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Index du Forum » » Groblogs » » Groblog Odysseus: pédagogie et jeu vidéo
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Auteur Groblog Odysseus: pédagogie et jeu vidéo
Sebinjapan
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Joue à Disgaea (PSP)

Inscrit : May 02, 2007
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De : Thionville

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Posté le: 2013-12-22 17:04
Oui mais Odysseus se limite aux jeux en 2D.
Et je trouve que VF peut être frustrant car, entre débutants, c'est celui qui a le perso rapide enchainant les combos super facilement qui gagne à tous les coups (par exemple, Lau dans VF2 sur Saturn pour citer l'épisode que j'ai le plus pratiqué).

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Simbabbad
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Posté le: 2013-12-22 17:21
Pourquoi pas Barbarian ou The Way of the Exploding Fist ?
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twipol
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Joue à Duplo, petites voitures et livres musicaux...

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Posté le: 2013-12-22 17:41
Citation :
Le 2013-12-22 14:36, Sebinjapan a écrit :

Encore merci à toi Nordine de partager ton expérience avec nous.

Dans ce but, il me semble qu'il existe un jeu de baston 2D dans lequel on peut désactiver les coups spéciaux, mais pas moyen de me rappeler lequel. Quelqu'un a une idée ? (c'était peut-être un obscur jeu jap découvert dans le romset Snes ceci dit ...)


Sur SFII Turbo version SNES, on peut désactiver les coups spéciaux via un code : http://www.gamefaqs.com/snes/588701-street-fighter-ii-turbo/cheats

Mais perso, sans chercher à désactiver les coups spéciaux, je pense qu'un SFII'CE ou un SSFII via Mame irait très bien. Ces deux épisodes ont une vitesse de jeu qui leur va bien, et gardent une certaine clarté, un côté épuré dans leur gameplay. C'est vraiment excellent pour appréhender les notions que vous décrivez dans vos posts. Street c'est la gestion de l'espace, des palettes de coups normaux vraiment lisibles et intéressantes, et de grosses différences de modèles physiques entre les personnages (vitesse au sol, vitesse des sauts, hauteur et longueur des sauts) tout de suite compréhensibles et qui donnent un intérêt immédiatement accessible au jeu.

Pour les puzzle games, je voudrais pas avoir l'air du mec qui conseille juste les jeux qu'il aime sans réfléchir, mais Super Puzzle Fighter serait vraiment à tester. Étant étudiant j'ai connu une période où on se faisait des sessions dans une coloc', et tout le monde, vraiment tout le monde voulait y jouer, et s'amusait un minimum. Les mecs, les filles, les gamers, les gens qui n'y connaissaient rien en JV… le jeu est immédiatement attirant à la base avec ses personnages SD et leurs animations rigolotes, et il y a rapidement quelque chose de satisfaisant à fabriquer ces belles grosses gemmes qui brillent et à les faire éclater. Ça peut être assez jubilatoire pour des gosses. Et derrière ça il y a pas mal de paliers de progression.

À tester s'ils restent réticents devant l'austérité d'un Tetris, ou la frustration que peut engendrer la visée dans Puzzle Bobble.

Et sinon, je réitère mes encouragements et remerciements, je continue à lire ce fil avec intérêt.
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"Et quand ils devenaient mécontents […] cela ne menait à rien, car sans idées générales, ils ne se focalisaient que sur des contrariétés insignifiantes. Les plus grands maux échappaient invariablement à leur attention." G. Orwell


RainMakeR
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Joue à Exoprimal, Ghostwire Tokyo

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De : Toulouse

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Posté le: 2013-12-22 21:19
Citation :
Le 2013-12-22 17:21, Simbabbad a écrit :
Pourquoi pas Barbarian ou The Way of the Exploding Fist ?


Trop violent Barbarian, plutot Yie Ar Kung fu ^^ mais sinon forcément que sf2 est obligatoire Sinon un petit jeu fun du genre World Heroes
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Odysseus
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Joue à lâcher trois poissons-ballons sur la ligne de départ.

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De : Αἰαία

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Posté le: 2014-01-05 19:42   [ Edité le: 2014-01-05 19:54 ]
Rentrée de Janvier oblige, j'attaquerai ce mardi un nouvel atelier périscolaire consacré au jeu vidéo, dont j’établirai également un compte-rendu hebdomadaire.

En attendant, c'est l'occasion de faire un petit point sur le premier trimestre de cet atelier.*

Comme énoncé précédemment, la mise en place de ces ateliers a été difficile, pour ne pas dire chaotique.
Pour mieux comprendre le pourquoi du comment, il est nécessaire d'expliquer leur mise en place:

- Le gouvernement débloque une enveloppe importante pour la création d'ateliers périscolaires destinés à alléger les heures de cours des maternelles et primaires, mais aussi proposer aux enfants qui n'y ont pas accès des activités ludo-éducatives. Ces ateliers sont programmés pour les mardi et vendredi, de 15h00 à 16h30.

- Quelques villes sont sélectionnées pour tester ces ateliers, qui seront appliqués à l'ensemble du territoire pour Septembre 2014. Ces villes lancent alors des appels d'offres aux environs de la mi-Juin, avec un cahier des charges relativement pauvre en contenu, sans direction particulière ni orientation pédagogique spécifique.

- Des centaines d'associations, mais aussi d'autres types de structures y répondent. Les candidatures se font sur dossiers, lesquels sont remis aux chefs d'établissements auxquels il appartient de choisir les ateliers en question. En d'autres termes, si les ateliers proposés ne correspondent pas à leurs souhaits, ils seront de facto refusés, même si leur dossier est béton. A l'inverse, un atelier quelconque peut être accepté malgré un dossier ultra light.

- Toute fin Juillet, les candidatures acceptées sont tout juste confirmées. C'est le rush, sachant que beaucoup d'associations n'ont tout simplement rien préparé voire n'ont absolument pas les moyens de leurs ambitions (ni même les compétences nécessaires...). Chaque chef d'établissement gère sa tambouille dans son coin et c'est rapidement le boxon, notamment à cause d'importants problèmes de communication.

- Dans l'urgence, l'état crée des postes de REV (référent éducatif ville) censés faire le lien entre les établissements scolaires (directeurs, instits, parents d'élèves et élèves) et les intervenants d'ateliers. Sauf que là aussi, c'est un peu n'importe quoi, avec des REV assez investis et d'autres pas du tout, voire totalement aux fraises.

- Dès la rentrée, les ateliers démarrent et c'est la cata annoncée: aucune communication auprès des enseignants, des parents d'élèves et de leurs gamins, des intervenants qui se désistent faute de personnel suffisamment nombreux et/ou compétent, clashs avec les enseignants qui refusent de voir des intervenants extérieurs travailler avec leurs élèves, parents d'élèves qui retirent leurs gamins parce-qu'ils considèrent que l'atelier n'est pas approprié, etc.

Je résume bien sûr, mais pour avoir vécu ça de l'intérieur et à plusieurs niveaux (éducation nationale, intervenants et parents d'élèves), je ne peux hélas que constater l'absence totale de communication, d'organisation et de préparation de ces ateliers. Et encore, j'ai eu du bol. Car sur cet atelier, j'ai malgré tout pu rencontrer les parents des gamins avec lesquels j'allais travailler lors d'une petite fête de rentrée. De même, j'ai globalement été très bien accueilli par les enseignants, curieux de savoir de quoi il retournait. J'ai même pu intervenir dans la classe des gamins que j'allais avoir aux côté de leur maîtresse, laquelle suit le projet avec attention. Bref, j'ai clairement du bol, mais ça ne s'est pas fait tout seul non plus car j'ai été le seul des intervenants, sur cette école, à daigner me lever un samedi matin pour rencontrer tout ce petit monde et discuter avec. Car s'il est un élément de critique majeure selon-moi, au-delà de la communication et de l'organisation déjà bien nazes, c'est avant tout l'investissement et la compétence des intervenants qui sont bien souvent extrêmement faibles...
Je pense en particulier aux "grands frères" avec un QI d'huître morte et un vocabulaire tout en onomatopées, lesquels "animent" des ateliers sans aucun intérêt, façon MJC de ZUS noyée dans les ateliers rap et foot.

Débarquer dans ce contexte avec un atelier jeu vidéo, c'était comme de jouer à Dark Souls sur PC en inversant les commandes des sticks et avec les options à fond.
Je la fait courte, mais j'ai tout eu, des parents d'élèves qui viennent s'incruster en plein atelier à l'opposition frontale de certains enseignants avec leur cortège de clichés liés au jeu vidéo, en passant par des problèmes techniques justes hallucinants. Sur ce point, je précise que j'intervenais strictement en salle informatique, laquelle est non seulement très mal équipée, mais possède l'un des parcs les plus crados qu'il m'ait été donné de voir (hardware et software). Pour situer, à quasiment chaque séance, nous avions au moins un ordinateur qui nous claquait dans les pattes...

Le projet était donc de faire travailler les enfants sur un jeu individuel, créé de A à Z par leurs soins et en se basant sur un petit jeu de plates-formes que j'avais fait pour l'occasion.

Disposant de peu de temps (90 minutes par semaine, desquelles il faut déduire 15 minutes de récréation, 10 minutes pour rassembler et installer les gamins dans la salle informatique et autant pour les ramener à la fin dans le préau), j'ai hélas dû élaguer la partie introduisant l'histoire du jeu vidéo et les genres qui vont bien. C'était d'autant plus nécessaire que certaines séances nous ont été sucrées (grèves, réservation de la salle informatique, etc.). Ça plus les vacances, soit un mois de séances en moins sur un trimestre...

L'essentiel a donc été consacré à la compréhension de Scratch et à la réalisation de leurs jeux, sachant que la partie code a été la plus délicate, donc celle qui nécessitait le plus de temps. Malgré tout, les gamins s'en sont très bien sortis alors que, généralement, c'est l'élément qui les rebute le plus. En revanche, et assez curieusement, c'est la partie graphisme qui les a un peu refroidi. Beaucoup n'étant pas à l'aise en dessin, et encore moins à la souris, il a fallu redoubler d'attention et pas mal leur mâcher le travail. Idem d'ailleurs côté son, puisque l'idée initiale qui était de leur faire créer leurs propres bruitages a vite été abandonnée au profit de bruitages à piocher dans une liste. Dommage.

Ceci dit, la masse de travail était assez considérable puisqu'ils ont tous réalisés les éléments suivants, auxquels il faut donc ajouter un paquet de lignes de codes:

- Créer un écran titre avec un bouton de démarrage
- Créer trois décors différents pour les trois niveaux du jeu
- Créer un personnage avec toutes les animations (déplacements à gauche, à droite et saut)
- Créer trois ennemis différents avec leurs animations et leurs scripts spécifiques
- Ajouter un compteur de score et une horloge
- Ajouter des musiques et des bruitages
- Corriger les bugs et le level design

Ce qui m'a fait extrêmement plaisir, c'est qu'à partir d'une base pourtant commune, chaque gamin a su créer son propre univers, avec parfois un background un minimum développé et qui ne soit pas issu d'une série animée, d'un film ou d'un jeu vidéo. Car contrairement à une idée reçue, la plupart des mômes n'ont pas une imagination débordante, loin de là, et beaucoup feignassent en reprenant trait pour trait des univers existants sans même tenter de se l'approprier.
Par ailleurs, j'ai découvert que certains avaient récupéré leurs jeux enligne et les ont modifié durant leurs vacances. Ça, c'est peut-être le plus gros point positif, car non seulement cela signifie qu'ils sont devenus autonomes sur cet outil (ou en tout cas commencent à l'être), mais aussi qu'ils vont poursuivre l'expérience et, je l'espère, créer de nouveaux jeux par eux-mêmes.

Bref, j'ai hâte de voir quels seront les gamins que j'aurai ce mardi!

* J'ai prévu une mise à jour de ce point dans les jours à venir, donc ne vous formalisez pas trop avec le contenu.
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Bonaf
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Posté le: 2014-01-06 11:13
Citation :
Le 2014-01-05 19:42, Odysseus a écrit :

Car contrairement à une idée reçue, la plupart des mômes n'ont pas une imagination débordante, loin de là, et beaucoup feignassent en reprenant trait pour trait des univers existants sans même tenter de se l'approprier.


Tu me fais penser à ça avec ta remarque :
http://www.bouletcorp.com/blog/2007/12/11/fuck-peter-pan/

Sinon c'est toujours aussi intéressant, merci de prendre le temps de nous présenter tout ça.

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Thezis
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Joue à Far Cry 3

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Posté le: 2014-01-06 14:13
Citation :
Le 2014-01-06 11:13, Bonaf a écrit :

Citation :
Le 2014-01-05 19:42, Odysseus a écrit :

Car contrairement à une idée reçue, la plupart des mômes n'ont pas une imagination débordante, loin de là, et beaucoup feignassent en reprenant trait pour trait des univers existants sans même tenter de se l'approprier.


Tu me fais penser à ça avec ta remarque :
http://www.bouletcorp.com/blog/2007/12/11/fuck-peter-pan/


C'est tout à fait cela. Les enfants n'ont pas une imagination débordante au sens créatif mais au sens où le réel et l'imaginaire n'ont pas de frontière claire pour eux, tous les récits se valent et s'interpénètrent. C'est, je pense, une question de structuration mentale des stimuli envoyés par la réalité.
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Dans la vie, il y a 3 catégorie des personnes : ceux qui savent compter et ceux qui ne savent pas compter. (Anonyme)

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Odysseus
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Joue à lâcher trois poissons-ballons sur la ligne de départ.

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Posté le: 2014-01-08 00:33
Atelier du mardi: première séance

Comme je m'y attendais, cette première séance a été...particulière.

Organisation assez difficile avec 18 gamins répartis dans trois classes différentes. Pas hyper pratique pour rassembler tous les enfants, que je découvrais pour l'occasion. Après une série de portes à portes, et sachant que la récréation allait débarquer dans quelques minutes, j'ai rameuté le gros de la troupe dans la cour, pour découvrir que la récréation avait été annulée... C'est pourtant un élément essentiel, qui permet aux mômes de se dépenser et de souffler un coup. Et je sais d'expérience que la suppression d'une récré est le meilleur moyen d'avoir des enfants surexcités, ce qui n'a pas loupé.

Juste avant d'entrer en salle informatique, j'essaie de calmer tout ce petit monde, d'autant que je vois poindre quelques tensions entre certains gamins, le genre de truc qui peut dégénérer assez vite si l'on n'y prend pas gare (6 mois avec des SEGPA dans le 93, ça vaut tous les IUFM du monde ^^).
A peine assis, je me présente rapidement et saisi la balle au bond pour faire un point avec eux sur les règles du vivre ensemble. Il est très probable que je doive revenir dessus régulièrement, mais ça permet de poser quelques bases.

Une fois fait, je présente le projet, qui est naturellement flou à leurs yeux, d'autant qu'ils n'ont pas été informés du détail de l'atelier en amont. Si pour certains le truc semble séduisant, d'autres m'indiquent tout net que ça ne les intéressent pas...
Il y a là une part importante de provocation, où les gamins testent l'adulte qui les accompagne, mais aussi une vraie problématique de fond. Sur ce point, je pense qu'ils n'admettent pas qu'ils vont certes s'amuser mais surtout devoir travailler pour créer leurs jeux. En comparaison d'autres ateliers, notamment sportifs, où tout est prétexte à l'amusement pur, le contraste leur paraît rude et ils n'hésitent pas à le faire savoir.
J'aurais pu venir avec du concret, leur présenter ce qui a déjà été fait par leurs camarades sur l'atelier précédent, mais je tenais à cerner leur motivation sur la seule base de la théorie, sans avoir à leur servir sur un plat la finalité du truc. Certains diront que c'est une approche un peu kamikaze. Pour moi, c'est une nécessité, car il est impératif que les enfants qui participent à cet atelier soient en mesure de se projeter dans le temps afin d'éviter certains écueils propres à ces ateliers.

Je leur distribue alors des questionnaires, les mêmes qu'utilisés précédemment afin de comprendre leur pratique du jeu vidéo et ce qu'ils attendent d'un jeu créé par leurs soins. Globalement, les résultats sont positifs, y compris sur leur pratique vidéoludique (Mario, Sonic et Rayman trustent leurs tops 10 personnels, ainsi que le dernier Pokemon). Mais comme toujours, j'y trouve un lot non-négligeable de GTA et de Call of Duty (un gamin m'a d'ailleurs indiqué jouer à GTA 6, carrément ).
Par contre, ce qui m'inquiète vraiment (et le fait qu'il y ai pour une fois une majorité de filles n'y est pas étranger), c'est la tendance grandissant des jeux "sociaux" en ligne. Plus précisément de jeux en flash vite torchés, qui pour beaucoup sont des copies de jeux officiels, et qui réclament aux gamins de se créer des comptes tout en récoltant leurs données personnelles en proposant des systèmes de chat avec de parfaits inconnus...
C'est un phénomène que j'observe depuis pas mal de temps, mais la giga tonne de ces sites sortis de nulle part, sans aucune identité derrière ni aucun contrôle me paraît de plus en plus flippante. Je ne l'ai pas encore prévu dans mon déroulé, mais à priori je vais programmer un petit truc dessus tout en faisant quelques recherches (et en bloquer quelques-uns, parce-que les ordis de la salle informatique sont de vraies passoires question contrôle parental). Idéalement, j'aimerai faire intervenir les parents sur une séance consacrée à la prévention et à l'accompagnement des enfants sur Internet. Pas gagné, mais à tenter malgré tout.

Après avoir répondu 100 fois aux questions "Est-ce-que c'est un contrôle? et autres "C'est noté sur combien?", j'ai récupéré tous les questionnaires en les épluchant avec eux à chaque fois qu'ils me les remettaient. Ce fût l'occasion pour deux des cinq dissidents de me dire que finalement, ils étaient partants pour faire l'atelier.
A vrai dire, je pense que tous sauf un ou deux seront là la semaine prochaine, où ce sera l'occasion pour eux de découvrir une petite partie de l'histoire du jeu vidéo. Sauf que pour le coup, je ne pense pas leur faire de quiz mais plutôt une sorte de jeu des sept familles format XXL entièrement basé sur certaines licences connues (Mario, Sonic, Pokemon, etc.) et d'autres qui le sont moins à leurs yeux (Street Fighter, Final Fantasy, Oppai Slider*, etc.. Un truc tout simple et qui leur permettra d'assimiler plus facilement certaines notions, l'idée étant de proposer des cartes spéciales. J'en reparlerai ultérieurement.

Voilà. C'est certes un court résumé mais il s'agissait avant tout d'une séance de présentation, de laquelle il faut par ailleurs ôter 20 bonnes minutes de rassemblement des troupes/point discipline.
Si j'ai le temps d'ici à mardi prochain, je vous posterai d'avantages d'infos sur le jeu des sept familles.

Rendez-vous demain soir pour le compte-rendu de l'atelier du mercredi qui lui sera nettement plus riche! ^^


* C'est une blague, hein...
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Odysseus
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Joue à lâcher trois poissons-ballons sur la ligne de départ.

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Posté le: 2014-01-08 23:59
Atelier du mercredi: cinquième séance

Aujourd'hui, c'est mercredi, et comme chaque mercredi, c'est l'heure du Groblog consacré à la pédagogie et aux jeux vidéo.



Il y a deux sortes de jeux vidéo. Ceux qui sont réalisés avec Scratch, et ceux qui sont réalisés autrement.

Scratch, c'est quoi donc?
Concrètement, il s'agit d'un logiciel basé sur Squeak, lui-même inspiré par Samlltalk, soit un langage de programmation dynamique orienté objet. Créé en 2006 au MIT et disponible pour l'ensemble des systèmes d'exploitation, son code source est accessible et une version totalement libre, sous licence GPL 2.0, est également disponible. Pour les curieux qui souhaiteraient mettre la main à la pâte, il est important de noter que la dernière version du logiciel nécessite l'utilisation de certains logiciels Adobe, que ce soit en ligne ou pour l'installeur.
Sachant que la dernière mise à jour n'est pas encore au point et qu'elle bénéficie - hélas - d'une traduction française plus qu'approximative, je vous recommande de vous faire la main sur la version 1.4, certes moins complète et plus austère, mais aussi plus stable.

Comme prévu, nous avons attaqué la rentrée en découvrant Scratch tous ensemble. J'ai donc temporairement remisé les consoles et le X-Arcade afin que les enfants soient plus concentrés sur la tâche qui les attendaient.
D'ordinaire, je prévois toujours deux séances pour la découverte de Scratch, avec une première consacrée à l'interface, et une seconde à la compréhension du système de scripts du programme. Mais j'ai aussi remarqué que c'est sans doute le meilleur moyen de rendre l'ensemble peu aguichant à ceux qui rencontrent quelques difficultés d'assimilation. L'idée était donc de leur faire prendre en main l'outil sans qu'ils le rejettent, à commencer par l'idée (volontairement fausse) qu'il s'agit avant tout d'un espace de jeu.

Je les ai donc fait ouvrir un dossier contenant cinq jeux que j'avais préalablement réalisé, avec chacun une esthétique et surtout un genre particulier (shoot'hem up, aventure, course, plates-formes et casse-brique).
Durant près d'une heure, ils étaient libres de butiner d'un jeu à l'autre, de tester les systèmes de jeu proposés, dans le but de déterminer le jeu qui leur plaisait le plus. Il en est allé de même dans la découverte des commandes, qui d'un jeu à l'autre faisaient appel à différentes touches du clavier et/ou à la souris.
Un bon point a été que tous les jeux ont été appréciés par les mômes, dont le jugement est souvent définitif et sans pitié, à défaut d'être toujours forcément pertinent. L'autre est qu'ils ont tout de suite pigé les systèmes de jeu alors que certains n'avaient jamais touché à un casse-brique de leur vie.

Une fois leur jeux préféré sélectionné, je leur ai expliqué qu'ils allaient travailler tout le reste du projet sur le jeu choisi. Une majorité des choix ont portés sur le jeu d'aventure, et le reste sur le jeu de course et le shoot'hem up. Malheureusement, le casse-brique, jugé trop difficile par beaucoup, n'a été choisi par personne... Avec le recul, je pense surtout que l'habillage volontairement enfantin couplé à une jouabilité dont ils n'ont pas l'habitude les ont gentiment freiné. Dommage.
L'objectif du jour était donc de changer le premier décor des jeux choisis, en réfléchissant en amont sur un univers qu'ils souhaitaient reproduire en prenant soin de s'éloigner de ceux des jeux d'origine. Dans le lot, la science-fiction a largement dominé, avec un jeu de course de voitures prévu pour se convertir en jeu de course de vaisseaux spatiaux ou encore un jeu d'aventure mettant en scène un scientifique venu du futur pour éradiquer une infection zombifique. Je note surtout dans la liste un gamin qui a vraiment pris le temps de poser son truc pour un jeu d'aventure racontant l'histoire d'un ex-super-vilain qui veut devenir un super-héros.
Il me paraît important de souligner qu'ici rien n'a été mis par écrit (du moins de leur côté) afin qu'ils ne se sentent pas restreints pour les prochaines séances à ce qu'ils ont prévu précédemment. Je tiens particulièrement à ce qu'ils se sentent libres d'explorer leur imagination, de mélanger les univers et les approches "artistiques". Pour autant, ça ne signifie pas qu'ils sont en roue libre, bien au contraire. Je les encadre un par un afin que leur projet conserve une certaine cohérence. Je verrai bien ce que cela produira par la suite, mais ça me semble une démarche suffisamment flexible pour produire des résultats assez inattendus, qui les sortent des Naruto et autres thématiques footballistiques.

J'ai d'ailleurs instillé cette démarche en ne leur présentant sciemment qu'une partie des outils de travail graphique de Scratch, leur laissant le soin d'explorer le reste, et ça n'a pas loupé. Une ville futuriste par là, une "route de l'espace" ici, le sol de Mars ou encore un jet du futur on par semés leurs premiers décors.
Les gamins ont beaucoup communiqué entre eux, échangés leurs idées, leurs petites astuces dans l'utilisation de tel ou tel outil, mais aussi leurs techniques pour tricher. Par exemple, le gamin qui a fait le jet tenait absolument à ce qu'il n'ait pas l'air d'être suspendu en plein vol. Son voisin lui a donc recommandé de "faire des traits pour la vitesse". Il était tellement chaud bouillant qu'il m'en a collé partout et j'ai dû élaguer un peu. ^^

La séance arrivée à son terme, les enfants ont enregistré leurs nouveaux décors, avec beaucoup d'impatience quant au fait de pouvoir changer les sprites de leurs jeux, mais aussi de faire leurs propres bruitages à la bouche avec les micro-casques que je leur avait remis.
A priori, l'orientation de cet atelier est la bonne, d'autant qu'elle permet de remiser le plus dur (modifier une partie du script) pour la fin de l'atelier.

Petit crochet.
J'en parlais dans un autre post, mais les gamins bloquent beaucoup sur le dessin en général, et à la souris en particulier. Il faut vraiment les encourager voire les pousser à s'exprimer par cette voie, d'abord pour eux-mêmes, mais aussi pour les autres, qui portent un regard souvent très critique sur ce que font leurs copains. Dans un premier temps, il arrive que certains se bloquent, à tel point que je considère cette phase comme un passage nécessaire. Mais si on les accompagne correctement, qu'on les encourage et surtout que l'on dédramatise le regard qu'ils portent sur le fruit de leur travail, ça passe presque tout seul. Bien souvent, ils se surprennent à faire des choses dont ils ne se croyaient pas capables, ce qui les boostent et leur permet de se lâcher un peu.
Il y aurait beaucoup à dire là-dessus, mais les gamins se mettent une pression impressionnante, en partie héritée du système de classification scolaire qui réclame d'eux d'être toujours meilleurs, toujours au-dessus de la mêlée, c'en est terrible. Il m'est arrivé il y a quelques années de voir des gamins fondre en larmes (y compris des collégiens) simplement parce-qu'ils avaient fait une rature sur une pauvre feuille... Le fait de présenter un atelier comme un jeu, un moment d'amusement pur, même si ce n'est pas le cas, c'est réellement essentiel sur ce type de projet qui sollicitent l'air de rien un gros degré d'investissement pour des mômes. C'est aussi sur ces moments de détentes et de partage que les liens qui se tissent entre les adultes qui les accompagnent et les gamins sont les plus forts, notamment parce-qu'ils permettent beaucoup de liberté dans l'échange, donc de dériver très naturellement vers d'autres sujets, d'autres trucs qu'ils ont envie d'aborder sur l'instant. Bref, c'est là que tout le monde se découvre vraiment.

Sinon, en parallèle, je suis en train de préparer une petite sortie qui devrait - normalement - avoir lieu d'ici à la fin du mois. Avec les mômes de l'année dernière, nous étions allés à La Tête dans les Nuages. C'était génial mais visiblement ceux de cet atelier y sont déjà tous allés. J'ai donc exploré d'autres pistes, comme une visite à Ubisoft Montreuil ou une rencontre avec un développeur qui présenterait son parcours et auquel les enfants pourraient poser diverses questions. Rien n'est encore déterminé (rien que d'obtenir les autorisations parentales dûment remplies, c'est tout un programme...), donc si vous avez des pistes sympas et originales sur l'Ile-de-France pour un Mercredi avec une dizaine de mômes, je suis preneur.
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Posté le: 2014-01-09 12:41
rhaaa ca va commence a être chaud de te suivre si tu as plein de groupes différents à des moments idfférents

Y'a encore beaucoup de séances prévues pour ceux du mercredi ?
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Posté le: 2014-01-09 13:35   [ Edité le: 2014-01-09 13:36 ]
Tu as l'air de te donner du mal sur la préparation et la tenue de ces ateliers, j'en envierais presque les élèves

C'est clair que le dessin à la souris, c'est chaud à apprivoiser (rien ne vaut une tablette graphique - je dis ça sans être dessinateur moi-même...).
Je suis curieux de voir comment te vas te débrouiller pour les faire scripter leur jeux

Sebinjapan
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Posté le: 2014-01-12 14:20
Ce blog fait plus que m'intéresser, m'instruire et me divertir, il me redonne foi en l'éducation (et donc en l'humanité ). Si seulement il y en avait beaucoup d'autres qui s'investissaient comme toi Nordine (ce qui d'après l'un de tes derniers posts n'est pas gagné ...).
Les personnes qui sont en charge de tous ces ateliers qui vont donc être dispos partout à partir de la rentrée prochaine, ce ne sont pas forcément des éducateurs (de métier ou de formation), ça peut être n'importe qui (et donc n'importe quoi !), c'est bien ça ?

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Joue à Alan Wake 2

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Posté le: 2014-01-12 18:50
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Le 2014-01-12 14:20, Sebinjapan a écrit :

Les personnes qui sont en charge de tous ces ateliers qui vont donc être dispos partout à partir de la rentrée prochaine, ce ne sont pas forcément des éducateurs (de métier ou de formation), ça peut être n'importe qui (et donc n'importe quoi !), c'est bien ça ?


C'est à peu près ça. Surtout, certaines petites communes vont avoir du mal à recruter du personnel compétent. Dans un bled à côté de chez moi, la mairie s'est carrément adressée aux parents d'élèves pour savoir s'il n'y en avait pas qui seraient intéressés.
Ces ateliers peuvent être extrêmement enrichissants pour les élèves, mais s'ils sont menés par le même genre de gusses qui surveillent la cantine de mon école, au mieux, ce sera atelier vernis à ongle. Sans déconner.

Odysseus
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Posté le: 2014-01-14 00:32
Je tempère juste un truc: un animateur certifié n'est pas forcément un bon animateur pour autant.

Tu trouveras des personnes sans diplômes ni forcément l'expérience qui font largement le job, en proposant des trucs super intéressants ou en tout cas bien ficelés. Et d'autres, avec les jolis diplômes qui vont bien, proposer de la merde en barre et/ou qui n'ont rien à faire avec des mômes. C'est vraiment du cas par cas.
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Posté le: 2014-01-14 13:29
c'est payé ce genre d'atelier ?
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chatpopeye
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Posté le: 2014-01-14 18:11
@ Nordine : Tout à fait d'accord. Néanmoins, une personne avec un diplôme a au moins bénéficié d'une formation (qui peut être totalement dérisoire soit dit en passant), et a sans doute plus de chance d'avoir de l'expérience dans le domaine de l'animation. Mais bon, comme dans toutes les professions, on peut effectivement avoir des personnes "débutantes" bien plus compétentes que d'autres sensées être diplômées et formées. Je me rappelle quand j'avais passé le BAFA, en gros, si tu avais payé la formation, tu avais ton diplôme. Il fallait au moins avoir tué un des formateurs pour être recalé.



Odysseus
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Posté le: 2014-01-14 23:11   [ Edité le: 2014-01-15 22:58 ]
Atelier du mardi: deuxième séance

Une séance particulièrement rude ce mardi...

Il faut dire qu'initialement, j'avais prévu de leur faire découvrir l'histoire du jeu vidéo à travers une sorte de jeu des sept familles, en version boosté. Mais faute de temps, je n'ai pas pu le terminer à la date prévue, et j'ai dû me rabattre sur les outils que j'avais à ma disposition, à savoir des vidéos faites maison et une série de quiz.
Je savais pourtant que ce serait difficile de les faire accrocher avec cette démarche, mais pas à ce point.

Dès le début de l'atelier, une poignée de gamins ont été odieux, tentant de mettre le boxon à tout prix. J'ai donc passé l'essentiel de la séance à devoir faire de la discipline, une série de rappels à l'ordre, ce malgré la visite inattendue de la directrice qui passait là pour tout autre chose (un point sur les ordinateurs fraîchement réparés suite à une série de PC vandalisés par des élèves en-dehors des heures de classe...).
La séance s'est d'ailleurs terminée sur une distribution d'avertissements, lesquels donnent suite à une exclusion définitive des ateliers péri-scolaires à partir de trois. Je sens que je vais avoir la main leste dans les semaines à venir.

Quand on bosse avec des mômes, et à plus forte raison dans un environnement scolaire, on remarque que la plupart des acteurs présents ont constamment en tête cette relation avec l'enfant, celle qui définie la suite des évènements. On se remet constamment en question, on doute, on teste, on élabore et on construit, avec toujours l'idée fondamentale qu'un enfant est un individu et non pas le membre neutre d'une espèce d'entité collective. Autrement dit, chaque gamin a son caractère, ses humeurs, son histoire. Et pour chaque gamin, il y a une façon de l'aborder, d'appréhender une problématique et de l'amener au meilleur de lui-même. C'est une mécanique qui, à terme, se met en marche automatiquement mais que l'on pilote en permanence, à chaque minute qui passe.
Sauf qu'à force de la solliciter, cette mécanique peut s'essoufler et que l'on pense intérieurement "Ça me gave. Demain, j'arrête". Car autant les mômes peuvent être merveilleux, autant ils peuvent être exécrables. Et là, je nageais en plein dedans.

En fait, sur la petite vingtaine, seul quatre posaient vraiment problème. Quatre gamins infernaux jouant en permanence la carte de la provocation, constamment sur un fil entre ce qui est autorisé, ce qui est toléré et ce qui est interdit.
Pourtant, je suis plutôt cool. Strict, mais cool. Mieux, même quand un gamin est insupportable, je prends toujours le temps de discuter avec lui, d'essayer de comprendre ce qui ne va pas, de manière posée et dans le cadre d'une vraie discussion. Mais là, en fin de séance, j'ai vraiment saturé et quand la sonnette s'est mise en marche, c'était une vraie libération, alors que qu'ordinaire j'ai plutôt tendance à traîner des pieds et à gratter cinq minutes de rab.

Nous avions pourtant commencé la séance tranquillement, en partant de suite sur le quiz consacré aux personnages connus (et moins connus) du jeu vidéo, ce qui permet toujours d'enchaîner une discussion sur ceux qu'ils préfèrent ou qu'ils n'aiment pas, et pourquoi. C'est aussi l'occasion d'évoquer certains jeux ou certaines séries dont peu ont eu l'occasion d'approcher. Mais là, rien, le vide intergalactique, le néant absolu du dialogue ou presque.
Constatant leur absence totale de réactivité, j'enchaîne directement sur un montage destiné à leur expliquer brièvement l'histoire du jeu vidéo, qui comportent quelques évènements clefs et figures majeures. Ça se réveille déjà un peu plus et ceux qui semblaient apathiques participent. Au fil de la projection et des explications, les questions se font de plus en plus présentes et pertinentes, puis intervient l'un des quatre gamins. C'est de nouveau le silence. Et là, je pige ce qui se passe: le môme en question n'est autre que le petit caïd de l'école, redouté par tous les enfants, hormis les trois autres, rattachés à sa bande. Super.
Un gamine de CE2 est d'ailleurs totalement terrorisée car elle est assise entre le chef et son bras droit. A tel point qu'elle n'ose même plus utiliser l'ordinateur, regarde ses pieds et se met à pleurer. Je la change de suite de place en l'installant auprès de deux gamines super sympas puis je fais un point en aparté avec Billy the Kid. Ce sera le premier d'une longue série.

Malgré tout, je poursuis sur le quiz consacré à l'histoire du jeu vidéo et les enfants reprennent doucement l'activité. Comme attendu, plein de questions et aussi pas mal d'erreurs du fait qu'ils n'osent pas suivre pleinement l'atelier, de peur d'être catalogués comme "boloss", "balance" et autre "premier de la classe"...
Je jongle de plus en plus sur les points discipline avec les quatre cavaliers de l'apocalypse et ma capacité d'écoute et de compréhension s'amenuise doucement mais sûrement.
Dans un suprême effort de pédagogie, je continue sur ma lancée en abordant les genres vidéoludiques. En moins de deux minutes, les deux zozos viennent de plomber la projection, ce malgré une série de rappels à l'ordre de ma collègue. Las, très las, je les fait passer au dernier quiz. Mais tous ou presque ne peuvent pas répondre aux question puisque:

- Ils n'ont pas pu suivre la projection et les explications jusqu'au bout.
- Les illustrations qui accompagnent les questions ne s'affichent pas pour la plupart faute d'une connexion internet décente...

Je corriger donc les résultats à l'oral, en tentant de leur expliquer certaines notions, quand sonne la fin de la séance, salvatrice à plus d'un égard.

Alors, avec une journée de recul, il y a sans doute des choses que je dois modifier pour ce groupe, à commencer par les outils pédagogiques qui doivent être plus adaptés à leur capacité d'écoute et de compréhension. Il y a aussi d'autres éléments, plus pédagogiques, que je vais apporter par la suite pour répondre aux besoins collectifs comme individuels. Mais il y a d'autres éléments sur lesquels mon "emprise" est bien trop minime sinon inexistante pour que je puisse réaliser quoi que ce soit, en particulier sur un laps de temps aussi court.
A chaud, j'aurai certainement répondu qu'il en va avant tout de la responsabilité parentale, dont les autres adultes réalisant une action d'éducation après de leurs enfants écopent du manque voire de l'absence d'autorité.*
A froid (ou plutôt à tiède), je pense que nous y avons tous une part de responsabilité, laquelle varie en fonction du rôle qu'il nous appartient d'occuper, mais aussi - attention, je met les pieds dedans - de l'enfant lui-même, qui ne peut pas être systématiquement dédouané de toutes ses fautes, en particulier les plus inacceptables.

Depuis quelques années, j'étudie (c'est un bien grand mot) les différents courants qui existent quant aux nombreuses et épineuses questions liées à la pédagogie. On y trouve de tout, avec du bon, du moins bon mais aussi du catastrophique. Cependant, j'observe une certaine tendance, à savoir celle de l'idéologie** qui, au nom du bien-être de l'enfant, va instiller des valeurs souvent contestables et des méthodes qui prêtent méchamment à remise en question. Or, j'ai l'impression, pour ne pas dire la conviction, qu'il est de plus en plus difficile de pratiquer une pédagogie "classique" si l'on n'appartient ni à un clocher, ni à kolkhoze.
Certes, ce constat n'a rien de neuf, mais quand il est vécu de l'intérieur, qui plus est dans un contexte de société qui se déchire au lieu de s'unir, où les enjeux politico-économiques supplantent l'intérêt de l'enfant, c'est avec tristesse que l'on en vient à se demander comment faire intégrer à l'enfant sa part de responsabilité dans ses actes et ses propos. Car si la société tend de plus en plus à déresponsabiliser les adultes, à en faire des êtres fantomatiques détachés de toute forme de capacité de jugement et de libre arbitre, que dire de ces enfants plongés dès le plus jeune âge dans un système qui leur martèle qu'ils ne sont tout au mieux que de dociles consommateurs sans conscience ni raison?
Autrement dit, comment expliquer à un enfant qu'il est en partie responsable de ce qu'il est et de ce qu'il deviendra avec autour de lui un environnement qui, massivement, l'amène à rejeter la moindre tentative de remise en question? Et dans le cas des enseignants, comment parvenir à faire comprendre à l'enfant qu'il est et peut devenir infiniment plus que ce que certains lui promettent, mais que cela nécessite un effort constant, sans relâchement, notion devenue absconse sinon totalitaire au regard de la société actuelle?


* Si vous saviez comme ce mot est honni... Dans certains cercles éducatifs, l'autorité est synonyme de fascisme et d'oppression, c'en est désolant. Mais c'est presque un autre sujet.

** Tout courants confondus.

PS: je dérive à moitié. A vrai dire, il me paraît difficile d'aborder la question de l'éducation vidéo-ludique sans tenter d'explorer des points appartenant à la pédagogie en général. Merci de ne pas flamer et de vous faire des bisous en cas de mésentente.
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Odysseus
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Posté le: 2014-01-16 00:02   [ Edité le: 2014-01-16 00:03 ]
Le post de la deuxième séance de l'atelier du mardi a été mis à jour ci-dessus.

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atelier du mercredi: sixième séance

Fait rare pour être souligné: tous les enfants sont arrivés aujourd'hui avec dix bonnes minutes d'avance. C'est un signe qui ne trompe pas.
Les gamins étaient pressés de se mettre à l’œuvre, à continuer la création de leurs jeux, c'est juste un vrai plaisir.
Le temps qu'un petit nouveau arrive, plusieurs gamins m'ont dit avoir téléchargé Scratch, mais aussi commencé à modifier d'autres jeux. Là, je pense tenir quelque-chose de très intéressant sur le long terme, pourquoi pas sur un projet plus ambitieux, comme une Game Jam pour les enfants. A voir.

Nous avons donc continué sur ce qui avait été abordé précédemment, à savoir la création de nouveaux décors.
En fonction des genres choisis (aventure, shoot'hem up, course, casse-brique et plates-formes), certains avaient plus de travail que d'autres. Ou plutôt, chaque modification était différente.
Par exemple, ceux ayant choisi le jeu de course devaient reproduire un effet de scrolling vertical sur les quatre décors proposés afin de rendre la sensation de vitesse. A l'inverse, ceux qui bossent sur un jeu d'aventure ont créé des écrans statiques mais en plus grand nombre.
J'ai d'ailleurs été impressionné par leur prise en main des différents outils graphiques. Ils ont tous complètement assimilé leur utilisation, mais ont de plus adopté des outils que nous n'avions pas encore abordé. Mieux, tous les gamins ont exploré les options, comme la possibilité de mélanger des couleurs du nuancier ou de créer des dégradés (horizontaux, verticaux, etc.). Je vous ferai quelques captures d'écrans, parce-que certains gamins ont fait des choses assez extraordinaires alors qu'ils sont très peu à l'aise avec la souris.

Sur ce point, et toujours après leur avoir demandé de faire l'effort de commencer un nouveau décor sur la seule base de leur imagination, je les ai pas mal accompagné en leur dessinant sur papier tout ou partie de leurs idées. C'était juste génial! Vraiment, je suis convaincu qu'il vaut bien mieux les laisser cavaler dans leurs têtes en les guidant dans les échanges pour qu'ils ne s'éloignent pas trop de leur sujet, puis de les laisser adapter tout ça, non sans un petit coup de main occasionnel.
D'ailleurs, certains m'ont carrément fait des perspectives, ont joué sur les différents plans et ont créé des effets en jouant sur la transparence. A vrai dire, même avec des lycéens, j'ai rarement obtenu de tels résultats.

Vu leur rapidité d'exécution et la qualité de leurs travaux, je les amené à créer leurs écrans-titres et ceux de game over. Là aussi, beaucoup de créativité et une certaine maîtrise dans l'art de la bidouille. Un grand moment était celui de l'écriture des titres de leurs jeux, qu'ils ont bien pris le temps de penser, de re-penser et de corriger. De mémoire, j'ai un" Course du futur du héros de l'espace" assez mythique. ^^
Dans la foulée, certains ont déjà attaqués leurs sprites, à commencer par l'avatar principal (voiture, vaisseau spatial ou héros selon les jeux choisis). Un grand moment!
Quelques-uns ont également attaqués les sprites des ennemis, en les adaptant avec cohérence à leurs univers graphiques et imaginatifs sans que j'ai à les guider. Ils avaient tout capté dès le premier sprite et bossaient le reste selon leurs envies et leurs besoins.
Certains gamins ont bien pris le temps de bien penser le truc, de le dessiner X fois, de retoucher régulièrement les couleurs voire d'adapter certains décors selon le résultat souhaité. Ils sont vraiment hyper consciencieux et attendent beaucoup de leurs jeux, ça fait super plaisir!

Du coup, nous n'avons pas du tout joué tant ils étaient absorbés par leur travail. Je compte néanmoins rattraper le coup la semaine prochaine avec au minimum un petit tournoi de Bishi Bashi sur X-Arcade, et peut-être un petit coup de Tiny Barbarian DX si nous avons le temps. Pas de Megadrive ni de Super Nintendo malheureusement, car n'ayant pas de nouveaux jeux sur le grill, ils risquent de saturer et je ne veux pas les en dégoûter.
Ceci dit, comme il ne m'ont rien réclamé côté jeu, il n'est pas impossible que nous continuions sur notre lancée et, une fois leurs jeux terminés, que nous consacrions les dernières séances à du 100% retro-gaming. C'est du moins une piste que j'aimerai explorer, mais sous réserve qu'ils ne rament pas trop avec les scripts. Et si ça se fait, un tournoi ouvert à tous avec les gamins du quartier n'est pas inenvisageable.
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Posté le: 2014-01-16 14:43
Bravo pour ces compte rendus et ton boulot qui en est la source, c'est passionnant, et ton dernier post complètement euphorisant.

Si tu veux te proposer pour donner des cours en M2 à l'Espé de Livry-Gargan l'année prochaine je veux bien rater mon concours.

Je ne sais pas trop si tu peux, mes quelques captures de leurs création seraient très sympa.
On est curieux de savoir ce que peuvent réaliser tes petits génies!

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Posté le: 2014-01-18 12:11
Merci pour ton retour Niloc, ça fait plaisir de voir que je ne poste pas ça tout à fait dans le vent.

Pour les captures d'écrans, pas de souci, je ferai ça pour les comptes-rendus de la semaine prochaine.
Après, je ne sais pas si ce sont des petits génies. Mais pour des mômes qui découvrent tout juste Scratch et qui n'ont jamais fait de dessin à la souris auparavant, je trouve qu'ils se débrouillent vraiment bien, comparativement à d'autres enfants que j'ai pu avoir.


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