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Flying Shark
Année : 1987
Système : Arcade ...
Développeur : Toaplan
Éditeur : Taito
Genre : Shooter / Arcade / Action
Par Laurent (07 septembre 2000)

Mes bien chers frères, mes bien chères soeurs, l'heure est venue de réparer une injustice vieille de plus de vingt ans. Capcom, avec sa série des 1941, 42, 43 allez savoir quoi encore, est resté dans les mémoires comme le spécialiste des "shoot'em-up verticaux dans un contexte de seconde guerre mondiale avec des avions". Pourtant, en un seul jeu, Taito enfonce six pieds sous terre son concurrent en 1987 avec Flying Shark (titre original : Hishou Zame), développé par Toaplan (Snow Bros, Tiger Heli, Twin Cobra, Zero Wing...). Un chef-d'œuvre, lâchons le mot d'emblée.

Aux commandes d'un bi-plan (français si on en croit la déco de la borne d'arcade), vous allez tout seul comme un grand affronter quelque chose comme la totalité de la flotte allemande plus tous leurs tanks, U-boats et porte-avions. Bien sûr, des armes vous y aideront : tir grossissant au fur et à mesure de la collecte des bonus pour les avions, et bombes pour les forces au sol.

Comme tout grand jeu d'arcade, Flying Shark trouve sa réussite dans le parfait dosage - dans un registre élevé, certes - de sa difficulté. Le joueur habitué pourra passer au travers s'il ne commet pas le plus petit semblant d'erreur, et ses exploits vus de l'extérieur paraîtront inhumains. Il est tout à fait possible de finir les 5 niveaux (du reste votre serviteur, alors bidasse, y parvenait) et de constater que, malheureusement, il n'y a pas de fin (on recommence à partir du 1er niveau).

Les graphismes de ce jeu ont la particularité de refuser de vieillir malgré le temps qui passe. Évidemment, les décors sont assez répétitifs puisqu'utilisant toujours les mêmes patterns, mais assez bien architecturés pour qu'on les retienne par coeur. Le son est correct, avec des musiques agréables et des explosions qui, si elles paraissent peu percutantes au départ, finissent par plaire.

Flying Shark propose une jouabilité inégalable. C'est l'antithèse parfaite du manic shooter : les ennemis sont peu nombreux et leurs projectiles ne se déplacent pas si vite, mais ils sont placés de manière à couvrir remarquablement l'espace de jeu par leurs tirs. Il est indispensable pour s'en sortir de trouver le rythme parfait dans les déplacements de gauche à droite et inversement, ne pas hésiter à se rapprocher des ennemis pour accélérer sa cadence de tir, tout en évitant de laisser derrière soi des tanks ou bateaux équipés de canons qui continuent de tirer jusqu'à leur totale disparition de l'écran.

Pour obtenir un power-up, il faudra abattre des formations d'avions rouges. Le tir (non automatique, il faut mitrailler le bouton) se dédouble à chaque fois, finissant par couvrir presque toute la largeur de l'écran. La progression est alors grandement facilitée, mais là où le jeu achève de prouver son excellence, c'est dans le fait que même en cas de vie perdue dans un niveau très avancé, et alors qu'on se retrouve avec le petit tir d'origine, il est toujours possible de se "refaire" : en redoublant d'acharnement sur le bouton de tir et en choisissant ses cibles dans un ordre de priorité très strict, on ne tarde pas à retrouver une puissance de feu suffisante pour espérer finir le jeu.

Les bombes sont également très importantes. On en trouve souvent, et elles détruisent tout pendant environ 2 secondes dans un rayon équivalent au quart de la surface de l'écran. On les gardera notamment pour détruire les tanks énormes qui font figure de boss, ou pour dégager une zone où se trouve un bonus de tir. Le jeu se termine par un combat contre un gigantesque bombardier qui nécessitera le tir le plus puissant et un bon paquet de bombes pour lâcher prise dans des délais raisonnables.

Aux US, la borne a été distribuée par Romstar sous le nom de Sky Shark. C'est le studio Graftgold qui s'est chargé des conversions sur les micros occidentaux. Si la version Spectrum programmée par Dominic Robinson (graphismes : John Cumming) s'avère réussie car la zone de jeu n'occupe pas tout l'écran et conserve donc ses proportions, on ne peut pas en dire autant des conversions sur ST et Amiga, loin s'en faut. Non seulement le jeu passe en écran large, ce qui n'est pas très judicieux, mais en plus c'est injouable, saccadé et beaucoup trop difficile pour qu'on ait envie de s'accrocher. C'est dommage, car ces deux versions disposent de graphismes presque aussi jolis que le jeu d'arcade. Il ne faut pas trop tenir rigueur à Graftgold de ce ratage, au vu de sa production par ailleurs exceptionnelle.

Conversion C64 et Amiga

Flying Shark a connu une suite, Fighting Hawk, sorti en 1988, toujours chez Taito (et distribué par Romstar aux US sous le titre de Fire Shark). Je n'ai jamais vu ce jeu en salle d'arcade, et MAME ne le fait pas tourner correctement, aussi m'est-il difficile d'évaluer l'éventuelle progression qu'il représente sur le plan du gameplay. En revanche, il est plus joli et coloré que son aîné. Il faut aussi citer Ghost Pilot, excellent shoot de SNK sorti sur Neo Geo en 1991. L'influence de Flying Shark sur ce jeu est évidente (on pourrait presque parler de plagiat), mais Ghost Pilot présente l'avantage si on y joue en émulation, outre des graphismes évidemment supérieurs, d'être conçu pour un écran horizontal. C'est également un jeu très difficile et prenant qui vaut largement le coup d'oeil.

Fighting Hawk et Ghost Pilot (Neo Geo)

On pourrait aussi prolonger sur les éléments de Flying Shark qu'on retrouve dans Raiden. Les deux jeux ont un feeling très comparable. De là à dire que Seibu Kaihatsu s'est inspiré de Toaplan il n'y a qu'un pas, mais je préfère ne pas le franchir (on sait jamais).

Laurent
(07 septembre 2000)