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Ape Escape
Année : 1999
Système : Playstation
Développeur : Sony Computer Entertainment
Éditeur : Sony Computer Entertainment
Genre : Plate-forme
Par Thomas V. (12 juin 2003)

Ce jeu, une des premières tentatives de plates-formes entièrement en 3D sur Playstation, fut développé dans l'ambition de détrôner le plombier moustachu à fort accent italien au numéro 64 d'en face de la boutique de Sony (soit pour ceux qui ne qui ne suivent pas Mario 64).

Plutôt que de faire sauver une princesse à un charpentier ou à un électricien, les gars de chez Sony on préféré opter pour un concept plus novateur. On se situe dans un monde futuriste (prétexte pour ajouter au jeu des gadgets débilo-futuristes), dans lequel un savant moustachu a inventé un casque conférant à celui qui le porte une intelligence supérieure à celle du commun des mortels (du genre à comprendre une émission de Bernard Pivot et Matrix 2 d'un coup, mais c'est pas dit dans le livret).

Ce casque, par un concours de circonstances tiré par les cheveux (dans la même série de l'ivrogne qui se casse la gueule sur le bouton rouge déclenchant une explosion atomique, ou de celui qui marche sur la seule peau de banane posée en plein milieu d'un boulevard) se retrouve dans la cage d'un singe au zoo. Ce singe, pour le moins chanceux, trouve le moyen de se le mettre sur la tête (de toutes manières y'a qu'un sens). Il devient donc très intelligent, et, comme c'est un petit farceur, décide de devenir un génie du mal. Il libère tous les autres singes du zoo, les affuble de gyrophares, et part à la conquête du monde.

Le sauveur de l'humanité, en raison de l'absence de Stallone, de Schwarzie (en RTT), et de Bruce Willis parti en vacances est un petit garçon aux cheveux rouges en pétard (avec une voix de nana éraillée en VF). Il est chargé de recapturer tous les singes échappés (une centaine) disséminés à travers différents univers, et de latter Specter (le génie du mal, le méchant singe), qui a réussi à envoûter son meilleur pote (le bad guy de l'histoire).

Dans ce fouillis scénaristique inutile, on parvient néanmoins à distinguer un jeu, qu'en est-il ?

Le Gameplay

Comme dit plus haut (entre les séries de parenthèses débiles) on se trouve dans une jeu de plates-formes 3D censé révolutionner le genre et concurrencer Mario 64. On a donc affaire à un gameplay novateur.

En effet, Ape Escape est le premier jeu à utiliser exclusivement et entièrement la Dual Shock (manette vibrante analogique de Sony). Ses deux sticks analogiques servent à contrôler, pour le gauche, le personnage, et pour le droit à se servir des gadgets dans différentes directions. Les boutons Croix, Carré, Rond et Triangle peuvent être assignables par le joueur à un gadget (appuyer dessus le sélectionne). Pour sauter, et c'est particulièrement surprenant au début, il faut appuyer sur R1. La jouabilité est donc à des lieues de tout ce qui s'est fait avant. Heureuse surprise, elle est parfaitement gérée, et on n'a que peu de problèmes durant le jeu.

Les développeurs (et agents marketings) de chez Sony ont d'ailleurs eu de la suite dans leurs (bonnes) idées, puisque le système de sticks analogiqueq s'utilise aussi dans des phases où le personnage est dans un véhicule : pour ramer, par exemple, il faut effectuer en rythme des 360° avec les deux sticks... Ils sont même allés développer de petits jeu d'excellente qualité reposant sur la Dual Shock.

Vu comme ça, ça s'annonce pas mal, et quand on rentre dans le jeu...
... on se rend compte qu'on aurait eu tort de s'attarder au packaging destiné vers le jeune public, et qui laissait présager un jeu facile et ludiquement pauvre.

Capturer les singes est un sport très amusant, qui s'apprend assez vite : il suffit de se munir du filet et de l'utiliser sur un singe pour ce faire. Facile au début, par la suite, les singes se munissent d'Uzis, vous donnent des coups, vous repèrent à 100 mètres, vous forçant à adopter des stratégies adaptées à chaque situation (parfois on est même dans de l'infiltration à la Metal Gear Solid, avec des techniques de discrétion comme ramper).

Et des singes, il vous en faudra capturer beaucoup avant de pouvoir affronter Specter : plus d'une centaine. Tous sont répertoriés dans un menu, l'occasion de voir leur noms, hilarants pour certains, ainsi que leurs caractéristiques, elles aussi très drôles.

Pour vous aider dans votre tâche, le savant à l'origine de la catastrophe (pour le moins maladroit) vous fabrique durant votre quête de nouveaux objets. Cela va du radar à singe (pratique) au lance-pierre, sans oublier l'hélice d'hélicoptère, ou encore la voiture radio-guidée (excellent « feature » comme disent les néo-branchés), ainsi que d'autres. Tous ont une utilité à un moment spécifique du jeu, même s'ils peuvent être utilisés juste pour se défaire d'ennemis (des monstres style Casimir nombreux et potentiellement stressants).

La difficulté du jeu quant à elle est assez faible de prime abord, et on est vite arrivé au dernier niveau. Cependant, surprise ! lorsque l'on bat Specter, ce dernier s'échappe, et le savant nous informe qu'il faut capturer tous les singes du jeu afin de l'affronter une seconde et dernière fois. À ce moment-là démarre une nouvelle quête qui n'est pas sans rappeler celle des 101 % de Donkey Kong Country, sauf qu'ici ce ne sont pas des passages secrets qu'il faut trouver, mais des singes, dotés d'une capacité à se cacher, se défendre, et stresser le joueur hors du commun (j'ai d'ailleurs lâché le jeu à deux singes de la fin tellement j'étais à bout !). Sur le plan ludique, donc, pas de doute, on est face à une petite bombe, et cette impression se confirme de côté de la technique.

C'est beau ?

Oui, ce jeu est beau. Le choix d'un univers enfantin et d'une esthétique simple et dépouillée (donc avec des textures simplistes et basiques) a permis aux développeurs de créer de grands (très grands) et beaux niveaux, variés (plage, grotte, château, muraille de Chine, pagode...), nombreux et plaisants à explorer. Histoire de changer de la terre ferme et de la marche, ont peut aussi prendre des bains de mer, utiliser bateau, tank ou encore montagnes russes (dans le dernier niveau qui se déroule dans un parc d'attraction).

L'animation quant à elle est assez fluide, souffrant de quelques ralentissements sporadiques, et ne gênant pas le joueur (c'est à dire vous, ou moi, ça m'arrive de jouer aux jeux que je teste ;) ).

Les musiques, par contre sont très stressantes, n'ayant fait l'objet d'aucune attention particulière. Sony nous ayant épargné le hard rock FM pourri et autre soupes inondant les Sonic Adventure (pour ne citer qu'eux [NdL : Thomas V., dans mon bureau]), on a droit à des mélanges inaudibles de synthétiseurs suraigus et mélodies n'ayant rien d'harmonique (même les morceaux atmosphériques sont loupés, alors que c'est quand même facile à faire). D'ailleurs, pourquoi Sony Computer ne tape-t-il pas dans le catalogue de la maison-mère pour les musiques de ses jeux ?

Pour la durée de vie, on l'a vu, elle est assez importante (en plus des singes, il y a plusieurs Specter à débloquer dans chaque niveau et un mode time trial). Elle est renforcée par une attention, un petit cadeau bien sympathique évoqué plus haut : les mini-jeux bonus. Débloquables contre un certain nombre de pièces Specter, ils sont au nombre de trois : un jeu de ski (de fond, à réacteur à l'arrière !), un jeu de boxe (la musique est d'ailleurs sympa ici), et un shoot'em up très efficace. Ils sont tous basés autour de la dual shock et sont, ma foi, fort divertissants (aïe ! je parle comme un blasé), jouables à deux de surcroît.

Alors ?

Je ne saurai que trop vous conseiller de vous jeter sur ce jeu si vous le trouvez d'occasion, où que ce soit, tant il fait passer un bon moment à tous ceux qui l'essaient, et vous prendrez plaisir à évoluer dans son univers. Ape Escape est une petite bombe (la critique ne s'y est d'ailleurs pas trompé à sa sortie). Je ne vais pas le comparer à Mario 64, n'y ayant jamais joué, je laisse ce débat au forum, sachez que c'est un achat que vous ne regretterez pas.

Thomas V.
(12 juin 2003)
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