Avant de devenir un jeu portable sur GBA, la série Hang-On voulait encore s'illustrer sur une console de salon. Fidèles à leur maître, les motos colorées se sont directement adressées à la nouvelle console de Sega : la Saturn. Peu disposée à accueillir docilement un jeu d'arcade de la décennie présente, la Saturn impose ses conditions. Si Hang-On veut revivre, ce sera sur CD, dans une formule différente et surtout... en 3D. C'est à prendre ou à laisser !

Hang-On a-t-il eu raison de se plier aux exigences de la mode de l'époque ? Laissons le soin à Shenron de nous répondre. Shenron, c'est à toi, et encore un grand merci pour ton aide !

Hang On GP’95 (Japon) / Hang On GP (USA) / Hang On GP’96 (Europe)

La 32 Bits de Sega a également eu droit à sa version du mythique Hang On, mais celle-ci prend un virage inattendu. Finis les grands espaces, bonjour aux circuits fermés. Hang On GP vous met aux commandes d’une dizaine de motos aux caractéristiques (moteur, adhérence freinage et cadre) différentes sur 6 circuits. Ou plutôt 3 circuits, chacun existant dans deux versions : une courte, disponible dès le début du jeu, et une longue que l’on débloque en étant bien classé dans la précédente.

Les courses opposent 20 concurrents et, comme il est d’usage à l’époque, vous font commencer à la dernière place. À vous de remonter tous les concurrents, le premier étant bien entendu très coriace et ne laissant que peu de place aux approximations de pilotage.

Si le principe du jeu l’éloigne un peu de son ancêtre, la maniabilité de Hang On GP l’en rapproche, la conduite étant on ne peut plus arcade. Un bouton pour freiner, un pour accélérer, les gâchettes pour passer les rapports en mode manuel, et roulez jeunesse ! Pas de gestion des dégâts, pas de futilités comme les dérapages ou les transferts de masse ; une pression à droite, et la moto penche à droite, point barre. De fait, contrairement à un Manx TT, plus souple, la conduite dans Hang On GP se fait par à-coups. Il n’est donc pas évident de maîtriser complètement son véhicule au premier abord. Pourtant, il faut vite s’y faire, car le moindre passage dans l’herbe ralentit considérablement la moto. Pire, une approche un peu trop frontale avec un mur, même à vitesse réduite, et c’est le drame : la moto s’envole, le pilote est éjecté, de précieuses secondes s’envolent. Pour plus de confort, il est possible de choisir entre la vue subjective et deux vues à la troisième personne, plus ou moins éloignées. Les trois sont d’ailleurs tout à fait jouables.

On met donc un certain temps à se faire à la conduite un tantinet rigide des bolides, mais elle se révèle finalement assez agréable à l’usage. Étant une quiche en jeux de course, je n’ai pas plus approfondi que ça, et si la marge de progression ne semble pas gigantesque, elle a l’air néanmoins suffisante pour passer un peu de temps à s’améliorer. Les circuits, bien conçus, participent au plaisir de la conduite. En revanche, la gestion des collisions est assez mal gérée : si une touchette avec un mur peut vous éjecter du véhicule, on traverse allègrement les autres concurrents.

Techniquement, le titre, qui fait partie de la première génération de jeux Saturn, tient tout à fait la route et est même supérieur à Daytona USA. Les graphismes sont agréables, l’animation est fluide et le clipping, s’il est présent, n’est pas très gênant, les circuits étant assez vallonnés. En revanche, si les musiques sont excellentes, on ne peut pas en dire autant du bruit du moteur qui rappelle davantage le bourdonnement d’un moustique (vous savez, celui qui vous tourne autour des oreilles la nuit et qui se barre dès que vous allumez la lumière, pour revenir aussi sec quand vous vous recouchez) que d’un engin de 500 chevaux.

Sega ne s’est pas trop foulé non plus au niveau de l’habillage et des modes de jeu : les menus sont austères (tout au plus a-t-on droit à une digit vocale sur la version US), et on est obligé de retourner à l’écran titre (en se tapant les temps de chargement) après chaque course. De plus, seuls deux modes sont disponibles : Grand Prix et Time Trial. Le premier est en fait un mode « Course simple » déguisé, avec ceci de plus qu’il enregistre vos résultats à chaque course, et il n’y a pas de classement sur l’ensemble des courses. On regrettera également l’absence d’un mode deux joueurs ou l’impossibilité d’effectuer des réglages sur les motos.

Hang On GP est un titre agréable qui est loin de faire honte à son illustre aîné. Et si les amateurs de course arcade lui préféreront Manx TT ou Sega Rally, il a sa place dans la ludothèque des amateurs de course, pour peu qu’ils soient un peu indulgents.

- Shenron

Merci Shenron pour cet avis globalement positif sur le dernier volet en date de la série. Pour vous faire une idée plus précise du jeu, voici une vidéo de gameplay toujours réalisée par Shenron.

Trois petits tours en puis s'en va... À l'heure d'écrire le présent article, quinze ans nous séparent de la sortie de Hang On GP. Il est donc probable que Sega ait définitivement tiré un trait sur l'un de ses jeux d'arcade les plus emblématiques. Néanmoins, tout espoir n'est peut-être pas perdu. En sortant récemment de nouvelles versions d'Out Run et d'After Burner dans leur formule originale, Sega donne l'impression de vouloir revisiter ses classiques. Certes, Hang-On n'a pas la réputation des deux géants précités, mais il serait dommage que l'idée d'un nouveau Hang-On ne germe pas, un de ces jours, dans l'esprit d'un développeur. Pas besoin de chercher bien loin des musiques : les versions réarrangées des Outride a crisis, Winning Run, Sprinter et Hard Road présentes sur la bande originale anniversaire de la série (et trouvables sur grooveshark.com) meurent d'envie de faire rugir leurs guitares dans une nouvelle mouture de Hang-On. Qu'il faille mettre à jour cet article en conséquence, c'est tout le mal que vous pouvez souhaiter à son auteur.