Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par JPB (14 août 2020)
C’est une promo, à Noël 2017, qui m’a décidé à acheter Euro Truck Simulator 2. Depuis quelques semaines, je voyais en me connectant à Steam que JC y jouait. Je me suis dit : « Si JC y joue, ça doit être pas mal ! » et hop ! J’ai profité de l’occasion. M. et Mme HONCITERNE ont une fille, comment s'appelle-t-elle ? - Camille.On ne peut pas dire qu'Euro Truck Simulator 2 (que j'appellerai ETS2 par la suite) soit un jeu triple A, ni un indispensable du paysage vidéoludique. Développé par SCS et sorti en 2012, c'est la suite d'Euro Truck Simulator (2008) dont je n'avais même pas entendu parler, c'est dire ! Au départ j’avais un a-priori sur les jeux « machin-chose simulator » : il faut reconnaître que Farming Simulator, Train Simulator, voire Goat Simulator ne sont pas des jeux incontournables ; en tout cas, à mon sens, ce ne sont pas de vrais simulateurs comme l'étaient le vénérable Flight Simulator II de SubLogic et ses suites (on attend d'ailleurs énormément de Flight Simulator de Microsoft qui vient tout juste d'arriver, en août 2020). Je plaçais ETS2 dans le même panier : des jeux reprenant un thème précis (transports en camion, voyages en train, gestion d'une ferme...) intégrant plusieurs éléments de gameplay (conduite, gestion, etc.) mais du coup assez peu développés pour chacun d'eux. Bref, pas grand intérêt. D'ailleurs, vous allez me dire : « Qu’est-ce qu’il y a de plus chiant dans la vraie vie que de rouler pendant des heures et des kilomètres sur une autoroute en respectant les limitations de vitesse ? Alors si en plus on doit faire pareil dans un jeu, quel intérêt ? » Oui, n'essayez pas de le nier : moi aussi je me disais ça avant de jouer à ETS2. C’est vrai, on roule pendant des heures sur des autoroutes, des routes, des zones industrielles, on gagne des sous qu’on réinjecte dans l’entreprise, et on repart à nouveau pendant des heures... Pour briser la monotonie, en plus du cycle jour/nuit et du temps qui peut passer du grand soleil à l'orage, on a droit à de petites saynètes de temps à autres : travaux, déviations, accidents, véhicules arrêtés ou même en feu... Et voilà. On continue de rouler sans rien faire d'autre, on ne peut pas faire de course avec un autre camion, et on est loin des sensations qu'on avait avec une Bugatti Veyron ou une Ferrari Enzo dans Test Drive Unlimited. N'empêche qu'on prend plaisir à y jouer quand même ! :) Un camion ça va, trois camions ça va.Je pourrais vous citer pas mal de défauts. Le jeu est un copier/coller de blocs tout faits, tant pour les routes que pour les bâtiments, pour tenter de ressembler à la réalité ; mais au final plein d'endroits sont identiques, surtout les bretelles d'entrée/sorties sur l'autoroute (même si récemment il y a eu de réels progrès avec les derniers DLC). Les distances entre les villes présentes dans le jeu sont conservées, mais – heureusement – réduites au 1/20ème, ce qui peut donner des situations amusantes. Par exemple, en France, on passe presque autant de temps à circuler sur les autoroutes qu’à s’arrêter aux péages ! Autre exemple : on part de Metz, on arrive à Dijon, mais on n’a pas vu Nancy sur le trajet ; forcément avec un monde au 1/20ème, on ne peut pas tout mettre et les développeurs ont dû faire des choix. Pendant qu’on parle des villes, ce ne sont que des zones industrielles avec 3 ou 4 malheureux pâtés de maisons, et un bâtiment emblématique en fond de décor inaccessible – et encore, pas partout : pas de Bonne Mère à Marseille, pas de volcans dans le lointain à Clermont-Ferrand. Vous croiserez voitures, camionnettes et bien entendu camions - mais bizarrement pas de motos - et quelques piétons dans les villes. Au total, peu de différents modèles, tous européens (Peugeot, Volskwagen...) ainsi que quelques voitures propres au pays traversé (on trouve par exemple quelques 2CV en France, on voit des Lamborghini en Italie...) Ces véhicules sont tout à fait reconnaissables, quoiqu'ils auraient pu être un peu plus travaillés et surtout avoir plus de couleurs différentes ! Côté IA, c'est pas trop mal en général, mais par moments les autres conducteurs changent de file sans aucune raison avant de se rendre compte qu’ils ont fait une connerie et de revenir sur la voie qu’ils viennent de quitter. Et il y a des fois où côté refus de priorité, c’est encore pire que dans la réalité (notamment sur les rond-points). Bien entendu, on peut klaxonner et faire des appels de phares, mais je n’ai pas constaté que ça changeait le comportement des autres (alors que si vous klaxonnez une voiture dans GTA V, vous allez voir le conducteur paniquer et sûrement faire une bêtise, c'est marrant !). Et puis il m'est déjà arrivé d'avoir un accident alors que j'étais tout seul en pleine ligne droite ! Alors c’est vrai que si on s'arrête là, sans voir plus loin que le bout de son capot (qui sur un camion européen, est assez abrupt vu qu'il n'y a pas de capot), ETS2 paraît assez peu engageant. Heureusement, les Grospixelliens sont connus pour ne pas avoir la vue courte. :) Beau comme un camion.Le cœur d'ETS2 est bien entendu le camion, qu'on choisit parmi 7 marques : Renault, Volvo, DAF, Mercedes, Iveco, MAN et Scania. Et là, ce n’est plus du tout la même chose ! La représentation des différents modèles propre à chaque marque, extérieur et surtout intérieur, est d'excellente qualité, de nombreux petits détails ayant été ajoutés petit à petit par SCS Software. Chaque camion est scrupuleusement reproduit, surtout qu'on peu régler la vue pour que ce soit parfait, comme si on réglait le fauteuil du conducteur. ETS2 est conçu par ailleurs pour gérer de nombreux paramètres, déjà au niveau du matériel dont dispose le joueur (manette, volant et autres lunettes VR...) ; mais surtout, pour les puristes, il existe des dizaines d’options de réglages du camion proprement dit, dont je suis incapable d’expliquer à quoi sert au moins la moitié ! Le réalisme semble au rendez-vous : j'ai déjà lu sur des forums des discussions pointues sur le comportement d'un camion en activant ou pas un paramètre précis, avec comparaison du comportement de ce même camion dans la réalité. Si vous voulez voir jusqu'où on peut aller pour reproduire tout ceci chez soi, je vous conseille d'aller regarder cette vidéo : on ne peut qu'être admiratif devant un tel résultat, voire un peu jaloux. Mais relativisons : on peut très bien jouer à la manette Xbox, je le fais depuis le début, et je n’ai pas ressenti le besoin d’aller commander deux écrans supplémentaires, un Logitech G27, et du carton-plume pour fabriquer mon tableau de bord pour-avoir-le-vrai-camion-dans-mon-bureau. Le jeu gère les excès de vitesse et le temps de conduite, du coup quand il est fatigué mon personnage commence à bâiller : si je ne trouve pas d'endroit où m’arrêter à temps pour faire ma coupure de neuf heures, je me retrouve à payer une amende - et si j’insiste encore, l’écran passe au noir quelques instants : mon avatar s'endort au volant ! Après, dans ETS2 on ne peut pas mourir : au pire on va claquer du fric en réparations et/ou contraventions ; si tout ne s'est pas bien passé lors du trajet, l'employeur ne sera pas content et vous serez moins payé que prévu, mais c’est tout. Les accidents qu'on peut avoir, à part des exceptions très rares liées à des bugs dont je parlais plus haut, sont forcément dus à une mauvaise conduite. Ainsi, dans une bretelle de sortie limitée à 40 km/h, ce n'est pas la peine d'essayer de passer à 80 : soit on cogne la rambarde, soit la remorque verse et entraîne le camion : des frais de dépanneuse et des malus auprès du client sont alors à prévoir, et bien entendu la réparation de votre véhicule sera salée ! National Geographics dans un fauteuil.J’ai accumulé les heures de route et les kilomètres dans mon Volvo FH. Il a évolué avec le temps, tant en mécanique qu’en apparence (on débloque des pièces et accessoires petit à petit jusqu'au niveau 20). Les missions qu'on me propose maintenant sont liées à mon avatar (qui a lui aussi évolué jusqu'au niveau maximum dans les 6 spécialisations), ce sont soit des transports où on me fournit la remorque (ou un élément spécial comme, par exemple, un voilier dans son berceau), soit des transports pour lesquels j'utilise ma propre remorque, ce qui me rapporte plus d'argent. Quant à la distance, elle est maintenant illimitée : ayant acheté des DLCs géographiques à petit prix lors de promotions (Italie, Scandinavie, France...), il me reste encore plus de la moitié de la totalité des routes à parcourir, ce qui me permet de choisir des destinations pittoresques comme Naples pour voir le Vésuve, ou faire une super-livraison-de-la-mort de plus de 2000 kilomètres entre Palerme et Stockholm, en prenant le ferry. Et quand je commence à me lasser un peu, je bascule en mode "convoi exceptionnel", c'est plus lent mais c'est assez marrant à gérer. Je parlais au début des éléments qui brisent la monotonie. Le cycle jour/nuit est très bien fait, mais le plus impressionnant à mon sens est la gestion du temps et surtout du mauvais temps. On a vraiment l'impression de rouler sous la pluie, et le bruit des gouttes sur la cabine est impressionnant. Dans tous les cas, la transition entre deux états se fait en douceur, du beau travail. Mine de rien, ETS2 possède une grande vocation de découverte liée aux décors et monuments reproduits. Pour vous donner une idée, lors de ma première virée en Suède, j'ai vu dans le lointain un étrange bâtiment, de forme surprenante car plus fin à la base qu'au sommet. En regardant la carte, j'ai vu que je passais à côté de Malmö. Une recherche sur Internet a aussitôt donné des images superbes de la ville, et notamment de la Turning Torso, le plus haut gratte-ciel de Scandinavie, conçu par Santiago Calatrava Valls et inauguré en 2005. Comme quoi on en apprend tous les jours. :) Malgré l'échelle du 1/20ème, les paysages sont reconnaissables, très beaux et variés, et c’est un des éléments qui donnent envie de continuer à jouer à ETS2. Seul regret, les montagnes sont vraiment riquiqui par rapport à la réalité (je pense surtout aux Alpes, pas assez hautes et blanches à mon goût), mais sinon c’est là que ETS2 tire son épingle du jeu : on prend vraiment plaisir à rouler et à profiter des paysages. De plus, quand je parlais de blocs copiés/collés, c’est tout de même fait intelligemment dans un souci de limitation mémoire : les décors de chaque région traversée sont relativement identiques à la réalité, et une autoroute en Scandinavie n'aura pas la même apparence qu'une petite route en Italie ou dans la campagne anglaise ! On reconnaît aussi certains monuments sur les autoroutes, les ponts célèbres sont bien représentés, certains châteaux ou lieux plus ou moins historiques sont très travaillés – même s’ils ne sont pas forcément à leur emplacement réel – et les découvrir donne parfois lieu à des succès Steam. Pendant qu'on parle de Steam, ETS2 reçut les prix suivants : Respectez les distances de sécuritéLa communauté est très active et on peut récupérer facilement des mods améliorant les graphismes, la physique, etc. Je me suis moi-même abonné à quelques mods sur le steam workshop : j’ai un peu peaufiné le jeu de base, et je bénéficie désormais des vrais noms des stations essence et des entreprises. Mais surtout, SCS Software améliore continuellement son jeu, et ça c'est digne d'éloges. Sans compter les DLCs payants qui sortent ponctuellement, les joueurs bénéficient régulièrement de mises à jour gratuites plus ou moins consistantes, telles que l'amélioration de toute la partie sonore, ou plus rigolo : les vitres électriques ! De plus, comme je le disais plus haut, je trouve que les développeurs, graphistes et autres level-designers de SCS Software ont nettement évolué et peaufinent de plus en plus le monde : les villes proposées récemment semblent bien plus vivantes et réelles que celles du jeu d'origine, et de gros efforts ont été faits pour améliorer ainsi certaines portions du jeu, quitte à les refaire complètement (comme Lille récemment). Enfin, certains évènements sont de temps en temps proposés à l'occasion de l'actualité, comme la participation à la construction du nouveau pont de Gênes en juillet 2020. Bref, SCS Software ne se repose pas sur ses lauriers, et ne se moque pas des joueurs. Le prochain DLC payant est la péninsule ibérique, avant fin 2020 normalement, je pense qu'il va intéresser pas mal de gens. Je profite de parler de SCS Software pour signaler qu'ils ont développé, en 2016, la version américaine du jeu : American Truck Simulator. C'est exactement le même jeu, mais transposé aux USA. On y conduit ces monstres de la route qu'on voit dans les films américains, aux marques évocatrices telles que Peterbilt, Mack, International ou Kenworth - et surtout le Kenworth W900 qui est pour moi LE camion américain, avec son long capot terminé par la calandre en chrome et ses deux énormes pots d'échappement de chaque côté de la cabine ! Inutile de dire que ces deux programmes partagent les mêmes avantages et défauts, et que si vous n'accrochez pas à la version européenne, il y a peu de chances que vous appréciiez la version américaine... Mais là aussi, la qualité et le suivi sont au rendez-vous, avec des améliorations (communes aux deux jeux), et des DLCs payants état par état. À cette date, c'est la côte ouest qui est couverte, de Seattle à San Diego, et les développeurs s'étendent petit à petit vers l'est (l'Oregon est le dernier ajout à ce jour, on attend maintenant le Colorado avant la fin de l'année). C'est un oiseau ? C'est un avion ? Non, c'est un camion.Et voilà, on a fait un petit voyage agréable ensemble, et on est arrivés. Ce type de jeu ne plaira certainement pas à tous. Pour ma part, je ne pensais pas passer autant d’heures dessus : actuellement, j’en suis plus de 400. Comme tout le monde, j’ai d’abord pris des missions avec les camions des entreprises, puis petit à petit j’ai pu acheter un garage et un camion à moi. De fil en aiguille, j’ai acheté un garage et un camion dans chaque ville, recruté un conducteur pour aller avec, et je suis actuellement à la tête d'une flotte de plus de 150 camions... Maintenant, je les laisse se débrouiller tout seuls, et je me contente de faire des livraisons pour compléter le pourcentage de découverte des routes, quitte à me promener d'un endroit à un autre sans marchandises. On peut finalement jouer à ETS2 comme un hardcore gamer pour améliorer au plus vite son empire, mais on peut y jouer aussi comme un casual gamer pour faire une petite balade en attendant autre chose. Je n'ai pas parlé plus que ça de la partie gestion d'ETS2 (chauffeurs, camions, remorques, garages...) Réussir à atteindre un certain nombre de chauffeurs dans un pays ou en tout, dépasser un chiffre d'affaires, n'avoir que des garages rentabilisés à 100%... Les enjeux sont là aussi nombreux pour motiver le joueur à continuer d'avaler les kilomètres. Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (46 réactions) |