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Voyager
Année : 1989
Système : Amiga, Atari ST
Développeur : Ocean
Éditeur : Ocean
Genre : Action / Shooter
[voir détails]
Par JPB (19 octobre 2004)

Dans la lignée de Battlezone, voici Voyager, un jeu en 3D assez sympa, peu connu, édité par Ocean.
Dans ce jeu vous dirigez un tank, à l'assaut d'une floppée d'ennemis, qui n'ont qu'une seule idée en tête : vous anéantir. Vous allez me dire : "C'est pas nouveau !" Je vous répondrai : "C'est vrai !" Cependant, Voyager a quelques atouts cachés dans sa manche pour séduire les Amigaïstes et Ataristes de 1989...

Nul besoin de vous présenter Ocean, je pense ? Cette société a édité bon nombre de jeux inoubliables (mais aussi d'autres qu'on oubliera vite). Spécialisée dans l'adaptation de titres venant du grand écran (Addams Family, Robocop, Jurassic Park) ou de bornes d'arcade (Chase HQ, Operation Wolf, Toki), il lui est arrivé de produire des jeux ne provenant pas de licences connues. Voyager en est un exemple.

L'écran de choix, avec Voyager qui tourne.
La sonde Voyager.

Pour info, la première sonde Voyager fut lancée en 1977. En 2002, elle était à plus de 12,5 milliards de kilomètres de la Terre. Elle a encore assez d'électricité et de carburant pour être opérationnelle jusqu'en 2020...

Le scénario (enfin, si on veut !)

Voici le résumé de l'histoire, tel qu'on peut le lire dans les publicités de l'époque :

En 1977, Voyager II fut lancé - invitant toutes les formes de vie de l'univers à visiter notre planète.
Préparez-vous : nous avons de la visite !

Luc Snayles - de retour sur la Terre après une mission d'exploration de 50 ans - n'est pas l'homme que vous aimeriez rencontrer. Après un demi-siècle de solitude, il s'ennuie et il est affamé.
Sur Terre, des intrus sont sur le point d'arriver - ce sont des Roxiz. Mais Snayles a un autre point de vue :
personne, absolument personne, ne gâchera la fête qu'il a prévue pour son retour !
La boîte du jeu (le scénario est écrit en petit sur l'image de droite).

Vous imaginez la situation ? Vous rentrez enfin chez vous après de longues, longues années. Vous attendez ça avec une impatience fébrile, inhumaine. Et des aliens venus d'on ne sait où s'imagineraient s'inviter et tout gâcher ? Ils vont apprendre qu'on ne plaisante pas avec Luc Snayles : vous allez leur en faire baver !
Les aliens en question, qui portent le nom primesautier de Roxiz, ont envahi les 10 lunes de Saturne. Vous allez devoir les déloger, que dis-je : les exterminer, lune après lune, jusqu'à ce que leur présence ne soit plus qu'un souvenir ! Et puis plus vite que ça, pensez à votre fête, on ne vous attendra pas éternellement !

Enfin, comme vous voyez, le scénario est une fois de plus assez banal, et on peut aisément s'en passer. Le but du jeu est le plus simple qui soit depuis l'apparition des jeux où on tire sur quelque chose : tout détruire sans y passer. Remarquez, toujours pour comparer avec Battlezone, dans ce dernier il n'y avait pas de scénario et ça n'empêchait pas de tout bousiller quand même...

L'écran de présentation du jeu.

[Insérez ici votre cri de guerre préféré]

Quand le jeu commence, un vaisseau de transport (le Storm) se dirige vers Janus, la première lune de Saturne sur laquelle vous allez intervenir. Une fois près du sol, il largue votre tank, et vous laisse plus ou moins en plan.

Le vaisseau se dirige vers la première lune...
... et vous y dépose avant de s'éloigner.

Dans la lignée de Battlezone disais-je au début... En effet, vous vous retrouvez dans un paysage en trois dimensions (en 3D pleine et plus filaire, mais le principe reste le même), avec des obstacles ici et là, et dès le commencement du jeu on vous tire déjà dessus !
Sus à l'ennemi !! Vous allez devoir manier votre tank avec toute la dextérité possible pour vaincre les Roxiz, à commencer par celui qui s'amuse à vous prendre pour cible. Rien de plus facile : il suffit de l'ajuster dans votre viseur et de lui décocher une salve de rayons laser. Ça y est, il est touché, il explose ! Un de moins, plus que 79.

Le contrôle du tank

Le tank que vous pilotez ne ressemble que de loin à un tank. En fait il ressemble autant à un TGV qu'à un tank, c'est vous dire qu'il ne ressemble pas à grand chose en fait ! Pas de canon, pas de chenilles... Mais en dehors de son apparence, c'est bien l'équivalent d'un tank à tourelle fixe que vous allez apprendre à diriger.

Les contrôles de direction sont extrêmement simples : un bon joystick suffit pour diriger le tank vers la droite ou la gauche, et la hauteur du viseur, depuis l'horizon jusqu'à un angle d'environ 60° vers le haut. Le joystick sert aussi pour tirer ; par contre, un manche est préférable à un joypad : vous n'aurez pas trop de vos deux mains pour piloter efficacement le tank. Car en dehors de ces contrôles, il faut connaître et utiliser conjointement un certain nombre de touches pour espérer gagner.

Un tank Roxiz de base : lent et peu solide.
Là, aïe : un Twin Gun Roxiz me touche. Et bien.

La vitesse se règle par deux touches (Shift droit pour aller vers l'avant et Alt droit pour aller vers l'arrière), et vous aurez besoin de les utiliser sans arrêt. Pourquoi ? Je vais vous le dire. Rapprochez-vous... Plus près... Voilà : on pilote la plupart du temps en marche arrière.

Je vous explique. Si vous avez connu un jeu qui s'appelait Backlash, alors vous avez déjà compris le principe. Voyager se rapproche de Backlash par son action et son maniement ; en fait, on pourrait dire que Voyager est un mix entre Battlezone, Backlash, et Starglider 2 pour le visuel en 3D pleine. Donc, le principe de Voyager est qu'il est suicidaire d'avancer en tirant vers un ennemi qui, lui aussi, avance vers vous en tirant. Du coup, en reculer plus ou moins vite permet de garder le véhicule ennemi à distance raisonnable, d'éviter une partie des tirs et même parfois, d'arriver par miracle à toucher des missiles ennemis.
En contrepartie, si piloter en marche arrière est nécessaire pour espérer réussir à nettoyer une lune, il est fréquent de se retrouver coincé contre une quelconque structure qu'on n'avait pas vue sur le radar par manque d'inattention. Le tank s'arrête immédiatement, et ceci peut être une source de gros ennuis.

Les armements du tank

En haut de l'écran, s'affichent la vue en cours, le nombre de véhicules Roxiz restants, et le score.

Au centre, le viseur, avec la boussole, l'inclinaison verticale du viseur, et les coordonnées.

Le tableau de bord en bas de l'écran vous renseigne sur plusieurs données :
- l'armure (le premier trait horizontal bleu à gauche) : elle diminue lorsque les tirs des Roxiz font mouche, encore plus lors de l'explosion de certains ennemis près du tank, et elle chute tragiquement si vous entrez en contact avec un véhicule quelconque. Par contre, l'armure se régénère petit à petit ;
- l'altitude (le second trait horizontal gris) : sert à partir du moment où vous avez trouvé un appareillage particulier ;
- la consommation (le troisième trait horizontal violet) : ne croyez pas que vous avez le temps de flemmarder, vous consommez du carburant. Si vous venez à en manquer, c'est la fin : votre tank devient incontrôlable.
- la vitesse (le trait horizontal à droite, bleu pour la marche avant et gris pour la marche arrière) : comme son nom l'indique, il vous montre à quelle vitesse vous vous déplacez, et dans quel sens.
- enfin, le plus important : le radar. Classique, il vous informe de tous les objets dans un rayon de 360° autour de vous, et vous montre aussi le fameux "V" qui correspond à ce que vous pouvez voir dans l'écran de jeu. Les ennemis au sol sont représentés par un point rouge ou violet, ceux en l'air sont en blanc, et les obstacles sont notés en bleu. Les tirs ou mines apparaissent dans un cycle de couleurs.

Les équipements abandonnés et leurs coordonnées.
Ici, un des équipements.

En dehors de ces commandes de base, votre tank dispose de nombreux éléments que vous ramassez petit à petit sur la surface des lunes. Ainsi, vous trouverez :
- des caméras embarquées pour regarder autour de vous, et avoir un aperçu visuel de la menace qui s'approche de vous ;
- des pyramides de puissance pour augmenter les dégâts produits par vos tirs ;
- des missiles-radar sous forme de cubes, qui servent de leurres : dès que vous lancez un de ces cubes, les Roxiz se précipitent sur lui et tirent dessus avec la même férocité que si c'était votre tank, et vous pouvez en profiter pour faire un carton (tant que vous n'êtes pas dans la trajectoire d'un ennemi qui tire ou se dirige vers le cube, bien entendu) ; simplement, n'oubliez pas que le missile-radar n'est actif que pendant 90 secondes...
- des bombes atomiques qui détruisent tout ce qui se trouve à proximité du tank ;
- vous trouverez même sur une des dernières lunes un appareillage qui vous permettra de voler (pas très haut, mais c'est déjà pas si mal).

Un autre outil bien pratique que vous avez dès le début du jeu : les caméras externes. Vous disposez de quatre caméras que vous pouvez déposer n'importe où sur la planète (si vous allez en marche avant). Ensuite, vous en prenez le contrôle : vous pouvez alors regarder dans toutes les directions, et surtout tirer avec ! De plus, pendant que vous contrôlez une ou plusieurs caméras, vous continuez à diriger le tank, ce qui peut être un avantage comme une source de confusion dans vos décisions... Pour récupérer une caméra, dirigez le tank dessus tout simplement.

Une caméra, vue depuis le tank.
Le tank, vu depuis la caméra !

Pour finir, en appuyant sur les touches 1 à 8, vous disposez d'un ordinateur de bord qui vous fournira de nombreuses informations : ennemis en présence, carte de la planète, équipements à ramasser et équipements utilisés...

Les méchants de l'histoire : les Roxiz

Il n'est plus temps de tergiverser. Si vous ne vous mettez pas en chasse pour éradiquer la menace sur cette lune, ne vous inquiétez pas : les Roxiz, eux, ne vous rateront pas ! Ils vont lancer toutes leurs unités sur vous (80 unités sur chaque lune), en groupes de 6 ou 7 maximum (heureusement, vous ne vous ferez jamais acculer contre une pyramide par tous les véhicules en même temps). Mais si les premiers Roxiz sont faciles à détruire, par leur fragilité et les faibles dégâts qu'ils vous infligent, les choses vont progressivement se corser. En effet, sur chaque lune que vous explorerez, vous trouverez de nouveaux ennemis qui s'ajouteront à ceux déjà connus, et leur puissance ne fera que croître...

Quelques véhicules Roxiz, dans la base de données de l'ordinateur du tank.

Le comportement des Roxiz est des plus simples : "Moi vois - moi tue". Faut-il croire que ce sont de grands connaisseurs de jeux de rôle bourrins ? J'en doute, mais comme ils refusent toute conversation je ne saurai jamais si j'ai raison. En tout cas, leur attitude face à votre tank est calquée sur ce principe : ils vous visent et foncent droit sur vous en tirant tout ce qu'ils peuvent. C'est assez impressionnant : des tirs réguliers de missiles passent devant vous, derrière vous, et des fois vous touchent. Les Roxiz eux-mêmes ne sont pas capables d'un raisonnement complexe : si entre eux et vous se dresse un obstacle qui intercepte leurs tirs, ils continuent de tirer quand même. Par contre, s'ils entrent en collision avec un obstacle (oui : ils ne freinent pas avant, ils rentrent dedans comme tous les Roxiz), ils le contournent, mais ça leur prend du temps !

Mais ne vous laissez pas abuser : si le comportement global des Roxiz ne serait pas déplacé dans l'émission télé-réalité "les Co-locataires" de M6, vaincre est tout de même nettement plus difficile qu'il n'y paraît ! La cadence des tirs ennemis est assez élevée, et encore une fois les véhicules Roxiz deviennent de plus en plus puissants... Par ailleurs, un contact direct endommage fortement le tank. Et il n'est pas rare de se concentrer sur un ennemi à éliminer pour se retrouver coincé contre une structure qu'on n'avait pas vue sur le radar par manque d'inattention, et se faire laminer à ce moment-là par deux tanks et une soucoupe (qui explose à proximité du tank, ça fait mal). Il est hélas possible de perdre la totalité de l'armure en trois secondes...

N'oublions pas votre mission : après avoir combattu comme un lion, au moment glorieux où vous avez réussi à éliminer tous les Roxiz qui se trouvaient sur la lune, vous devez encore trouver le portail qui vous emmènera vers le passage, euh, appelons-le interdimensionnel. Attention, votre temps est compté, ne traînassez pas !
Ensuite, dans le passage, vous devrez arriver à manœuvrer entre d'énormes blocs tournoyants, à quatre reprises, pour arriver enfin à la lune suivante, où 80 Roxiz tout frais vous attendent de pied (ou de tentacule ?) ferme.

La porte, activée. On ne passe que dans un sens.
Un passage interdimensionnel entre deux lunes.

Techniquement, ça vaut quoi ?

Le jeu bénéficie d'une traduction intégrée, il est disponible intégralement en anglais, français ou allemand ; une performance trop rare à cette époque.

Graphiquement, le jeu est un peu plus fourni que Starglider 2. Certains objets 3D, comme les tourelles radar qu'on voit ici et là, sont relativement complexes. Les couleurs sont bien choisies, combinées aux formes bien particulières elles permettent de reconnaître au premier coup d'œil le véhicule ennemi qui s'approche de vous. En revanche, autant je trouve que les véhicules sont bien pensés (et parfois complètement loufoques), autant je trouve que les designers ne se sont pas foulés en ce qui concerne les objets fixes. On a parfois l'impression d'être dans un décor insolite et grandiose tel qu'il est dessiné par Gotlib dans sa Rubrique-à-Brac, quand il parle des thèmes de la science-fiction : ça ne ressemble vraiment à rien (mais dans le cas de Gotlib, c'est fait exprès). Enfin, en dehors de ces considérations personnelles, le jeu attire l'œil, c'est certain.

Au niveau de l'animation, c'est vrai qu'elle est relativement fluide. Bien sûr, il arrive qu'elle soit un peu saccadée, mais bien moins qu'on aurait pu craindre avec autant d'objets affichés en même temps à l'écran (les véhicules, les obstacles, et surtout les innombrables tirs ennemis). Ce jeu étant avant tout un jeu d'action, le but recherché est atteint : l'animation ne bloque jamais le joueur.

Un Squasher et un Skimmer (dans le ciel) m'en veulent.
Un Crusher tente de me rouler dessus.

Le son est pauvre. On apprend vite à reconnaître les quelques bruitages : vos tirs, les missiles ennemis qui touchent un obstacle, un véhicule Roxiz qui explose... Leur pauvreté et leur petit nombre font qu'au moins, on ne se prend jamais à douter du son qu'on vient d'entendre. Au final, c'est peut-être pas plus mal.
Une cassette audio est fournie avec le jeu, comme pour Carrier Command, et permet d'écouter un morceau de Jonathan Dunn (qui a fait entre autres les musiques de Addams Family, Battle Command, NewZealand Story...)

L'action est soutenue. On n'a vraiment pas le temps de s'ennuyer.
Les 10 lunes ne sont pas différentes physiquement (à part la couleur du sol), du coup le décor entraîne une certaine monotonie ; ce sont surtout les nouveaux véhicules Roxiz, ainsi que les nouveaux équipements du tank, qui attirent le joueur et le font continuer à se battre.

Les différentes commandes sont faciles à mémoriser, et le jeu n'est jamais brouillon au point de ne plus permettre au joueur de savoir où il en est. Mais il faut rester concentré sans arrêt, sous peine de commettre une petite erreur qui en entraîne une autre plus importante, jusqu'au fatidique Game Over... À ce sujet, il est possible de recommencer au dernier niveau atteint, à condition de ne pas éteindre l'Amiga : aucune sauvegarde physique n'est possible, et c'est bien dommage ; réussir à vider les 10 lunes des Roxiz en un coup est très, très dur...

Au final, Voyager est un jeu difficile mais pas pénible, agréable, avec une atmosphère prenante et une bonne réalisation. Il aurait mérité d'être plus connu et n'aurait pas volé quelques récompenses.

Voyager fut testé :
- dans le Tilt n°67 de Juin 1989 (Hit, 16/20) ;
- dans le Gen4 n°12 de Juin 1989 (93%).

JPB
(19 octobre 2004)
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