'une même zone ont bien évolué. Si la Route 1 proposait deux ans plus tôt des hordes de Ponchiot de niveau 5, cette fois-ci, elle est peuplée de Ponchien niveau 60 environ ! D'ailleurs, les champions d'arène ne sont plus les mêmes et le conseil des quatre a lui aussi changé. De plus, au cours des deux années fictives qui séparent les deux titres, Unys a été le terrain de choix pour l'érection de quelques nouvelles zones, dont le Pokéwood, le PWT et la galerie concorde.
Le Pokéwood est un jeu dans le jeu où il est question de participer au tournage de films (une bonne quarantaine) où le scénario (ainsi que l'audience !) varie selon les répliques. C'est un mini-jeu loin d'être facile puisque certaines conditions sont difficiles à remplir ; aussi pour que votre Roitiflam niveau 100 tombe sous les assauts d'un Poichigeon de niveau 5 (j'exagère volontairement), pour les besoins d'un scénario, il faudra ruser, croyez-moi. Le PWT est plus conventionnel puisqu'il s'agit d'un dôme ou se retrouvent certains dresseurs de légende pour des combats jusqu'à pas d'heure, de quoi récolter de nombreux PCo qu'il vous sera possible d'échanger contre des objets rares (un mouchoir choix pour votre Lugulabre, à tout hasard, huhu). Ce qu'il y a de sympathique, c'est qu'on rencontre quelques anciennes gloires, dont les champions d'anciennes régions. Frissons garantis. La galerie concorde, elle, est une avenue de commerçants. Ha, Pokémon et ses dresseurs de dix piges qui gèrent des parcs safari, qui se baladent dans des volcans et qui mettent la main sur des centres commerciaux plus rentables qu'Auchan Avignon-Nord... Pour que l'affaire tourne, toutes les options de connectivité de la DS sont mises à l'épreuve puisque vous pourrez y croiser (en tant que passants ou vendeurs) toutes les personnes avec lesquelles vous avez joué : que ce soit du combat Wi-Fi ou local, des échanges sur le GTS ou même des visites sur le Dream World. Plus il y a de monde, plus les services et les produits y sont intéressants, notamment pour booster les EV de votre Léviator ou de votre Cizayox.

9 spectateurs dans la salle pour un CA de plusieurs millions de Pokéyens. What is the fuque ? Les arènes ne sont plus les mêmes que dans N&B...

L'ergonomie a aussi progressé avec quelques petites touches. Le C-Gear, notamment, a changé d'interface qu'il est toujours possible de « skinner » grâce à des évènements spéciaux. Le Pokédex, lui, se dote d'une fonctionnalité providentielle : la liste des habitats, qui permet de vérifier si vous avez capturé l'ensemble des Pokémons d'une zone bien définie. Au moins, vous n'aurez plus à passer de votre DS à Bulbapedia pour vous assurer de n'avoir raté aucun monstre de poche...
On peut également déverrouiller des médailles, ersatz des succès et trophées que l'on trouve sur d'autres machines, ainsi que des clés à échanger avec un partenaire pour changer des options de jeu (débloquer une ville ou modifier la difficulté). Cela est un peu sous-exploité mais si l'idée perdure au fil des épisodes, ce pourrait être quelque chose de très intéressant à l'avenir. M'enfin, j'y vois aussi une invention de Game Freak pour pousser à l'achat des deux versions, puisqu'avec les échanges Internet, j'ai presque envie d'écrire qu'il n'est plus « obligatoire » d'avoir les deux versions. En l'occurrence, les clés ne peuvent s'échanger qu'en local.

La pokéball rouge indique que tous les Pokémons « à pied » de la zone ont été capturés. M'enfin, il y a toujours quelques rares spécimens qui se cachent au fond des mers, NES Pas ? Nintendo l'avait dit : il n'y aura jamais de succès (ou trophées) dans leurs jeux. Ouais, ouais.

Tout n'est pas parfait, loin s'en faut, et on pourrait reprocher au titre, outre le manque de véritables évolutions, d'avoir une histoire toujours aussi gnan-gnan. D'accord, ça fait le charme de Pokémon mais s'en aller en guerre pour récupérer le Chacripan de la petite sœur du voisin, v'là l'envolée épique. On pourrait aussi pointer du doigt les à-côtés onéreux pour les collectionneurs de monstres, comme le Radar Pokémon, mini-jeu vraiment programmé à l'arrache sur 3DS indispensable pour récupérer certains Pokémons (les génies sous leur forme totémique) mais qui coûte 2,99 €, n'est-ce pas... Voire certaines bestioles qu'on ne peut récupérer qu'en achetant le deuxième volume du guide à 20 € le bouquin. Mais c'est aussi ce qui fait toute la richesse de Pokémon : au-delà du jeu lui-même, la chasse continue. Et je regrette que, contrairement à la 4G, il n'y ait pas plus de connectivité que cela avec d'autres titres (comme Pokémon Ranger).
Pour conclure, Pokémon Versions Noire 2 et Blanche 2 reste un jeu d'une profondeur tout bonnement hallucinante, lali-ho, auquel il est difficile de décrocher. C'est bien simple, il y a toujours quelque chose à faire dans ces versions ! Passées la centaine d'heures de jeu, on n'a même pas l'impression d'approcher du but : il y a tant de choses à voir, tellement de combats à faire et les monstres à capturer sont si nombreux (649, excusez du peu) qu'il faut être persistant pour s'auto-proclamer maître Pokémon. Cette nouvelle mouture est la dernière de la DS, Pokémon Versions X et Y inaugurant la 6G sur 3DS, mais il s'agit sans la moindre objection possible de la version la plus complète parmi toutes celles proposées jusqu'alors.

Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum
(173 réactions)