Games Story
Nature: exposition
Lieu: Grand Palais
Dates: du 10 Novembre 2011 au 9 Janvier 2012
Tarif: 8€
Profitant d'un gros pont, je suis allé faire un petit tour à l'exposition Games Story, organisée conjointement par MO5 et le musée national du Grand Palais, à Paris.
Le principe de cette exposition, et contrairement à celle mise en place l'année dernière aux Arts et Métiers, n'est pas de donner un bref aperçu de la richesse du jeu vidéo mais bien de montrer l'étendue chronologique et historique du jeu vidéo, ce depuis la création de Tennis for Two.
Le fondement de l'exposition est donc de viser en priorité le grand public, mais également les passionnés, qui doivent également y trouver un certain nombre de précieuses sources.
De façon plus subtile, l'idée est également de donner quelques lettres de noblesse à ce que certains média exposent désormais comme étant le dixième art ( voir les récents articles du Figaro, du Nouvel Observateur ou la série d'émissions de France Inter ).
L'aura intellectualiste procurée par le bâtiment n'y est certainement pas étrangère...
En parallèle de plusieurs expositions, Games Story se détache un peu du lot avec ses colonnes Vauban redécorée aux couleurs du jeu vidéo, tout en pixel art et avec un paquet de références cachées un peu partout. La plupart sont d'ailleurs très encrées chez Sega, ce qui note le bon goût évident du designer. ^^
Avant d'entrer, un petit programme est affiché: deux conférences, dont l'une dirigée par Philippe Dubois, sont prévues. Également, des ateliers de création de jeux vidéo à destination des enfants sont proposés.
Après avoir passé les quatre contrôles de sécurité successifs ( vive la parano... ), direction l'entrée de l'exposition pour acheter les billets.
Et là, c'est le drame: des escaliers partout. Très vite, je m'interroge sur l'accessibilité aux personnes en fauteuil roulant, d'autant que je ne vois aucun ascenseur... Mais j'y reviens plus loin.
Avant même d'entrer dans l'exposition, le visiteur qui n'a pourtant rien demandé se retrouve confronté à une énième boutique où il est possible d'acheter des livres et objets divers en lien avec l'exposition.
Sauf qu'ici le visiteur est obligé de traverser la boutique pour entrer dans l'exposition...
Après un énième contrôle de sécurité, je peux enfin entrer.
Comme dit précédemment, l'exposition se déroule par ordre chronologique, avec un découpage en périodes clefs.
Je reviendrai plus tard dessus mais, à mon sens, ce partitionnement est plus arbitraire qu'autre-chose, et s'il permet une meilleure lisibilité au grand public, il triche aussi avec une certaine vérité historique, sans compter la qualité du traitement parfois très approximatif, voire complètement torché.
Dans le cas présent, "1950-1971", 21 ans d'histoire du jeu vidéo sont résumés en un panneau.
Oui. Ce que vous voyez sur la photo ci-dessus représente ces 21 années.
J'ai bondit de voir comment une exposition qui se réclame de l'histoire d'un média peut plier 21 années de ce dernier en quelques paragraphes et une mini-vitrine.
Le panneau d'accueil augurait du bon: textes en français, en japonais et en anglais.
Le problème est que, si les panneaux de ce type sont disponibles dans ces trois langues, tous les autres ( historique des machines, des jeux, lexique, techniques, ect. ) sont strictement rédigés en français.
Or, dans un tel lieu, c'est tout simplement ne pas prendre en considération la multitude de visiteurs étrangers dont presque tous ne pipent pas un mot de français. Et j'ai vu/entendu plus d'un visiteur non-francophone rapidement abandonner la visite tout simplement parce-que l'essentiel du contenu informatif ne leur était pas accessible.
Comment le Grand Palais a-t-il pu laisser passer ça ?
Première vue sur l'entrée de l'exposition.
La scénographie est très bien choisie, claire, lumineuse même, mettant en valeur les machines, les jeux et les vitrines associées. Car même si celle de l'année dernière était également très réussie, l'ensemble était extrêmement sombre et ne donnait pas vraiment envie d'approfondir la visite.
Dans les vitrines, quelques machines auxquelles il sera malheureusement impossible de jouer. Dommage.
Dans cette section, il y a bien quelques bornes d'arcade, mais hormis le
Space Invaders situé plus loin, toutes sont en rade.
Je découvre à cette occasion que ces bornes abritent en vérité des netbooks qui font tourner MAME...
De façon générale, l'arcade est totalement sous-représentée: l'ensemble de l'exposition comporte quatre ou cinq bornes maxi' ( dont deux Pong ), contre des dizaines de consoles et micros.
En quelques pas, je me retrouve déjà dans les années 1980...
30 ans du jeu vidéo viennent de me passer sous le nez en deux secondes alors qu'il y avait pourtant énormément de choses à en dire et montrer.
Quid de Ralf Baer, quid des arcades électro-mécaniques, quid de sociétés comme Sega, Nintendo, Namco, Atari et j'en passe ? Tout est torché dans cette section que c'en est effrayant.
Pourtant, on sent que les visiteurs veulent en savoir plus. Vraiment dommage.
Un journaliste de France 3 tape du
Space Invaders entre deux interviews.
Très bon point, tous les jeux et machines sont replacés dans leur contexte historique.
Mieux encore, on retrouve à chaque fois des éléments de l'époque qui explique clairement leurs influences ( cinéma, BD, littérature, industrie du jouet, etc. ).
Certaines, comme
Doom,
R-Type et consort sont mis en parallèle avec les films qui les ont influencés, ces derniers étant visible sur des écrans placés juste à côté.
Hélas, pour la plupart, aucun son n'est disponible, ce qui est regrettable. Car même si le son a été coupé pour d'évidentes raisons de confort de visite, on perd à la fois une partie du charme de l'exposition, mais aussi rien n'empêchait de mettre des casques audio à disposition.
On oublie malheureusement trop souvent que le jeu vidéo n'est pas que de l'image mais aussi des musiques, des bruitages et des voix.
On passe les années 80, direction les années 90.
Oui, c'est bien
Monkey Island. Plusieurs jeux d'aventure ou jeux de rôle sont jouables, ce qui est à ma connaissance une première dans ce genre d'expo, généralement très axée arcade.
Contrairement à ce que pourrait laisser supposer mes photos, l'exposition est très grande et chaque mètre carré est utilisé.
Ce Sonic perdu dans un coin est en réalité rattaché à une section spéciale de l'exposition consacrée aux mascottes de jeu vidéo.
Autre excellente démarche, celle d'avoir introduit un lexique disposé sur toutes l'exposition.
On y pense rarement, mais parler de scrolling horizontal avec rotations, sprites transparents, anti-crénelage et collisions, ça ne parle pas à tout le monde.
Oui... La transition façon "on arrive à la 3D grâce à
Crazy Taxi", ça fait un choc, on est d'accord.
La scénographie reprend quelques icônes du jeu vidéo, avec leur représentation originelle.
La Dreamcast est très présente sur toute une partie de l'exposition. Limite trop.
Tous les jeux sont accompagnés d'un petit mode d'emploi.
Resident Evil 4 jouable au tout venant.
Assez surprenant de voir que des jeux violents voire bien gores sont accessibles à tout le monde, notamment aux plus jeunes, sans aucun avertissement...
Même les tamagochis sont de la partie. Mais aucun ne sera jouable.
Un petit clin d’œil aux jeux "indépendants".
Le seul élément présent sur toute l'exposition pour aborder la question du retro-gaming... Sans commentaire.
Un excellent montage entre certains jeux Mario et des films de Buster Keaton.
J'ignore si ça provient de chez MO5 mais c'est très bien vu.
Un numéro de Console+ qui, à l'époque, m'aura fait baver comme pas possible.
Au bout d'une heure de visite, l'expo commence vraiment à se remplir.
Landmines, quasiment injouable à cause du bouton de tir défoncé...
A ce sujet, il serait de bon ton que certains visiteurs comprennent que ces machines ne sont plsu toutes jeunes et quelles ne sont pas des défouloirs pour mômes de quatre ans en mal de doudou à martyriser...
J'en retiendrai une exposition qui est, de loin, la meilleure organisée par MO5 jusqu'ici, un réel apport historique pour les novices ( pour les anciens par contre, on y découvre rien mais on s'amuse tout de même ), et une démarche tout à fait salutaire.
J'espère juste que, pour la prochaine, les erreurs commises soient corrigées depuis, en particulier sur l'aspect bien trop léger du jeu vidéo pré-années 80.
Une expo à visiter absolument si vous êtes sur Paris.
PS: désolé si certaines photos sont mal cadrées ou quelques liens morts, je carbure en 56k et la mise en ligne a été homérique.