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Parasite Eve
Année : 1997
Système : Playstation
Développeur : Squaresoft
Éditeur : Squaresoft
Genre : Survival Horror / RPG
Par Bruno (03 avril 2002)

Le Survival Horror est un genre fortement apprécié des gamers. Square Soft, l'éditeur des Final Fantasy, décide un jour d'avoir son propre titre d'horreur absolue. Alors que Resident Evil 2 est en développement chez Capcom, Square débauche une grande partie du staff travaillant sur cette suite tant attendue pour plancher sur le projet Parasite Eve, ce qui changera complètement la réalisation de RE2 qui prend une orientation résolument différente par la suite. Il est vrai qu'après le départ de la majorité de l'équipe pour Square, Capcom décide de tout remanier, jusqu'au personnage féminin du jeu. À ce propos, une pétition circule depuis longtemps sur le net pour que Capcom édite Resident Evil 1.5, comme on le nomme à présent, la version de RE2 prévue à l'origine.

Une fois la production de PE terminée, Square licencie la majorité du staff ayant besogné sur le jeu, le genre d'anecdote qui a tendance à me mettre en rogne. Mais revenons à Parasite Eve (PE).

La modélisation reste honnête pour un jeu de 1997. À droite la carte de New York.

Square aimant faire toujours les choses différemment, PE mélange le Survival et le RPG (Square USA, dont le staff est 100% japonais, parle de Cinematic RPG), ce qui représente une excellente idée : réunir ces deux genres si cher à mon coeur ! C'est ce qui fait de PE un titre hybride et marginal, avec ses faiblesses et ses qualités.
En effet, le joueur ne ressent pas vraiment de frayeur particulière et le coté RPG est somme toute assez limité pour les acharnés du genre. Il n'empêche que PE possède une ambiance unique et prenante.

Réunion en plein commissariat. À droite, un design toujours soigné comme la plupart des productions Square.

Action !

Décembre 1997, New York. Les cellules mitochondries se rebellent contre tous les organismes vivants, ce qui provoque des mutations en série. Aya Brea du NYPD concentre son enquête sur une certaine Melissa, alias Eve, chanteuse d'opéra aux pouvoirs étranges. Notre flic sexy va parcourir toute la ville pour traquer la sorcière à la voix ensorceleuse, aidée de Daniel et Maeda. Le scénario de PE vous captivera par son coté étrange et macabre, un bon script que l'on doit au roman japonais éponyme de Hideaki Seno (plus d'un million d'exemplaires vendus).

Investigation !

Les personnages.

Nous devons les personnages au célèbre character-designer de Square, Testuya Nomura. Ancien assistant de Yoshitaka Amano sur les Final Fantasy de la Nes et la SNES, Nomura est sorti de l'ombre en assurant le design des personnages de Final Fantasy 7.
Charismatiques et imposants, voila comment je définirais les protagonistes de PE dont le look augure son travail suivant sur Final Fantasy 8.

Quelques personnages, de gauche à droite : Aya, Daniel, Maeda et Eve. Merci monsieur Nomura.

Comment ça marche ?

La mise en scène est semblable à un Resident Evil : plan de caméra fixe et persos en 3D, le style hérité de Alone in the Dark. Comme dans un Final Fantasy, les affrontements surgissent de manière aléatoire (à quelques exceptions près).
La notion d'espace prend une place capitale : une sorte de sphère grillagée se met autour d'Aya et de ses ennemis pour délimiter l'aire de combat quand celle-ci se décide à attaquer, une fois la jauge de temps remplie. Pas de tour par tour ici, mais en attendant que la jauge se remplisse à nouveau, vous pouvez vous déplacer librement ce qui permet d'éviter les attaques de vos assaillants et de se placer pour porter un assaut plus efficace par la suite. Très important : plus Aya se trouve près de la cible, plus le coup porté sera puissant. Elle peut viser plusieurs parties du corps d'un ennemi, certains étant plus sensible à la tête ou au buste par exemple.

Le menu principal et un combat en plein Central Park, brrr...

La barre de Parasite énergie correspond en fait aux points de magie, utile pour se régénérer en points de vie ou user d'un pouvoir particulier. Le système d'armement est bien pensé, toutes vos armes (ainsi que les gilets pare-balles) peuvent être customiser et les possibilités sont nombreuses. Des combinaisons sont possibles. Pour ce faire des clés à mollette ou des autorisations spéciales sont à collecter. Les menus peuvent paraîtrent un peu complexe au début mais tout est question de pratique, après quelques minutes on est comme à la maison ! Pensez surtout à bien gérer le nombre de balles car quelle que soit votre arme, les munitions ne sont pas infinies et pas de magasins pour faire le plein ! Prudence donc.

Du bon boulot.

Des cinématiques impressionnantes, encore aujourd'hui.

PE est magnifique à plus d'un titre. Graphiquement, une quarantaine d'artistes ont assuré la besogne. Les anciens de Capcom et les graphistes de Final Fantasy 7 ont accouché d'un visuel très réussis. La modélisation des personnages et des monstres, ainsi que les animations ont subi un bon traitement. Seul hic : les persos ont la fâcheuse tendance de patiner un peu lorsqu'ils se déplacent. Pour les cinématique (du jamais vu à l'époque), une équipe constituée d'artistes hollywoodiens fut sollicitée. Ayant officié sur des films tels que Apollo 13, Die Hard 3, Casper, Cliffhanger ou Wolf, la qualité des FMV qu'ils ont créées inspire le respect.

La bande sonore vous enchantera à coup sur. Composée par Yoko Shimomura, elle est pour beaucoup dans l'ambiance si singulière de PE. Mention spéciale pour l'inoubliable thème principal, la zique de l'intro, des combats et des boss.
Je tiens à préciser que l'atmosphère du titre est vraiment étonnante. Il ne fait pas bien peur et le coté RPG est restreint, mais une drôle de tension enveloppe l'aventure, une aura enivrante. Un jeu d'ambiance quoi.

Les mutations d'Eve et le bestiaire général renforcent l'aspect « soigné » du jeu.

PE se termine rapidement, comptez une bonne dizaine d'heures, mais une quête supplémentaire apparaît après l'avoir terminé. Ça ne change pas grand chose mais c'est déjà pas mal.
Quel plaisir de s'aventurer dans un soft si différent de la production habituelle et qui ne connut aucune conversion dans la langue de Vincent Lagaf'. Il peut encore être trouver en version ricaine dans les boutiques spécialisées.
La suite Parasite Eve 2, (qui fut importée chez nous cette fois) est, à mon goût, complètement ratée. D'autres jeux comme le très controversé Koudelka ont essayé de nouveau d'opérer une fusion Survival/RPG, mais PE reste unique dans son traitement.
Je vous le recommande vivement, c'est une expérience à vivre pour un joueur avide de sensations nouvelles.

Laissez vous tenter...
Bruno
(03 avril 2002)