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Olympic Decathlon
Année : 1981
Système : Apple II, DOS
Développeur : Microsoft
Éditeur : Microsoft
Genre : Sport / Simulation
[voir détails]
Par Jean-Christian Verdez (29 septembre 2003)

Outre l'élaboration de Windows, un célèbre système d'exploitation (qui plante, diront les mauvaises langues), de logiciels de bureautique à usage personnel ou/et professionnel tels que Word ou Excel, et plus récemment de fabrication de consoles Xbox, la société Microsoft fondée en 1975 par Paul Allen et Bill Gates s'occupe aussi de développer et éditer des jeux. C'est l'un d'eux qui nous intéresse aujourd'hui, mais non pas sur Xbox, ni même sur PC, d'ailleurs ça se passe même bien avant la sortie de Windows 1.0 ! Nous ne sommes qu'en 1981, et une fois n'est pas coutume l'action se déroule sur Apple II.

Plus fort que le Triathlon et le Pentathlon réunis, Olympic Decathlon vous propose comme son nom l'indique de vous essayer à 10 épreuves sportives, le but étant de réussir au mieux chacune d'entre elles afin de réaliser le plus grand score total possible. Lors de la sortie du jeu, le record de référence était détenu par l'américain Bruce Jenner, qui totalisa en 1976 aux Jeux Olympiques de Montréal pas moins de 8618 points. L'objectif final du jeu est donc ni plus ni moins de devenir le nouveau champion du monde. Au début de la partie, vous pouvez choisir de disputer une compétition (les 10 disciplines d'affilée, avec cumul des points) ou bien de vous entraîner aussi longtemps que vous le désirez à une ou plusieurs épreuves de votre choix.

01 - 100 mètres - Le principe est simple, et il sera le même dans toutes les simulations de courses qui suivront ce jeu. Appuyez en alternance sur deux boutons le plus vite possible pour que votre coureur franchisse le plus tôt possible la ligne d'arrivée. Cette épreuve est vue du dessus et lorsque l'on joue à plusieurs les concurrents s'affrontent deux par deux. L'épreuve la plus connue des Décathlons devient alors souvent la plus marrante des jeux de sport, d'autant qu'à deux sur un clavier, tenter de déconcentrer son concurrent devient facile (et perdre sa concentration l'est tout autant).

02 - Saut en longueur - Cette fois la course du joueur est automatique. Avant chacun des trois essais autorisés il faut choisir la vitesse à laquelle vous comptez courir, sachant que plus vous choisirez une vitesse élevée, plus vous aurez de chance de faire un long saut, mais plus le risque d'être surpris par la vitesse et de sauter trop tôt (ou trop tard) sera grand. En effet vous commencez votre course hors de l'écran et ça peut être déstabilisant de voir arriver le personnage très vite. En fait il faut appuyer sur un bouton pour stopper l'athlète le plus près possible de la ligne, puis appuyer à nouveau au bon moment pour effectuer un saut avec le meilleur angle possible.

03 - Lancer du poids - (Cette épreuve se joue avec un paddle, et n'ayant eu qu'un clavier à l'époque, il m'aura fallu attendre 20 ans pour jouer enfin au lancer du poids. merci l'émulation!). Après avoir étalonné avec le joystick la force des muscles du lanceur (les valeurs doivent être à 0% pour commencer) il faut faire varier ces deux forces de façon à influencer la vitesse de déplacement verticale et horizontale, durant tout le temps du lancé. En répartissant mal les forces, le poids sera lancé trop bas, trop haut, voire derrière vous !

04 - Saut en hauteur - Epreuve très similaire dans son déroulement à celle du saut en longueur. Seule différence, vous pouvez choisir la hauteur à laquelle se situe la barre et vous avez trois essais pour y parvenir. Si vous passez la barre sans la toucher, vous pourrez alors choisir une hauteur plus élevée, et ainsi de suite jusqu'à élimination.

05 - 400 mètres - Cette épreuve est identique au 100 mètres, mais sur une distance plus élevée. La course peut prendre alors une tournure étrange car elle devient réellement fatigante pour le joueur, qui à force de tapoter sur deux touches commence à se déconcentrer (c'est surtout vrai quand on joue à plusieurs). Le moins que l'on puisse dire, c'est que les simulations sportives n'ont pas volé leur nom puisqu'elles réclament (modestement) de la part du joueur une réelle participation physique.

06 - 110 mètres haies - Le 110m haies requière beaucoup de coordination. Pour courir, il ne faut plus taper très vite sur deux boutons, mais taper en rythme ! Chaque bouton faire faire un seul pas au coureur (au passage, l'animation du personnage est très réussie), et il faut alterner avec une parfaite régularité pour ne pas perdre de temps. Lorsque une haie se présente, il faut garder le doigt appuyé sur l'un des deux boutons pour faire un saut. Si vous faite tomber une haie vous perdrez du temps, et si vous en faites tomber de trop vous êtes disqualifié.

07 - Lancer du marteau - Voilà un passage de la compétition assez hasardeux ! Vous vous mettez à tourner sur vous-même afin de prendre un maximum d'élan pour envoyer le marteau le plus loin possible. Le hic, c'est que vous tournez de plus en plus vite et il devient difficile de lancer le marteau dans la bonne direction.

08 - Saut à la perche - Après avoir choisi la hauteur de la barre, puis celle de la perche, il ne vous reste plus qu'à courir le plus vite possible (toujours la même technique de bourrinage de touches). La difficulté de cette discipline survient au moment de planter la perche. Pour la mettre à l'endroit prévu à cet effet il faut donner l'ordre avec un peu d'avance, du fait qu'il faille quelques instants pour que l'athlète l'oriente convenablement. Ensuite, tout dépendra de l'élan, et du moment auquel vous lâcherez la perche. Avec le saut en hauteur, c'est l'une des épreuves les plus difficiles car elles nécessitent toutes deux de courir très vite, puis dans un laps de temps très court d'essayer d'obtenir un bon angle, de faire un bon saut, etc.

09 - Lancer du javelot - Comme pour l'épreuve précédente, il faudra pendant votre course commencer à lever le javelot avant d'atteindre la limite de la piste. L'idéal est de lancer le javelot le plus tard possible tout en obtenant un bon angle d'attaque.

10 - 1500 mètres - Heureusement, et à l'inverse des 100 et 400 mètres, il ne faut pas maltraiter les touches 1 et 2 du clavier sur près de cinq tours de pistes ! La vitesse est automatiquement gérée par l'ordinateur. Tout ce que vous avez à faire c'est orienter votre personnage à l'aide de quatre directions. C'est donc plutôt une épreuve de coordination, et au début ça demande un peu de rigueur. Imaginez que votre athlète court vers la droite, il faudra appuyer une première fois sur haut pour qu'il prenne le virage en diagonale vers le haut, puis une seconde fois lorsque la piste sera verticale. De même, si lors d'un cafouillage il se retrouve à contresens, il sera impossible de faire directement volte-face mais il faudra le faire tourner sur lui-même. Heureusement, il est impossible d'être éliminé de la course : si vous touchez les bord de la piste, votre personnage s'arrête. Par contre le temps de repartir, adieu la record du monde... Toute l'astuce réside dans le fait d'essayer de courir le plus possible à la corde, sans toucher les bords.

Le mode solo ne propose qu'un challenge assez peu élevé car il n'y a pas d'autre concurrent que le joueur. Tout ce que l'on peut faire alors, c'est essayer de battre son propre score, et même si le jeu est bien fait cela finit par devenir un peu lassant. En revanche, et c'est là que le jeu prend une valeur compétitive indéniable, on peut jouer jusqu'à six joueurs humains dans la même compétition (enfin, à tour de rôle). Une ambiance bon enfant s'installe généralement et si c'est à plusieurs que l'on s'amuse le plus avec ce jeu, c'est souvent là que l'on est le moins concentré et que l'on fait les scores les plus minables (mais rassurez-vous, vos adversaires seront victimes du même syndrome)

Olympic Decathlon fait partie des pionniers de la simulation athlétique, et rétrospectivement c'est un jeu de 1981 assez populaire dans sa catégorie (du moins pour ceux qui s'en souviennent), mais lors de sa sortie le succès est plutôt faible et Olympic ne reste pas très longtemps le maître du sport multi épreuves puisque peu de temps après il se fait évincer par de très sérieux successeurs qui reprennent le flambeau de ce qui va devenir un genre à part entière : Track'n Fields (1983 - Konami), qui propose "seulement" 6 épreuves mais dont les graphismes et animations sont très nettement supérieurs et dont le fun en multi joueur est toujours intact sinon plus fort, ainsi que le tout aussi célèbre Decathlon (1983 - Activision) de David Crane. En fait, c'est la seule chose qui a manqué à Olympic Decathlon pour rester dans l'histoire : des graphismes colorés, des animations plus joviales, des bruitages, bref en un mot de l'ambiance ! C'est pourquoi on préfèrera aujourd'hui des jeux plus élaborés de ce point de vue. Les productions suivantes ne cesseront d'ailleurs de s'améliorer et se diversifier dans les épreuves. Summer Games (1984 - Epix), California Games (1987), ou des jeux encore plus récents. Tous les quatre ans, on a même désormais droit à un jeu possédant la licence officielle des jeux Olympiques... L'autre défaut du jeu, c'est son manque de convivialité dans les commandes : là où un Track'n Fields se contente de trois boutons (deux pour courir, un pour tous les autres types d'actions), Olympic vous fait voyager aux quatre coins du clavier ! Parfois on court avec 1 & 2, parfois c'est avec les flèches. Le bouton d'action est X pour les sauts, T pour le javelot, Enter pour valider l'angle, la barre d'espace pour lancer l'épreuve. Le saut de haies s'effectue avec F1 & F2 et certaines épreuves nécessitent même un paddle. Bref, le fun en souffre indéniablement, et comparé aux autres jeux cités plus haut, le non succès commercial d'Olympic Decathlon se justifie de lui-même.

Quand à Microsoft, cet essai moyennement réussi décide la société à délaisser un certain temps les jeux vidéo pour se focaliser sur des applications plus professionnelles avec le succès colossal que l'on connaît (faisant de Bill Gates l'un des hommes les plus riches du monde), avant de revenir bien plus tard sur la scène vidéoludique avec des jeux PC puis Xbox. A ce titre, Olympic Decathlon fait office de jeu d'exception au sein de Microsoft puisque si l'on oublie les éventuels rares portages de jeux comme Age of Empire 2 ou Motocross Madness sur console à l'époque pré-Xboxienne (c'est-à-dire avant que la société ne crée sa propre console et se réserve donc logiquement ses productions en exclusivité), c'est quasiment le seul soft de l'entreprise à Billou qui n'ai pas été développé pour un système d'exploitation ou une machine Microsoft. Il est amusant de se dire que si ce jeu avait cartonné à l'époque, peut-être que Microsoft aurait persisté dans la voie de l'entertainment et que c'est toute la face de l'informatique qui en aurait été changée (NdL : Une version PC existe, éditée en 1982 par IBM sous le titre "Microsoft Decathlon", disponible chez les Underdogs, mais hélas elle est injouable sur un PC moderne pour cause de trop grande vitesse d'exécution. Elle n'a eu aucun succès commercial).

Jean-Christian Verdez
(29 septembre 2003)
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