Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
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Par MTF (23 novembre 2022) Donkey Kong Country: Tropical Freeze est à mes yeux l'un des meilleurs, si ce n'est le meilleur jeu de plates-formes 2D de tous les temps. Voilà. Il est rare que je commence un article par sa conclusion, mais je pense que c'est paradoxalement là la meilleure façon de procéder. Cet épisode, qui hélas échoua à véritablement trouver son public compte tenu du relatif insuccès de la WiiU en son temps, parvint heureusement à trouver un second souffle sur Switch à la faveur d'une ressortie, qui ne bouleversa pas franchement son identité mais rajouta deux ou trois éléments. Le développement de l'épisode commença juste après la sortie de Donkey Kong Country Returns en 2010. L'équipe, des dires de Nintendo, « en avait encore sous le capot » et désirait implémenter plusieurs idées qu'elle n'avait pu, jadis, mener à terme. Le projet fut bâti avec la WiiU en tête, comme la Wii arrivait en fin de vie commerciale, et après une annonce en 2013, le jeu sortit l'année suivante. Si la presse fut particulièrement enthousiaste, les ventes furent plutôt décevantes, mais on peut facilement les imputer à la relative discrétion de la console. Ça va jeter un froidL'histoire, tout aussi prétexte que celle du jeu précédent, commence lors de l'anniversaire de notre gorille adoré. Autour d'un joli gâteau, Cranky Kong, Dixie et Diddy attendent que Donkey souffle sa bougie. Mais au moment où il prend son souffle, un flocon de neige entre par la fenêtre de la hutte, virevolte et vient éteindre la flamme. Interloqués de voir ainsi de la neige sous leur climat tropical, les macaques se rendent au-dehors et contemplent un spectaple inédit à l'horizon. Des bateaux vikings, menés par les Frigoths et leur chef le morse Frighorrifik, suivis par une tempête nordique irréelle, sont décidés à prendre possession de l'île Donkey Kong. Frighorrifik souffle alors dans une corne de brume géante, et invoque un genre de dragon de glace formidable. Je ne ferai nullement croire qu'il s'agit là d'une histoire révolutionnaire mais, pour être parfaitement franc, ce n'est jamais vraiment pour ça qu'on joue à un jeu de plates-formes. En revanche, la cinématique d'ouverture est absolument bluffante et encore maintenant, je ne peux la revoir sans être soufflé par sa qualité. La musique, qui commence gentiment sur le thème de la série avant de basculer vers celui des Frigoths, menaçants en diable et aux accents celtiques, est d'une composition exemplaire ; la mise en scène est efficace, et il est plaisant de voir ces nouveaux ennemis, des pingouins, des manchots et des morses, jouer en rythme du tambour coiffés de chapeaux à pointes ; la technique, surtout, a fait un sacrée bon en avant. Cependant, il y a davantage dans ce jeu qu'un simple Donkey Kong Country Returns HD, même si c'est l'impression que nous pouvons avoir au commencement. Tropical Freeze sait particulièrement bien réinventer son modèle, garder ce qui fonctionnait, transformer ce qui devait l'être et supprimer ce qui n'allait pas. En épurant définitivement sa ligne et en allant jusqu'au bout de ses folies, cette suite correspond parfaitement à ce qu'on attendait d'elle. Trois fois plus de plaisirL'essentiel du gameplay n'a guère évolué depuis le jeu précédent. Sa physique réinventée, son rythme, la puissance impressionnante de son personnage principal, tout cela est comme quasiment identique à Donkey Kong Country Returns, à l'animation près ; mais il faut dire que Retro Studios avait déjà atteint jadis une forme de perfection ici. En termes de possibilités d'action, le souffle a laissé sa place à la possibilité de tirer des cerceaux du sol pour faire apparaître divers objets ou débloquer la suite d'un niveau particulier. C'est une amélioration bienvenue : le souffle n'apportait pas grand chose au jeu et le ralentissait plus qu'autre chose, et ce nouveau geste s'insère plus harmonieusement au rythme global de la partie. Si leur rôle consiste encore à donner deux cœurs de vie complémentaires à Donkey Kong, c'est surtout pour leurs nouvelles possibilités de déplacement qu'on les choisira. Diddy conserve ses jet-packs qui permettent d'adoucir les chutes et de gagner un peu de distance horizontale. Dixie, quant à elle, donne une sorte de double-saut bien utile pour gagner de la hauteur et se rattraper au long des nombreuses phases de plates-formes. Cranky, enfin, se prend pour Picsou dans Duck Tales et se sert de sa canne comme d'un bâton à ressort pour écraser les ennemis et traverser les ronces et les picots sans difficulté. En ce sens, le jeu gagne une rejouabilité nouvelle, notamment dans les épreuves de Time Trials conservées du jeu précédent. Cette fois-ci, l'on a accès à un classement en ligne et surtout aux replays des joueurs et joueuses précédentes, ce qui permet de voir leurs différentes stratégies. Même sans ça, les niveaux se font bien plus nerveux que jadis, et nous n'avons plus ces séquences un peu longuettes du premier jeu : chaque stage est à présent finement ciselé, et on prend tant plaisir à les parcourir une première fois à un rythme mesuré qu'à se confronter aux chronomètres pervers pour dégoter les médailles d'or brillant, dernière des récompenses accessibles. Belles îles en merPlutôt qu'un parcours tout autour de l'île Donkey Kong, ce sera cette fois-ci six îles distinctes (et une dernière, cachée) que nous visiterons, la sixième étant notre foyer parfaitement gelé. Chacune d'entre elles compose un genre de biodome dédié à un univers particulier : la jungle, la forêt continentale, la savane, un atoll tropical. Contrairement à ce que l'on pourrait croire initialement, ce décor ne justifie pas nécessairement la redite : s'il est une continuité thématique patente, les situations de jeu sont suffisamment diverses pour faire oublier que l'environnement est presque identique à chaque fois. Le retour à l'île Donkey Kong est également un sacré voyage. Chaque niveau reprend l'un des mondes du jeu précédent, en version congelée et verglacée, de la jungle originale au volcan furieux, en passant par les mines déglinguées et l'usine endormie. Des clins d'œil nombreux aux niveaux d'antan se devinent dans les décors et dans certains pièges, mais sans pour autant nous distraire des nouveautés de cet épisode. Le voyage est loin d'être nostalgique — cela serait surprenant, l'épisode d'avant n'était sorti que quatre ans auparavant ! —, mais c'est une idée attendue et intelligente, qui s'intègre particulièrement bien à l'aventure. Il est d'ailleurs heureux de voir que Retro Studios n'a rien retranché de la puissance animale, de la vitesse et de l'agilité de notre Donkey. Il est toujours aussi habité de cette force sauvage et les décors s'épuisent sur son passage, les murs s'écroulent, les arbres tombent dans un vacarme assourdissant. On va plus loin encore dans la folie, en sautant de piège en piège dans un ouragan zébré d'éclairs ou en escaladant une falaise en pleine avalanche, tandis que tout tombe à l'abîme. Les séquences de jeu qu'on nous propose sont époustouflantes, de loin les plus spectaculaires de cette génération. Du reste, en éliminant toute idée de motion control et en déléguant la roulade à un bouton de tranche, la maniabilité ne peut plus être prise à défaut. Il me faut terminer ce panégyrique en louant le design extraordinaire de nos adversaires. Au regard des Tikis d'auparavant et de leur bestiaire laborieux, les Frigoths ont une personnalité bien mieux marquée, hilarante et mystérieuse. Les petits pingouins se dodelinent mignardement avec leur casques à pointes et leurs lances, les morses ont des moustaches brousailleuses, les archers nous visent avec des sardines congelées. Tous les ennemis ont quelque chose pour plaire, un détail dans leur apparence ou leur démarche qui les rend irrésistibles. Il en va de même des petites bestioles annexes, des oiseaux ou des lapins, et même de quelques Tikis revenus pour l'occasion histoire de varier le bestiaire. Briser la glaceMais alors, et après avoir chanté Donkey Kong Country: Tropical Freeze sur toute la gamme, vous vous demandez sans doute si je lui trouve quelques défauts. En cherchant bien, peut-être : le monde secret est encore une fois un peu chiche, alors que les artworks que l'on débloque en cours de partie laissaient entrevoir des niveaux délirants (dont un inspiré du Virtual Boy !). Les objets à collecter, lettres K.O.N.G. pour débloquer les niveaux secrets et pièces de puzzle pour la galerie d'art, ainsi que les chemins alternatifs pour débloquer des niveaux cachés sont toujours aussi simples à trouver, et les bonus stages sont des resucées de Returns. Enfin, et malgré leurs qualités, les niveaux aquatiques tirent parfois un peu en longueur, notamment celui qui s'apparente à un labyrinthe. C'est tout. Si vous aimez la plate-forme, voire si vous aimez le jeu vidéo « tout court », jouez à Donkey Kong Country: Tropical Freeze. Plongez-vous dans ses univers originaux et ses idées de gameplay. Sonnez les cloches en rythme de la musique dans le niveau « Ding Dingue Kong », plongez dans les piscines colorées de jus de fruits de la « Fabrique frénétique », étonnez-vous des jeux d'ombres et de la chute apocalyptique d'« Avalanches à outrance ». Affrontez le Concasseur Colérique sur un iceberg branlant, défiez Frighorrifik et ses dragons de glace dans le cratère du volcan de l'île Donkey Kong.
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