Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par MTF (11 mars 2013)
Ces derniers temps, j'ai parlé des RPG issus de l'univers sucré et coloré de Super Mario Bros. J'ai évoqué le premier d'entre eux, Super Mario RPG, hélas quasiment inconnu en Europe du fait de son absence de localisation ; j'ai parlé de Paper Mario, hélas peu connu en Europe du fait d'une sortie tardive : je m'en vais à présent parler de Mario & Luigi: Superstar Saga, qui lui, je me plais à le croire, est davantage connu et gagne à être connu davantage. Comme j'avais évoqué, dans mon article sur Super Mario RPG, l'influence que le jeu de Square avait eu sur les futurs jeux de rôle Mario. Maintenant que je parle de Superstar Saga, il est temps de préciser ma pensée. Un roi avait deux enfants...Les fils de ce premier jeu de rôle se sont notamment répartis en deux familles, la famille Paper et la famille Superstar ; pendant très longtemps, ils avaient leurs terrains de chasse gardés, les premiers sur consoles de salon (N64, GameCube, Wii), les seconds sur consoles portables (Game Boy Advance, DS), règle tacite que seul le récent Paper Mario: Sticker Star sur 3DS a enfreinte. Et, nonobstant cette exception récente et remarquable, les spécificités de chacun étaient relativement claires : Paper Mario se concentrait davantage sur l'histoire, Superstar Saga sur le gameplay. Ce n'est pas dire que l'un n'a pas d'idée de gameplay, et que le second n'a pas d'idées d'histoire mais il me semble que leur différence vient bien, à la base, de deux conceptions différentes du jeu vidéo. Paper Mario, comme je l'expliquais dans mon article, n'utilisait pas réellement, du moins dans sa première itération, le gameplay de l'univers de « papier » à son profit, préférant se concentrer sur sa narration et la variété de ses situations, chose portée au paroxysme dans ses suites : son gameplay, en soi, ne différait pas fondamentalement de n'importe quel autre jeu de rôle au tour par tour et ce bien qu'on y jouait avec plaisir. I am number one too !Vous aurez noté que j'ai écrit plus haut « les plombiers » car oui, ce ne sera pas ici seulement Mario qui viendra sauver l'univers, mais également son frangin Luigi qui, pour l'une des rares fois de sa carrière, si l'on enlève quelques jeux ludo-éducatifs et le fabuleux Luigi's Mansion, tient un rôle de premier plan dans un jeu vidéo. En effet, les frères devront ici s'entraider et se soutenir au cours de cette longue aventure, et ils seront même ici sur un pied d'égalité : il ne s'agit pas, comme dans les Paper Mario de contrôler le p'tit rouge et de le faire suivre par un compagnon de second ordre, mais bien d'un acolyte au même titre que l'étaient Geno ou Mallow dans Super Mario RPG. Les frangins pourront alors tous deux sauter à des hauteurs défiant l'imagination pour vaincre les ennemis ou user de leurs marteaux - encore une relique du jeu de Square, comme quoi, les habitudes ont la vie dure - et progresser main dans la main. L'une des rares différences entre les frères du point de vue du gameplay viendrait des attaques élémentaires qu'ils peuvent lancer : si Mario brûle tout ce qu'il touche comme on peut s'y attendre, Luigi sera lui le maître de l'électricité. Je ne crois pas me souvenir d'un autre jeu où Luigi possède ce pouvoir, aussi nous aurions bien là une création parfaitement originale de la part d'AlphaDream. Leurs personnalités sont également assez marquées, avec un Mario assez courageux voire tête brûlée et un Luigi considéré comme un sous-fifre et se prenant constamment les pieds dans le tapis. Étrangement et c'est même surprenant, la meilleure partie de l'histoire du jeu doit provenir de la façon dont les plombiers interagissent l'un avec l'autre. De nombreuses saynètes dignes d'un film de cinéma muet où gags visuels, déformations et cascades sont à l'honneur surviennent très régulièrement, et ils se parlent dans une sorte de galimatias ou de sabir italianisant irrésistible qui m'a toujours fait pensé, en esprit, à Chapi-Chapo. No damage run complete !La
progression du jeu, sinon, est relativement classique pour un RPG :
les frangins vont donc parcourir le Royaume de Végésia
de long en large, alternant plaines, cavernes, villages et donjons
jusqu'à la fin du jeu en affrontant ennemis et boss de plus
en plus forts. Il n'y a rien de bien exceptionnel là-dedans
si ce n'est un moment, à la fin du jeu, qui s'avère
particulièrement fainéant puisqu'on vous demandera,
comme sorti d'un chapeau, de revisiter cinq zones précédentes
pour trouver des objets de quête inutiles et accéder
au dernier donjon. Je dis cela en passant, mais j'avoue que cela peut
réellement être un argument pour arrêter une partie
pourtant bien avancée si jamais l'on n'était guère
transporté par le reste (me concernant même, alors que
je suis grand admirateur du jeu, c'est toujours un calvaire lorsqu'approche
cette séquence...) ; c'est de plus une astuce relativement
faible pour ajouter deux ou trois heures de durée de vie à
un jeu qui n'avait rien à prouver sur ce plan-là. Passons. Dans les RPG Mario, il est possible depuis le premier épisode et grâce aux « commandes action » de réduire les dégâts faits par les ennemis, du moins les dégâts physiques, en appuyant sur un bouton au bon moment. Mais malgré tout, on perdait toujours un peu de vie. Dans Superstar Saga, en s'y prenant bien et en connaissant le jeu, il est possible de traverser l'aventure sans avoir perdu un seul point de vie. En effet, toutes les attaques, et je dis bien toutes les attaques, que ce soit celles des premiers ennemis ou du dernier boss, qu'elles soient physiques ou magiques, peuvent être évitées voire renvoyées pour blesser l'adversaire. Au moment où l'adversaire agit, il y a toujours un indice, quelque part, dans la façon qu'il a de bouger ou une couleur qui apparaît sur son corps qui permet de savoir s'il attaquera Mario, Luigi ou les deux frères et d'agir en conséquence. Si le jeu sélectionne pour vous quelle réplique donner, s'il s'agit de sauter ou d'utiliser le marteau, il vous faudra en revanche composer avec les timing très particuliers, voire contre-intuitifs parfois des dites attaques, les ennemis et surtout les boss ne manquant jamais de vous surprendre, surtout quand la fin du combat approche. Quelque part et sans que l'on ne s'en rende compte sur l'instant, Superstar Saga est parvenu à faire non pas un jeu de rôle avec des phases de plateformes, mais un jeu de plateformes assez solide avec des combats au tour par tour où votre agilité et votre capacité à lire la situation de jeu vous sauveront la mise plus d'une fois. Le cousin que l'on ne voit pas tropGraphiquement et musicalement très bien léché sans être pourtant m'as-tu-vu, le mot qui me viendrait à l'esprit concernant ces aspects techniques serait « efficace » : ni magnifique, ni spécialement moche, il reste cependant un pur représentant du « blue sky in video game » en nous dépeignant un univers bigarré et joyeux, parfois surprenant dans ses partis-pris architecturaux mais sans que rien, hélas, ne se démarque largement du lot. Comme je l'ai dit, c'est plutôt la mécanique de gameplay et la relation amusante et touchante que les frères construisent entre eux qui tirent véritablement le titre vers le haut et lui permet de se hisser au rang des must have de la console portable de Nintendo qui, si on y pense, n'a pas eu énormément de jeux Mario parfaitement originaux, la majeure partie d'entre eux étant des portages de ses anciennes gloires sur Nes et Snes. Il serait alors assassin de passer à côté de cet épisode magistral qui pourrait bien vous réconcilier avec les RPG si jamais vous n'aimiez pas le genre. Malheureusement, je ne saurai que trop vous conseiller de n'essayer que celui-ci. De la même façon que pour Paper Mario, ses suites n'ont jamais été réellement à la hauteur de l'original : elles le copient sans jamais pouvoir l'égaler. C'est toujours le problème lorsqu'un développeur place la barre trop haut pour la première fois, tout paraît alors bien fade à ses côtés. Sources, remerciements, liens supplémentaires : Certaines images proviennent du site jeuxvideo.com. Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (8 réactions) |