Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Rudolf-der-Erste (20 novembre 2006)
Voici un jeu que j'ai découvert très récemment, en juillet 2006 pour être plus précis. J'avais toujours ignoré Jet Force Gemini car il ne me faisait absolument pas envie alors pourtant qu'à l'époque les jeux Rare m'avaient enchanté. Si je me le suis procuré il n'y a pas longtemps, c'est seulement parce qu'il n'était pas cher. Après plusieurs heures de jeu où je me suis battu avec la maniabilité, je dois avouer que j'ai été très surpris. Et encore, le terme « surpris » est un euphémisme en ce qui me concerne : c'est absolument inespéré. Mesdames et Messieurs, Terriennes et Terriens, laissez-moi vous présenter une œuvre majeure signée Rare : Mais avant de commencer, faisons un petit retour en arrière. En 1998, les premières images de Jet Force Gemini apparaissent pendant l'E3, mais on ne peut pas dire que les journalistes se montrent très enthousiastes car les graphismes sont un peu décevants. Un an plus tard on se rend compte avec horreur que le jeu ne s'est pas vraiment amélioré graphiquement alors qu'il est censé sortir cette année-là. Il ne faut donc pas s'étonner que la presse se soit alarmée. C'est seulement peu de temps avant sa sortie que l'aspect final du jeu est dévoilé, et les choses se sont énormément amélioré même si quelques retouches de dernière minute s'imposent encore. Hélas, un jeu très attendu est prévu au même moment : Donkey Kong 64. Eh oui, Rare s'est auto-concurrencé en sortant les deux titres à la même période. Comme tout le monde connaît la notoriété de la série Donkey Kong, cet opus en 3D est attendu de pied ferme (par moi y compris même si je n'avais jamais joué à Donkey Kong Country auparavant). Ce jeu aurait dû tout casser, et il s'avère être « seulement »un bon jeu de plates-formes, rien de plus (un cran en-dessous de Banjo-Kazooie/Tooie). Ainsi, tout le monde ou presque ignore Jet Force Gemini malgré les bonnes notes qu'il reçoit dans la presse spécialisée, lui préférant un jeu de plates-formes bon mais décevant par rapport à ce qu'il aurait dû être. Venons-en à l'histoire. Alors que les jumeaux Juno et Vela patrouillaient dans l'espace avec leur chien Lupus, ils reçoivent un signal de détresse de la planète Goldwood, berceau du peuple des Nounouss (des espèces d'ours en peluche). Celle-ci est attaquée par l'armée de Mizar-le-Pourri (sic) constituée de fourmis géantes. Jusqu'à maintenant, l'Union se souciait peu des dictateurs minables, leur laissant quelques étoiles ou quelques astéroïdes. Mais cette fois c'est sérieux car non seulement Mizar attaque plusieurs planètes, mais en plus il s'en prend aux vaisseaux de la Jet Force Gemini : c'en est trop. L'ambition de Mizar semble être sans limite. L'Union se rend compte qu'elle aurait dû réagir plus tôt car dorénavant il ne reste qu'un seul vaisseau valide : celui des héros du jeu. Ainsi, Juno, Vela et Lupus sont les seuls à pouvoir faire quelque chose. Mais hélas tout ne se passe pas comme prévu (forcément vous me direz, sinon on s'ennuierait). Alors que les héros s'apprêtent à porter secours aux Nounouss de la planète Goldwood, leur vaisseau est attaqué par un vaisseau de Mizar. Débordés, ils doivent fuir. Une explosion étourdit alors Juno qui se retrouve dans le vaisseau ennemi, séparé de Vela et de Lupus. Heureusement, il parvient à se débarrasser de ses adversaires et s'enfuir. Il débarque donc sur la planète Goldwood, mais Vela et Lupus sont passés avant lui. À la fin de l'introduction, on dirige Juno, et l'aventure commence. Évidemment, tel qu'il est présenté, le scénario ne semble pas très élaboré. Ne pensez pas avoir affaire à un « space opera mélodramatique », mais plutôt à un « vieux film de science-fiction de série Z » (pour reprendre les termes de jeuxvideo.com). Eh oui, c'est ça Jet Force Gemini, un jeu qui assume volontiers son côté kitsch. Mais attention, ce n'est pas un produit bébête pour autant. Pour moi c'est un des titres les plus audacieux que Rare ait pu faire, et également un des plus risqués. C'est un véritable hommage à Star Wars (sans le sérieux) et à Starships Troopers (pour les insectes géants). Jet Force Gemini est un jeu de tir et d'exploration à la troisième personne. Au tout début de l'aventure, vous dirigez Juno sur la planète Goldwood qui fait office de tutorial, vous initiant au gameplay du jeu. Mais très vite vous retrouverez Vela, puis Lupus. Ainsi, on pourra diriger chacun des trois personnages qui suivront trois chemins différents pour se réunir dans le palais de Mizar. Nos trois héros ont des aptitudes différentes :
Un quatrième personnage non jouable (ou presque) viendra se greffer dans le trio : Floyd le robot. À tout moment vous pouvez changer de personnage à partir de l'écran de pause. Si par exemple vous dirigiez Vela mais que vous avez envie de poursuivre la quête de Lupus, alors Lupus démarrera au début du niveau ou du sous-niveau dans lequel il se trouvait la dernière fois que vous l'aviez dirigé. Vous avez également la possibilité de revisiter les niveaux précédents à partir de la carte, mais vous ne pouvez pas visiter les niveaux des autres personnages, du moins pas avant la seconde partie du jeu. Lorsque les héros se réunissent au palais, la tension est à son comble et le jeu nous fait croire que la fin est proche. Eh bien pas du tout : on en est encore loin. Toute la seconde partie consistera à explorer de fond en comble tous les niveaux du jeu, ainsi que des endroits cachés. Cette deuxième partie est plus longue mais surtout beaucoup plus ouverte que la première puisque chaque personnage peut explorer tous les niveaux du jeu. J'y reviendrai tout à l'heure. Bien que j'aie joué à Jet Force Gemini en juillet 2006, j'ai apprécié sa qualité graphique. Il est vrai que dans certains lieux comme la base militaire d'Ichor, le jeu manque de fluidité. En revanche, les environnements naturels sont magnifiques et très colorés. Les explosions sont bien rendues et certains effets lumineux sont très impressionnants. Il y a bien quelques ralentissements, mais ça ne nuit en rien au plaisir ressenti. Il s'agit d'un des plus beaux jeux de la Nintendo 64 : par exemple en général sur cette console, l'ombre des personnages est circulaire. Mais dans Jet Force Gemini, elle respecte plus ou moins la forme des personnages. D'accord, ça peut sembler dérisoire aujourd'hui, mais les vidéos et images d'époque de Jet Force Gemini m'avaient impressionné, je n'avais jamais vu ça auparavant. Une vidéo montrait notamment un passage où une fourmi géante renverse un seau d'eau. L'eau se déverse au sol, et un Nounouss peut voir son reflet dans la flaque. J'ai été stupéfait, à tel point que cette image est restée gravée dans ma mémoire alors que je n'avais pas joué à ce jeu jusqu'à récemment. Les reflets font également leur petit effet. Par exemple, à l'entrée du palais de Mizar, on marche sur un sol brillant ou se distingue l'environnement extérieur, et je n'ai pu m'empêcher de pousser un « ouaaah ! » devant un tel spectacle. Pour moi, Jet Force Gemini n'a pas vieilli, esthétiquement. C'est la touche Rare. Sur le plan musical, c'est également réussi. Les musiques sont bien présentes et sont très belles dans l'ensemble. Je dirais même plus, les musiques de Jet Force Gemini font partie des plus belles jamais entendues sur Nintendo 64. Elles sont variées et collent parfaitement à l'action. Les musiques ont un côté dynamique qui rajoute un peu de peps à l'ensemble. L'écran titre du jeu nous donne déjà un excellent avant-goût de ce à quoi ressemble la bande-son de Jet Force Gemini avec un thème grandiloquent et kitsch. Ça, c'est une musique culte qui donne vraiment envie de jouer ! Comme ce jeu exploite le Dolby Surround, les compositeurs ont pu laisser libre cours à leurs talents musicaux en se donnant à fond. Ainsi, les musiques qu'on entend sur SS Anubis ou le croiseur Sekmeth reflètent parfaitement l'ambiance du jeu tant elles pètent bien. La base d'Ichor comporte un thème bien martial qui met un peu la pression (il faut dire que c'est un niveau riche en action et en combats). Dans les musiques d'ambiance, je peux citer celle du marais de Tawfrett qui contribue grandement à l'atmosphère inquiétante (mais néanmoins fascinante) du lieu. Je peux également parler de l'excellente musique d'Eschebone, ou encore la mélodie très réussie du palais de Mizar, sans parler de la très bonne musique des boss qui est parfaite dans le genre. Il ne faut pas non plus oublier la musique de la planète Rith Essa, plus particulièrement la mine qui est un endroit absolument superbe où on entend une des plus belles mélodies du jeu. Il y a bien quelques thèmes un peu trop discrèts comme celui de la planète Goldwood, mais aucun n'est désagréable. J'ai rarement vu une telle qualité sonore dans un jeu vidéo : c'est bluffant ! Jet Force Gemini comporte, à mon goût, les meilleures musiques jamais entendues sur Nintendo 64. Pourtant il y en avait d'excellentes dans certains jeux comme Conker's Bad Fur Day, mais elles n'étaient pas aussi nombreuses. Merci Robin Beanland ! D'ailleurs ce n'est pas pour rien si, il y a quelques années, Rare a mis en disposition sur son site la B.O de Jet Force Gemini sous forme de MP3 (une excellente initiative). Je vous invite à y jeter un œil. Sinon, les sons sont très sympathiques. Sur la planète Goldwood, par exemple, le chant des oiseaux est bien rendu. J'ai également apprécié le son des balles qui sifflent à côté des oreilles des héros, ou encore le halètement de Lupus. Un excellent travail de ce côté-là. En revanche, les sons ne sont pas du tout réalistes, mais ce n'est pas très grave car ça donne au jeu un aspect irréel qui me plaît assez. Passons maintenant à un point un peu plus délicat : la jouabilité. Les personnages se dirigent à la troisième personne. Il y a deux configurations possibles. Dans la première vous dirigez le personnage normalement avec le joystick, vous faites des pas de côté avec les boutons C droit et C gauche, vous rampez avec le bouton C bas, vous sautez avec le bouton C haut et vous tirez avec la bouton Z (la gâchette si vous voulez). De plus la visée est semi-automatique : elle se place directement vers l'ennemi et vous tirez quand vous voulez. Pour passer à la seconde configuration, il suffit de maintenir appuyé le bouton R afin que le jeu passe en vue subjective. À ce moment-là le jeu se transforme presque en FPS, mais en vue rapprochée. Cette fois le joystick sert à diriger le viseur et les quatre boutons C servent à se déplacer en haut, en bas, à gauche, à droite, ou en diagonale (par combinaison de deux boutons). La visée n'est plus semi-automatique, mais manuelle. Je vous le dis franchement : la première configuration est la pire façon d'aborder ce jeu. Certes cette visée semi-automatique est pratique au début quand on ne sait pas très bien viser, mais ça l'est beaucoup moins quand les ennemis sont nombreux car vous ne pouvez pas choisir lequel abattre sans vous déplacer physiquement. En plus il faut avouer que c'est dans cette configuration que la caméra pose le plus de problèmes. En effet, il n'est pas rare de se manger un mur parce qu'on a du mal à voir où on va. Il vaut mieux réserver cette configuration pour les phases de plates-formes. Mais en adoptant la seconde, les problèmes cités ci-dessus sont corrigés en grande partie. Ainsi, le jeu devient beaucoup plus confortable et les déplacements plus aisés, rendant les combats encore plus jouissifs qu'avant. Certes ça demande un certain temps d'adaptation, mais une fois qu'on maîtrise la maniabilité du personnage, ce n'est que du bonheur ! D'ailleurs ce n'est pas pour rien que les phases pédestres de Starfox Assault reprennent en partie cette deuxième configuration. Mais que serait un jeu de tir sans un arsenal conséquent ? Je vous rassure : il y a de quoi faire. L'arme standard est une sorte de pistolet à six coups. C'est une arme précise, mais son débit est très lent et elle met du temps à se recharger (elle se recharge d'une balle par seconde). Très vite vous découvrirez d'autres armes enfermées dans des coffres. Au début du jeu, vous obtiendrez une mitrailleuse, très pratique pour les ennemis volants et les soldats ennemis. C'est une arme rapide, mais bien entendu peu précise. Vous obtiendrez également des grenades et des bombes. Très rapidement on trouve une arme tirant des giclées de plasma. Si vous maintenez enfoncée la gâchette Z, l'arme se chargera et sera plus puissante. Plus tard vous trouverez un lance-roquettes, très utile pour détruire les murs et les ennemis imposants. Vous aurez même accès à une arme tirant des missiles à tête chercheuse. Je vous épargne le reste, mais sachez qu'en tout il y a quatorze armes. Les munitions se trouvent à l'intérieur de caisses ou sur les cadavres d'ennemis. En revanche, je dois vous parler d'un défaut qui s'avère un peu gênant. Pour sélectionner une arme, on doit appuyer sur le bouton A pour faire défiler la liste dans un sens et sur le bouton B pour la faire défiler dans l'autre sens. Au début, ça ne pose pas de problèmes, mais quand les armes commencent à être nombreuses, ça devient un peu gênant de faire défiler la liste jusqu'à ce qu'on tombe sur la bonne arme, d'autant plus qu'il faut faire attention aux ennemis en même temps. Rare aurait mieux fait de faire comme dans Perfect Dark où les armes étaient disposées dans un menu circulaire : il suffisait juste de sélectionner la bonne arme sans perdre du temps à faire défiler une liste. Bon, ce n'est pas gravissime non plus, mais ce défaut méritait d'être signalé. Enfin, le jeu propose des phases de plates-formes où on est obligé d'abandonner provisoirement la deuxième configuration. Le personnage peut sauter et s'accrocher au rebord d'une falaise ou d'une plate-forme. Notez que le personnage saute plus haut s'il est immobile. Je dois avouer que la jouabilité manque un peu de fluidité durant ces phases. Entre l'instant où le joueur appuie sur le bouton de saut et celui où le personnage saute, il y a un léger temps de latence. En plus la caméra n'arrange pas trop les choses car elle a un peu trop tendance à regarder en l'air, donc on a parfois du mal à savoir où on va retomber. Rare aurait peut-être pu peaufiner un peu la maniabilité. Heureusement, ces phases de plates-formes sont plutôt simples et peu nombreuses, donc elles ne sont pas pénibles. Je dirais même qu'elles sont bienvenues car elles apportent un peu de variété au jeu. Bref ce jeu est un magnifique mélange de tir et d'exploration, avec un soupçon de plate-forme. Je ne vous cache pas qu'il m'a fallu plusieurs heures pour véritablement dompter la jouabilité de Jet Force Gemini. J'avoue qu'au début j'avais vraiment du mal à entrer dans le jeu. Mais dès que j'ai commencé à maîtriser cette jouabilité, ce jeu m'a procuré un immense bonheur jusqu'à la fin, et vous allez comprendre pourquoi. Un des plus gros points forts de Jet Force Gemini est l'action. Croyez-moi, vous allez en avoir, et pas qu'un peu. Ce jeu est un véritable défouloir : vous allez prendre du plaisir à tirer sur tout le monde, surtout si vous disposez d'un arsenal conséquent. Si en plus les ennemis ne sont pas trop bêtes, c'est encore mieux. En effet, l'IA est assez développée pour l'époque. J'ai bien dit « pour l'époque » car aujourd'hui ça peut sembler dérisoire. Les ennemis sont capables d'esquiver les tirs, de s'enfuir et de se cacher derrière un tonneau (parfois explosif pour leur plus grand malheur !) ou un pilier (NdL : il faut bien se dire qu'en 2006 ils ne savent rien faire de plus dans la grande majorité des jeux qui sortent). Si on a affaire à des ennemis équipés de boucliers, on a le choix entre le contourner pour l'attaquer par derrière, attendre le moment où il baisse la garde pour lui faire sa fête, ou alors vous pouvez carrément lui envoyer une grenade ou une roquette si la subtilité vous gonfle. Bien entendu, il ne faut pas non plus utiliser les munitions n'importe comment car on peut facilement en manquer. Les ennemis et les lieux sont assez nombreux et diversifiés, donc il faut adapter sa stratégie suivant les circonstances. La plupart du temps, on peut très bien se la jouer Rambo en fonçant dans le tas et en tirant sur tout ce qui bouge. Ca marche très bien dans des espaces bien dégagés comme le marais de Tawfrett ou la base militaire par exemple. Mais cette « stratégie »est beaucoup moins efficace dans les niveaux regorgeant de cachettes comme le château de Tawfrett où les ennemis ont tendance à se cacher derrière des créneaux. On peut donc se la jouer plus « finement »en tuant à distance les ennemis à l'aide d'un fusil à lunette, en leur lançant des grenades ou en déposant des mines au sol. Par contre, je dois vous prévenir que c'est un jeu « gore ». Quand vous tirez sur les insectes, vous voyez du sang vert gicler un peu partout. Les ennemis explosent littéralement en un « splatch » retentissant, et leurs morceaux se retrouvent éparpillés un peu partout. Quand vous tuez un ennemi massif au lance-roquettes, ses morceaux se retrouvent projetés à une distance incroyable. Enfin, pour en rajouter une bonne couche dans « l'horreur », des insectes bourdonnent autour des cadavres. Cruel, non ? Bon, je pense que vous avez parfaitement compris que cette violence cartoon se veut parfaitement comique. D'ailleurs, si vous ramassez cent têtes, vous pouvez activer un code qui vous permettra de rendre le sang multicolore ! Les héros se comportent en réalité comme des gosses qui se défoulent sur une sorte de terrain de jeux. Le joueur aussi se défoule. Quand on voit ça, on se dit que Conker's Bad Fur Day n'est pas si loin. La ressemblance n'est pas si troublante puisqu'on a plus ou moins affaire à la même équipe. Eh oui, Rare n'a pas attendu Conker pour se lâcher un bon coup : Jet Force Gemini en est un avant-goût. Mais je ne peux pas vous parler d'action en faisant l'impasse sur les boss. Ceux-ci sont peu nombreux (cinq en tout), mais ils ont le mérite d'être marquants. Ils bénéficient tous d'une mise en scène impressionnante et leur (longue) présentation installe progressivement une tension de plus en plus grande : on s'attend (à juste titre) à un combat difficile. Une fois que le combat commence, vous dirigez le héros dans une configuration particulière. En effet, le jeu est directement en vue rapprochée sans que vous ayez besoin de maintenir appuyé le bouton R. En revanche, il est impossible de se déplacer en haut et en bas : vous ne pouvez vous déplacer que latéralement à l'aide des boutons C droit et C gauche. Le bouton C haut vous permettra de sauter comme si vous aviez adopté la première configuration. Le joystick, quant à lui, servira à bouger le viseur. Les autres boutons gardent leurs fonctionnalités habituelles. Il n'y a aucun moyen de récupérer des munitions et de l'énergie. Attendez-vous à mourir plusieurs fois avant de pouvoir enfin exploiter leurs points faibles évolutifs. Heureusement, Rare a eu la bonne idée de ne pas nous faire perdre nos vies (deux au total) à chaque fois qu'on se fait battre. On recommence toujours dans la pièce précédente où on peut récupérer toutes nos munitions et toute notre énergie. Ainsi, vous avez autant d'essais que vous voulez et n'avez pas besoin de refaire le niveau à chaque fois (sauf si vous éteignez la console). Ces affrontements sont très prenants et extrêmement jouissifs. Je peux vous dire que le boss final va vous donner des sueurs froides avec les rochers qu'il envoie et son fameux rayon laser. Mention spéciale aux deux mantes religieuses géantes, un combat absolument phénoménal et jouissif par sa mise en scène dantesque et son rythme trépidant ! Un de mes meilleurs souvenirs vidéoludiques ! J'en viens maintenant à un autre aspect de Jet Force Gemini : l'exploration. Durant les dix premières heures, le jeu est très linéaire car les héros ne peuvent pas quitter un chemin prédéfini. On n'a donc d'autre choix que de traverser les niveaux, sans réelle possibilité d'exploration. Il faut dire que durant la première partie du jeu, beaucoup d'endroits sont inaccessibles pour certains personnages. De plus, la plupart des accès restent verrouillés tant que le personnage ne trouve pas la clé ouvrant tel type de porte (symbolisé par une couleur). Mais après le palais de Mizar, on passe à une progression complètement ouverte. Le jeu est loin d'être terminé puisque cette deuxième partie est plus longue que la première (un peu plus de quinze heures en ce qui me concerne). Vous allez devoir fouiller les niveaux de fond en comble afin de trouver les pièces du vaisseau qui vous mènera au dernier niveau, et ce n'est pas gagné. Personnellement, j'ai beaucoup apprécié cet énorme gain de liberté. Il faut dire que j'adore les jeux qui proposent à la fois de la linéarité dans une partie, et de l'ouverture dans une autre. Après avoir suivi un chemin prédéfini, on peut enfin visiter tous les niveaux avec tous les personnages, et ce dans n'importe quel ordre. Au début cette liberté est déroutante du fait qu'on ne dispose d'absolument aucun indice pour trouver les pièces du vaisseau. On est donc obligé de se lancer au hasard en dirigeant tel personnage dans tel niveau. Puis peu à peu les choses commencent à s'éclairer quand on tient compte des caractéristiques de chaque lieu : il faut à tout prix exploiter les capacités de chaque personnage. Dès que vous voyez une étendue de lave, hop ! il faut penser à refaire ce niveau avec Juno. Si vous ne pouvez pas traverser un tunnel envahi par les eaux, il faudra revenir avec Vela. Enfin, il faut diriger Lupus quand vous ne pouvez pas franchir un large précipice. Alors qu'au début on était complètement perdu, les choses s'organisent peu à peu pour notre plus grand plaisir. C'est également dans cette partie que le rôle de Floyd va prendre toute son ampleur. Dès que vous incarnez un des trois personnages, Floyd vous accompagne automatiquement. Il clignote dès qu'il aperçoit un ennemi dans les environs, mais ce n'est pas son rôle principal. En fait il sert à activer les socles à son effigie. Ainsi, certains socles serviront à recharger en fuel le réservoir du Jet pack (que vous avez acquis après le palais de Mizar). Vous pouvez donc utiliser le jet pack n'importe où dans la pièce, jusqu'à ce que le réservoir se vide. Par contre, dès que vous quittez la pièce, le réservoir se vide automatiquement jusqu'à ce que vous trouviez un nouveau socle. D'autres socles, bien plus rares, vous permettront de vous déguiser soit en insecte (pratique pour s'infiltrer chez les ennemis), soit en Nounouss. Enfin, le dernier socle vous permet d'incarner Floyd en vue subjective pour accomplir certaines missions. La maniabilité change légèrement. Le bouton A sert à avancer, le bouton Z à tirer et le joystick à tourner. Les missions sont de différentes sortes. Par exemple, on vous demandera de trouver des objets en temps limité, de détruire des objets, ou bien les deux. Mais pour valider ces objectifs, il faut à tout prix atteindre l'arrivée. On vous demande toujours de ramasser un nombre minimum d'objets ou de détruire tel nombre d'objets afin de valider la mission. Pour véritablement gagner le premier prix, vous devez détruire toutes les cibles, ramasser tous les objets (ou presque) et atteindre très vite la ligne d'arrivée. Parfois vous devrez emprunter un raccourci. Il est en général très difficile d'obtenir le premier prix, mais heureusement ces missions sont facultatives dans l'ensemble. Néanmoins, je peux vous dire qu'à un moment donné vous serez obligé de remporter tous les objectifs d'une mission en particulier, afin d'obtenir un objet indispensable pour la suite (je n'en dis pas plus). Autre aspect de l'exploration qui a fait couler beaucoup d'encre : les Nounouss ! Les Nounouss (les Tribals dans la version originale) sont de sympathiques créatures ressemblant à des ours en peluche (rien à voir avec les Tediz de Conker). Ce peuple est tyrannisé et réduit en esclavage par l'armée de Mizar. C'est leur roi Jeff qui possède la dernière pièce du vaisseau, mais celui-ci ne vous la donnera que si vous sauvez tous les Nounouss du jeu, sans exception ! Pour sauver les Nounouss, il suffit de les toucher, mais ceux-ci ne sont pas comptés individuellement. Seul leur nombre compte. Dès que vous quittez un niveau ou un sous-niveau, le jeu garde en mémoire le nombre maximal de Nounouss que vous avez sauvés (ainsi que le nombre restant dans cette section) : c'est une sorte de record. Mais ceux-ci reviennent quoi qu'il arrive, un peu comme les notes de musique de Banjo-Kazooie. Comme vous devez sauver tous les Nounouss du jeu, vous êtes obligés de refaire les niveaux afin d'y établir le record maximal. De plus, les Nounouss sont des êtres assez fragiles, donc il faut faire attention à ne pas tirer au hasard. Par exemple, il vaut mieux réfléchir avant de tirer sur un tonneau explosif car des Nounous peuvent se cacher derrière. Si jamais vous voyez un insecte marron, empressez-vous de le tuer car celui-ci a la fâcheuse « manie » de tirer sur les Nounouss en fuite. Dès qu'un Nounouss est tué, vous n'avez plus qu'à recommencer la section. Sur un plan personnel, j'ai apprécié cette quête car elle nous permet généralement de découvrir de nouveaux horizons, de nouveaux lieux, de nouveaux secrets. Mais je reconnais qu'à certains moments les Nounous sont un peu trop bien cachés (comme le niveau SS Anubis ou Tawfrett). Je dirais que Rare a commis l'erreur de rendre cette quête obligatoire. Je pense qu'ils auraient mieux fait de la rendre facultative, ou plutôt de nous demander de sauver un certain nombre de Nounouss (80% par exemple). En effet, les joueurs n'aimant pas la « collectionnite » vont laisser tomber le jeu alors qu'ils l'ont aimé jusque là. Il n'est jamais judicieux de forcer les joueurs à collectionner tous les objets afin de terminer le jeu. Dommage que Rare n'en ait pas tenu compte. Qu'à cela ne tienne, toute cette partie exploration enrichit considérablement l'univers de Jet Force Gemini. Les niveaux que vous visiterez sont variés et immenses pour la plupart. Ils vont de la simple planète natale des Nounouss jusqu'au palais de Mizar, en passant par les stations spatiales et les planètes volcaniques, marécageuses et minières. Certains niveaux comme la jolie planète Azur (qui rappelle fortement le Col de la Montagne Lune de Starfox Adventures) ne sont constitués que d'une seule partie. Mais généralement ils comportent entre deux et quatre sous-niveaux. Dès la première partie du jeu on prend conscience de la richesse architecturale de certains d'entre eux. Quand on atterrit sur la planète Tawfrett, par exemple, on démarre dans un marais brumeux inquiétant (la musique d'ambiance est excellente), on tombe sur des ruines, puis on termine dans un vaste château envahi par l'ennemi. Dans le même genre, je peux vous citer la planète volcanique Eschebone qui constitue un moment d'anthologie à elle seule! Cette planète inhospitalière comporte des formes de vie étranges. Après avoir failli être brûlé par la lave, on se trouve face à une créature monstrueuse (immobile) qui tente de nous dévorer. Une fois étourdie, il faut entrer à l'intérieur en passant par sa gueule et visiter ses entrailles. Son thorax constitue à lui seul un sous-niveau ! On est donc plongé dans un niveau organique absolument génial. Plus tard dans le jeu, on peut même visiter la zone du cortex. Quand on sort de la bête, ce qui vous attend est absolument phénoménal ! Ce niveau est absolument génial ! Il ne faut pas non plus oublier le palais de Mizar qui est une franche réussite également (et la musique est excellente encore une fois). La particularité de ce niveau est que les trois personnages l'abordent de façons différentes afin d'entrer dans la cour intérieure du palais. Esthétiquement ce niveau m'a marqué avec son sol réfléchissant et son décor égyptien (pyramides, pseudo-hiéroglyphes, etc). Mais ce n'est qu'au cours de la seconde partie que l'exploration va révéler la réelle valeur de la plupart des niveaux. Comme l'exploration est très ouverte, on peut enfin ouvrir de nouvelles portes et accéder à de nouvelles zones grâce aux différents personnages. Au fur et à mesure qu'on découvre de nouvelles zones, on va de surprise en surprise. La station spatiale Anubis devient absolument énorme lorsqu'on découvre ses nouvelles sections. La base militaire d'Ichor cache un bâtiment pour le moins insolite dans ce genre d'endroit : les fans de Conker's Bad Fur Day ne seront qu'à moitié surpris ! La très belle planète Rith Essa nous émerveille de bout en bout avec ses falaises, ses précipices, et sa mine. La mine de Rith Essa est un endroit paisible ne comportant absolument aucun ennemi. La musique qu'on entend est très belle et reposante, par moments mélancolique. En l'explorant à fond, on y trouve beaucoup de Nounouss en train de travailler. La planète Goldwood (berceau des Nounouss) révèle son vrai visage quand on se met à l'explorer réellement. Au début on se disait que cette planète était très superficielle du fait qu'elle servait de tutorial. Mais elle est beaucoup plus grande qu'on ne le croit. Les cavernes y sont assez nombreuses et la forêt luxuriante est vaste (il y a de quoi s'y perdre). Les ennemis y sont plus nombreux et dangereux qu'à l'accoutumée. Cette planète cache vraiment bien son jeu, pour notre plus grand plaisir. Certains niveaux ne comportant qu'une seule zone s'en sortent également haut la main comme le croiseur Sekhmet. Enfin, il ne faut pas oublier de parler de la dernière richesse qu'apporte l'exploration. Certains niveaux comportent des sorties alternatives nous permettant d'accéder à des niveaux annexes beaucoup plus petits que les autres. Pour les trouver, il faut là encore chercher partout en utilisant les capacités propres des personnages et en se servant du jet pack pour rejoindre certaines plates-formes en hauteur. Ces sorties alternatives sont elles aussi symbolisées par une navette. Une fois le niveau alternatif débloqué, on peut y revenir autant de fois qu'on veut à partir du menu de la carte, et ce avec n'importe quel personnage. Ces niveaux sont généralement très calmes et permettent de souffler un peu (à part l'inquiétante station spatiale abandonnée). Il faut là aussi sauver les Nounouss qui s'y cachent et trouver les dernières pièces du vaisseau. Toute cette partie exploration rend l'univers de Jet Force Gemini encore plus attachant qu'avant. L'aspect parodique du jeu vient se greffer subtilement à l'ensemble, sans nuire à l'ambiance Star Wars qui y règne. Par dessus le marché, les Nounouss font énormément penser aux Ewoks. Il ne manque que des phases de shoot dans l'espace pour que l'analogie avec la série de George Lucas soit complète. Jet Force Gemini est mi-parodique, mi-sérieux. Une des choses les plus marquantes est l'aspect enfantin du titre. À l'origine, Juno et Vela étaient des enfants, mais à la dernière minute ils ont été remodelés pour je ne sais quelle raison : c'est pour ça qu'ils ont l'air « bizarres ». Pourtant ils ont conservé leur aspect enfantin, même après avoir grandi. Juno représente le Space Ranger dans toute sa splendeur, mais il fait plutôt penser à un grand enfant (son costume n'a absolument rien de réaliste). Vela, quant à elle, est la parfaite mignonnette à jupette courte. Leur aspect enfantin se ressent également à travers leur comportement en combat. Il faut dire que les héros ne font pas dans la finesse et ont tendance à se défouler, exactement comme des gosses. Ils sont accompagnés d'un robot très mignon qui fait lui aussi penser à un jouet. De plus, leur armes dévastatrices s'apparentent davantage à des jouets ou à des pistolets à eau, qu'à de véritables armes. D'ailleurs j'apprécie beaucoup la traduction de notre cher Julien Bardakoff. Essayez de rester sérieux en maniant une « sulfateuse » (mitraillette), une « gicleuse plasma », un « fusil d'lâche » (fusil à lunette), un « lance-croquettes », un « lance-fouineuses », ou encore une « étoile-à-Janin » (shuriken) ! Enfin, si on réfléchit un peu, leur quête se résume à combattre des insectes géants répugnants (ça commence bien) pour sauver... des ours en peluche ! C'est mignon tout plein, non ? Tiens, parlons un peu du chien. Ne croyez-pas que Lupus soit un berger allemand, un labrador ou quoi que ce soit ! Non, c'est vraiment le petit chien tout mignon qui pousse des « kaï ! kaï ! » attendrissants à chaque fois qu'il se fait toucher par des tirs ennemis (absolument irrésistible). Mais attention, hein, il est redoutable ce chien, un véritable cador. En plus il se prend au sérieux quand il pousse un « aouuuh ! » à chaque fois qu'il ouvre un coffre : fou rire garanti. Il a l'air ridicule avec son arme sur le dos. Enfin, il possède une sorte de propulseur sur chacune de ses pattes. Je peux vous dire que quand il survole un précipice, la scène est assez cocasse : on se demande ce que les développeurs ont fumé. Jet Force Gemini est fort imparfait. Il faut dire que le jeu comporte de nombreux défauts qui l'empêchent de se hisser parmi les meilleurs Rare, du moins si on adopte un point de vue objectif. La maniabilité est assez délicate et nécessite quelques heures de pratique avant de commencer à la maîtriser. Et même quand on s'y fait, quelques défauts subsistent comme la caméra capricieuse et les sauts un peu mous. De plus, graphismes sublimes ne veut pas forcément dire fluidité exemplaire, et Jet Force Gemini en fait un peu les frais malheureusement. Dans certains niveaux comme la base militaire d'Ichor, le framerate est assez catastrophique. Enfin, je pense que la quête des Nounouss n'aurait jamais dû être obligatoire car elle peut être rébarbative aux yeux de certains. Vu la façon dont j'énonce les défauts, ça peut sembler beaucoup voire impardonnable. J'ai bien failli abandonner le jeu à cause de ça, d'autant plus qu'il ne me faisait absolument pas envie à l'origine. Et pourtant, je m'y suis attaché comme jamais, si bien que tous ces défauts n'ont fait que le rendre attendrissant à mes yeux. L'ambiance de Jet Force Gemini est absolument incomparable et unique, Rare si l'on puit dire. Il faut dire que l'aspect enfantin du titre, conjuguée à l'ambiance Star Wars qui y règne, a créé un mélange absolumentdétonnant à mes yeux. Le souffle épique qui s'en dégage m'a, pour ainsi dire, remué dans tous les sens ! Alors certes, Jet Force Gemini n'est sûrement pas le meilleur jeu Rare, mais j'estime en revanche que c'est un des plus originaux et audacieux que le studio ait pu concevoir. Peut-être même trop riche vu que le jeu est trop long pour la plupart des gens. Mais il n'empêche que Jet Force Gemini est devenu un de mes jeux Rare préférés, aux côtés de Banjo-Tooie et de Donkey Kong Country 2. J'en garderai pour toujours un merveilleux souvenir ! Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (32 réactions) |