Fini TimeSpinner, quatre fois dont trois fois à 300% avec toutes les quêtes terminées et un run 300% en Cauchemar.
Développé par : Lunar Ray Games.
Edité par :
Genre : IGAvania
Supports : PS4, PS Vita, X1, NS (version jouée) et PC.
Détails : Quatre fins aux variations multiples, New Game+, langue française désormais intégrée.
Temps écoulé : 11h.
Il s'agit d'un Metroidvania financé via Kickstarter, qui ne cache pas son inspiration : Symphony of the Night. On y incarne Lunaïs, qui fait partie d'une tribu pourchassée par un empire qui souhaite s'emparer de leur secret : le Rouet du Temps, qui permet à la communauté de remonter le temps pour s'auto-prévenir de la moindre attaque de l'empire (coucou
The Messenger !). Seul hic (entre autres) : en utilisant le rouet, le Messager du Temps est automatiquement retiré de l'existence de la ligne temporelle qu'il a quitté. Ainsi, lorsqu'un messager arrive pour prévenir d'une attaque, personne ne le connait. La tribu s'interdit d'utiliser le Rouet pour d'autres motivations et reste pacifiste.
Au début du jeu, l'empire arrive très rapidement après l'arrivée du dernier Messager, ce qui chamboule les plans de la tribu et force la mère de Lunaïs à faire utiliser à sa fille le Rouet du Temps avant la fin de sa formation. Cette dernière voit sa mère périr juste avant d'être projetée dans la faille temporelle. L'aventure commence alors.
Seykis a bien des choses sur le cœur concernant les méthodes de l'armée Veylètienne, sa planète d'origine.
Côté réalisation, c'est du très, très propre. Joué sur Switch, le superbe pixel art brille de mille feux en mode portable. Le jeu est parfaitement lisible et ce peu importe ce qu'il se passe à l'écran, les contrôles réagissent immédiatement (et un
Castlevania où l'on peut s'accrocher aux rebords, c'est automatiquement un jeu qui vous veut du bien).
Comme ceux de la tribu, Lunaïs se bat en utilisant deux orbes élémentaires, qu'elle peut mélanger pour varier les attaques (la plupart des ennemis ont plusieurs vulnérabilité), elle peut aussi charger ses attaques en plus d'avoir un système d'équipement classique. Très rapidement, on obtient la possibilité de figer le temps en utilisant du sable (salut
Prince of Persia: Les Sables du Temps), ce qui permet non seulement d'esquiver des attaques presque inévitables, mais aussi d'utiliser les ennemis comme plateforme (coucou le Ice Beam des
Metroid !).
Castlevania: Aria of Sorrow ?! Non, TimeSpinner.
Peu après le premier chapitre, on possède le moyen de voyager entre passé et présent et c'est ici qu'interviennent des critiques très récurrentes, notamment sur le fait qu'il n'y a pratiquement aucune interaction temporelle sur l'environnement, mais plutôt deux "skins" d'une même map (
Castlevania: Harmony of Dissonnance) qui permettent d'explorer le monde sur ses deux facettes et voir l'influence que la guerre et une maladie mortelle a eu sur la planète. Ne comptez donc pas réparer les erreurs du temps toutes les deux secondes, tel Sam Beckett.
On peut aussi rencontrer des familiers (Symphony of the Night), le premier étant intégré au scénario du jeu, qui grimpent de niveau et disposent d'attaques spéciales.
C'est plutôt sur le lore que le jeu brille mais aussi,
selon moi, essaie vraiment trop de cocher toutes les cases de manière maladroite. Une fois dans le passé, Lunaïs fait connaissance de membres de la résistance qui déjà mille ans avant son voyage temporel, luttent contre l'Empire. Ces résistants viennent d'une planète et ont été amenés sur ce monde via un portail, le même portail que l'Empire exploite pour envahir ce monde-ci. Notre héroïne va donc pouvoir venir en aide à ces soldats et en apprendre plus sur leur monde d'origine et sur l'histoire de sa propre planète. Les quêtes secondaires sont entièrement optionnelles mais permettent d'établir des liens avec les personnages et de ce côté là c'est plutôt attachant et bien fait. Sauf que...
Comme le dit si bien ChromaBox, le jeu est fort joli.
- Nel annonce à Luna
qu'elle était autrefois un homme, comme ça, en pleine conversation. C'est amené aussi habilement que dans
Mass Effect Andromeda, donc très maladroit. L'héroïne annonce que ça ne la gêne pas et hop, emballé c'est pesé, on en fait plus jamais mention jusqu'à la fin de ses quêtes et du jeu.
- Il y a deux soldats
homosexuels, mais dont les quêtes sont plutôt bien écrites mais ont aussi la série de quêtes la plus courte.
- Un autre est polygame, ce qui était d'ailleurs très fréquent dans la tribu des Messagers du Temps.
- L'héroïne
est bisexuelle.
- Les Reines "Sœurs" sont lesbiennes et ont été amantes.
- Le méchant est un bon gros salopard, mâle dominant hétéro sans aucune espèce de rédemption possible, ultra vexé que
son plan d'un soir l'ait envoyé paître (au moins, Dracula avait un simili remord quand Alucard lui a rappelé les derniers mots de sa mère).
Là où ça ne me gêne pas c'est que tous ces personnages ont un background assez riche (notamment Sélène, AElena et les résistants) et opposent parfois leur point de vue jusqu'à remettre en question leur vision de leur propre patrie que ce soit sur les raisons de leur enrôlement dans l'armée, sur ce que leur propre peuple subissait dans leur monde d'origine déjà avant la découverte du portail et de l'Empire, des Sœurs s'annonçant de manière déchirante qu'elles vont entrer en guerre l'une contre l'autre, et que techniquement voir des personnages LGBTQ+ acceptés sans aucune gêne et qui semblent être parfaitement normaux dans leur monde, je dis oui (
mon préféré étant Steve Cortez de Mass Effect 3, un marine qui a été marié à un homme lui aussi dans l'armée, à l'heure des lois dégueulasses que Trump fait passer un peu partout contre les homosexuels et les trans dans l'armée et d'autres domaines aux US, ça résonne encore mieux). Mais dans TimeSpinner, je ne sais pas, j'ai vraiment eu l'impression qu'il y avait un cahier des charges. Après, ce n'est pas non plus tous les jours qu'on a un casting aussi varié dans un jeu donc je ne crache pas dans la soupe et j'ai bien aimé certains personnages. Juste que Lunaïs manque aussi un peu de profondeur ; elle ne réfléchi pas à ses plans, déborde de colère et... c'est à peu près tout.
Lunaïs, principalement.
Les logs des Sœurs et de Sélène permettent de rattraper un peu le tout.
Et alors que le principe de perturbations dans la timeline prend réellement son importance lorsque l'on approche de la toute fin, amenant non plus à deux fins différentes mais quatre (avec plus ou moins de suppléments en fonction de l'achèvement des quêtes secondaires), chaque version du boss final reste relativement identiqué : un gros connard avide de pouvoir et particulièrement agrougrou, avec presque autant de charisme que Vladimir Harkonnen dans le
Dune de Lynch. Même pour un autre boss final, qui d'ailleurs
mène vers la meilleure fin. Que ce soit l'Empereur ou l'autre, ce sont à mon sens les personnages les moins bien écrits, ce qui fait tâche avec le reste.
Malgré tout ça, j'ai quand même fini le jeu quatre fois. Si vous n'avez pas débloqué les deux choix supplémentaires et que vous choisissez l'une des deux fins "de base", vous revenez au dernier point de sauvegarde juste après et débloquez costumes, objets bonus, New Game+ et la possibilité de voir l'autre fin pour débloquer d'autres bonus, ou même de continuer à explorer pour débloquer l'un des deux choix menant à l'une des "véritables fins".
Le jeu dispose d'une ambiance excellente, un univers très intéressant, des personnages attachants et variés, des musiques enivrantes et un pixel art de toute beauté. Un Kickstarter réussi.
Verdict :
Très inspiré / 20
Le jeu pioche beaucoup d'éléments à gauche à droite, mais reprend de bons points, rendant le jeu extrêmement agréable en main, fluide et beau, tout en possédant son identité propre, ce qui n'était pas gagné avec autant d'idées reprises à gauche et à droite.
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Turrican Maniac (©️ nicko).