#6 : "Thank you Mario! But our princess is in another castle!"

Une phrase devenue célèbre par la force des choses, et qui n'a cessé d'être reprise et parodiée.

Origine : Quel joueur ne connaît pas Super Mario Bros. ? Quel joueur n'a jamais atteint un seul château et battu ce qu'il croyait être Bowser, croyant délivrer la princesse, pour finalement atteindre cet écran :



À la fin des sept premiers niveaux x-4, le joueur, après avoir traversé des plaines remplies d'ennemis, des sombres cavernes, des mers infinies et des hauteurs insoupçonnées se voit récompensé par un message déstabilisant nous faisant comprendre que nous étions loin, très loin de voir le bout de l'aventure. À l'époque, personne ne savait précisément combien de niveaux il y avait dans SMB : pas d'Internet, quelques informations dans les magazines, du bouche-à-oreille, mais rien de plus. Aussi, l'on peut comprendre la frustration des joueurs en voyant qu'aussi loin ils pouvaient aller, ils se retrouvaient toujours face à ce Toad qui leur disait, le plus platement du monde, qu'il leur fallait aller un peu plus loin pour finir le jeu.

Utilisation : Si j'ai dit en introduction de ce dossier que "All your base..." était le premier mème à n'être jamais apparu, peut-être ne vous avais-je pas tout dit. En réalité, Nintendo lui-même avait saisi toute la portée polémique et, pour ainsi dire, drolatique de cette phrase en l'incluant dans Super Mario Bros. 3, l'un des jeux les plus attendus de tous les temps, sur un mode dysphorique.



Il aura fallu attendre cependant Internet et les premiers sites communautaires de détournements pour que cette phrase ou ses variations ("Sorry X, your Y is in another castle") deviennent monnaie courante. Il n'y a pas eu cependant de "pic" de popularité à ce mème, juste des références plus ou moins ponctuelles, que ce soit dans des films, des jeux ou autres. C'est un "discours de sourdine", et une phrase presque aussi connue que le personne en question, qui renvoie moins au "mème" qu'au culte au même titre que certaines répliques de film. Cependant, la persistance de créer des détournements à partir de cette phrase la fait rentrer de plain pied dans l'histoire de la mémétique.

Message : L'on ne peut réellement dire qu'il y a là un "message" derrière ce mème, tout au plus pourra-t-on l'utiliser à chaque fois, dans un jeu vidéo, que l'on croit atteindre la fin du jeu et qu'un événement quelconque se produit, relançant l'aventure : bon nombre de RPGs utilisent ce principe de la "Princesse" pour allonger leur durée de vie ou complexifier leur histoire mais il n'y a pas, à ma connaissance, de message en-dehors de l'univers diégétique des jeux vidéo.

Popularité : Comme je l'ai dit plus haut, la popularité du mème est constante depuis toujours, et il n'y a encore jamais eu d'œuvre "absolue" qui l'exploitait au point d'en faire augmenter brutalement sa connaissance. C'est un message que tout joueur s'intéressant un tant soit peu au média rencontrera au cours de sa vie, s'en amusant ou s'en énervant. Parce que la phrase est issue d'un des jeux les plus populaires de tous les temps, elle est à présent considérée comme un "classique" ; et nul doute qu'elle sera toujours présente dans les esprits, résistant énormément aux affres du temps.

Légende : Comme je le disais plus haut, la phrase est tellement connue qu'on la retrouve sporadiquement ci et là. Je ne donnerai qu'un seul exemple, issu de Braid, mais cela n'est qu'un petit aperçu de sa renommée.

#7 : "Falcoooon... Punch!"

Je me demande bien pourquoi, en faisant cette liste, autant de mèmes sont issus de l'univers des jeux Nintendo. Est-ce que leur bonhommie amène à reconsidérer les situations d'un point de vue plus ironique, ou est-ce que cela donnerait des clés quant à la sociologie des mèmes et de ceux qui les produisent ? Quoi qu'il en soit, voici à nouveau un mème assez vieux, parti d'un jeu pour ensuite passer par la télévision avant de frapper le monde.

Origine : Le "Falcoon Punch" est un des trois coups spéciaux du personnage secret de Super Smash. Bros. (N64, 1999), Captain Falcon de la série des F-Zero. En effet, malgré sa présence dans le mode d'emploi de la version Snes, l'on avait strictement aucune idée de la façon dont il pouvait se battre. Son coup spécial de base fut alors inventé par Hal Laboratory : un coup de poing d'une grande puissance qui se libère avec une gerbe de flammes, mais qui demande deux secondes de chargement immobile (ce qui rend donc le personnage vulnérable) pour se déclencher.



Dès la sortie du jeu en 1999, ce coup, associé à l'inimitable voix du Capitaine Falcon scandant l'attaque a su gagner le cœur des joueurs. Son côté "over the top", ces flammes, cette voix, tout concordait pour en faire presque une attaque nanarde. D'ailleurs, cela a dû influencer les créateurs de chez Hal car ils donnèrent au Captain un caractère assez "m'as-tu vu", arrogant et sûr de lui que seul Sonic dans Super Smash Bros. Brawl concurrencera efficacement.

Le Capitaine étant présent dans Super Smash Bros. Melee (2001, GameCube), son fameux coup restait de la partie, encore plus dévastateur et encore plus criard.



Le coup était irrémédiablement associé au personnage, et celui-ci devenait irrémédiablement un être puant de suffisance mais, dans le fond assez ridicule. Deux média enfoncèrent encore davantage le clou : d'une part le jeu F-Zero GX (GameCube, 2003), où la scène de fin du personnage en mode tournoi était particulièrement drôle :



et une scène du dernier épisode du dessin animé F-Zero: GP Legend (51 épisodes, diffusion de 2003 à 2004) où on voit le capitaine porter son fameux coup à Black Shadow, son némesis de toujours.




Utilisation : Il est possible de distinguer deux utilisations du "Falcon Punch!" en tant que mème. Le premier, l'originale, est son association avec... l'avortement. Tout semble être parti avec cette image :



La deuxième, bien plus répandue, est celle d'une "solution universelle", capable de mettre fin à toutes les discussions, à toutes les disputes, voire à tous les différends.



L'une des dérives, bien moins répandue, est le "Falcon Kick", autre coup spécial du Capitaine Falcon depuis le premier épisode de SSB.

Message : On peut voir dans ce mème une certaine critique de la violence, car le coup, bien que puissant, est donné par un personnage à l'orgueil monstrueux et au ridicule certain : il est donc bien souvent utilisé pour se moquer de ceux qui utilisent la violence pour régler leurs conflits plutôt que le dialogue, et la mention du "falcon punch" relève bien davantage du sarcasme que de la moquerie simple. C'est le coup absolu, qui certes met k.o. et remplit son office, mais ne signifie qu'une chose : que celui qui l'utilise est un imbécile qui aura agi contre son bon droit.

Popularité : Constante et très grande, elle est cependant réactivée à chaque fois qu'un épisode de SSB, ou un jeu mettant en scène le capitaine Falcon ressort sur nos écrans. Et l'on ne peut penser un seul instant que si le Capitaine Falcon est présent, son "Falcon Punch", aussi absurde soit-il, sera de la partie.

Légende : Relativement grande sur Internet, mais bizarrement auto-référencée, du moins à ma connaissance, c'est-à-dire que présent uniquement dans les jeux Nintendo. La plus drôle reste la remarque d'Otacon dans SSBB, quand Snake lui demande de l'aide par codec alors qu'il affronte le capitaine Falcon.

Merci MTF, j'adore ce grosblog !
Et grâce à toi je me suis payé des barres de rire avec cette vidéo

#8 : Ramirez! Do everything!

On a beaucoup parlé ces temps-ci de FPS dans le forum actu, nommément de Halo et de Call of Duty. Le deuxième épisode de la sous-série "Modern Warfare" a été l'objet d'un mème plutôt drôle dont il va être question aujourd'hui...

Origine : Call of Duty: Modern Warfare 2 est un jeu sorti en 2009. Il s'agit d'un fps guerrier permettant au joueur d'incarner plusieurs "héros", l'un de ceux-ci étant le "Private James Ramirez". Les CoD ne sont pas des fps solitaires : le joueur fait partie d'une équipe et ses supérieurs hiérarchiques lui donnent à intervalles réguliers des consignes qu'il lui convient de suivre pour progresser efficacement dans le jeu. L'un de ses supérieurs est le sergent Foley, tel que dépeint ici :



Au cours de la mission où l'on incarne Ramirez, le sergent donne près de 56 ordres scriptés au joueur. Inutile de dire que la répétition continuelle (et répétitive, si jamais l'on meurt) de "Ramirez, fais ceci" et de "Ramirez, fais cela" a énervé les joueurs, mais les a aussi profondément amusés au point de créer un mème intégralement basé autour de cette relation particulière.



Utilisation : La première utilisation "drôle" de la phrase "Ramirez, fais X" (inclure ordre impossible) vient du forum /v/ de 4chan, en juillet 2009.



Par la suite, cette phrase a été croisée avec une catégorie de mème très particulière, les "emotion face". Grossièrement, il s'agit d'un visage au centre d'un dessin coloré, avec du texte aux alentours. L'on ne compte plus le nombre de détournements qui ont utilisé ce "template", et Ramirez est le premier étudié ici mais il sera sans doute suivi par d'autres. Un exemple parmi d'autres :



Bien entendu, il s'agit de trouver un ordre totalement farfelu et irréalisable... mais n'était-ce pas finalement l'un des objets du jeu, d'effectuer une série d'actions totalement incroyables à nous seuls ?

Message : L'on peut y lire, de la même façon que "The cake..." une critique des objectifs dont nous abreuvent les jeux vidéo, objectifs parfois irréalisables par un seul homme dans une logique toute réaliste. Mais je pense pour ma part, à la vue de ce qui a été fait par ce mème, qu'il n'a qu'une portée humoristique, la problématique des objectifs ayant été phagocytée, si l'on peut dire, par le gâteau de Portal.

Popularité : Incroyablement haute suite à la sortie du jeu et après que la vidéo mise plus haut a été postée, au point qu'un groupe facebook se soit créé, encore en activité aujourd'hui. Le phénomène s'est du moins tassé depuis la sortie des épisodes plus récents.

Légende : À ma connaissance, rien de particulier... N'hésitez pas à faire part de vos découvertes !

Alors, celui-là, j'étais passé complètement à côté au moment du jeu. Ca ne m'a visiblement pas choqué de recevoir 56 ordres différents durant la même mission. Effrayant comment les CoD arrivent à me faire jouer en état végétatif...

C'est fou, je n'avais jamais entendu parler des ces 2 dernièrs mèmes (il faut dire que je n'ai jamais essayé les jeux concernés).

Au fait, verra-t-on dans ce blog un mème qui se soit développé au sein d'une communauté francophone ? Ou mieux : qui soit issu d'un jeu français ?

Pour le jeu français, ça existe : Heavy Rain a eu droit à son petit Meme à une époque, mais je ne sais pas s'il est assez important pour être abordé ici.

Edit : il s'agit de "Press X to Jason"
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Ils sont tous méchants (sauf Sega, qui est juste con).

Hmm... La communauté française n'est pas très forte pour développer des mèmes, même s'il y en a eu par le passé (le "MER IL EST FOU" apparu sur GK, par exemple), la faute à une certaine tendance, il faut dire, que l'on a à reprendre et à adapter les mèmes anglosaxons. Peut-être tout simplement que l'on ne pense pas "mème" comme les américains ou les australiens.

Quant à un mème issu d'un jeu français... hmm... je n'en connais pas personnellement, mais je ferai quelques recherches. Ça pourrait se trouver. Après tout, Amnesia: The Dark Descent a bien été l'objet d'un mème récemment (surtout qu'il fallait y jouer pour avoir des infos sur Portal 2 à l'époque).

Edit : Bien vu Shenron, je l'avais oublié lui. Et j'avais oublié que Heavy Rain était un jeu français par incidence ^^

#9: You have died of Dysentery.

Ahlala ! Si seulement j'avais tenu ce blog plus tôt, personne n'aurait été étonné. Car il n'y a pas que Mandragore dans la vie, il y a, aussi et surtout, The Oregon Trail

Origine : Z nous avait parlé longuement de ce jeu ici, aussi je ne reviendrai pas énormément sur son principe. En revanche, l'une des nombreuses, et cruelles, façons de mourir est d'attraper la dysenterie, une maladie, me dit mon dictionnaire, qui se traduit par une "inflammation intestinale grave; maladie infectieuse et contagieuse provoquée par divers agents pathogènes et caractérisée par des diarrhées violentes avec présence de sang, de pus et de mucus." (bon appétit à ceux qui nous lisent avant de passer à table !). Au cours du jeu, cela se traduit notamment par cet écran :



Suivi d'un autre où l'on vous dit que vous êtes mort. De la dysenterie. Avouez que c'est atypique.

Utilisation : On ne le répètera jamais assez, mais ce jeu fait partie des meilleurs souvenirs d'enfance de nombreux joueurs américains, au même titre que Mandragore pour nous autres, petits français (n'est-ce pas ?). De là, la simple mention de cette phrase réveille une grande nostalgie, des larmes montent aux yeux bref, tout le monde est à la fois triste et heureux. Il faudra cependant attendre 2005 pour que ce T-shirt soit édité.



Il eut un énorme succès, et cela lança définitivement la machine en rappelant à notre bon souvenir ce jeu mythique (n'est-ce pas ? [bis]), la phrase étant parfois juxtaposée à d'autres images de jeu de films.



Message : Le principal message est avant tout d'ordre nostalgique. Il s'agit d'évoquer The Oregon Trail de façon assez confidentielle, de sorte que seuls les initiés puissent associés cette phrase somme toute dramatique au jeu et ainsi d'en sourire. C'est effectivement "le" message de mort le plus fréquemment lu par les joueurs, impossible donc de se tromper. Ponctuellement, il m'est arrivé de tomber dessus pour se moquer de certains messages de morts que l'on trouve dans certains jeux vidéo, et l'absurdité qui les entoure, mais cela est fortement minoritaire. Aussi, on pourrait dire que si "Thank you Mario!..." représente le jeu vidéo dans sa globalité, "You have died..." représente, quant à lui, le jeu vidéo des années 70/80 pour les Américains. Un peu l'équivalent de Mandragore pour nous, quoi.

Popularité : Stable et en légère hausse. Mais étant donné que la phrase renvoie davantage à un courant nostalgique qu'autre chose, il est dur de savoir si sa popularité est liée au mème à proprement parler, ou au jeux de cette période en général.

Légende : Aucune à ma connaissance. Le jeu est parodié, mais la phrase en elle-même assez rarement, étrangement. Du moins, je n'ai pas trouvé de variations intéressantes sur celle-ci.

Alors là, les trois derniers mèmes me sont totalement inconnus (et pourtant, moi, j'ai joué aux deux premiers). Mais s'il y en a un sur Oregon Trail, les grospixelliens pourraient en effer en créer un sur Mandragore.

Et je ne sais pas pour vous, mais quand j'étais tombé sur l'histoire du "mer il est fou", je m'étais marré bêtement comme un bossu au point d'en chialer presque.

Héhé C'est vrai qu'on a des mèmes sur Grospix, comme quoi, cela est irréductible... "Demi-ferme latine", c'est un mème. On attend d'ailleurs les détournements des Grospixeliens sur Mandragore et ce dernier, soyez malins !

Quant à aujourd'hui, nous allons évoquer un mème des plus con...

#10 : C-C-C-C-C-COMBO BREAKER!!!!

Mais ça ne se fait pas de m'interrompre comme ça ! Comme je le disais, ce mème est particulièrement connu au point même qu'il a parfaitement terminé son cycle de vie et est rentré parfaitement dans les us langagiers des locuteurs anglo-saxes.

Origine : Le terme est apparu pour la première dans le jeu Killer Instinct (Snes, Arcade) de RareWare et Nintendo, en 1994. Il s'agit d'un jeu de combat qui peut être vu comme un croisement entre Street Fighter, pour le système global de jeu, et Mortal Kombat pour les "fatalités" et la débauche d'hémoglobine. Le jeu est, bien entendu, très connu.

Cependant, son gameplay tourne résolument autour des "combos", soit des enchaînements d'au moins trois coups sans que l'adversaire ne puisse réagir. Chaque enchaînement possède un nom : du "Triple" (3 coups) jusqu'au "Killer" (12 coups et plus) en passant par les Awesome, Monster voire King Combos. Cependant, le joueur qui se trouve être assailli a encore une chance : il peut faire la manipulation d'un coup spécial spécifique à son personnage avec la touche correspondante à l'initiation du combo de l'adversaire (selon un système de "pierre-papier-ciseaux" : faible => moyen => fort => faible), ce qui interrompt le combo, fait énormément de dégât à l'adversaire et, de plus, donne au joueur le "flash", qui lui permet d'accéder à de nouveaux coups et d'augmenter les dégâts infligés.



Comme toujours avec Killer Instinct, le commentateur s'extasie littéralement devant ce geste, assez dur à placer au demeurant pour le débutant, mais très jouissif. D'ailleurs, les combats à haut niveau de Killer Instinct sont de véritables "parties de ping-pong", les Breaker répondant aux Breaker.

Le mème a été initié sur 4chan dès sa création, et cela est dû surtout à l'organisation du forum d'images en lui-même. En effet, sur la page principale qui "liste" les topics, les trois premiers posts apparaissent. Les utilisateurs ont alors pris coutume de poster les trois premiers posts avec trois images, de façon à construire une seule grosse image façon "puzzle". Cela s'appelait, dans le jargon, "un combo". Les usagers, rapidement lassé de ce jeu, développèrent un jeu : il fallait être le plus rapide pour poster un message et ainsi "casser le combo".

Combo réussi :



Combo cassé :



Rapidement, l'analogie avec Killer Instinct s'est faite jour, ce qui a vu fleurir des masses de détournements.

Utilisation : Il y a deux façons d'utiliser le mème. Le premier, comme dit plus haut, est d'introduire un élément perturbateur dans une suite avec de "casser" le combo. Cette image m'avait fait beaucoup rire à l'époque.



La seconde, bien plus "directe", est de montrer l'image d'un contact rude, généralement dans le milieu du sport, avec la fameuse phrase.



On remarque cependant une prépondérance de la première utilisation, bien plus plastique et récurrente dans les conversations, car une simple phrase peut être susceptible d'être bri - C-C-C-C-COMBO BREAKER!!!! - sé.

C'est très énervant.

Message : Linguistiquement et socialement causant, le "combo breaker" est l'équivalent vidéoludique, et à présent prépondérant, du "j't'ai cassé" de Brice de Nice ou de la répartie cinglante d'un personnage de Gotlib. Il est la représentation imagée, picturale ou en mention d'une interruption et d'une disruption au sein d'un continuum établi. Son corollaire serait le notable "TL;DR" pour "Too Long; Didn't Read" ("Trop Long; J'ai pas Lu"), sauf que ce dernier apparaît à la fin de la suite et non en son milieu. Le "Combo Breaker", il est intéressant de le noter, n'a d'autres buts que lui-même : il ne sert ni à introduire un commentaire, ni à apporter une précision. Il ne fait que couper dans son élan une glose ou un phrasé que l'on jugerait trop longue et, par là, inintéressante et ainsi détourner la conversation en se moquant ouvertement de son interlocuteur.

En ce sens, le "Combo Breaker" permet de faire comprendre que la parole a été monopolisée, souvent à des fins discutables, et à l'interrompre la plus brutalement et le plus bruyamment possible. Il agirait presque comme un sas de sûreté au sein d'une communauté, disant tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, et remplit un rôle que Labov a décrit comme le "Thermomètre du Groupe". Chaque groupe constitué possède, à un niveau ou à un autre, un signal de ralliement qui lui permet de rassembler ses troupes et de les concentrer pour éviter qu'ils se dispersent, une façon de guetteur pourrait-on dire. Le "Combo Breaker" ne fait pas que détruire : il construit l'unité du groupe en détruisant l'élément perturbateur qui aurait pu nuire à son intégrité. Cela a toujours été le cas au sein des clans savamment constitués : St-Simon évoque régulièrement à l'âge classique "le bâillement du roi", signe que celui-ci s'ennuie et qui est censé mettre fin à l'événement en cours. Bref, sociologiquement causant, rien d'extraordinaire à sa création, si ce n'est que le terme est directement issu d'un jeu vidéo, ce qui rentre dans le cadre de ce grosblog.

Popularité : Immense, au point même que les locuteurs ne savent plus toujours d'où le mème, qui est à présent devenu bien plus, soit une expression lexicalisée, est issue. "Combo Breaker" est bien rentré dans le langage de toute une frange de la population anglo-saxonne, reste à voir si elle résistera au saut des générations.

Utilisation :

Ouhla.

Vidéos, images, textes, applications sur des photos, des événements historiques, des discours... La liste est longue et infinie. Je vous encourage à chercher le terme sur Youtube et sur Google Images pour vous donner le tournis. À ma connaissance cependant, pas de reprises dans un jeu vidéo quelconque, même s'il est fort à parier que le jour où "KI3" arrivera, s'il arrive un jour, que la machine va reprendre de plus belle. Un exemple parmi d'autres :

L'ultra combo s'est pas encore democratisé sur le net ? nous on s'en sert pas mal entre pote ^^
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Ah celui-là, c'est le mien. On peut toucher des royalties sur un mème ?

Je m'excuse pour l'absence de mise à jour la semaine dernière suite à un rhume carabiné. J'annonce également que les mises à jour du blog vont légèrement s'espacer : les nouveaux mèmes apparaîtront à présent sur une base hebdomadaire, au mieux.

Aujourd'hui, nous allons innover un peu. Car certains mèmes ne sont pas des phrases issues de jeu vidéo. Ils ne sont pas non plus des mécaniques de gameplay issus des jeux. Ce sont parfois des jeux à part entière...

#11 : Amnesia: The Dark Descent

Vous avez dû entendre parler de ce jeu si vous vous intéressez un tant soit peu à la scène indépendante. Nouveau fleuron de l'horreur vidéoludique comme a pu l'être Silent Hill à son époque, il est une expérience éprouvante... Très éprouvante.

Origine : Amnesia: The Dark Descent est un jeu de l'éditeur Frictional Games sorti sur ordinateur et distribué par l'intermédiaire du réseau Steam notamment, en septembre 2010 (le 17 février pour la version boîte).



Si le jeu a été autant plébiscité, c'est qu'il faisait partie d'un pack de jeux Steam dont la complétion permettait d'obtenir des indices sur le futur Portal 2. L'engouement des fans pour cette suite tant attendue n'étant plus à démontrer, ils se mirent à jouer en masse à Amnesia. Il s'agit d'un jeu du type "survival-horror" en vue subjective, qui prend place dans un mystérieux manoir en 1839. Lorsque l'aventure commence, Daniel, le héros, se réveille totalement amnésique. Il ne se souvient que de son nom, qu'il vit à Mayfair (quartier du centre de Londres) et que quelque chose le traque. Le joueur va alors devoir résoudre de nombreuses énigmes et arpenter de sombres corridors afin de s'ouvrir les portes à d'autres aires du manoir, et trouver des indices qui lui apprendront davantage sur sa situation.



Le titre se joue au clavier et à la souris pour interagir avec les environnements, notamment pour ouvrir les portes. Il faut noter que pour celles-ci, il faut physiquement bouger la souris pour "tirer" ou "pousser" la porte, et non pas juste cliquer. Le moteur du jeu, particulièrement bien ficelé, permet d'interagir avec un grand nombre d'éléments autour de soi, meubles, libres etc., pour les jeter, les empiler bref, une liberté d'action très appréciable.

Si l'on devait cependant trouver des pères à ce jeu, l'on citerait d'une part Eternal Darkness : le joueur possède en effet deux jauges de vie, l'une classique, qui descend s'il fait une trop longue chute ou si un ennemi le frappe, et une barre de "santé mentale", qui descend lorsque le joueur voit des choses insolites, entend des choses insolites ou reste trop longtemps dans l'obscurité... Car le jeu gère élégamment bien ombres et lumières.

D'autre part, l'on citerait Silent Hill 2, et surtout "Pyramid Head" : le joueur est en effet traqué par plusieurs créatures invincibles, inlassablement et d'une intelligence très élaborée : elles patrouillent, vont dans les salles où elles entendent du bruit ou voient de la lumière (de votre lampe ou que vous avez allumée), défoncent les portes... Le choix est drastique, entre allumer les lampes pour éviter de sombrer dans la folie ou ne pas le faire pour n'attirer personne, ne pas faire de bruit, fermer les portes derrière soi... Le stress sera partout, je puis vous le garantir. Du reste, vous n'aurez absolument aucune arme pour vous défendre sinon la fuite...



Le tout est servi par une musique brillante et une atmosphère aux petits oignons. Je ne vous saurai que trop vous conseiller d'y jouer, de préférence avec un casque et dans le noir... Mais ne soyez pas cardiaque.

Utilisation : Ce jeu devint un mème à part entière de la même façon que le précédent Two Girls One Cup. Pour faire simple, il s'agissait d'une vidéo à caractère pornographique et scatologique disponible sur la toile il y a quelques années, et le jeu était moins de la regarder que de filmer les réactions, offusquées et, de là, hilarantes, des spectateurs. Le même procédé sera utilisé pour les bandes-annonces du film Paranormal Activity, si vous vous rappelez bien.

Ici, le processus fut le même : dès Novembre 2010, des "let's play" du jeu furent mis en ligne sur Youtube, et les commentaires, souvent sous-titrés et où l'on entend les conseils et commentaires d'amis assistant à l'avancée du pauvre joueur dans le manoir furent rapidement disponibles. La suivante est la plus connue de toutes et celle qui recueille le plus de visionnage à l'heure actuelle.

(Attention au volume sonore)



Message : Je n'en vois pas, si ce n'est juste le bonheur de rire un joyeux coup, ce qui n'est déjà pas trop mal

Popularité : Constante et en augmentation, le jeu continue de se vendre et de se faire connaître grâce à ce mème, et c'est tant mieux !

Utilisation : À ma connaissance, et à part quelques fan-arts, rien de particulier. Le jeu est sans doute encore un peu trop récent pour ceci.

J'avoue n'avoir écrit un billet sur ce mème que dans l'optique de vous enjoindre à essayer ce titre surprenant si vous ne le connaissez pas, qui va vous donner quelques sueurs froides, je peux vous le garantir !

#12 : It's Weegee!

L'univers de Nintendo est peuplé de créatures mignonnes et inoffensives, et même Bowser peine à apeurer le plus trouillard des joueurs. Cependant, il suffit d'un rien pour que les choses changent. En provenance directe de 4chan, voici... Weegee.

Origine : En 1992 sort pour DOS Mario is missing!, titre ludo-éducatif mettant en scène Luigi devant voyager à travers le globe pour en apprendre davantage sur l'Histoire de l'humanité et ainsi retrouver son frère, odieusement enlevé.



Le jeu, il faut le dire, n'est guère brillant, même pour un titre éducatif. Pour l'avoir possédé, j'y ai cependant passé de bons moments, mais j'étais très jeune. Quoi qu'il en soit, au cours du jeu, l'on dirige surtout Luigi, représenté par ce sprite :



Mal animé, mal dessiné, il faudra cependant 2007, soit plus de 15 ans après la sortie du titre pour qu'il retrouve une deuxième vie sur les forums.

Utilisation : Le 11 août 2007, un utilisateur crée une version vectorisée de ce sprite, que voilà.



Son regard vide et creux, fixe et glacial, a immédiatement captivé les esprits. Rebaptisé alors "Weegee" (déformation phonétique de "Luigi", qui imite la façon qu'a Charles Martinet de scander ce nom ou encore la prononciation "japonaise" supposée), les membres décidèrent d'utiliser Weegee comme "photobomb", c'est-à-dire de l'inclure n'importe où afin de donner un sens nouveau, ici vaguement inquiétant et drôle, à n'importe quelle image. Le phénomène est parfois désigné sous le terme de "Règle 84" des Règles de l'Internet, stipulant que n'importe quelle image peut être "photobombée" en introduisant un Weegee. Pour l'anecdote, moot, le fondateur de 4chan, a déclaré que Weegee était son mème favori parmi tous ceux créés sur les forums de son site.



Message : Weegee est à la fois un symbole du mème à part entière, et du phénomène dit "creepypasta". Du mème tout d'abord : un mème, pour être propagé, se doit de se multiplier de façon anarchique jusqu'à tout absorber. Cela a été notamment compris par les utilisateurs en instaurant un "running-gag" : quiconque fixe Weegee trop longtemps devient lui-même un Weegee.



C'est ainsi le propre de la vie d'un mème : l'internaute qui le voit se doit de le propager pour qu'il survive. Les cimetières du réseau sont remplis de mèmes morts, faute d'avoir eu du succès, et de "forced memes", images, vidéos ou sons spécifiquement créés pour être populaires. Les internautes rejettent très souvent en bloc ce genre de choses, et les dénoncent comme des manière de les manipuler... ce que je juge un tantinet ironique, si je puis me permettre.

Le "creepypasta", c'est un montage destiné à faire peur ou à provoquer une sensation dérangeante. Ce peut être des icônes sanglantes voire des images du type "When you see it...", où quelque chose d'effrayant se terre dans une image apparemment inoffensive ou, pire, quand certaines personnes font passer des images animées du type "screamer" pour des fichiers .jpg ou .png. Weegee permet de dédramatiser ce processus en rappelant que tous les "creepypastas" sont des œuvres de fiction, modifiées par ordinateur pour produire un effet, ce qui nous amène à relativiser par extension notre propre peur.

Popularité : Toujours immense, même 5 ans après. Même si les détournements s'amoindrissent, ils restent cependant présents.



De même, on peut trouver quelques vidéos sur Internet, mais elles n'ont jamais été d'une grande popularité : Weegee est certes un mème populaire, mais en sourdine plutôt, dans la mesure où il n'a jamais atteint une visibilité parfaite malgré ses cohortes d'admirateurs.



À noter qu'un autre mème, du même tonneau si je puis dire, existe également et est apparu plus ou moins au même moment : "I'm Daisy", avec la fameuse princesse de Super Mario Land. Dans Mario Kart, celle-ci répète en boucle "I'm Daisy", ce qui a fait rire mais aussi effrayé les gens...

Vidéo ici (intégration désactivée)

J'espère que ce Groblog continuera encore longtemps son oeuvre de service public, c'est vraiment très intéressant tous ces détournements vidéoludiques intégrés dans la culture web.
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Sur SensCritique
Moi, je(u video)

Carrément, j'adore ce grosblog ! On apprend plein de choses intéressantes, c'est très bien écrit, bref c'est passionnant à suivre et on se marre (purée, la tête de Luigi, c'est génial, surtout sur la photo avec les trois filles). Merci MTF !

Hé, merci bien pour ces encouragements, ça fait plaisir Ne vous inquiétez, mon duo de fanatiques patentés, je reviendrai bientôt avec de futurs mèmes ! Quelques avant-goûts peut-être ?







...et bien d'autres encore...

Ca a un rapport avec ça ?
http://botchamania.com/cm-punk-is-dusty/

Sinon faut que tu publie le meme avec le gars de la presentation sony
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Oui oui parle nous aussi du Wiiiiidge Waaaaaaacer et du Giant Ennemi Crab !!