Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Mickmils (22 octobre 2003)
Le jeu dont nous allons parler est une perle. Évidemment, on ne présente que des perles sur Grospixels, mais celui ci a un petit truc que les autres n'ont pas. En fait non il a plein de trucs que les autres n'ont pas. Ou alors sont-ce des trucs que les autres ont et que lui n'a pas qui en font un jeu exceptionnel ? Oui je complique. Avant d'expliquer le qui, le quoi, le comment, le pourquoi et le quand, je vous demande tout au long de cet article de retenir un chiffre. Ou plutôt un nombre, soyons précis : 38. 38, c'est le poids du jeu en Ko. Alors bien sur, aujourd'hui on peut faire des trucs de dingue en 38 ko, des demomakers font des effets de flamme en 256 octets, tandis que d'autres font tenir une démo d'un Magic Carpet en 64 ko. Mais là on est en 1984, et le top du mode graphique sur IBM PC est le CGA 4 couleurs, et d'ailleurs le jeu est au top graphique de l'époque. Le top du son de l'époque, c'est le fameux PC Speaker, et là aussi le jeu est au top. Avant même d'expliquer en quoi il consiste, il faut que vous sachiez que compte tenu de la taille du jeu (et même s'il faisait 3 gigas pour tout ça, ça ne changerait pas grand chose) et des limitations techniques (pareil) ce jeu est tout bonnement exceptionnel. Exceptionnel quand on prend en compte l'incroyable diversité du gameplay, la réalisation absolument PARFAITE compte tenu des moyens du bord (Bill Williams, son regretté auteur pense même a la postérité puisque le jeu est parfaitement jouable quelle que soit la vitesse de l'ordinateur ! Même votre 2 Ghz le fera tourner a sa vitesse originale !). Point de vue réalisation, tout y est : animation rapide et d'une fluidité absolument parfaite, musique réduite a son strict minimum mais plaisante et qu'on se prend à retenir (un peu comme les mélodies MIDI et .MOD d'antan qui sont souvent plus mémorables que nos musiques d'aujourd'hui) et les bruitages sont très bien faits, là aussi compte tenu des limitations. Ce jeu est suffisamment petit pour traîner sur mon bureau depuis que, justement, les PCs ont un bureau. J'y joue depuis que j'ai 6 ans, une partie de temps en temps... et la perfection de cette réalisation fait que le jeu n'a pas pris une seule ride dans ma petite âme toute chaude. Deux autres choses font son originalité : son rythme, et l'originalité de son concept. Le rythme, c'est bien simple, ça n'arrête pas une seconde, c'est de la vraie "arcade" mais version tout mignon tout plein. On se croirait dans un Tom & Jerry. Quant au concept, ensemble découvrons ce jeu d'exception qui n'a connu aucune gloire, mais que pourtant tout ceux qui y ont joué ne pourront jamais, jamais oublier. Et moi mon but, cher lecteur, c'est de te rendre aussi accro. Décrivons à quoi peut bien ressembler une première partie de ce jeu. Votre objectif ultime est tellement simple que des tas de terme grivois suffirait a le définir en un seul mot, néanmoins, étant donné que ce jeu est tout public et vraiment bon enfant, ce serait dommage de gâcher tout ça Vous êtes un jeune chat qui a repéré une femelle. Vous n'avez qu'une envie : vous accoupler et obtenir une longue descendance. Mais c'est plus difficile que ça en a l'air, la vie amoureuse d'un chat, c'est plein de danger. Même sans connaître le jeu, sa prise en main, aussi complexe soit-elle sur le fond est vraiment instinctive. Le premier écran vous remet a votre place : vous êtes en bas de l'échelle sociale des chats, c'est-à-dire que vous êtes par terre. Vous ne le serez pas longtemps, parce que le jeu s'apparente très vite a un simulateur de haute voltige pour chat. Vous êtes donc par terre. Avant d'aller voire votre chatte favorite, il faut penser lui faire un joli cadeau. C'est le but de la première phase de chaque niveau. Mais les chats n'ont pas beaucoup d'argent, donc pour vous petit chat de gouttière, faire un cadeau ça implique nécessairement sauter par une fenêtre et chat-parder un truc dans un appartement (mon humour me surprend souvent) avec vos petites pattes. Le joueur inconscient de ce qui l'attend passe a l'action. Visiblement c'est très simple : il suffit de sauter sur l'un des tonneaux qui traîne dans la rue pour grimper sur la haie afin d'attendre une fenêtre. Le joueur fait donc sauter le chat sur le plus petit tonneau et a partir de ce moment-là plus rien ne se passe comme prévu. Un imbécile de chat surgit de ce même tonneau, vous faisant perdre l'équilibre et tomber. À peine retombé sur ses pattes, le chat doit faire face un autre problème de taille : alerté par le bruit, un vilain bull-dog lui fonce dessus. Il n'y a absolument aucun moyen de s'échapper et la stratégie de base consiste à prendre son élan (parfois quitte a foncer vers le chien !) pour sauter au dernier moment sur un tonneau en espérant qu'aucun chat ne s'y cache. Ouf, le plus dur est fait, le joueur accède enfin à la haie. Mais c'est dur d'être un chat de gouttière : personne ne vous aime. Ni les autres chats et les chiens, comme on a pu le voir précédemment, mais aussi les "gens", pire ennemi du chat moyen (je vous rappelle que selon certaines statistiques, un chat sur trois est un extraterrestre). À peine arrivé sur la haie et remis de vos émotions que ces "gens" ouvrent leur fenêtre, une occasion de rentrer ? Pas facile à trouver, puisqu'ils en profitent pour vous balancer des tas de trucs dans le but de vous faire tomber. Un choc, et vous tombez, et on repart d'en bas. Alors le joueur saute, saute encore et encore pour esquiver ces casseroles, et il s'accroche a des fils pour accrocher le linge, si'l y a du linge. Car ces fils en plus de bouger sont aussi le lieu de balade privilégié des souris du coin. Si vous avez le malheur d'être accroché juste au dessous d'une d'entre elle, la pyramide alimentaire prend sa revanche, et, là aussi vous vous retrouvez par terre. Il est possible de les manger bien sur, mais vous aurez d'autres chats a fouetter. (ahahaha décidément je n'arrête pas). Le joueur se surprend alors a sauter partout dans tous les sens tout en essayant de garder l'équilibre et en esquivant tout ce qui en veut a sa misérable vie (en gros : tout) et là c'est l'espoir ! Une fenêtre ouverte, un habitant désarmé, le joueur s'infiltre. Aléatoirement, le mignon petit chat se retrouve face a une épreuve, une épreuve à laquelle seule un chat peut être confronté. Chaque épreuve est différente, et il faut un petit moment pour toutes les connaître, mais la encore on comprend très vite : attraper les souris dans un gruyère géant, capturer des poissons dans un aquarium XXL tout en gardant son souffle et en évitant les anguilles électriques, boire tout le lait d'une meute de chiens endormis, briser la cage d'un oiseau pour lui courir partout après ne sont que quelques une des situations possibles auxquelles il faudra faire face pour impressionner la belle. Tout est rendu encore plus compliqué par deux éléments récurrents : le balai de la ménagère qui vous donne des vilains coups et vous balance dans tous les sens (parfois même à travers la fenêtre) et également le bull-dog de la ménagère qui décide parfois de passer par là. Parfois le balai vous balancera directement au consommateur (le bull-dog) et c'en sera fini de votre misérable existence de chat. À cela, il faut ajouter les dangers spécifiques à l'épreuve. Une fois surmonté tout ça, il faut partir, et se retrouver a nouveau dans la ruelle. Maintenant il faut atteindre votre femelle. Et la route est difficile, puisqu'il faut, là encore, trouver le moyen de passer par une fenêtre : on prend les mêmes, et on recommence. S'ouvre alors un autre niveau. Vous êtes en bas, elle est en haut (comme ça se passe parfois dans la vie), et au milieu des tas d'autres rivaux acharnés (là il faut déjà être plus ouvert d'esprit). Le tableau est psychédélique : des petits cœurs partout qu'il faut escalader en évitant les fleches de cupidon et les autres minous qui n'ont qu'un seul but : vous faire tomber, et vous faire repartir a la case départ. Si jamais vous surmontez cette épreuve, vous aurez le droit de vous accoupler. Et d'avoir des petits. Une petite animation mignonnette se joue, et on se retrouve en bas. On recommence, niveau suivant. Les niveaux suivants... que dire ? C'est exactement le même jeu mais on ne s'en lasse pas car la difficulté est accrue : des poubelles en moins, plus de bull-dogs, de souris, de casseroles, moins de trucs auxquelles s'accrocher... et ainsi de suite, de plus en plus dur, mais jamais impossible. De toute façon, après un niveau la magie a pris : le joueur est complètement accro. Je ne sais vraiment pas conclure l'article. Faut dire qu'un tel jeu, on ne sait pas par quel bout le prendre tant il est unique et époustouflant. Ah oui, la voilà ma conclusion, Alley Cat, c'est un feu d'artifice en 4 couleurs et 38 kilo octets et un gameplay explosif. Le jeu est entrecoupé de « cut scenes » de 4 secondes maximum qui ne cassent en rien le rythme soutenu de cette merveille. Son auteur, Bill Williams nous a quitté en 1998 avec de nombreuses perles a son actif, notamment une collaboration active à trois jeux Cinemaware (King of Chicago, Sinbad and the Throne of the Falcon et Defender of the Crown) ainsi que The Simpsons: Bart's Nightmare (SNES - 1993), Alors rendez-lui hommage, mais surtout, faites-vous plaisir, en téléchargeant ce jeu dispo un peu partout sur le web (dont le site des Underdogs). Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (23 réactions) |