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Barbarian : The Ultimate Warrior
Année : 1987
Système : Amiga, Amstrad CPC, Apple II, Atari ST, C64, Windows, ZX Spectrum
Développeur : Palace Software
Éditeur : Palace Software
Genre : Action / Jeu de Combat (VS fighting)
[voir détails]
Par JPB (05 janvier 2004)

Note de la rédaction : pour de pures raisons d'éthique journalistique, nous avons laissé certaines image de cet article en grand format. Toutes nos excuses aux oubliés du haut-débit.

La société Palace Software est connue des joueurs de l'époque C64/Amstrad. Si on devait trouver un seul titre avant Barbarian, ce serait facile : Cauldron ! Mais Palace Software a édité de nombreux autres hits, tels que (pêle-mêle) : Barbarian puis Barbarian II - The Dungeon of Drax, Cauldron 2, L'Armure Sacrée d'Antiriad, Rimrunner, Cosmic Pirate, Swap...

Un de leurs hits fut donc Barbarian, the Ultimate Warrior (Le Guerrier Absolu). D'abord sorti sur 8-bits, ce jeu fut adapté sur la plupart des machines de l'époque et fit un vrai carton malgré les scènes violentes qu'il offrait aux joueurs. Un vrai succès sur toutes les machines ! À noter qu'il fut édité outre-Atlantique sous le nom de Death Sword, et distribué par Epyx.

Il n'a pas l'air commode le barbare. Par contre la fille...

Mais surtout, lors de sa sortie, Barbarian fit scandale. D'abord à cause de sa violence comme je le disais plus haut (et comme vous le verrez plus loin), ensuite... parce que sur la jaquette, la Princesse est pratiquement toute nue ! Et en plus... Dans la boîte il y a un poster de la belle ! Ahlala, ces barbares tout de même... Saluons Maria Whittaker et Michael van Wijk qui prirent ici une des premières poses les plus controversées de l'histoire des jeux vidéo...

Une autre version de la jaquette...
... avec la dame de l'autre côté...

Merchandising, quand tu nous tiens... Je ne sais pas si vous, vous pensez que ce genre d'illustration booste les ventes d'un jeu. Allez savoir si l'engouement pour Barbarian était réellement dû à la photo, ou simplement si le jeu était suffisamment bon pour justifier son succès... La rumeur maintient en tout cas que la jaquette (et le poster) furent déterminants !

Venez, ça va saigner !

Et l'histoire dans tout ça ?
La voici.

Drax est un méchant. Pas de doute, il a même enlevé la Princesse Mariana pour le prouver aux autres. Il ne l'a pas enlevée comme ça, bien sûr : il a menacé tous les habitants de la ville de se livrer à une petite manifestation de son pouvoir maléfique. Et ils ont eu peur, les lâches ! Je ne sais pas si ce sont eux qui ont livré la Princesse à Drax, ou si elle s'est livrée elle-même comme toute Princesse civique qui se respecte, mais le fait est là : elle est prisonnière de Drax, point.
Et comme Drax est un méchant vraiment méchant, pas une brute épaisse (lui), il accorde la liberté à la princesse s'il se trouve un champion capable de vaincre ses gardes. Je ne vous le fais pas dire : c'est facile comme marché, parce que personne jusque là n'a réussi à en égratigner un.

Et puis... Un jour...
Un barbare inconnu arrive, depuis des terres lointaines inconnues... Et si on ne sait rien de lui, une chose est sûre : c'est un guerrier hors-pair... Y'a qu'à voir comment il manie son épée.
Alors ? Est-ce que lui va réussir là où tous les autres ont échoué ? Pourra-t-il vaincre les Forces des Ténèbres, accessoirement Drax, et libérer la Princesse Mariana (voire plus si affinités) ?

Les commandes

Au lancement du jeu sur Amiga, l'écran de présentation est triste. Une simple page de scores.

Rien de particulier pour une fois. Le spectacle est ailleurs...

Il faut appuyer sur F1 pour un joueur, ou F2 pour deux joueurs, ou alors la démo démarrera et vous pourrez regarder deux combattants se mettre tout ce qu'ils peuvent sur la tronche.
16 mouvements sont disponibles, soit 8 sans appuyer sur le bouton de tir, et 8 en le laissant appuyé (je vous conseille vivement de jouer au joystick). Voici le tableau pour le joueur de gauche (celui qu'on dirige quand on joue seul). Évidemment, quand on incarne le joueur de droite, ou si les deux personnages ont inversé leurs positions, il faut tenir compte des directions droite/gauche inversées.

Mouvements sans appuyer...
... et en appuyant sur le bouton de tir.

Impossible de faire mieux, et plus simple. Pas moyen de faire plus de mouvements. Les combos n'existaient pas encore, c'est vrai que ç'aurait pu être marrant d'avoir des combinaisons... Mais bon, la décapitation en elle-même est un spectacle qui vaut tous les combos du monde ! (NdL : la roulade avant propulse l'adversaire à terre, et il perd un peu d'énergie. Il est alors possible d'enchaîner sur une autre roulade avant qu'il ait pu se relever, et ainsi de suite jusqu'à sa mort. C'est une faille du jeu qui permet de battre tous les adversaires jusqu'à Drax.)

Je me souviens que ce jeu mettait à dure épreuve nos braves joysticks de l'époque. En plus, personnellement, j'utilisais un Quickshot, genre manche à balai (à l'époque, j'adorais les simulateurs de vol), et ma manette grinçait fortement quand je jouais !

Le combat

Au début, votre guerrier (peau claire et tunique grise) s'approche de la droite de l'écran. En face, un autre guerrier, dont les couleurs de peau et de tunique sont différentes. En effet, ces deux éléments seront les seuls changements entre les adversaires que vous affronterez : pas de petit ni de grand, de gros ni de maigre : les barbares sont tous identiques physiquement. De vrais clones. De vous d'ailleurs !

Le premier combat, les guerriers s'avancent. "Prepare to Die !"

Votre résistance est symbolisée par 6 ronds rouges, au-dessus de la tête du serpent qui se trouve du côté où vous avez fait votre entrée à l'écran (attention, les serpents ne changent pas de côté quand les guerriers ont inversé leur position).

Les choses sérieuses commencent.
Moulinet à gauche, coup en hauteur à droite.

À chaque coup encaissé, vous perdez un demi rond. Ce qui fait, si je ne me trompe pas, 12 coups que vous pouvez encaisser, comme le permis de conduire. Ça peut paraître beaucoup, mais des fois vous vous retrouvez acculé et les points disparaissent à toute vitesse.
À part la décapitation (voir plus loin), tous les coups sont aussi puissants, et chacun coûte 1/2 rond.

Le serpent hurle : le guerrier a mal.
Le coup de boule, très rapide.

Les combats sont très rapides, il n'y a pas le moindre temps mort. Si vous jouez contre l'ordinateur, les adversaires sont paraît-il de plus en plus subtils, mais honnêtement : dès le premier vous serez à rude affaire. Et puis, il y a toujours moyen de les décapiter par surprise, et tous sont autant susceptibles de se faire étêter !

Un coup de pied en pleine figure.
Un des guerriers s'écroule, vaincu.

Une fois qu'il y a un vainqueur et un vaincu (j'espère de tout cœur que c'est vous le vainqueur), un rire sardonique se fait entendre. Et soudain, un petit gnome vert apparaît de la gauche de l'écran et emporte tranquillement le cadavre pour... pour en faire quoi d'ailleurs ? La suite ne nous regarde pas.
Le vainqueur, lui, sort de l'arène. En piste pour un nouveau combat !

Le gagnant lève son épée en signe de victoire.
Le gnome surgit et emporte le cadavre...

Vous devrez combattre dans 4 environnements : la forêt, les montagnes, la Salle du Trône de Drax qui vous surveille sans mot dire, et enfin la Fosse : dans ce dernier niveau, Drax est accompagné de Mariana, et tous deux vous regardent depuis le haut de la fosse. C'est là qu'à la fin, vous affronterez Drax lui-même... Et lui, n'est pas armé d'une épée. C'est un sorcier, je vous le rappelle !

La décapitation

Impossible de vous parler de ce jeu sans vous décrire cet acte innommable, barbare (ça tombe bien) et répugnant. Si ça vous dégoûte déjà, allez au chapitre suivant !

Swiiish. Boum. Tac tac tac...

Le barbare fait un tour sur lui-même, et fait tournoyer d'un geste son épée au niveau du cou de son adversaire. Si les conditions sont réunies, la tête de son ennemi vole dans les airs avec un jet de sang. L'homme s'écroule et la tête roule un peu plus loin.
Et le gnome, non content d'emporter le cadavre, shoote dans la tête !

On n'en revenait pas à l'époque. Aujourd'hui, je suis même un peu surpris que le jeu n'ait pas été retiré des ventes : c'était différent de ce qu'on voit maintenant, pas aussi immoral que certains jeux sortis depuis mais plus violent visuellement (regardez GTA3 : c'est bien pire sur de nombreux aspects, mais pas la moindre trace de sang). Et puis, finalement, je me dis que ce n'est qu'un jeu, comme bien d'autres : il faut savoir faire la part des choses entre le jeu et la réalité, et surveiller qui y joue. Et puis inutile de rentrer dans la polémique : Barbarian est sorti il y a déjà 16 ans !

Un replay de l'action.

Mais honnêtement... Quand on joue... Quelle joie d'avoir pu terminer le combat en un seul coup. Surtout quand on joue contre un adversaire humain, voir sa tête effarée (encore en place, elle !) est un pur moment de bonheur !

La réalisation

Le jeu, sorti d'abord sur des machines 8-bits, offre un aspect graphique carré, qui sera légèrement amélioré au niveau des adaptations 16-bits. Les gros points forts de ces versions, ce seront une animation fluide et des bruitages excellents. Mais toutes les versions sont de véritables réussites compte tenu des machines sur lesquelles elles tournent.

Version C64.
Version Amstrad.

La version Amiga étant la seule que je connais, je vais vous dire ce que j'en pense techniquement.

Graphiquement, on aurait sûrement pu améliorer le passage des 8-bits aux 16-bits, mais ce n'est pas trop grave. Par contre, les décors sont jolis, simples mais artistiquement colorés. De toute façon, quand on joue, on se moque bien du décor : on n'a pas le temps de regarder le paysage !

Au niveau animation, rien à redire, elle est fluide et parfaite. Les commandes sont exemplaires, et une fois qu'on se souvient des coups, on les enchaîne sans forcer.

C'est surtout le son qui est génial, avec les cris de douleur des barbares, le tintement des armes qui se heurtent... Le shoot du gnome dans la tête ! Inoubliable. Les cris des barbares sont enregistrés depuis le film Kalidor (Red Sonja aux USA), de Richard Fleisher, avec Arnold Shwarzenegger et Brigitte Nielsen.

Version Spectrum.
Version PC, CGA hein !

Mais à part ça, si on regarde le jeu avec du recul, on se rend compte que Barbarian est extrêmement répétitif. Vous allez combattre au moins 12 fois le même barbare, habillé différemment, et pratiquement aussi costaud au début qu'à la fin. La seule chose qui change, ce sont les probabilités de vous en sortir et votre endurance. C'est pour ça qu'il était tout à fait possible de triompher sans problème de 10 guerriers et de se faire laminer par le 11ème, tout comme il était possible de se faire décapiter au bout de 30 secondes de jeu.

Heureusement, les décors qui changent un peu brisent la monotonie, et surtout l'action tellement soutenue fait qu'on essaie d'avancer à tout prix. C'est ça qui a fait le succès de ce jeu : une action trépidante, et les éléments cités plus haut.
Et surtout, autre raison du succès : contre un adversaire humain, Barbarian battait tous les records. On ne se lassait pas de faire un combat contre un ami. Enfin, si : on se lassait si on s'était fait massacrer 10 fois de suite sans avoir pu faire quoi que ce soit ! À part ça, Barbarian est le type même de jeu pour deux joueurs. Une réalisation parfaite, une réponse immédiate du personnage, un must !

Et ensuite ?

La suite, j'en parlais plus haut, est Barbarian II. C'est un jeu d'aventure/action, avec des combats acharnés contre plein de bestioles plus délirantes les unes que les autres.

Barbarian II, la suite : un labyrinthe doublé d'un jeu de combat.

Un jeu sympa, mais moins bourrin et donc peut-être moins prenant. Il ressemble plus à Barbarian de Psygnosis pour le principe général, sauf qu'ici ce n'est pas le timing qui permet de se débarrasser en un coup de ses adversaires : chaque combat contre un monstre est une lutte de longue haleine. Je vous invite à lire le test complet pour en savoir plus. :-)

Barbarian II sur Amiga.

Pour finir, signalons que le studio français Titus a tenté en 2003 le pari du revival en 3D, Barbarian (développé par Saphire), sur PS2, Xbox, Game Cube et GBA (la version GBA est en 2D, mais n'a rien à voir avec le Barbarian d'origine). En résulte un jeu bien réalisé mais assez moyen coté gameplay, qui a reçu des critiques mitigées et n'a guère bénéficié de l'effet nostalgie. Rien à faire, seul le premier Barbarian fut un gros succès, sans doute parce que c'est le meilleur jeu de la série. Le marketing ne fait peut-être pas tout...

Barbarian, de Titus (2003) : Versions PS2 et GBA.

En tout cas, Barbarian de Palace est un grand jeu, sans aucun doute. Comme on n'en verra plus de nos jours, sans aucun doute non plus !

Un mot à part sur la notation... parce que c'est un peu plus compliqué que d'habitude.

Barbarian fut testé partout, dans plein de versions différentes.

Tilt : là, je dois avouer qu'il y a plein de bizarreries. Curieusement, aucun test en "Tilt Parade" où se trouvaient les meilleurs jeux du moment, comme on aurait pu l'espérer au vu des qualités de Barbarian et des impressions des testeurs ; non, tous les tests sont dans la rubrique "Rolling Soft" (un peu la rubrique "fourre-tout" des autres jeux) voire pire, dans la rubrique "Coup d'OEil" qui servait à référencer les nouvelles versions sans s'étendre sur le sujet...
- versions C64 et Amstrad : Tilt n° 44 (avril 1987), "Rolling Soft" : 16/20 ;
- version ST : Tilt n° 50, "Coup d'OEil" : 12/20 ;
- version Amiga : Tilt n° 56 (juillet/août 1988), "Rolling Soft", mais pas de bol, c'est la photo du Barbarian de Psygnosis qui est affichée : 15/20.

Le plus curieux de tout, c'est que dans Tilt n° 60 (décembre 1988), le Hors-Série qui regroupe tous les titres de l'année, on retrouve toutes ces versions dans la catégorie "Action", avec une note identique de 16/20...  Je n'ai pas trouvé trace d'une version PC ou Spectrum dans Tilt.

Gen4 : plus facile car ne testant que les jeux 16 bits.
- version ST dans le n°2 (janvier/février 1988), 91% ;
- version Amiga dans le n°4 (été 1988) en "nouvelles versions", 91%.

JPB
(05 janvier 2004)
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