Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par gregoire01 (26 mars 2012) Le monde du jeu vidéo est parfois surprenant. Alors qu’on se retrouve souvent face à un concours de beauté technique, de puissance et autre joyeuseté, on peut se surprendre à trouver le bonheur dans des jeux sortis de nulle part, basiques au niveau du gameplay et de la technique et qui pourtant, le temps d’une partie, vous font oublier tous les autres blockbusters vidéoludiques. Des jeux comme Katawa Shoujo. L’origine de Katawa Shoujo est assez particulière. Le 4 janvier 2007 sur le forum « 4 Chan » un anonyme posta un croquis d’un dessinateur de doujinshi (publication japonaise réalisée par des amateurs, habituellement des manga) nommé Raita. Ce dessin représentait quelques filles avec divers handicaps pour un jeu de drague. Bien que ces dessins n’avaient été faits à la base que pour mettre sur papier une idée qui n’aboutirait pas, l’idée d’un tel jeu lança de fortes discussions et spéculations sur le site, certains imaginant une tendre romance là où d’autres spéculaient sur des scènes bien hard et choquantes. Avec une base pareille, on pouvait se demander si on n’allait pas avoir affaire à un jeu de drague plutôt glauque… Et pourtant le jeu se révèle tout le contraire. Car si Katawa Shoujo est peut-être un projet indépendant dont la naissance est plutôt inhabituelle, il n’empêche qu’il a été développé avec un sérieux et un respect vis-à-vis du genre qui force le respect. Ce n’est pas pour rien que le projet à mis 5 ans à aboutir, ce furent 5 ans d’écriture, réécriture, design, re-design, etc. pour enfin arriver à la version finale. Le résultat se montre on ne peut plus convaincant, ne serait-ce du fait qu’on a vraiment l’impression d’avoir affaire à un jeu japonais, alors que ce n’est pas le cas. Le design est dans le style manga, ça se passe au Japon, les noms sont japonais, mais ce n’est pas du tout japonais. Histoire de confirmer le sérieux du travail entrepris, les éditeurs ont été jusqu'à rajouter des petits bonus comme une galerie permettant de revoir les moments clé, un jukebox et autres petits trucs sans importance dans le fond mais qui montrent le souci d’offrir une œuvre aboutie. N’oublions pas non plus les quelques options bien utiles comme masquer les dialogues pour profiter des dessins ou la possibilité de voir les derniers textes via le menu ou la molette de la souris. D’ailleurs il y a une bonne exploitation de cette dernière, clic gauche pour avancer le texte, le droit ouvre le menu, rouler la molette permet de revenir en arrière et cliquer dessus efface les textes. Bref, déjà sur la forme, Katawa Shoujo se montre bien convaincant, mais sur le fond, c'est-à-dire l’histoire, il finit par convaincre ces premières bonnes impressions. Katawa Shoujo commence là où généralement se terminent la plupart des « Visual Novels » de ce type : au pied d’un arbre. (NDSeb : les « Visual Novels » sont des jeux d'aventure composés quasi-exclusivement de textes et d'illustrations statiques, proposant très peu d'interactivité). Le personnage principal, Hisao, a en effet rendez-vous avec une fille de sa classe. Cette dernière lui tend une lettre, c’est une déclaration d’amour. Hisao est surpris et heureux, il sent son cœur battre de plus en plus fort et de plus en plus vite… Trop même. Sans qu’il s’y attende, Hisao est victime d’un arrêt cardiaque et finit par se réveiller dans un hôpital, dans lequel il passera un bon moment, car au final Hisao se révèle posséder une maladie cardiaque incurable. Au fil du temps Hisao se retrouve de plus en plus seul, n’ayant plus aucune visite depuis plusieurs mois. Il finit par devenir dépressif, la lecture étant sa seule distraction. Pourtant c’est dans cette école qu'il fera une rencontre qui changera sa vie. En effet Hisao fera la rencontre de plusieurs personnes de l’établissement : Les 6 personnages principaux :Emi Ibarazaki - Emi est une fille qui n’a plus de jambes, malgré ça elle se montre très joyeuse et sportive, elle est d’ailleurs une grande athlète de l’école, courant régulièrement avec ses prothèses de course. C’est la meilleure amie de Rin qu’elle aide à s’habiller. Hanako Ikezawa - Jeune fille défigurée sur la moitié du corps, Hanako est excessivement timide et a peur de se montrer. Elle passe son temps soit à la bibliothèque, soit avec Lilly sans qui elle semble perdue. Elle est dans la même classe que Hisao. Lilly Satou - Aveugle depuis la naissance, Lilly a une attitude très maternelle et amicale que ce soit envers Hanako ou le héros. Déléguée de la classe 3-2, elle est souvent en conflit avec Shizune. Rin Tezuka - Amputée des bras depuis son enfance suite à une malformation génétique, Rin a très tôt appris à se servir de ses jambes et de sa bouche pour compenser son handicap. Créative et artiste dans l’âme, elle semble souvent perdue dans ses pensées. Cela ne l’empêche pas de parfaitement s’entendre avec Emi. Shizune Hakamichi - Bien qu’elle soit sourde et muette, Shizune a réussit à s’imposer présidente du conseil des étudiants. Passionnée de jeux et de défis, elle est toujours accompagnée de Misha et montre une rivalité avec Lilly. Elle est dans la même classe que Hisao. Shiina Mikado - Surnommé Misha, c’est la meilleure amie de Shizune, parfaitement complémentaire de cette dernière du fait de sa nature très bavarde, elle fait également office de traductrice. Très joviale, elle a parfois tendance à taquiner les autres dès que l’occasion se présente. Personnages secondaires :Kenji - Kenji est le seul autre élève masculin que croise le héros dans l’aventure. Étrange et imprévisible, il s’est mis à développer une parano sur des complots pro-féministes, trouvant par exemple étrange que l’école soit remplie majoritairement de filles. L’infirmier - Il n’a pas vraiment de nom, c’est le médecin officiel de l’école. Bien que très amical et toujours prêt à taquiner les élèves, il se montre on ne peut plus sérieux dès qu’il s’agit de parler traitement et maladie. Akio Mutou - Le professeur principal de la classe d’Hisao. Bien qu’il semble faire preuve d’indifférence à ce qui l’entoure, c’est loin d’être le cas. Yuuko Shirakawa - La bibliothécaire de l’école, toujours débordée dans son travail et assez anxieuse. Certains auront remarqué à la fin du résumé une sorte de contradiction : une (seule) personne va changer la vie du héros alors qu’il en rencontre plusieurs ? Et pourtant il n’y a pas d’erreur. En effet, le jeu est divisé en plusieurs actes, mais selon les réponses formulées dans le premier acte, le jeu décidera autour de quel personnage se tournera l’histoire dès le début de l’acte 2. Et croyez-le ou non, il n’est pas toujours évident de deviner où vont nous mener les choix. Pour exemple, j’avais dans l’idée de me rapprocher de Hanako et pourtant je me suis retrouvé à suivre l’histoire avec Emi, sans savoir comment. En effet, s'il y a bien un point sur lequel un Visual Novel doit se montrer bon, c’est son histoire et son développement. Et sur ce point Katawa Shoujo dépasse toute l’attente que l’on pouvait avoir d’un jeu amateur. Katawa Shoujo au final n'est pas un jeu de drague mais bien l'histoire d’un couple. Sa rencontre, les liens qui se créent, les premiers rendez-vous, le premier baiser, l’expérience sexuelle (j’y reviendrai), les hauts, les bas, les joies, les tristesses etc. Le jeu ne se termine pas quand le héros embrasse l'héroïne, loin de là, ce n’est qu’une étape qui ne met pas fin à tous les problèmes sous-jacents, problèmes qui se résoudront ou s’aggraveront selon vos choix menant à une fin plus ou moins heureuse. Et à travers ces histoires, Katawa Shoujo finit par dégager une chose que personnellement je trouve encore trop rare dans le monde vidéoludique : de l’émotion. Oui, je n'hésite pas à le dire, ce jeu m'aura fait verser ma petite larme plusieurs fois ; il m’aura même fait rire par moments. Juste avec du texte et des images fixes Katawa Shoujo m'aura bien plus touché que bon nombre de jeux modernes se vantant de faire ressentir au joueur le même type d’émotion. Vous l'aurez noté, j'ai évoqué la présence de séquences sexuelles dans le jeu. Effectivement au bout d’un moment le couple fini par passer à l’acte, ce qui est représenté par des images Olé-Olé. Cependant il faudrait relativiser les choses. D'une part ces scènes sont plutôt rares (en moyenne 2 ou 3 par fille sur toute une partie) et au final sont dans la continuité logique de l’histoire de couple (en gros ça ne tombe pas dès la première rencontre, c’est plus une forme de consécration du couple). Ensuite, bien que je ne montrerai pas ces images à un enfant, on est loin de verser dans le hard. Pas de pénétration visible, pas de plan sur les appareils génitaux, pas d’animation, juste des illustrations... On est plus dans l’érotisme que dans le porno. Bref le jeu ne tombe jamais dans le malsain ou le vulgaire sur ce point. Pour rester dans les thèmes matures, il faut aussi souligner que le jeu aborde de façon juste le cas du handicap. Pas de victimisation, pas de glorification, juste des personnages qui vivent leur vie. Là aussi ce n’était pas forcément un point facile à aborder sans déraper, mais les auteurs ont bien relevé le défi encore une fois. Bon vous l’aurez compris, Katawa Shoujo m'a bien marqué. Mais je ne vais pas mentir, le jeu n’est pas sans défaut. La première chose qu’on pourrait reprocher, c’est que l’on n’a pas vraiment le sentiment d’être toujours maître de l’action. S’il y a assez de choix dans le premier acte, ce n’est pas le cas par la suite où ces derniers sont assez rares (d’ailleurs l’histoire de Shizune ne propose en tout et pour tout qu’un seul choix). Bref on a plus souvent l'impression de suivre une histoire que d’y participer. Et il faut adhérer au principe du Visual Novel, c'est-à-dire du texte du texte et rien que du texte, texte que l’on est parfois tenté de zapper. Mais bon il serait dommage, voire malvenu de faire la fine bouche vis-à-vis d’un jeu amateur surtout qui se permet d’être disponible gratuitement. Oui car c’est la cerise sur le gâteau, Katawa Shoujo est entièrement et légalement gratuit. Vous pourrez trouver le jeu (et d’autres bonus) sur le site officiel à cette adresse et adapté à divers supports (Windows, Mac, Linux...) Maintenant vous n’avez plus d’excuse pour ne pas tenter l’expérience. Katawa Shoujo est la preuve que le monde du jeu vidéo amateur est plein de surprises et qu’il n’y a pas besoin de techniques de malade et de grands effets pour faire naître de l’émotion. Anecdotes diverses :- Blog officiel où l’on peut suivre le déroulement de la production : http://katawashoujo.blogspot.com/ Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (22 réactions) |