Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Ikari (07 juin 2004)
7h du matin. Un sursaut de lucidité, je me relève péniblement, avec un mal de tête terrible. Les toilettes, la baignoire qui déborde... La fête d'hier soir a été rude. Il faut dormir, retrouver l'esprit clair, car le whisky et les quelques substances illicites, ingurgitées il y a quelques heures à peine, font encore leur effet. Je me traîne vers ma chambre... A peine ai-je ouvert la porte qu'une voix stridente vient me fracasser le crâne. Avant d'aborder le vif du sujet, je suis sûr que certains se demandent si l'article traite du premier ou du second volet. Eh bien je leur répondrai "les deux mon général", car il serait dommage de se restreindre à un jeu de 60 salles quand on a l'identique, mais avec 80 salles supplémentaires! Donc, la majorité des captures d'écran ont été faîtes sur Jet Set Willy II - The Final Frontier, version CPC. Voilà qui est dit. Ici, nous avons affaire à un jeu culte, et je vais essayer de vous expliquer pourquoi. Tout d'abord, Jet Set Willy est un jeu entouré d'une part de mystère, de par l'extrême difficulté rencontrée pour le parcourir entièrement, la présence de salles réellement inaccessibles, mais aussi à cause de rumeurs concernant son créateur. D'ailleurs, commençons les présentations... Matthew Smith -c'est son nom- a grandi à Liverpool. Plutôt mauvais élève, il commença à programmer en 1979, à l'âge du 12 ans, sur TRS-80. Au bout de 2 ans, il réalisait des petits shoot'em ups en langage machine. Il fit ensuite l'acquisition d'un Tandy, la machine qu'il utilisa pour développer ses deux hits, Manic Miner, la révélation, puis Jet Set Willy, sorti trop tôt, sous la pression commerciale, avant d'avoir été pleinement testé. Matthew avait 16 ans. Pour la petite histoire, le Tandy est doté d'un processeur Z80, de même que le Spectrum et le CPC, ce qui facilite les conversions. quelque temps après la sortie de Jet Set Willy, Matthew, qui avait gagné pas mal d'argent grâce à ses hits, disparut mystérieusement de la circulation. Certains prétendent qu'il aurait été en proie à quelques problèmes psychologiques, éventuellement liés à la consommation de substances illicites, mais rien ne me permet de le certifier, et puis cela ne nous regarde pas, comme diraient certains. Toujours est-il qu'il est réapparu, publiquement, en 1999. Il en a même profité pour réaliser sa page perso, au concept assez caractéristique : Matt's New Homepage. Le jeu, le jeu !!!Bon, d'accord les enfants. Jet Set Willy est, en fait, une évolution de Manic Miner, lui-même inspiré de Miner 2049'er sur Atari 800 XL. Ces sont des jeux de plate-forme, organisés en salles, dont le but est de collecter des objets, tout en évitant des ennemis aux trajectoires périodiques. On peut noter le côté non violent du personnage qu'on dirige, puisqu'il en est réduit à éviter les pièges en se déplaçant, en sautant ou en attendant. Dans certains passages, il faut faire preuve d'une précision et d'un timing de haut niveau pour atteindre les objets à collecter. Ce que Jet Set Willy apporte de nouveau au genre, c'est d'abord la possibilité de parcourir les salles librement. Le jeu se transforme alors en un univers à explorer, où la curiosité du joueur est exacerbée, un peu comme un randonneur en train de franchir une colline : Qu'y a-t-il derrière ? Non, je ne m'égare pas, car c'est exactement la même question que l'on se pose en jouant à Jet Set Willy. Chaque salle est tellement originale, que la curiosité nous pousse à les découvrir toutes. De plus, chacune est affublée d'un titre, ce qui facilite les discussions et les défis entre joueurs. Jet Set Willy est un jeu aux buts multiples, une expérience vidéo-ludique, dirons nous... Moi j'y joue encore, imaginez à l'époque, en 1983 ! Son succès a été tel qu'il a été porté sur la grande majorité des micros 8-bits, puis 16-bits : Spectrum, CPC, C64 pour les versions officielles. Mais aussi Acorn Electron, ZX81 & Z88, BBC, Archimedes, Dragon, Atari 800 XL, MSX, ST, Amiga, PC et même GBA, pour les versions non commerciales. Et encore, je ne vous parle pas des suites et des remakes, élaborés par les fans, à partir des versions officielles. Chuuuut, y'a Bambi qui dort...Eh oui, un des atouts de Jet Set Willy est son côté humoristique ! Tout d'abord, son scénario délirant, très inhabituel pour l'époque. Ensuite, l'aspect hallucinatoire et psychédélique (sinon schizophrène) de l'univers du jeu : les méchants et les pièges sont vraisemblablement imaginés par Willy et par sa vision déformée des choses. On parcourt en fait son "bad-trip", ce qui explique la présence de pingouins, de lapins, d'oiseaux, d'oeufs, d'objets de la vie courante, de Marias volantes et autres étrangetés à découvrir. Le rétrogamer averti pourra y trouver des clins d'oeil à d'autres jeux, notamment Hunchback. Et, bien sûr, la séquence de Game Over, où on voit Willy se faire écraser par un pied géant (en référence aux Monty Python). On peut y voir une métaphore de la honte qu'il ressent en ratant sa mission. Jet Willy possède aussi un côté légèrement sadique : Il est très fréquent d'assister, impuissant, à la perte successive de ses 9 vies, pour finir écrasé comme une... enfin, comme expliqué ci-dessus... En fait, après avoir perdu une vie, il peut arriver de réapparaitre tantôt à l'endroit exact où se trouve un ennemi, tantôt au dessus du vide, et se voir chuter plusieurs fois d'affilée jusqu'au Game Over. Mais pendant que j'y pense, ce Willy, il ne vous fait pas penser à quelqu'un d'autre ? Réfléchissez, Willy est un personnage sympathique, reconnaissable entre mille, qui évolue dans un monde psychédélique, et qui a commencé comme mineur. Je sais pas vous, mais moi, ça me fait penser à un certain plombier accro aux champignons. Parlons réalisationLa qualité technique du jeu se retrouve en premier lieu dans sa maniabilité, et la gestion ultra précise des collisions. C'est une référence en la matière. Les graphismes, quand à eux, sont simples, nets, et tirent bien parti de la moyenne résolution utilisée, ainsi que de la faible quantité de couleurs affichables simultanément. Chaque écran est en fait composé de blocs graphiques de 8x8 pixels. Pour information, j'ai pu détecter environ 6 à 8 couleurs simultanées sur la version Spectrum, mais ce sont toujours les mêmes, de salle en salle. Par ailleurs, sur Spectrum, un bloc graphique de 8x8 ne peut être que bicolore, ce qui explique que les escaliers soient toujours blancs dans cette version. S'ils étaient rouges, par exemple, Willy aurait les jambes rouges en passant dessus ! Sur CPC, par contre, il n'y a que 4 couleurs exploitables par écran, mais qui varient beaucoup en changeant de salle. Effet renforcé par les bordures colorées, que j'ai volontairement enlevées, pour plus de lisibilité. Par ailleurs, il n'y a pas de contrainte sur les blocs graphiques, comme c'est le cas sur Spectrum. La version C64, quand à elle, est plus colorée que les deux autres versions, et les salles sont plus grandes. Dommage pour la fidélité, et tant mieux pour les graphismes. L'ambiance sonore du jeu n'est pas très riche : on n'entend guère que quelques rares bruitages lors d'un saut ou de la perte d'une vie. Il faut tout de même noter le choix plutôt judicieux de la Sonate au Clair de Lune, de Beethoven, sur l'écran de présentation. Une musique hypnotisante, simple - seulement 2 canaux utilisés, une basse et une mélodie - mais très riche harmoniquement. Certaines versions, comme celle du CPC, permettent d'activer une musique pendant le jeu, mais elle est très irritante puisque courte et, bien sûr, jouée en boucle. BonusVoici quelques remarques supplémentaires sur ce jeu hors-norme, que je vous livre en pâture :
Sources, remerciements, liens supplémentaires : Quelques liens pour ceux qui sont intéressés :
- http://freespace.virgin.net/james.ducker/jetset_w/x_sect.php (le plan complet de Jet Set Willy I) - http://www.jdawiseman.com/papers/games/jsw2/jsw2-index.php (le plan complet de Jet Set Willy II) - http://jswremakes.emuunlim.com/ (un site sur toutes les versions, officielles ou non, de Jet Set Willy, et ses suites / remakes non commerciaux) - http://www.geocities.com/andrewbroad/spectrum/willy/ (une page plutôt orientée vers les versions et remakes Spectrum, avec des détails techniques) Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (36 réactions) |