Mieux vaut tard que jamais, je (re)découvre
Commandos. Attention, je ne parle pas du jeu d'arcade de Capcom sorti en 1985, et qui engendrera plus tard ce petit bijou qu'est Bionic Commando. Il est ici question du jeu d'infiltration/tactique en temps réel (difficile de lui donner une appellation claire, Commandos ayant créé un genre, le
commandos-like). Il est sorti en 1998 sur PC, et sous-titré
Behind Ennemy Lines. Commandos est signé Pyro Studio, développeur espagnol dont c'était, me semble-t-il, le premier jeu.
Dans Commandos, donc, vous incarnez un petit groupe de soldats d'élite britanniques, envoyés pendant la seconde guerre mondiale en territoire occupé pour effectuer différentes missions de
sabotage. Le bourrinage, bien que possible et parfois difficile à éviter, n'est pas de rigueur ici. D'une part parce que c'est souvent aller au-devant d'une mort certaine (votre énergie peu descendre extrêmement vite en cas de fusillade), d'autre part parce qu'il est beaucoup plus intéressant de jouer les fantômes et analyser la situation, les tours de garde ennemis, la position des bâtiments, l'accès au point d'évacuation, la distance entre les différentes sentinelles et le risque qu'ils entendent un coup de feu ou l'appel à l'aide d'un camarade, etc.
Les soldats que vous incarnez (entre 2 et 5, cela varie selon les missions) ont tous leur spécialité, et donc leurs avantages et inconvénients. Par exemple :
- Le béret vert a un couteau pour tuer en silence par derrière, Il peut transporter les corps pour les cacher, il a aussi un leurre sonore qui peut attirer les gardes les plus proches.
- Le sniper a un fusil de précision pour tuer silencieusement à très grande distance et en un coup. Les balles sont en nombre très limité, donc à utiliser avec parcimonie.
- L'espion peut injecter du poison. Il peut aussi, s'il trouve un uniforme, se déguiser en officier allemand et passer inaperçu, voire discuter avec l'ennemi pour détourner son attention.
- Le plongeur peut utiliser son canot pneumatique pour transporter ses camarades. Il peut aussi nager sous l'eau.
- etc. En outre, tous les soldats ont un pistolet. Bruyant et moyennement efficace, c'est un peu l'arme de la dernière chance lorsque les choses dégénèrent ^^...
Les ennemis ont un cône de vision, qu'on fait apparaitre en sélectionnant le soldat correspondant. Ce cône a 2 couleurs. la première, c'est sa vision "de près". Si votre personnage la traverse, il est repéré. Notez en passant qu'il est possible, si vous ne bougez plus et n'avez pas d'arme sélectionnée, d'être simplement mis en joue par le soldat qui vous a vu. Au reste de votre commando de tirer profit de la situation et de sauver leur camarade avant que tout ne dérape. Si vous traversez l'autre couleur, la vision "de loin", le soldat ne vous repèrera pas tant que vous vous déplacez allongé. Vous pouvez aussi utiliser le décor à votre avantage, voire vous cacher dans certains bâtiments. Mais attention, les soldats bougent, tournent la tête, et sont placés de manière très efficace, rendant les choses bien plus délicates que dans la plupart des autres jeux d'infiltration, dans lesquels il y a toujours des failles assez évidentes dans les déplacements adverses.
J'ai découvert cette série il y a longtemps, via une démo jouable de Commandos 2 dans je-ne-sais plus quel magazine (sans doute PC-team). Je me souviens avoir adoré le principe, mais en même temps j'avais trouvé la mission de cette démo extrêmement difficile. Cela m'avait un peu désarçonné, et face au déluge de jeux à faire (oui, à l'époque déjà...), je l'avais mis de côté et finalement oublié. Et puis très récemment, je m'en suis rappelé et j'ai voulu donner sa chance au 1er épisode. Alors déjà, le jeu est intransigeant, mais pas excessivement dur (apparemment c'est le deuxième épisode qui a la réputation d'être le plus dur). Il faut juste s'habituer au gameplay, savoir prendre son temps, et ne pas oublier la salvatrice option quick save avant de tenter une stratégie périlleuse qui, si elle foire (et croyez-moi ça
va foirer
), permet de revenir en arrière sans tout refaire. Si l'un de vos soldats est tué, c'est le game over. Si vous gaspillez vos opportunités (fusil de snipe, déguisement, barils explosifs situés ici ou là...) ou si l'alarme est donnée et que des patrouilles supplémentaires parcourent la map, les choses peuvent devenir très compliquées au point qu'il vaut mieux recommencer (je n'ai jamais été totalement bloqué, mais parfois il est plus simple de recommencer la mission pour tenter une approche très différente).
Le jeu comporte une vingtaine de missions, la plupart consistant à détruire une structure ennemie (un barrage hydraulique, un sous-marin, une antenne de communication, etc.) Les missions sont toutes précédées d'un petit rappel historique afin de placer vos objectifs dans un contexte réel. Habituellement, je n'aime pas trop les jeux qui cherchent à s'inscrire dans une vraie guerre, préférant largement les événements fictifs ou/et les ennemis 'fantastiques' (zombies, extra-terrestres, etc.). Toutefois, Commandos propose une approche différente des jeux de guerre habituels, plus subtile car axée sur un concept de
sabotage... Même les environnements sont intéressants : les premières missions ont lieu en Norvège, les suivantes en Afrique (et attention à vos traces de pas dans la neige ou le sable). Il faudra attendre le dernier tiers du jeu pour revoir la Normandie. Et même là, on reste (du moins là où j'en suis arrivé) loin du cliché du débarquement. Comme l'indique le titre du jeu, on est
derrière les lignes ennemis, et c'est une approche ludique bien plus intéressante qu'une charge frontale avec des explosions partout.
Ayant acheté l'édition "Ammo Pack", j'ai, en plus du jeu original, l'extension stand-alone baptisée
Beyond the Call of Duty mais je ne l'ai pas encore essayée, voulant d'abord terminer Behind Ennemy Lines (j'en suis à la mission 14 sur 20). D'après ce que j'ai lu, l'extension est plus courte (8 missions), mais aussi nettement plus difficile, avec des maps plus grandes. L'action se déroule tantôt en Grèce, tantôt en Yougoslavie.
Notez aussi l'existence d'une version Megadrive pas du tout officielle (développée en homebrew par une équipe russe), qui propose les 5 premières missions de Behind Ennemy Lines. Shenron en parlera peut-être dans son groblog après les productions officielles de cette 16bit ?