Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Erhynn Megid (12 avril 2010) Comment décrire Infinite Undiscovery ? Par où commencer ? Commençons par tri-Ace tiens. Équipe fétiche de chez Enix, tri-Ace a enchainée les pépites comme Tales of Phantasia sur Super Famicom (à l'époque encore nommée Wolf Team) pour le compte de Namco, puis peu après Star Ocean, toujours sur Super Famicom - alors que la PlayStation est déjà arrivée au Japon. C'est sur cette dernière que tri-Ace va se faire connaître officiellement du public américain et européen. Star Ocean: The Second Story est en effet le premier jeu de l'équipe à arriver en France, et traduit (bien qu'avec de nombreuses fautes – mais moins que dans Final Fantasy VII). La qualité somme toute relative du scénario, assez mal raconté, est vite excusée grâce au système de combat. C'est d'ailleurs une constante chez eux : le système de combat est toujours novateur, il change radicalement de ce qu'on a l'habitude de voir. Et ce n'est pas le chef d'œuvre suivant qui viendra me contredire : Valkyrie Profile met tout le monde d'accord (sauf les Européens qui n'y auront droit que dix ans plus tard sur PsP, mais en Anglais uniquement). tri-Ace, c'est aussi la musique de Motoï Sakuraba. Depuis Tales of Phantasia où le thème d'introduction est chanté (sur Super Nintendo !) et où certains thèmes musicaux ont marqué (et marquent encore) les esprits, le public commence à reconnaître chez ce bonhomme un grand talent. Ses envolées magistrales dans Star Ocean: The Second Story (Theme of Rena, Venerable Forest, White The Heart, Intragral Body and Imperfect Soul et le magnifique générique de fin, We Form in Crystals, pour ne nommer que celles-ci) ne font que confirmer son talent. Valkyrie Profile enfonce le clou, et plus personne ne remettra ses capacités en doute. L'homme s'occupe aussi d'autres jeux, notamment d'une grosse partie de la série des Tales of, dont on remarquera une qualité malheureusement très inégale. Il se rattrapera énormément sur les deux excellents opus de Baten Kaitos (dont Origins que je n'ai hélas toujours pas obtenu). Les aventures de tri-Ace continuent sur Ps2 avec Star Ocean: Till The End of Time (qui a semble t-il bouleversé tous les fans à cause de son rebondissement final à donner des envies de meurtres), Valkyrie Profile 2: Sylmeria, et enfin Radiata Stories dont j'ignore tout. Puis, lorsque SquareEnix annonce des projets pour la Xbox 360, un premier jeu est montré, bien que dans un état de développement moyennement avancé. Le ton est donné d'office, ça à l'air très sérieux et la musique a déjà l'odeur d'un Sakuraba, malgré des mélodies très différentes. Puis plus rien sur le jeu jusqu'à quelques mois avant sa sortie. Son arrivée dans les rayons a été une surprise d'ailleurs, je ne l'attendais plus vraiment. Pour un jeu SquareEnix / tri-Ace, c'était très surprenant. Je me suis donc pris Infinite Undiscovery, malgré les avis très négatifs de la presse, sans vraiment savoir dans quoi j'allais tomber, sinon un jeu avec une difficulté mal dosée et un système de combat à dompter. Sauf que c'est pire que ça. Ce n'est pas le joueur qui dompte le jeu. C'est le jeu qui dompte le joueur. Infinite Undiscovery vous fait comprendre que dans la vie rien n'est facile ni ne tombe tout cuit dans le bec. Bien que le choix du mode Facile soit tentant en raison d'une difficulté somme toute élevée (surtout pour un néophyte), je déconseille fortement ce mode et ce, pour plusieurs raisons : - La Porte Séraphique, donjon supplémentaire qui se débloque une fois le jeu terminé, est inaccessible, et cela vous prive de combats mémorables. Vous incarnez Capell, jeune ménestrel sans histoires. Ce dernier se retrouve pourtant jeté dans une prison de haute sécurité perdue au fin fond d'une forêt labyrinthique. L'Ordre des Chaînes, un mouvement religieux ayant mis à genoux toutes les autorités de chaque continent, pense en effet dur comme fer que Capell est en réalité Lord Sigmund, le leader de la résistance qui est l'un des seuls à s'opposer à leur Ordre. Il faut dire que le ménestrel ressemble comme deux gouttes d'eau au charismatique guerrier. L'Ordre des Chaînes porte bien son nom. Menée d'une main de fer par le Dreadknight Léonid et ses fidèles Chevaliers de l'Ordre, le mouvement a crée de monstrueuses et gigantesques chaînes magiques pour enchaîner la Lune à la Terre. Une vingtaine de chaînes relient ainsi la Lune au sol, provoquant des effets dévastateurs sur l'environnement et le comportement des animaux, dont beaucoup sont devenus des monstres. Lord Sigmund est à ce jour le seul capable de détruire les chaînes, et ses actes héroïques, alors qu'il n'a absolument rien à gagner dans cette guerre contre l'Ordre, font de lui un symbole pour la résistance. Plusieurs membres l'ont rejoint dans sa quête pour libérer la Lune. Mais aux dernières nouvelles, la destruction d'une des chaines s'est mal passée, Sigmund et son équipe ayant été repoussés par le Dreadknight en personne (la vidéo d'introduction du jeu montre ce combat). Les équipiers de Lord Sigmund sont dispersés et la nouvelle de sa capture s'est répandue comme une trainée de poudre. C'est alors qu'intervient Aya, une jeune archère membre de la résistance. Elle aussi, est convaincue que Capell est Lord Sigmund vu à quel point leur ressemblance est troublante. Elle va cependant tomber de haut quand elle s'apercevra que Capell n'a rien d'un guerrier, qu'il est pleutre et préfère rester dans sa cellule plutôt que de tenter de fuir ! Malheureusement, leurs tergiversations vont alerter les gardes, et Aya, blessée à cause de son dernier combat, perd connaissance. Capell ramasse une épée et le combat commence. Comme dit plus haut, tri-Ace oblige, on découvre ici un système de combat tout nouveau et riche. Premièrement, tout est entièrement en temps réel. Tout. Imaginez Zelda : c'est pareil, mais à la sauce Star Ocean (vos équipiers agissent de leur propre initiative). Mais la comparaison avec Star Ocean et Zelda s'arrête ici. Tout se déroulant sans le moindre temps mort (pas de distorsions graphiques menant à une arène fermée ni d'attente pour passer en mode combat), il va falloir prendre le jeu en main très rapidement car se rendre dans les menus ne met pas le jeu en pause ! Appuyer sur Start met bien le jeu en pause mais n'affiche qu'un résumé de l'histoire et le temps passé sur le jeu, c'est tout ! Infinite Undiscovery vous pousse à organiser votre façon de jouer, et à réagir vite et bien. Le début du jeu vous explique heureusement en images et très brièvement, comment se déroule le gameplay en fonction des situations. Chaque tutoriel est disponible à volonté dans un menu dédié, et ils ne sont jamais intrusifs. Sachez tout d'abord que vous ne contrôlerez, du début à la fin du jeu, que Capell. Vos équipiers pourront être utilisés mais seulement pour réaliser une action ou vous suivre dans un village, mais en dehors de cela, ils seront dirigés par l'IA. Ça fait un choc pour un ancien de Star Ocean et des Tales of. Sachez également que la gâchette RT du pad Xbox 360 permet de dégainer et de rengainer l'arme de Capell. Lorsque l'arme est rangée, impossible de se battre, en revanche vous courez plus vite. Sachez qu'en équipe, si Capell rengaine son arme, TOUTE L'ÉQUIPE rengaine son arme et la ressort s'il la dégaine. Pour le tout premier combat, vous êtes seul, ce qui permet de commencer tout doucement face aux deux soldats qui se jettent sur Capell. Ce dernier ne peut utiliser de magie. En revanche, pendant et en dehors des combats, il peut utiliser sa flûte qui lui sera très utile bien plus tard. -A- sert à attaquer. Capell dispose d'un enchaînement de trois coups. Maintenir A permet d'utiliser une puissante attaque spéciale. En mode Normal, le combat ne pose pas trop de soucis (c'est une autre histoire en mode Hard, et c'est encore pire en mode Infinite, ce combat devenant alors certainement le plus difficile du jeu) et permet de se familiariser avec le personnage. Le combat terminé, Aya se réveille et commence à comprendre que Capell n'a rien de Lord Sigmund, c'est même le parfait opposé. Commence alors la fuite de la prison. Entre deux tutoriaux vous expliquant comment se connecter à votre allié le plus proche, le jeu finit par expliquer que la touche Y permet de demander de l'aide (en l'occurrence des soins, un remède contre un état anormal ou soigner le groupe) aux équipiers. Je vous présente donc, la touche Y, votre nouveau meilleur ami dans ce monde. En effet, vu qu'on ne peut pas contrôler un autre personnage que Capell, il va falloir se mettre à sa place. Lorsque vos alliés disposent de magie, ils peuvent donc – s'ils ne sont pas en train de se faire poursuivre par un ennemi ou attaquer - lancer une incantation de soins. S'ils ne sont pas magiciens, ils fouilleront dans l'inventaire pour utiliser un objet approprié. Car oui, tous les objets de soins, de guérison aux états anormaux et de résurrection peuvent être utilisés par le groupe, c'est une grande première et dans la majeure partie des cas, cela est bien fait. Il arrive souvent aussi, que vos équipiers vous soignent sans avoir à le demander mais en pleine action, il faut dire qu'ils n'ont pas que ça à faire. Mais attention, la touche Y a plusieurs failles : si Capell est rendu muet par un maléfice, il ne pourra bien entendu pas crier à l'aide. S'il est rendu KO, il faudra que vos équipiers disposent d'un objet de ranimation ou qu'ils connaissent un tel sort, et qu'ils trouvent le temps de le faire ! Pire encore : si vos équipiers sont rendus sourds, vous aurez beau crier, ils ne vous entendront pas. En revanche, s'ils vous voient dans un piteux état, ou si eux-mêmes vont mal, ils pourront faire quelque chose. Ils peuvent donc également se soigner et utiliser un objet (ce qui doit être paramétré manuellement de A à Z dans des jeux plus récents tels que Dragon Age: Origins). Infinite Undiscovery montre donc à quel point vous allez avoir recours à vos équipiers. Un passage du second DVD vous laisse d'ailleurs seul avec Capell, dans une grotte remplie d'insectes géants, histoire de bien vous faire comprendre que sans vos alliés, vous ne valez pas tripette. En dehors des combats, Infinite Undiscovery se déroule de façon classique pour un J-RPG - comprendre : donjon, ville, exploration sur de grandes zones, parler aux villageois, faire quelques quêtes... (important : les quêtes permettent d'acquérir très tôt des objets d'une utilité inimaginable comme Exp x2 pour toute l'équipe dès le second village !) Lorsque le scénario le requiert, votre équipe au complet vous accompagnera lors des explorations : ce qui fait qu'on se retrouve parfois à 12 personnages qui se promènent et qui affrontent des ennemis librement. Heureusement, si leurs points de vies descendent à 0 et qu'ils n'ont rien pour se soigner, ils ne combattront plus mais ne seront pas morts. Le jeu note d'ailleurs comment votre équipe s'en sort, et attribue de grosses récompenses en Exp et en objets. Au fil des tutoriels, le menu principal fait apparaître de nouvelles possibilités comme la création d'objets. Que serait un jeu tri-Ace sans ce genre de menu ? On se le demande ! Il faut savoir que cette compétence est disponible pour tout le monde sauf Capell, qui lui dispose d'un pouvoir d'enchantement, et que plus vous fabriquez / enchantez, plus ce talent s'améliore et permet de créer plein de nouveaux items. Les Coupons A et B disponibles gratuitement sur le Marché Xbox Live mettent à disposition de tous les revendeurs du jeu les matériaux de base pour la fabrication d'objets, ce qui est un plus inouï quand on réalise a quel point il est difficile et laborieux d'en trouver ne serait-ce qu'une unité de chaque (de base !) ! Il ne faut surtout pas négliger cet aspect du jeu, car en plus d'avoir un équipement très puissant, il permettra de remplir facilement les bourses de Capell, l'argent étant une denrée très rare dans Infinite Undiscovery. Pour en revenir à la création d'objets, pratiquement chaque personnage possède sa propre technique. Capell, par exemple, peut enchanter temporairement l'équipement avec des bonus très intéressants (Gold +30%, Exp x3, Attaque +500 etc). Plus vous pratiquez la compétence de création d'un personnage, plus elle s'améliore et rajoute à chaque niveau de nouvelles possibilités. Plusieurs équipiers ont une mini quête secondaire leur permettant d'améliorer considérablement leurs dons de création (également renforcés dès l'entrée dans le donjon bonus, la Porte Séraphique). À vrai dire, avec les deux Coupons du Xbox Live, il est possible de se forger un équipement très puissant pour les guerriers dès qu'Edward rejoint le groupe : un marchand se trouve juste à coté, et en fouillant un peu, on parvient à se faire de l'argent sur l'équipement revendu par rapport aux matériaux nécessaires. Ainsi, il devient aisé de s'améliorer à moindre coût, moyennant un peu de temps. Au rang des regrets (et il y en a), citons : les déplacements à pied, du début à la fin. Bien que pouvoir chevaucher Gustav (un Ours géant dont la fourrure est entièrement modélisée) soit pratique, l'animal chute au moindre pet de travers. La mini map n'est pas particulièrement pratique car elle se remplit très lentement. Les Succès frisent l'impossible (« avoir 10 millions de Fols », « posséder tous les objets du jeu », « faire tout le jeu et vaincre la Reine Éthérée en difficulté maximale »). Citons également la difficulté très mal dosée, notamment au début du premier DVD, qui a sûrement incité beaucoup de joueurs à arrêter là. Citons également le doublage horrible de quelques personnages (Gustav et le gros bourrin en tête de liste) qui heureusement ne l'ouvrent pas souvent, l'écriture hasardeuse du scénario (problème récurrent avec tri-Ace hélas) ou certaines cut-scenes où le doublage n'a pas été rajouté au jeu pour accélérer la sortie aux États-Unis et en Europe ! Enfin, il arrive au jeu de ramer lorsque tout le monde y met du sien en combat, rendant les joutes plus confuses encore, mais ça, dans un jeu tri-Ace il faut s'attendre à ne plus trop savoir ce qui se passe parfois. Point final dans les défauts qui me viennent à l'esprit : l'absence TOTALE de traduction française. En 2008 ça fait tâche M. SquareEnix. Ce jeu a failli retourner voir mon revendeur trois fois. Après m'être décidé à reprendre ma partie, j'ai découvert avec joie le second DVD. Ce jeu marque peut-être le début du désaccord entre tri-Ace et SquareEnix. Aujourd'hui, les deux studios ne travaillent plus ensemble (End of Eternity / Resonances of Fate pour le compte de Sega), ce qui est une grande première. Il semblerait que Star Ocean IV: The Last Hope ait été un traumatisme pour tri-Ace, à tel point qu'ils prétendent ne jamais avoir participé au développement du jeu (cf : Interview de tri-Ace et Sega sur GameBlog.fr) ! Pour ma part, Infinite Undiscovery n'est pas le RPG du siècle, mais une première tentative courageuse de la part de tri-Ace, avec des défauts assez gênants mais aussi des qualités indéniables. Le fait d'être un personnage quelconque au sein d'une troupe de héros, de vraiment devoir compter sur les alliés, de se rendre compte à quel point seul on ne vaut rien dans le jeu, provoque parfois de grands moments épiques lors de l'affrontement contre un des Chevalier de l'Ordre. Parcourir une zone gigantesque avec douze équipiers, le tout bercé dans une musique magistrale et entrainante, est enivrant. Les personnages sont attachants et émouvants, bien plus que dans un Final Fantasy moderne : ici on voit l'histoire au travers des yeux de Capell, légèrement obsédé, amoureux (mais pas de celle à qui on pense), lâche mais pas chétif, qui va devenir brutalement héros malgré lui. Sources, remerciements, liens supplémentaires : Images et Artworks : squarehaven.com, 360.IGN.uk Un avis sur l'article ? 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