Je suis ravi que tu interviennes sur ce topic, Nano, toi qui as défendu contre vents et marées
Alone in the Dark.
La nouvelle que tu rapportes ici, et que je découvre, est vraiment ridicule.
Combien de bouses ont été sorties sur Wii? Des camions entiers!
Et s'il est clair que ce jeu est fini au pipi il ne mérite aucunement cet acharnement dont il semble faire les frais. Malgré des tests pas si mauvais (JV.com: 16/20; GK:6/10, Eurogamer:6/10, IGN: 8/10...) le jeu se fait littéralement incendier sur les forums, et, pire que tout, très peu de possesseurs du jeu dans le lot.
Tout y passe, et à raison: textures très inégales, et... ben c'est tout. Le jeu s'est fait pourrir par son aspect graphique très gris,et ses relents de Dreamcast (sacrément boostée). Et pourtant il y aurait à dire au niveau des défauts, et ne pas s'arrêter à quelques images, ou vidéos systématiquement tirées du tutorial (allez plutôt voir le gaming live de JV.com qui se situe à un point avancé du jeu, c'est déjà autre chose).
Comme l'a remarqué Rainmaker-à-la-Fnac: ça charge. Plus généralement le jeu a de sacrés problèmes de rythme.
Le (mauvais) test de Gameblog le souligne avec raison: Monolith s'est complu à pourrir tout sentiment d'immersion par des chargements intempestifs qui peuvent survenir en plein climax. Les zones sont assez vastes, mais découpées en "blocs" qui sont chargés par la console à la manière du premier Fable si l'on veut.
Plus énervant, si le jeu se déroule en une journée continue, il ets tout de même découpé en niveaux, malgré la continuité temporaire et géographique. Ce qui amène bien sûr son lot de loadings et de menus (très complets, j'y reviendrai).
Avec parfois des découpages aberrants. A un moment le tsunami qui vient de s'abattre a innondé la ville, et alors que l'on était entrain de secourir des victimes on se fait surprendre par un hélico des terroristes. S'ensuit vous vous en doutez un affrontement bien corsé. Je ne vous spoilerai pas trop la suite mais dans la foulée on se retrouve à se débattre dans l'eau emporté par le courant, on s'en sort, fin du niveau.
Arrive alors le loading, et des menus dans lequels on peut facilement passer plusieurs minutes, un autre loading... et, niveau suivant, on se retrouve aubord de l'eau en face du pilote de l'hélicotère dont l'affrontement qui s'ensuit est tendu comme on aime.
Mais pourquoi avoir découpé tout ça par des loadings et des menus?!!!?
Voila pour moi le principal et gros défaut de Disaster. Le jeu est tellement haché que tout sentiment d'urgence est absolument anesthésié. Pour un jeu de survie ça fait tout de même tâche il faut le reconnaître.
Autre défaut: l'intérêt des phases libres où l'on porte secours aux victimes ne saute pas immédiatement aux yeux. Il faut bien l'admettre il y a à peine quelques personnes à sauver, et Ray est raide comme la justice. A cela il faut ajouter une caméra bizarrement limitée dans ses mouvements et très lente. Au niveau maniabilité et caméra on est à 100 lieues de
Tomb Raider Anniversary sur Wii qui représente pour moi ce vers quoi tous les jeux à la 3ème personne sur cette machine devraient tendre au minimum. Lara y est agile et maniable à la perfection, avec une caméra libre à fondre de bonheur, contrôlée avec le pointeur de la wiimote quand le bouton C est appuyé. Ce mode de fonctionnement est à mes yeux la liberté la plus pure.
Disaster à côté c'est le goulag, ces phases en plus d'être raides semblent avoir du mal à se justifier elles-mêmes tant elles ressemblent à des sas entre deux phases d'action. A peine mises en valeur par des catastrophes en arrière plan auxquelles la caméra nous invite tendancieusement à assister (traverser une rue dont une tour s'effondre à l'extrémité, avec un nuage de poussière qui vient à topute vitesse...). Pour achever le tableau les quelques civils qui sont là (les développeurs savent-ils qu'il y a des milliers d'habitants dans une ville?) sont modélisés à la hache, et le jeu, pourtant bavard, devient subitement muet à leur rencontre.
Tout ça fait que, quand on le regarde 5 minutes dans une boutique, à moins de tomber sur un bon moment (et il y en a à foison pourtant), il n'est pas forcément convaincant, il semble tout faire pour se saborder lui-même.
Et pourtant...
Pourtant reprenons les choses dès le début. Un scénar de gros film bis, des catastrophes naturelles à foison, une mise en scène HENAURMEU, des phases de shoot tout à fait réussies, du challenge, une tonne de parenthèses aux gameplays très variés... Bordel, mais alors que tout ça est à peu près réussi, beaucoup de gadget mais rien à jeter, le tombereau de réactions haineuses qu'a suscité ce jeu, d'autant plus qu'il est sur Wii, en dit long sur la communauté gameuse d'aujourd'hui et de son aigreur dont l'origine reste un mystère pour moi.
Fort heureusement Grospixels est un havre de paix dans cet océan et je vous en remercie tous du fond du coeur.
Bref reprenons. J'étais arrivé à un point dans le jeu où tous ses défauts commençaient à me déplaire de plus en plus. Ce découpage hallucinant de bêtise, ces environnements morts alors que c'est censé être la panique, cette technique qui oscille entre le bluffant et le ridicule... Et donc dans tout ça j'arrive à la centrale géothermique ou décidément mo,n arsenal est trop juste face aux terroristes.
Je me décide alors à rejouer les premiers niveaux. Les niveaux peuvent se rejouer à volonté afin de gagner des points. Points en combats pour acheter et améliorer son armement, et points de sauvetage pour améliorer les capacités de Ray (concentration, force, agilité, endurance...). Et là c'est la révélation.
Le jeu révèle son délire. Total.
Tous les panneaux explicatifs qui se succèdent sont oubliés, les phases de jeu s'enchaînent dans un rythme endiablé, et en plus on réattaque avec un arsenal bien puissant comme il faut, on prend un sacré pied à réexpliquer la vie aux terroristes. Autre chose, dans les menus il y avait une section "campagne de pub" grisée. Et là en refaisant le 1 er niveau je vois un panonceau publicitaire pour une bouteille de soda. Je le prends et v'la-t-y pas que ma wiimote se met à chanter! Et un speaker m'annonce que j'ai entamé la campagne de pub et qu'il reste 9 panneaux à trouver dans le niveau. Et à chaque panneau trouvé le décompte a lieu dans la wiimote, avec souvent des remarques vraiment très drôles, clins d'oeils à la condition de joueur qui doit imaginer les lieux les plus improbables pour dénicher ses fameux panneaux.
Le jeu prend alors une toute autre dimension, vraiment, comme une sorte de
Crazy Taxi avec des gunfights et de l'exploration. Mais une exploration light qui va à l'essentiel. Limite le jeu aurait pu sortir tel quel dans une salle d'arcade.
Ensuite une fois ces points gagnés j'ai commencé à avoir des armes vraiment puissantes et continuer dans le jeu, et je peux vous assurer que la deuxième moitié, une fois sortis de la ville, c'est un vrai grand huit ce titre. Les séquences de tir, majoritaires dans le jeu et bien relevées et variées, alternent avec des situations toujours plus variées. En premier lieu les phases de conduite hyper agréables. Et si les premières semblent juste gadgets, attendez de fuir l'erruption volcanique.
Je pourrais vous faire une liste de tout ce que la wiimote vous permet de vivre, mais ce serait gâcher le plaisir de ceux qui voudront bien s'y essayer. Mais entre autres sachez que vous nagerez dans une rivière en furie, piloterez un parachute, ferez des massages cardiaques, et tout plein d'autres QTE bien rigolos.
Et dans ce tourbillon d'aventures vous croiserez souvent un gars qui n'a rien à faire là, se tenant bien droit avec sa canne en argent, arborant un look 100% pimp, et qui, si bien sûr vous le trouvez, vous donnera le droit de vous entraîner dans un stand de tir improbable entre deux niveaux permettant de débloquer des armes. J'y ai eu l'arbalète, je pourrais avoir le fusil à impulsion ou encore le lance-roquettes.
Quand je vous dis qu'il se passait plein de trucs entre les niveaux qui niquaient la continuité, d'où la nécessité de le reprendre et de profiter de la mise en scène dans de bonnes conditions "matérielles".
Toujours à la fin des niveau un stock de statistiques vous tombe dessus avec des notes 100% Sega, allant de E (nul) à S ("héroïque") et de drôles de vignetrtes. Au nombre de 100, ces dernières annoncent la couleur. J'ai eu droit à "fan de vieux tacots" car j'ai fini un niveau en voiture avec une bagnole complètement explosée, "chenille" parceque je n'avais pas sauté une seule fois dans un autre niveau (!) et je vous en passe et des meilleures.
Franchement il y a de quoi faire dans ce jeu, qui est d'une richesse qui ne saute à priori pas aux yeux du premier coup, mais une fois qu'on y est c'est assez vertigineux.
Ah oui j'allais oublier. A un moment Ray se rend dans le parc où sons sensés se réunir les survivants pour recevoir des soins et être évacués. Comme dans les rues, c'est presque vide, à peine une dizaine de personnes. Je commence à lever les yeux au ciel et je casse une des nombreuses caisses pour récupérer son contenu. Et là, dans une jolie musique mélancolique que j'avais remarqué dès mon entrée dans l'espace vert, un type m'interpelle pour me dire que ces caisses sont réservées aux nécessiteux, mais que si j'en ai besoin... Et Ray s'interpelle en lui même "si peu de survivants dans ce parc, mais où sont tous les autres?". Et là de mes yeux au ciel je passe au petit sourire, les développeurs ont camouflé leur flemmardise par une jolie pirouette émotionnelle, bien vu. PLus tard la même musique revient chez une petite fille que l'on prend en charge, un très beau moment du jeu. Et si le scénario est volontairement crétin le héros est au moins on ne peut plus humain.
Voila, j'epère avoir rétabli quelques vérités, et je répondrai aux questions que vous me poserez.
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... mais j'ai rebranché la Master System sous la télé!