Année : 1989 Système : Arcade, Game Boy, Megadrive, PC Engine, Playstation, Saturn, SNES, Wonderswan Développeur : Human Éditeur : Human Genre : Jeu de Combat (VS fighting) / Sport
Super Fire Pro Wrestling Special est un épisode important qui tient une place particulière dans le cœur des fans.
Cette fois, on apporte de vrais changements à la saga avec un nouveau style graphique et des sprites totalement revus. Ils sont plus beaux et mieux animés et disposent de bien plus de différences entre eux comme par exemple des tailles variées et des positions lors des gardes et des déplacements qui reflètent mieux leur style de catch. Ces sprites sont cependant moins grands que ceux utilisés dans les Fire Pro disposant de la licence AJW, le design général avec ces derniers est d'ailleurs assez différent. Ce n'est pas la plus belle 2D qu'on ait pu voir sur Super Famicom mais c'est d'un bon niveau (« enfin ! » serait-on tenté de dire !).
Pas d'inquiétude : Human n'a pas sacrifié la jouabilité du titre au nom de son amélioration graphique : les timings redoutables (dont la précision a été grandement améliorée) et les prises variées sont toujours là, avec de nombreux nouveaux mouvements possibles. On peut ainsi pour la première fois saisir un adversaire étourdi dans le coin du ring pour placer des coups spectaculaires en s'aidant des cordes comme un « superplex ». Les contre-attaques sont beaucoup plus variées et une même prise se renversera de différentes façons en fonction du style du personnage : un catcheur puissant soulèvera son adversaire tentant de lui placer une « powerbomb » tandis qu'un « Junior » saisira ses jambes pour tenter un « roll-up ». La plupart des catcheurs ont maintenant plusieurs coups forts supplémentaires, appelés Kakushiwaza (techniques cachées) qu'on obtient en appuyant sur Y+B. Enfin on peut également narguer son adversaire avec les boutons de tranche et relâcher volontairement une prise de soumission ou un tombé pour construire des matches plus longs et plus réalistes.
Ce dernier point démontre à lui seul la volonté qui anime les auteurs de Fire Pro Wrestling : permettre aux joueurs de « simuler » au mieux le catch qu'ils voient au gymnase ou à la TV, sans chercher à gagner tous leurs matches le plus vite possible.
C'est aussi avec cet épisode que la série s'oriente en partie clairement vers le MMA (Mixed Martial Arts). En effet, des prises de MMA étaient déjà présentes lorsqu'on incarnait des shootfighters comme Akira Maeda, disponible dès le premier épisode. Mais cette fois-ci, non seulement ces shootfighters sont bien plus nombreux, mais en plus le jeu accueille une dizaine de combattants de renom issus du monde du « free-fight ». Leurs caractéristiques et palette de coups sont adaptées avec des enfourchements, plaquages au sol et autres clés de bras réalistes et parfaitement animées venant remplacer les projections dans les cordes et autres coups de la corde à linge n'ayant rien à faire dans cette discipline. De plus certains de ces coups peuvent provoquer un « critical », ce qui met immédiatement KO l'adversaire ! Le jeu s'en trouve considérablement enrichi et permet de simuler des combats totalement différents, avec possibilité dans les options de définir les règles autour d'un système de rounds. De plus, il est également possible de débloquer un décor spécial : un ring octogonal entouré d'une cage ! Ambiance « Ultimate Fighting » assurée, la désormais célèbre UFC usant d'un tel décor venant tout juste de donner ses premiers shows.
Le mode EDIT s'enrichit de nouvelles options, de plus de choix de couleurs et de sprites de base, mais est toujours très difficile à utiliser si on ne lit pas le japonais. À noter que cet épisode gère un accessoire appelé « Turbo File » et commercialisé par ASCII. Ce dernier se branche sur un port manette et permet de stocker des fichiers de sauvegarde. Grâce à lui, Super Fire Pro Wrestling Special permet de créer et de stocker le nombre conséquent de 48 catcheurs !
Enfin, la grosse nouveauté, c'est un mode histoire appelé « Champion Road », extrèmement scénarisé et bourré de dialogues et de cut-scenes.
On y incarne Morio Smith, un jeune catcheur débutant (fictif) qui devra devenir une star au fil des matches qu'il aura à disputer. On commence avec une palette de coups restreinte mais qui sera modifiée au fur et à mesure de nos matches et de nos choix, car on sera maître de notre destin quand aux fédérations dans lesquelles on ira catcher. Ce mode est remarquable grâce à ses très nombreuses illustrations mettant en scène des catcheurs connus ainsi que quelques personnages créés spécifiquement pour ce « Champion Road ». Notre avatar se battra parfois dans de petits gymnases et parfois devant des foules en délire, il se frottera au « free-fight », deviendra une star aux États-Unis, connaitra gloire et fortune, et rencontrera l'amour de sa vie, une certaine Reiko Saeba (sœur fictive de Akira Maeda). Mais il connaîtra également des moments très difficiles et des remises en question. Et quel plaisir de voir son avatar adapter son style (et son assortiment de prises) en fonction des fédérations qu'il rejoint (aux USA, ses coups seront plus « flashy » et moins techniques). Quel plaisir également d'être soumis parfois à des matches à gagner selon des stipulations (contraintes de temps par exemple).
L'histoire qui est racontée fut très remarquée à l'époque, surtout son dénouement particulièrement dramatique et tragique. Il faut savoir que le responsable de ce mode « histoire » et le producteur du jeu n'est autre qu'un certain Goichi Suda qui deviendra célèbre plus tard avec des jeux hors norme comme Killer 7 et No More Heroes.
Le casting est plus que conséquent ici. On retrouve ainsi pas moins de 105 personnages (en comptant ceux à débloquer) !! Ils ne disposent plus chacun d'un portrait comme dans les épisodes précédents (on aurait fait exploser la cartouche !), sauf pour ceux qui apparaissent dans le mode « Champion Road » comme Undertaker, Sting, Misawa, Fujinami, Maeda, les frères Steiner, etc. Par contre, lors de leur sélection, ils sont tous illustrés par un sprite très joli montrant le catcheur dans une position spéciale comme Sabu pointant vers le ciel ou Misawa revêtu de son blouson.
Devant la foule de persos présents, ces derniers sont répartis dans diverses fédérations. On retrouve ainsi, sous de faux noms tout comme les catcheurs, la NJPW de Antonio Inoki, la AJPW de Giant Baba, la WAR de Tenryu, et la FMW de Atsushi Onita. À ceux-ci s'ajoutent une fédération regroupant les stars américaines de la WCW et de la WWF, un groupe de combattants de MMA et une dernière sélection de catcheurs indépendants.
Il serait fastidieux de tous les citer, mais sachez que quasiment toutes les stars évoluant sur la scène japonaise de l'époque sont présentes, comme Misawa, Chono, Tenryu, Ultimo Dragon ou Great Sasuke, ainsi que quelques grands catcheurs étrangers comme Hulk Hogan ou Randy Savage, et enfin des légendes du ring comme Giant Baba ou Dick Murdoch dont c'est à ma connaissance la seule apparition dans un jeu vidéo ! Je suis d'autre part bien heureux de pouvoir ENFIN jouer avec Tiger Mask dans cet épisode.
Super Fire Pro Wrestling Special est donc tout à fait excellent. Le mode histoire apporte beaucoup de personnalité au titre, et reste exceptionnel au sein de la série puisque seul Fire Pro Wrestling G sur Playstation offrira quelque chose de similaire parmi les futurs épisodes.
Le roster et le mode EDIT garantissent une durée de vie infinie et la réalisation fait enfin bonne figure face aux autres titres de la ludothèque Snes. Ce pourrait être le jeu de catch parfait de la génération 16-bits, mais Human va continuer à peaufiner son bébé...
Voici la liste des 44 nouveaux catcheurs jouables dans cet épisode, ainsi qu'une présentation de quelques uns d'entre eux parmi ceux qui ont le plus marqué leur époque et/ou l'histoire du puroresu :
Hercules Hernandez (NJPW)
Tatsutoshi Goto (NJPW)
The Great Kabuki (NJPW)
Kuniaki Kobayashi (NJPW)
Black Tiger 2 (NJPW)
Osamu Kido (NJPW)
Tiger Mask (NJPW)
Jun Akiyama (AJPW)
Ted Dibiase (AJPW / WWF)
Johnny Ace (AJPW)
Ashura Hara (WAR)
Masao Orihara (WAR)
Super Strong Machine (WAR / NJPW)
Arashi (WAR)
Tarzan Goto (FMW)
Mr Pogo (FMW)
Mitsuhiro Matsunaga (FMW)
Ricky Fuji (FMW)
Sabu (FMW / ECW)
Super Delphin (Michinoku)
Jinsei Shinzaki (Michinoku)
Gran Hamada (Michinoku)
Randy Savage (WWF / WCW)
John Tenta / Earthquake (WWF / WCW / AJPW)
The Undertaker (WWF)
Rick Rude (WWF / WCW)
British Bulldog (WWF / WCW)
Dusty Rhodes (NWA / WCW)
Dick Murdoch (NWA)
Ric Flair (NWA / WCW / WWF)
Fritz Von Erich (NWA / WCCW)
Bitsadze Tariel (Rings)
Chris Dolman (Rings)
Kiyoshi Tamura (UWFI)
Yoji Anjoh (UWFI)
Yuko Miyato (UWFI)
Bas Rutten (Pancrase)
Maurice Smith (Pancrase)
Royce Gracie (UFC)
Masaaki Satake (K1)
Andy Hug (K1)
Ernesto Hoost (K1)
Gerard Gordeau (UFC)
Roland Bock (Lutteur amateur allemand des années 60)
Tiger Mask est un catcheur de la NJPW dont le personnage est basé sur un manga des années 60/70. Malgré une très courte carrière de 2 ans seulement (1981-1983), il eut un impact considérable sur le monde du puroresu grâce à son agilité incroyable, ses talents en art-martiaux et des matches de grande qualité, entre-autre face au Dynamite Kid. L'homme sous le masque, Satoru Sayama, quittera ensuite la NJPW pour se lancer dans le shootfighting à la UWF. Sa prise de finition est le Tiger-suplex (double-arm back suplex).
The Great Kabuki est un catcheur japonais qui a commencé sa carrière dans les années 60 et s'est produit ensuite dans de nombreuses fédérations partout dans le monde. Il a connu un grand succès aux USA à la NWA et à la WCCW de Fritz Von Erich. Il a également co-fondé la fédération IWA au Japon. Son maquillage et son « poison-mist » qu'il crache au visage de ces ennemis ont inspiré le personnage du Great Muta. Il arrive toujours sur le ring armé d'un nunchaku et frappe avec des coups de pied de karaté.
C'est à la AJPW, au cours des années 90, que Jun Akiyama rejoint les Misawa, Kawada, Taue et Kobashi dans le club très fermé de la crême de la crême du puroresu pour qui veut des matches techniques et intenses ! Il s'illustre particulièrement en équipe, d'abord avec Misawa puis Kobashi, puis devient plusieurs fois champion poids-lourds dans les années 2000 à la NOAH. À la fois puissant et rapide, son style lui permet de s'adapter à tous types d'adversaires. Il a inventé ses prises favorites : la Blue Thunder Bomb et le Wrist clutch Exploder.
L'américain Sabu (annoncé comme étant d'Arabie Saoudite) est un des catcheurs « hardcore » les plus connus au monde, prenant part à des matches extrèmement violents et sanglants dans de nombreuses fédérations depuis le début des années 90. Il est célèbre pour continuer un match malgré ses blessures en se rafistolant sur le ring avec des bandes adhésives ! Au Japon il s'est fait un nom à la FMW avant de connaitre une exposition internationale à la ECW. Son style de catch est également très acrobatique avec de nombreux plongeons et moonsaults.
(et pour la petite histoire, je soupçonne fort les graphistes de Fire Pro de s'être inspiré de la photo ici présente pour réaliser le sprite présent dans le jeu !
Formé à la NJPW, Super Delphin est un catcheur emblématique parmi les poids-légers comme Jushin Liger ou Ultimo Dragon. Il a catché partout dans le monde avant de connaitre un grand succès à la Michinoku Pro Wrestling en tant qu'adversaire du Great Sasuke (entre-autre). En 1999 il fonde la Osaka Pro Wrestling qui est, à ce jour, la fédération préférée de l'auteur de cet article ! Il a inventé plusieurs variantes de prises complexes souvent inspirées de la lucha-libre comme sa Delphin clutch.
Du haut de ses 1m80, Jinsei Shinzaki fait figure de géant à coté des poids-légers parmi lesquels il a principalement lutté depuis les années 90 dans de nombreuses fédérations indépendantes japonaises, particulièrement la Michinoku dont il devient président en 2003. Il catche aussi à la WWF sous le nom Hakushi. Il se met en scène en tant que prêtre boudhiste qui prie pour l'âme de ses adversaires avant de les détruire ! Il aime marcher sur les cordes et porte des coups d'épaule en courant et des powerbombs.
Entrainé à la NJPW au début des années 80, Gran Hamada est un petit gabarit qui catche au Japon mais aussi et surtout au Mexique ou il adopte rapidement le style local : la lucha libre qu'il décide ensuite de populariser au Japon en créant la Universal Lucha Libre (ULL) en 1990, la première fédération japonaise mettant en scène exclusivement des poids-légers et reproduisant ce style de catch très acrobatique. Il rejoint plus tard la Michinoku Pro Wrestling, fondée entre temps par ses disciples. Ses prises favorites sont des hurricanerana, Tornado DDT et autres plancha issues du catch tel que pratiqué dans son pays d'adoption.
Malgré quelques matches disputés à la NJPW au début de sa carrière, The Undertaker n'a jamais fait carrière au Japon. Mais comment la série Fire Pro pouvait-elle laisser de coté plus longtemps l'un des catcheurs les plus célèbres au monde, peut-être LE plus célèbre de tous les temps après Hulk Hogan ? Incarnant une sorte de mort-vivant disposant de pouvoirs magiques, ce géant indestructible fait la fortune de la WWE (anciennement WWF) depuis le début des années 90. Sa prise favorite est le tombstone pile-driver (reverse kneeling pile driver).
Ric Flair est un des plus grands catcheurs américains de tous les temps, ayant remporté de nombreux titres de champion du monde depuis les années 70. Il a souvent défendu son titre au Japon, d'abord à la AJPW pendant les années 80 en tant que champion NWA, puis à la NJPW pendant les années 90 en tant que champion WCW. Il est célèbre en tant que « méchant » ultra-charismatique et leader des « Four Horsemen », un groupe de catcheurs légendaires. Sa prise favorite est la prise en 4 (figure 4 leglock).
Fritz Von Erich est un célèbre catcheur américain qui s'est fait une solide réputation dans les rings de la NWA des années 60 en incarnant un sanguinaire ex-nazi ! Dans les années 70, il devient une superstar au Japon ou il affronte Giant Baba à la AJPW. Sa prise de finition, l'Iron Claw (une prise de soumission ou il enfonce ses doigts crochus dans le crâne ou le ventre de son adversaire) devient tellement connue que de nombreux enfants japonais l'utlisent encore aujourd'hui pour se bagarrer, connaissant son nom sans forcément savoir d'où elle vient.
Royce Gracie est un membre de la célèbre famille Gracie, tous des spécialistes du jiu-jitsu brésilien. Il remporte le premier tournoi Ultimate Fighting Championship (UFC) en 1993 qui est à l'origine un événement unique opposant des spécialistes de plusieurs disciplines de combat, avec très peu de règles, et qui évoluera pour devenir la fédération de MMA numéro 1 au monde. Il continue ensuite sa carrière entre-autre au Japon pour Pride et K1, remportant de nombreuses victoires par prises de soumission, même face à des adversaires faisant deux fois sa taille et son poids !