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Index du Forum » » Discussions & Débats » » La représentation des sexes dans le jeu vidéo [Attention, posts longs]
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Auteur La représentation des sexes dans le jeu vidéo [Attention, posts longs]
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Posté le: 2013-03-24 00:32   [ Edité le: 2013-03-24 00:37 ]
Citation :
Le 2013-03-23 23:44, MTF a écrit :
Ben oui, et je suis parfaitement d'accord avec tout ça. Mais je ne suis pas contre le mécanisme, et je ne renie pas ce que tu appelles la "base animale de l'Homme", je dis juste que faire ça, c'est moche.

Ah on est complètement d'accord, je me suis assez exprimé sur ce que je pense de Kratos (alors que le jeu dans lequel il se trouve est bon, c'est dommage) ou d'autres titres. Je pense aussi que cette attitude, portée consciemment par une partie de l'industrie, est en partie responsable de la désinhibition de certains comportements lors des salons de jeu vidéo par exemple.

Mais je conteste la vision majoritaire que toi ou Kimuji (qui parlait de 90%) donnez. Par exemple, j'ai fait récemment "Space Marine", qui est quand même l'archétype du jeu bourrin avec du gore, des décors apocalyptiques, un côté virilo-facho etc., et quand j'ai découvert que le commandant allié qui dirige toutes les forces militaires sur la planète que l'on défend était une femme à poigne qui mène tout le monde à la baguette et qui n'est pas tellement sexualisée, je n'ai pas été surpris, dès la première scène je savais à quoi j'aurais droit.
De même, je joue à "Mark of the Ninja" sur XBLA et le guide autoritaire qui instruit notre personnage muet en le prenant un peu de haut est une femme, et là non plus ça ne m'a pas étonné.

Il y a un pan énorme du jeu qui ne joue pas vraiment sur la représentation des sexes parce que c'est hors propos ("Geometry Wars"), un autre pan sur lequel les personnages sont juste des pions car le jeu n'est pas un média narratif par défaut et la représentation des sexes n'y compte pas vraiment ("Mutant Mudds", "Beat the Beat"), une autre grosse tranche qui utilise des personnages plus présents et une situation moins abstraite mais sans qu'on puisse vraiment détecter grand-chose de condamnable ("Sin & Punishment 2", "Super Meat Boy", "Space Marine" donc, "Aliens Colonial Marines" de ce que j'ai pu en voir où des soldats sont des femmes, "Dead Space Extraction" et "Dead Space"), des jeux narratifs avec des personnages bien plus développés où là non plus il n'y a rien de vraiment choquant là-dessus alors que des tonnes de sujets ou scènes y sont archi casse-gueule ("No More Heroes", "Deadly Premonition", les "Silent Hill")...

Est-ce que la situation est si pourrie? Le jeu vidéo a des bases que je trouve assez solides par rapport à ces questions, c'est la dérive qui cherche à copier le cinéma à grand spectacle de cette dernière génération qui copie certaines recettes qui pose problème (bon, et certains jeu de combat ou ciblés).

Il y a aussi, comme dans les autres formes d'art, déjà des jeux qui parlent à la fois aux instincts et au cerveau, des fois dans des directions sublimement contradictoires (les trois derniers exemples cités plus haut en sont de bons représentants), cela me paraît absolument remarquable alors que le jeu vidéo, par nature, ne se prête à priori pas du tout à ce type de résultat. La situation me paraît assez riche et nuancée, je ne vois pas pourquoi le constat des ficelles d'une certaine tendance récente (et partielle) gèlerait le débat.
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Posté le: 2013-03-24 12:31
Je pense que j'ai le même problème avec cet argument qu'avec celui, évoqué précédemment et contre lequel j'avais aussi émis des réserves, du biologique. En réalité, même si ces arguments partent d'une vérité établie, j'ai peur que leur mention empêche de poursuivre car tout pourrait se ramener à eux. Et ce n'est pas parce que la situation est sombre - ce que je ne pense pas, du moins je m'en excuse si j'ai donné cette impression - ou qu'elle ne serait pas nuancée, mais je présume que cela reviendrait à ramener le média à un pur produit de consommation - ce qu'il est certainement - sans aller au-delà de ceci.

Je suis le premier à pleurer quand il y a des violons et que le héros meurt ("dans les bras d'une infirmière, qu'est très belle et qui pleure" [air connu]) dans un film quelconque, mais je suis le premier également à considérer cela comme incroyablement facile comme tu le dis également. On est alors d'accord sur l'existence du phénomène et sur son efficacité.

Mais d'un point de vue heuristique, je continue de trouver ça "facile". Ce serait un peu comme tout ramener à cette logique commerciale que j'exècre personnellement, de Guillaume Musso à Michael Bay ; mais contrairement au cinéma ou à la Littérature, il y a des barrières critiques et une réflexivité qui permet de trier le bon grain de l'ivraie, pour ainsi dire, ce qui n'est pas systématiquement le cas pour le jeu vidéo : il manque une "soupape", et c'est aussi ce que cette discussion, et les problèmes entraînées, dénonce.

Bien entendu, l'on peut dire "les femmes/les hommes/les événements" sont présentés ainsi pour des raisons purement marketing, parce que la pulsion, parce que ça marche etc. - c'est d'ailleurs un argument souvent rencontré dans les billets "réponses" à l'article initiale de Mar_Lard. C'est peut-être ici que la faiblesse argumentaire est la plus sensible, car elle semble éclipser cette donnée.
Mais dans le même temps, cela donne une impression dérangeante qui phagocyte l'ensemble du média et qui est, quelque part, l'un des éléments qui contribue à lui donner mauvaise presse parmi le public en globalité et ce malgré de nombreuses tentatives, de plus en plus régulières, d'aller à l'encontre de ceci et de faire évoluer les choses, y compris au niveau de l'image "populaire" du média.

Quelque chose, ainsi, est asymétrique et me trouble. Prenons le cinéma par exemple : l'on sait que la grande majorité des productions cinématographiques (je ne me souviens plus du chiffre exact, mais c'est vraiment énorme) est d'ordre pornographique. Pourtant, même si cette "industrie" est reconnue, récompensée, si l'on en parle et si elle soulève aussi d'importantes questions éthiques (d'autant plus aujourd'hui avec l'Internet), elle n'est pas sur le devant de la scène quand on parle du cinéma dans son ensemble, où l'on va le considérer comme un média noble et intelligent etc.
En fait, je rapprocherai davantage ces ressorts de ceux observés aujourd'hui avec la télévision, qui aurait pu devenir - et à qui pu être - un média de la même noblesse mais qui a été parfaitement avalé par la télé-réalité, le voyeurisme, l'exercice de ces pulsions au point de n'être réduit quasiment à cela aujourd'hui, le moindre des débats ou la moindre des discussions qui se veulent "sérieuses" étant parasités par des choses bien moins honorables.

Du coup, c'est plus un pessimisme que j'exprime ici en étant à l'encontre de cet argument je présume. Le fait de poser, cependant, ces questions à la lumière du sexisme et de la représentation des genres dans sa globalité, c'est aussi avertir que le jeu vidéo peut tomber dans le travers que tu illustres avec la nouvelle d'Asimov - que je ne connais pas, mais j'ai peu lu de cet auteur à ma décharge - si les choses continuent dans le pire des scénarios.
Éviter cet argument, c'est aussi pour moi une façon de repenser les choses en me déchargeant de cette contrainte commerciale, et d'envisager non pas ce que le jeu vidéo est, mais ce qu'il pourrait être et d'envisager les virtualités de son évolution. Et dénoncer, de là, ce qui peut appartenir (réellement et légitimement selon certaines précautions) à une forme de sexisme/de violence/de facilité pulsionnelle, c'est également faire du jeu vidéo quelque chose de plus réflexif, ajoutant à la portion ludique et au système d'action/récompense une beauté rare qui pourrait concilier tout le monde.

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Posté le: 2013-03-24 13:21   [ Edité le: 2013-03-24 13:36 ]
Mais il ne s'agit pas de "tout ramener" à ça, simplement si tu fais comme si ça n'existait pas tu loupes l'éléphant dans le living-room, comme disent les Anglais, et tu fais un faux diagnostic, comme les articles que j'ai dénoncés qui sont complètement à côté de la plaque AMA.

Cette logique de ficelle commerciale qui consiste à jouer avec les instincts primordiaux ne couvre pas tous les cas, je n'ai jamais dit ça et j'ai même dit le contraire, mais une partie des problèmes liés à la représentation des sexes résulte de cette logique, qui est la même que la logique de la surenchère de la violence pour donner des émotions par le biais du choc/du cul/du gore etc. (et le tout avec des doses croissantes parce qu'on s'accoutume, et la ficelle a besoin de plus gros sabots pour fonctionner). Si on n'identifie pas correctement les logiques distinctes qu'on aborde, ça ne sert à rien d'en parler et c'est même manipulatoire, et on ignore alors un problème majeur qui touche tous les médias et le cinéma et la TV en particulier.

Les articles que j'ai critiqués, en ignorant de voir cette réalité, font en fait le jeu des industriels qui en usent. Ces derniers essaient de créer un vecteur médiatique jouant sur les frustrations masculines pour créer une "zone" 100% désinhibée pour qu'ils puissent se défouler sans honte ou culpabilité, si on critique ça en disant: "les mecs sont des salauds oppresseurs, nous les geeks on devrait tous avoir honte", tout ce qu'on fait c'est frustrer encore davantage cette population en l'accusant à tort, et donc on légitime encore plus le marché de niche qui leur permet de faire son retour du refoulé. Si au contraire on dit: "cette pente n'est pas créatrice, ça tourne en rond, et ça nous salit tous hommes comme femmes et en tant que joueurs", là on aura un public bien plus attentif.

Je n'ai pas l'impression non plus que le jeu vidéo souffre plus que ça sur le plan de son image de cette problématique, j'ai surtout l'impression que le jeu souffre de la non reconnaissance du gameplay comme vecteur artistique ("c'est une perte de temps") et de l'image violente que des gens ont du jeu vidéo, et pas vraiment du sexisme.

A la limite les opérations marketing des grosses boîtes, qui cherchent donc à créer une clientèle captive façon "dortoir de mecs à la FAC" fait du mal car elle est visible des non joueurs, mais les jeux en soi ne sont pas tant touchés que ça puisque justement cette tendance vient du cinéma et de la TV où elle est bien plus manifeste avec tout un créneau dédié.

Le jeu, malgré les rêves de certains développeurs/producteurs et d'une partie de la presse, n'est pas un média narratif par défaut, et c'est ça qui le protège par rapport à la TV et au ciné.

(j'ai édité pour expliquer pourquoi il est lourdement fautif de NE PAS parler de cette dimension commerciale AMA)
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Posté le: 2013-03-24 17:39
Je comprends mieux ton point de vue de fait, et je me rends compte que nous nous rencontrons sur pas mal de points dans l'analyse, notamment quand tu dis "Si au contraire on dit: "cette pente n'est pas créatrice, ça tourne en rond, et ça nous salit tous hommes comme femmes et en tant que joueurs", là on aura un public bien plus attentif. " Je n'aurai pas su dire ça mieux finalement : le problème du sexisme n'est toujours qu'un pan d'une exploitation plus vaste - que ma logique marxiste rattache au problème du capitalisme dans son ensemble, mais je ne veux pas faire trop de politique ici - de l'Homme par l'Homme (alors que le communisme, c'est le contraire comme dirait Coluche).

Là où on sera inconciliables cependant, c'est sur l'aspect narratif du jeu vidéo - mais je pense qu'on en avait déjà discuté par MP si ma mémoire est bonne - et sur la prise de conscience du phénomène global. Car autant je comprends les choses quand tu dis que dénoncer une situation uniquement sous l'angle d'une domination "patriarcale" de l'Homme sur la femme renforce la prise de position des joueurs, autant, malheureusement, c'est là une problématique qui touche la problématique féministe dans son ensemble : l'une des choses les plus régulièrement soulevées par celles et ceux qui tentent de décrire ce genre d'événements - que ce soit concernant le jeu vidéo ou non -, c'est la négation de l'existence de ces phénomènes ce qui a eu pour conséquence, notamment, la création de mouvements encore plus virulents et encore plus "totaux" (certains groupes de féministes refusant même qu'un homme participe à leur mouvement, etc.).

De fait, je suis partagé. Si d'un côté j'ai tendance à considérer les choses comme toi à certains endroits (on ne répare pas un mal par un autre mal, ce genre de choses), de l'autre, la réaction "d'indignation" qui a été témoignée vis-à-vis de ces collections de faits me semble également étrange et remporterait paradoxalement mon adhésion, comme une réaction au second degré. Il me faut encore cependant faire le point là-dessus.

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RainMakeR
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Posté le: 2013-03-27 12:08
ca prend une tournure assez violente outre atlantique
http://www.20minutes.fr/article/1125987/ynews1125987?xtor=RSS-176
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