Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
|
|||
|
Par MTF (23 février 2015)
Hercule, 50e long-métrage d'animation Disney, est une créature atypique dans l'histoire du studio. Il prend place, selon certains observateurs, dans la période suivant le « nouvel âge d'or » de la compagnie de l'oncle Walt, initié par La petite sirène et culminant par Le Roi Lion et qui fut on ne peut plus lucrative ; et effectivement, les films suivants, Pocahontas, Le Bossu de Notre-Dame ou celui dont il est question ici, d'être moins convaincants tant pour les critiques que pour le box-office. C'est un film étrange qui souffre difficilement la relecture, la faute à des références constantes à la pop-culture d'alors qui vieillit incroyablement vite et à des choix graphiques et musicaux qui décontenancent. Le style global est dû à Gerald Scarfe, que l'on connaît surtout pour son travail sur The Wall des Pink Floyd et dont l'univers torturé a inspiré le film du même nom ; quant à la musique, c'est le gospel qui domine, par l'intermédiaire de cinq muses (et non sept), devenues afro-américaines pour l'occasion. Autant le dire, l'intrigue du film est pour le moins tarabiscotée, fort mal racontée, et multipliant à l'envi les fils parallèles, les personnages inutiles, les gimmicks agaçants. Le revoir récemment a été une véritable épreuve me concernant, mais je sais qu'il a ses amateurs ; et si vous ne le connaissez pas, donnez-lui sa chance, il le mérite néanmoins : l'attention proverbiale du studio à ses créations ne se dément point. C'est cependant à son adaptation vidéoludique que je vais m'intéresser ici, jeu sur lequel j'ai passé de très bons moments et qui, bien qu'imparfait, reste un titre sympathique dans tous les sens du terme. De Zero à HérosDisney's Hercules Action Game (ça, c'est du titre !) se présente comme un jeu de plates-formes/action en deux dimensions mâtiné, ci et là, de phases plus originales comme je le préciserai plus loin. D'ores et déjà, il est agréable de voir qu'en pleine période « 32 bits » les développeurs aient choisi de rester fidèles à toute cette tradition ludique et n'aient pas cédé, comme on le verra par la suite par exemple avec Tarzan, à la trois dimensions rampante. Il est alors possible d'envisager ce jeu, et c'est cela qui m'avait surtout plu à l'époque, dans la continuité d'Aladdin ou de The Lion King : on y retrouve effectivement cette volonté de faire du jeu une version seconde du dessin animé en reprenant, quasiment tels quels, les personnages, les lieux et les musiques du long-métrage. En effet, si les sprites des personnages, ennemis et bonus sont joliment dessinés, les décors et autres éléments mobiles sont restitués en trois dimensions et nuisent alors à la visibilité de l'ensemble. Non seulement les sprites en deviennent fort pixellisés, comme mal détourés sous un logiciel dédié, mais il est souvent difficile de se positionner dans l'environnement surtout qu'ils possèdent un petit effet de profondeur, ou en vue légèrement isométrique, comme si la caméra surplombait quelque peu l'action. Cela donne un sentiment étrange, comme si nous jouions à l'un de ces vieux Game & Watch ou à une console Tiger, avec le décor, fixe, à l'arrière-plan, et un calque apposé où se meut le reste. Ces observations graphiques sont, du reste, grandement contrebalancées par les aspects sonores du jeu. Non seulement les musiques, « de qualité CD » comme on disait à l'époque, sont on ne peut plus justes et dynamiques, mais les bruitages participent énormément au plaisir que l'on peut avoir. Les coups de poings ou d'épée ont un réel volume, les ennemis crient, les gravats tombent d'une façon convaincante. Le jeu est de plus agrémenté d'une multitude de voix issues directement du dessin animé, en français même dans la version européenne, et l'on prend alors plaisir à entendre Patrick Timsit dans le rôle de Philoctête, satyre et entraîneur d'Hercule, nous encourager ou Dominique Collignon-Maurin (la voix de Luke Skywalker dans Star Wars) interpréter Hadès à la façon d'un avocat d'affaires hilarant. On s'appelle, on se fait une bouffe ? Hein ? T'en dis quoi ? Hein ?Il est appréciable également que les développeurs aient su se servir du matériel original pour proposer une aventure qui n'hésite pas à s'éloigner des sentiers battus. Si nous retrouvons, bon an, mal an, les lieux phares du film, comme Athènes ou les Enfers, on a également l'excellente surprise de voir développés des moments passés sous silence, ou fort rapidement, au cinéma, mais qui possèdent un intérêt ludique indéniable. Le jeu se divise en une dizaine de niveaux, que je m'en vais détailler par la suite, et qui possèdent tous leur petit quelque chose de neuf. Même s'il est de grandes constances (il s'agira, le plus souvent, de rejoindre l'arrivée en trouvant des bonus sur la route), on notera l'ambition de réellement surprendre le joueur et de tuer sa monotonie. Commençons alors notre aventure héroïque ! Le second niveau est sans doute le moment où tout se jouera : ou bien vous saurez passer outre, ou bien vous éteindrez la console de dépit. À côté effectivement des niveaux en 2D « traditionnels », l'on trouve à intervalles réguliers ces stages en « vue de derrière » qui n'est pas sans faire rappeler, quelque part, le fameux canyon des gnous de The Lion King. Mais plutôt que de courir « vers nous », Hercule s'achemine vers le haut de l'écran, à la façon d'un Crash Bandicoot et doit alors éviter ennemis et obstacles. La forêt des Centaures est, sans doute aucun, mon niveau favori. Dans ce cadre bucolique, nous ferons la connaissance de Mégara, la (future) amoureuse d'Hercule. Le stage est un véritable labyrinthe végétal et le combat final, contre le boss, est très original et vous demandera un peu d'astuce. Les boss justement, où sont-ils ? Pas de panique, les voilà ! Deux boss consécutifs, deux ! Ils se déroulent tous deux dans des arènes fermées dont ils occupent le point central. Hercule tourne alors autour d'eux et devra éviter leurs attaques et répliquer intelligemment. Le premier, l'Hydre de Lerne, est un combat titanesque prenant de plus en plus d'ampleur au fur et à mesure que ses têtes tombent ; le second n'est autre que Méduse, Hercule ayant volé la vedette à Persée pour l'occasion. Les quatre niveaux suivants inaugurent le dernier tiers de l'aventure. Hercule est effectivement un jeu assez court, mais la difficulté de ces stages se fait on ne peut plus retorse. Entre deux stages de « course » et avant un dernier niveau aux Enfers plus classiques, le joueur aura l'occasion de s'essayer à un shoot'em up de bon aloi à dos de Pégase. Il s'agit d'un niveau « remplissage » plus qu'autre chose, où la stratégie est reléguée au profit de la force brute, mais l'initiative est bienvenue. Le plus grand de tous les héros ! (air connu)Disney's Hercules Action Game est un jeu sympathique, réellement agréable de bout en bout. Sans réelles prétentions, il témoigne néanmoins d'une belle attention concernant ses aspects techniques et essaie autant que faire se peut de varier continuellement son propos. S'il lui manque sans doute une réelle profondeur et ce « petit plus » qu'ont les chefs d'œuvre, il permet de passer quelques heures tranquillement, sans soucis et sans réels problèmes. Il est disponible à présent sur le PSN et fait partie de ces jeux que l'on relance à l'occasion, quelques heures, en s'amusant volontiers. Et autant le film ne restera pas, me concernant, dans ma mémoire, autant je garde un regard attendri pour son adaptation : et ma foi, dans ce domaine, cela reste suffisamment rare pour être signalé. Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (10 réactions) |