Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Jean-Christian Verdez (11 février 2019) Lorsque Defender sort en 1980, il rencontre un succès colossal. Pour autant, ce shooter à défilement horizontal n'est pas un jeu facile, et sa grande difficulté est liée aussi bien à la férocité des différents ennemis qu'à des options de gameplay novatrices, que les joueurs de l'époque n'ont pas toujours pensé à exploiter. Par exemple, le jeu comporte un radar qui laisse entrevoir des choses se passant en temps réel au-delà des limites de ce qui apparaît à l'écran. Mais surtout, le vaisseau que l'on dirige peut aller vers la droite ET vers la gauche. Cette nouveauté a fait de Defender un jeu très en avance sur son temps... Les développeurs transcenderont le concept dans une excellente suite encore plus difficile, Stargate, et dans Robotron 2084, un autre jeu incontournable. Traditionnellement, lorsqu'un jeu d'arcade rencontre le succès, il est inévitablement adapté sur consoles et ordinateurs. Et lorsqu'une machine n'a pas droit à sa version officielle, ou/et si le concept est suffisamment porteur, il n'est pas rare de voir débarquer toute une ribambelle de clones plus ou moins réussis. Defender ne fait pas exception, et même si sa suite et lui ont été adaptés sur de nombreux supports, on trouve à leurs côtés encore plus de versions alternatives : Gorgon, Repton, Defenda, Starblitz, Orbiter, Annihilator, etc. Les micros 8-bit ont abrité de multiples defender-like. Il est en revanche plus rare de trouver des jeux dont les auteurs ont su s'approprier et faire évoluer le concept pour proposer une expérience différente, plus originale. Aquatron est de ceux-là. Bon, laissez-moi briser le suspens tout de suite : selon moi, il s'agit probablement du meilleur shooter de l'Apple II. Il a été développé par Justin Gray, à qui l'on doit aussi la version Apple II de BC's Quest for Tires, et vraisemblablement pas grand-chose d'autre, ce qui est dommage au regard de la qualité de son travail... Aquatron est édité par Sierra On-line en 1983, sur Apple II et Atari 8-bit. Précisons que, malheureusement pour les possesseurs de Commodore 64, c'est l'un des rares titres américains à n'avoir pas bénéficié d'une adaptation sur cette machine... C'est de toute façon la version Apple II qui sera mise en avant dans cet article, parce que c'est la meilleure machine de tous les temps, qu'on se le dise. (Hein ? Nostalgie ? Je ne vois pas ce que vous voulez dire par là). Le jeu emprunte à Defender deux caractéristiques essentielles : la possibilité de faire le tour du niveau en volant au choix vers la droite ou vers la gauche, et le radar. Au chapitre des points communs, on trouve aussi un découpage du jeu en vagues successives de plus en plus dangereuses, et des ennemis variés, dont certains (les chasseurs) vont apparaître à un rythme de plus en plus frénétique si vous tardez à boucler la vague en cours. En revanche, point d'humains à sauver, ici vous êtes seul contre l'armée adverse. De plus, la zone de combat est constituée d'un immense océan dépourvu de la moindre parcelle de terre ferme. À ça, il ajoute de multiples possibilités et subtilités de gameplay qu'il va vous falloir maîtriser si vous voulez entrer votre nom dans le tableau des meilleurs scores en fin de partie. Tout d'abord, votre vaisseau a droit à une barre de vie, constituée de 32 unités. Les différents ennemis sont de fait plus ou moins dangereux ; les balles vous ôtent 3.5 points de vie, un choc avec un frontal bombardier vous en retire 3, une mine de contact vous coûtera 15 points, etc. Côté attaque, vous possédez un tir en rafale, qui permet de mitrailler en continu et sans limite. Vous avez aussi droit à 32 missiles. Plus rapides, ils nécessitent moins de précision de votre part, ce qui les rend très efficaces. Ces missiles peuvent néanmoins être facilement détruits par un tir adverse. À utiliser judicieusement. En outre, le vaisseau est très facile à prendre en main : I,J,K,L pour les déplacements (le W,A,S,D des années 80), F pour le tir en rafale, et D pour les missiles. Vos stocks d'armes et de points de vie sont indiqués en bas de l'écran, au niveau du radar : Le radar se constitue de 3 traits horizontaux, divisés en 32 segments (chaque segment correspond plus ou moins à un écran de large). Le point blanc représente votre position dans le stage en cours, et chaque point rouge indique la présence d'au moins un danger dans la zone correspondante. La ligne centrale symbolise la surface de l'eau. La barre mauve en haut indique le nombre de missiles en stock (ci-dessus, on peut constater que j'en ai déjà consommé une bonne dizaine). Enfin, la barre verte en bas vous montre l'état du bouclier. Arrivé à zéro, c'est la destruction instantanée qui vous attend. Au début de chaque niveau, armes et bouclier sont entièrement restaurés. Si les manœuvres sous-marines sont assez lentes, ce n'est pas le cas dans les airs. Vous pouvez à loisir accélérer et ralentir en appuyant, selon les cas, plusieurs fois dans la même direction ou dans la direction opposée. Le vaisseau possède 3 vitesses de déplacement horizontal, et deux vitesses de déplacement vertical. À ceci, il faut ajouter une autre fonction : si vous vous maintenez tout en haut de l'écran à vitesse maximale pendant au moins une seconde, vous activez l'hyperdrive ! Votre atteignez alors une vitesse telle que plus aucun adversaire ne peut vous toucher et encore moins vous suivre (et réciproquement, vous ne pouvez rien détruire). Sorte d'option d'invincibilité, l'hyperdrive permet d'aller d'un bout à l'autre de la zone de combat très rapidement. Il permet aussi, souvent, de fuir temporairement une situation qui tourne mal. Pour quitter l'hyperdrive, il suffit de ralentir. Ce processus nécessite quelques secondes d'inertie, donc choisissez un endroit sécurisé en observant le radar, afin de ne pas risquer de collision avec un autre vaisseau ou de vous retrouver encerclé. Accessoirement, si vous tentez de plonger dans l'océan avec l'hyper vitesse activée, vous serez pulvérisé en touchant la surface, dans une explosion du plus bel effet. Idéal pour perdre bêtement une vie... À propos de vie, Aquatron propose un concept plutôt original. En haut à droite de l'écran se trouve un nombre symbolisant les bases alliées. Si votre vaisseau est détruit, vous perdez une base et réapparaissez dans le niveau en cours. Et si vous perdez une vie alors que vous n'ayez plus de base, c'est le game over. L'originalité du système est la suivante : votre base se promène dans le niveau, parmi les ennemis. Ces derniers ne peuvent lui faire de mal, tandis que vous pouvez la détruite par inadvertance (en tirant dessus ou en la percutant). Si une telle chose arrive, le niveau continue normalement, mais vous perdez une base. Cela revient donc à sacrifier votre stock de vies. Soyez vigilant ! Il est donc important de bien connaître et distinguer tout ce petit monde afin d'adapter à la volée la stratégie la plus efficace pour survivre.
À cette flotte dangereuse, il faut heureusement ajouter quelques alliés :
Vous gagnez une base supplémentaire tous les 20.000 points. De plus, tous les 10 niveaux, vous serez confronté à un stage bonus particulièrement difficile, baptisé "Suicide Level". Au début de ce niveau, vous gagnez une base. Si vous parvenez à détruire toute l'armée adverse, vous gardez la base. Si vous perdez durant ce stage, vous perdez la base. Dans les deux cas, vous passez à la série suivante de 10 niveaux. Comme la quasi-totalité des jeux micro des années 80, Aquatron n'a pas de fin, et des niveaux de plus en plus peuplés d'ennemis s'enchaînent sans relâche, réduisant tôt ou tard votre espérance de vie à zéro. Vous restera alors la satisfaction d'avoir fait le meilleur score possible pour peut-être intégrer le tableau des hiscores du jeu. Les premières vagues d'Aquatron sont calmes et peuvent se gagner en quelques secondes si vous ne laissez pas le temps au bombardier de larguer ses parachutes. Mais à partir de la vague 4, l'action va monter d'un cran, pour devenir de plus en plus tendue. Grâce à cette montée en puissance, Aquatron est très prenant et jamais décourageant quand bien même il devient assez rapidement impitoyable. Ce gameplay réussi lui permet de figurer en excellente place dans la liste des jeux incontournables de l'Apple II. Tentez un vol d'essai, vous ne le regretterez pas ! Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (10 réactions) |