Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par Sebinjapan (18 avril 2011) Le grand rendez-vous sportif du Mercredi après-midiAu tout début des années 90, ma chambre d'ado est le théâtre d'affrontements passionnés autour du micro-ordinateur qui fait l'unanimité au sein de mon cercle d'amis : l'Amiga 500. Les mercredi après-midi sont placés sous le signe de la compétition acharnée autour de jeux de sport, particulièrement des jeux de football, et plus précisément le fantastique Kick Off 2 qui vient de fraichement détrôner le sympathique Emlyn Hugues International Soccer dans nos cœurs de fans du ballon rond. Les centaines de parties disputées quasi-religieusement s'enchaînent à un rythme fou, et la pression est réelle au cours de tournois dont l'issue déterminera notre cote de popularité dans la cour de récréation ! Si Kick Off 2 est alors le roi (il sera bientôt détrôné par un certain Sensible Soccer), il ne suffit pourtant pas pour canaliser toute notre rage d'en découdre entre nous au sein d'un sport virtuel. Il cède donc parfois brièvement la place à d'autres logiciels sportifs et multijoueurs, comme par exemple les classiques Speedall et Speedball 2 : Brutal Deluxe. Mais malgré toutes ses qualités, Kick Off 2 ne pouvait pas régler un terrible problème : celui des traces de chocolat sur mes magazines. Pardon ? Ah oui, il faut que je vous explique... Pour des raisons de logistique au sein de la maison, mes parents ne me laissaient pas accueillir plus de 2 amis simultanément pour disputer nos joutes ludiques sur l'Amiga 500. Nous étions donc 3. Or, le football comme chacun sait, ne permet qu'à 2 équipes de s'affronter. Le 3ème larron devait donc attendre son tour. Telle la salle d'attente d'un dentiste, ma chambre était heureusement pourvue de publications passionnantes pour permettre de patienter. Non, pas Femme Actuelle ni VSD, mais les estimables Joystick et Génération 4, qui avaient à cette époque supplanté en popularité Micro News et Tilt dans les rangées de ma bibliothèque. Tout cela est bien joli mais, bien qu'il soit plongé dans sa lecture, le 3ème joueur ne pouvait cependant ignorer le stress et l'anticipation montant dans ses entrailles alors que son tour allait venir pour entrer dans l'arène. Et quand on stresse, on mange. Or, la proximité d'un magazine avec un bon vieux Raider (nous sommes en 1990, je vous le rappelle !), résulte habituellement en un acte ignoble qui consiste à laisser ses empruntes digitales chocolatées sur les pages du premier après avoir posé ses doigts sur le second. Sacrilège ! La solution ? Trouver un moyen d'occuper les 10 doigts des 3 joueurs simultanément, avec un jeu qui sera tellement prenant qu'il leur fera oublier les cris de leur estomac. En 1990, cette solution s'appelle Projectyle. Les règles du TribalProjectyle est un jeu de sport collectif futuriste dans lequel 3 équipes s'affrontent simultanément. La documentation du jeu nous apprend que la discipline à laquelle on s'adonne se nomme le Tribal et que les équipes sont des Tribes (tribus en français). La balle que se disputent les participants s'appelle le projectyle. Le tout se déroule dans un lointain futur sur la seconde lune de Jupiter. En tant que sport futuriste, le Tribal est, comme le veut la coutume, ultra-violent, décadent et incroyablement populaire. Entre le Tribal, le Rollerball, le Speedball ou encore le Rugball, il va sans dire que les sportifs du futur mériteront amplement leurs salaires mirobolants, loin des polémiques qui alimentent le football à notre époque ! Le but du jeu est de marquer des points en envoyant le projectyle dans les buts de l'une des 2 autres équipes. Le terrain est divisé en 5 zones disposées en croix et reliées entre elles par un couloir. Chaque équipe a un joueur et un seul dans chaque zone. La zone centrale est celle où débute la partie et c'est à elle que sont connectées toutes les autres. Parmi les 4 autres zones, 3 abritent les buts d'une des équipes engagées. Il faut donc à tout prix empêcher la balle de pénétrer dans sa partie de terrain et donc, tenter de l'envoyer chez l'un des adversaires. Tout peut arriver dans la dernière zone, appelée Frantic, puisqu'on y trouve les buts des 3 équipes ! Les joueurs sont placés sur des disques flottants au dessus du sol, et victimes d'inertie dans leurs déplacements. Il faut donc pousser le projectyle dans la direction souhaitée. En fonction de sa vitesse de déplacement, le joueur poussera la balle plus ou moins loin. En appuyant sur le bouton du joystick, on se précipitera violemment vers la balle, ce qui aura pour effet de l'envoyer valser dans une direction dépendante de l'angle d'impact. Évidemment, les joueurs peuvent se percuter entre eux pour dégager la voie et se gêner. Les joueurs comme le projectyle rebondissent en percutant les murs qui entourent l'aire de jeu. Autant dire qu'on a parfois l'impression joyeuse de jouer au football en étant au volant d'auto-tamponneuses ! Surtout que l'animation rapide et le scrolling multi-directionnel impeccable soulignent admirablement l'action sur le terrain. Si on parvient à pousser la balle ou à l'expédier dans les buts d'un adversaire, on marque un point. Attention, le point est attribué au dernier joueur qui a touché le projectyle, ce qui permet de développer des tactiques de fourbe en se plaçant en embuscade et en venant "caresser" la balle avant qu'elle ne rentre dans les cages sur un tir adverse. Si on marque contre son camp, ce qui arrive très fréquemment, surtout dans la zone Frantic, le point est bien entendu attribué au dernier joueur ayant touché le projectyle avant qu'on commette sa petite boulette. Pour venir pimenter les parties, des bonus et des malus apparaissent aléatoirement sur le terrain. En entrant en contact avec ces petits cadeaux-surprise, on obtiendra divers effets. Il s'agira souvent d'augmenter ou d'abaisser l'une des caractéristiques du joueur (j'y reviendrai), mais on trouve aussi des effets plus radicaux comme l'immobilisation de ses adversaires pendant quelques courtes secondes, la téléportation dans la zone Frantic, l'apparition d'un mur devant les buts, l'inversion de la poussée qui vous enverra dans la direction opposée à la balle en cas d'appui sur le bouton, ou encore un malus qui rendra la balle complètement imprévisible lorsque vous entrerez en contact avec elle. Et puis on trouve également du dosh, c'est à dire, du cash, du flouze, de la thune, de l'argent quoi ! Le dosh vous permettra d'augmenter de manière définitive les caractéristiques des membres de votre équipe. Notez qu'une notion d'endurance, qui n'apparaît pas à l'écran, est présente : plus vous solliciterez vos joueurs, plus ils se fatigueront et en viendront à se déplacer plus lentement mais, ici encore, des bonus peuvent vous permettre de remédier à cela. Les TribesHuits Tribes de huit joueurs chacune sont disponibles. Elles sont constituées par d'intrépides sportifs hauts en couleur tels que des humains en armure lourde, des robot-tanks, des êtres bio-mécaniques étranges ou encore des chats noir en équilibre sur les disques flottants ! Cette dernière équipe se nomme The Eldritch Cats, est basée sur le logo des développeurs, et est celle qu'on contrôle par défaut dans une partie simple en solo contre le CPU (on peut changer d'équipe dans les options si on est allergique aux félins !) Les joueurs sont représentés par des sprites vus de haut : le graphisme n'est pas éblouissant mais suffisamment fin et les couleurs utilisées leur donnent un certain charme.
Chaque Tribe débute un championnat avec 100 points à répartir mais on peut en acheter d'autres grâce au dosh récupéré pendant les matches. Chaque équipe a également sa couleur dédiée, son propre terrain et sa propre musique. Les décors des terrains de jeu ajoutent énormément à l'ambiance et à l'identité de chaque Tribe. Ainsi les Devils font honneur à leur nom en accueillant leurs adversaires sur un terrain entouré de lave en fusion. À l'inverse, celui des Manic Mooses est recouvert de glace et se révèle bien entendu particulièrement glissant. Tous ne sont pas aussi esthétiquement réussis mais certains impressionnent la rétine avec l'utilisation de différents niveaux de scrolling pour donner un effet de profondeur et un choix de couleurs harmonieux et de bon goût. Quant aux musiques, elle se révèlent toutes particulièrement entraînantes et sont parfaitement représentatives du style électro-rock si typique des "modules" Amiga. Projectyle : le bon plan à troisL'un des gros atouts de Projectyle est donc de permettre à 3 joueurs humains de s'affronter simultanément. On pourra pour cela utiliser plusieurs combinaisons de touches au clavier en conjonction avec 2 joysticks. Plus fort encore : le jeu gère une interface vous permettant de brancher un 3ème joystick sur le port parallèle de l'ordi, port habituellement réservé à l'imprimante. Si on a pas d'amis sous la main, le CPU fait très bien l'affaire, grâce à 3 niveaux de difficulté rendant les matches compétitifs sans être frustrants pour tous types de joueurs. Notons d'ailleurs que le CPU fait preuve d'une habilité tout à fait honorable dans tous les cas. Tout cela et bien plus encore est paramétrable par l'intermédiaire d'un écran d'options particulièrement exhaustif. Il vous permettra également de déterminer la longueur d'un championnat, d'afficher ou non les "replay", de déterminer le lecteur de disquette pour ses sauvegardes, de choisir entre bruitages et musique pendant les matches (bruitages seulement dans la version ST), mais aussi, comble du luxe, d'activer ou de désactiver la plupart des effets sonores un par un. En ce qui concerne les modes de jeu, que l'on joue seul ou avec un ou deux amis, on peut s'affronter dans des matches simples ou bien dans un grand championnat opposant les 8 Tribes du jeu. Dans ce dernier, des points sont attribués en fonction de nos résultats, avec 8 points pour une victoire, 4 points pour une seconde place, 6 points si on est vainqueur à égalité avec une autre équipe, 4 points si toutes les équipes sont à égalité et enfin 2 points si on est perdant à égalité avec une autre équipe. Projectyle est donc un jeu très complet et particulièrement addictif à plusieurs joueurs humains. La jouabilité est parfaite, à condition toutefois d'accepter l'inertie des déplacements qui est cœur du gameplay. La gestion des joueurs est un petit plus appréciable pour qui aime peaufiner ses joueurs et expérimenter avec leurs caractéristiques (augmenter au maximum l'attribut "rebond" peut donner des résultats assez amusants ^^). Eldritch the Cat fait monter l' AdrenalynnProjectyle est sorti sur Atari ST et Amiga dans des versions quasiment identiques et a reçu un bon accueil de la part de la presse (les testeurs de l'époque ont cependant reproché à la version Amiga des temps de chargement sensiblement supérieurs à ceux du ST). L'équipe en charge du jeu se nomme "Eldritch the Cat". D'après la légende, le nom viendrait du chat d'un des développeurs, lui même nommé d'après le chanteur du groupe "Sisters of Mercy". L'équipe est également responsable de Chuck Yeager Advanced Flight Trainer 2, toujours sur micros 16-bits, un simulateur de vol original et très complet pour l'époque qui permettait entre autres de s'entraîner à voler en formation ou à réaliser des acrobaties, le tout aux commandes de nombreux appareils. Le jeu reçut d'assez bonnes critiques également mais il n'y eu pas d'autre titre signé Eldritch the Cat. Projectyle reste donc LE jeu de cette équipe, d'autant plus emblématique que son logo sert d'inspiration à l'équipe vedette du jeu, un peu comme la chouette de Psygnosis qui se retrouvait au cœur du shoot-them-upAgony. Pour être complet sur le sujet, il faut également citer un titre sorti en 1991, soit un an après Projectyle. Développé par Exponentia (dont c'est à ma connaissance la seule réalisation) et publié par les français de Loriciels sur Amiga, il s'agit d'un jeu disposant de grandes similitudes avec le soft d'Eldritch the Cat. Adrenalynn est amusant en multijoueur mais beaucoup moins technique que Projectyle, plus brouillon et moins "fun" à l'arrivée. Quant à Projectyle, s'il a marqué positivement tous ceux qui y ont joué, il n'a pourtant pas connu un grand succès sur la durée, malgré son action frénétique, et sa finition exemplaire. Il faut dire que le très apprécié Speedball 2, sorti la même année, lui a certainement volé la vedette auprès des amateurs de sports de balle futuristes. Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (21 réactions) |