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James Pond
Année : 1990
Système : Amiga, Atari ST, Megadrive
Développeur : Millenium
Éditeur : Electronic Arts
Genre : Plate-forme
Par EdO / Sector One (15 septembre 2003)

James Pond reste un personnage mythique pour tout retrogamer qui se respecte mais les nombreuses suites dont ce jeu a fait l'objet ont cependant essoufflé l'intérêt que pouvait porter les joueurs pour le sympathique amphibien. Toutefois nous pouvons supposer que son impact fut assez conséquent dans le monde des jeux vidéo pour justifier ces suites qui sortiront sur les différents supports 8-bits et 16-bits. Production typique des années 90, James Pond Underwater Agent se démarque toutefois de la production habituelle de l'époque en incorporant tout au long de l'aventure des décors aquatiques car une fois n'est pas coutume, vous allez incarner un poisson mais pas n'importe lequel !

Dans les profondeurs marines

Le but du jeu est de se déplacer dans une zone composée de plusieurs écrans et de collecter des clés, des bâtons de dynamite ou divers autres objets ou animaux dans un but défini et ainsi accéder au niveau suivant. Concept intéressant mais maintes fois utilisé dans l'histoire du jeu vidéo ! Néanmoins, force est de constater qu'on a énormément de plaisir à manier notre héros car celui-ci répond au quart de tour et heureusement car certains niveaux sont extrêmement ardus et nécessiteront de la part du joueur une dextérité et une gestion du temps quasi surnaturelle pour venir à bout de certains passages. Pourtant la difficulté reste assez bien dosée et les premiers tableaux font plutôt figure d'entraînement par rapport au challenge qui vous attend par la suite. En effet, à part quelques poissons ennemis ça et là que vous aurez vite neutralisé avec votre super attaque dévastatrice (une petite bulle d'air en fait), personne ne vous empêchera de mener à bien votre mission, agent spécial James Pond ! Soulignons que pour se débarrasser de vos ennemis, il ne suffit pas de les coincer dans les bulles, il faut aussi les toucher afin que ceux-ci se transforment en objets bonus rapporteur de points !

Le principe est honteusement copié sur le jeu culte Bubble Bobble mais d'un côté, entre un dinosaure vert fluo et un poisson agent secret tous deux cracheurs de bulles... mon joypad balance ! Le défi de James Pond, et par conséquent le vôtre, consiste à récupérer les divers objets en un temps imparti : par exemple, vous aurez besoin de plusieurs clés afin de délivrer vos amis les crabes prisonniers des pièges que les pêcheurs ont placé ! En plus de ce timing assez serré (car souvent il vous faut explorer de fond en comble le tableau afin de trouver LA clé manquante qui vous permettra de passer au niveau suivant !), les pêcheurs ne se tournent pas les pouces, loin s'en faut et de temps en temps une barque à la surface lâchera un plongeur qui tentera de ramasser votre malheureux compagnon le crustacé... Vous l'avez bien compris : si vous perdez du temps à chercher une clé, il ne restera pas assez de crabes à délivrer et vous ne pourrez pas remplir votre quota pour progresser dans le jeu. La bonne tactique consiste donc dans ce niveau à repérer les clés les plus accessibles et de délivrer vos amis les plus proches de la surface. Pour corser un peu le tout, il vous faudra braver une multitude de poissons ennemis et manier adroitement le joypad pour éviter les obstacles comme les aimants qui rendent le personnage quasiment incontrôlable pendant quelques secondes (et quelques secondes peuvent suffire quelquefois !)

Bien évidemment vous disposez d'une barre d'énergie et celle-ci diminuera si vous touchez un poisson ou si vous restez trop longtemps à la surface. Dans ce cas vous êtes assommé et chutez au fond de l'océan quelques secondes avant de reprendre vos esprits. Autre mauvaise surprise : si vous avez le malheur de toucher une pieuvre, non seulement vous chutez comme dans le cas précédent mais le décor devient tout noir pendant quelques instants ! Pas évident de s'y retrouver par la suite car il faut retourner à l'endroit où vous étiez auparavant ! Comme vous pouvez le constater, tout est fait pour vous faire perdre ce temps si précieux.

Pour que vous ne soyez pas trop bloqué pendant les premiers tableaux, vous avez la possibilité d'acheter un objet manquant pour pouvoir finir le niveau. En effet quelquefois le temps ne suffit plus et pour pouvoir délivrer un crabe ou faire sauter un pipeline, le magasin peut être utile (pour peu que vous ayez récolté assez de points pour pouvoir vous payer l'élément). Pour récolter un maximum de points, vous pouvez avoir accès à certains passages secrets qui ont la particularité de comporter, en plus d'un coffre au trésor rempli de bonus qui vous permettra d'augmenter le compteur en conséquence, une lettre afin de composer le mot James Pond. Un fois le mot composé c'est le jackpot ! La plupart des niveaux sont relativement immenses (plusieurs écrans et quelquefois à la limite du labyrinthe) et vous permettront d'explorer différents fonds marins aux décors très variés.
On passe ainsi d'un fond marin avec moult coraux aux énormes pipelines d'une station pétrolière en passant par une épave de galion...

Un peu de technique...

L'ensemble est très bien dessiné, à l'ancienne et à la loupe bien évidemment. Et le moins que l'on puisse dire est que le graphiste a fait des miracles car graphiquement il n'existe pas ou très peu de différences entre les versions Atari ou Amiga. Pour renforcer cette explosion de couleurs et éviter le fameux fond noir qui est tout sauf design, le programmeur a utilisé la technique bien rodée des rasters, ce qui est avouons-le un choix très judicieux. La réalisation de ce jeu tient tout bonnement du miracle lorsqu'on sait qu'une seule personne a pratiquement tout fait : Chris Sorrel. Rendons-lui hommage car il a dû en passer des nuits à dessiner et à programmer le monsieur ! Techniquement très honorable, le scrolling multidirectionnel est très fluide même avec un nombre important de sprites à l'écran. La musique reste typique de ce genre de jeu mais devient relativement agaçante au bout de quelques heures surtout sur Atari ST ! Comme à leur habitude, les développeurs ont très peu exploité les capacités sonores et graphiques du STE et nous avons donc droit à une musique au format soundchip, standard sur la gamme STF. La prise en main est instinctive et l'unique bouton du joypad suffira amplement pour arriver au bout de l'aventure en compagnie de ce sympathique personnage.

Les derniers mots...

En conclusion, James Pond est le genre de jeu qui vous mettra la pression dès le premier niveau : localisez rapidement les objets et les pièges ou la panique peut rapidement prendre le dessus ! Ici, point de litres d'hémoglobines, de têtes à trancher ou d'armes à collecter ... tout le jeu est basé sur la gestion du temps et votre faculté à diriger le personnage le plus vite possible tout en mettant à profit votre sens de l'observation ! Plusieurs suites lui seront consacrées dont la plus connue sera James Pond codename: Robocod mais les développeurs vont avoir une idée totalement différente et surferont sur la vague du moment, à savoir la mode des jeux de plates-formes. Le jeu sera assez réussi mais Sonic commencait à pointer le bout de son museau et il était évident que les auteurs ont voulu plutôt se rapprocher d'un Mario, choix somme toute assez raisonnable puisqu'il n'existait pas (ou peu) de jeux de ce type sur les micro-ordinateurs de l'époque (du moins, pas aussi réussi !). Beaucoup préfèreront ce deuxième opus mais il est interessant de voir comment avec un personnage très attachant et quelques idées originales on peut sauter d'un genre à un autre. Enfin, notons que James Pond Underwater Agent est parfaitement compatible avec les émulateurs Atari ST ou Amiga et que les screenshots de cet article sont tirés de la version Atari ST (pas mal pour du 16 couleurs non ?).

EdO / Sector One
(15 septembre 2003)
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