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Skool Daze
Année : 1985
Système : C64, ZX Spectrum
Développeur : David Reidy
Éditeur : Microsphere
Genre : Simulation
Par Sebinjapan (05 septembre 2011)

En 2006, les célèbres studios Rockstar nous proposaient Bully, un jeu dans lequel on incarne un garnement dans un établissement scolaire britanique et où il est possible de faire les 400 coups, que ce soit en classe ou dehors. On peut s'en prendre à l'intello de la bande ou au contraire défendre ce dernier contre le tyran de la classe, triple redoublant et faisant deux têtes de plus. Et puis on peut en faire voir de toutes les couleurs à ses professeurs, mais attention à ne pas se faire prendre en flagrant délit sous peine de représailles disciplinaires.

Tout ce petit monde de l'école se retrouve déjà dans Skool Daze, un titre 8 bits édité par Microsphere en 1985 sur ZX Spectrum et Commodore 64. Ce titre va même jusqu'à proposer déjà une importante liberté d'action et un ensemble de protagonistes vaquant à leurs occupations qu'on peut choisir de laisser tranquille ou de persécuter. En fait, de nombreuses actions possibles dans Bully sont déjà présentes ici, mais à une autre échelle bien sûr.

Alors attrapez votre cartable, mettez en poche votre lance-pierre et votre sarbacane, c'est la rentrée des classes !

Si dans les années 80 vous étiez de ceux qui se procuraient des jeux sans notice par les voies peu glorieuses du piratage, il y a des chances que vous n'ayez pas compris grand-chose à ce qu'il fallait faire dans Skool Daze. Mais malgré ce handicap, vous êtes peut-être restés de longues minutes à observer l'action à l'écran, fascinés de voir tant de petits personnages prendre vie et interagir entre eux, tels un Little Computer People transposé dans un collège Londonien.

Dans Skool Daze, même si on ne touche à rien, on peut observer élèves et professeurs vivre leur vie dans le microcosme de l'école.

En effet, le jeu nous présente un établissement scolaire vu en coupe et de profil disposant de plusieurs salles de classe, de couloirs, d'une bibliothèque, d'une salle des profs ou encore du bureau du directeur. Ces lieux sont répartis sur 3 étages reliés par des escaliers et on y trouve professeurs et étudiants qui s'animent pour aller assister aux cours ou bien faire les fous dans les couloirs. Il est fascinant de voir ces sprites de quelques pixels de haut disposer tous d'une personnalité et être parfaitement reconnaissables. Ainsi, dans les couloirs, on verra Angelface le délinquant aller mettre de temps en temps une beigne à Einstein, le petit fayot, ou le turbulent Boy Wander aller évacuer ses frustrations en écrivant "je déteste l'école" sur le tableau de la salle de mathématiques ; puis tout le monde ira s'asseoir dans la salle de classe de Mr Creak pour assister au cours d'histoire : ce dernier posera alors une question historique, qui s'affiche dans une bulle de dialogue au dessus de sa tête, question à laquelle Einstein le binoclard ne manquera pas de répondre ... avant de se prendre une raclée à la prochaine pause sur le toit de l'école ! Les profs ont aussi chacun leur caractère propre et leurs répliques. Mr Rockitt appelle les élèves ses "chérubins" alors que le proviseur, Mr Wacker, ne voit en eux que les rejetons de Satan !

Le casting de Skool Daze avec le héros, Eric, son pote anarchiste Boy Wander, la terreur Angelface, le fayot Einstein, le proviseur Mr Wacker, le prof de sciences Mr Rockitt, le prof de géographie Mr Withit et le vieux prof d'histoire Mr Creak.

L'étudiant que dirige le joueur, appelé Eric par défaut, se trouve au milieu de tout ça, libre de se déplacer où il veut, de monter ou descendre les escaliers, de pénétrer dans les salles de classe, et surtout de tirer sur ses petits camarades (ou sur ses profs !) grâce à son lance-pierre. Mais une fois qu'on s'est bien amusé à faire le pitre, en se récoltant quelques punitions au passage, revient la question existentielle : que faut-il faire dans ce jeu ?

Pendant les cours, il faut se tenir tranquille...

DEVENIR UN PARFAIT PETIT DÉLINQUANT.

Le but de Skool Daze est de s'emparer de son relevé de notes se trouvant dans le coffre-fort de l'école, avant qu'il ne soit envoyé à ses parents (mais il n'y a pas de limite de temps). Bon jusque-là, ça va. Maintenant accrochez-vous : pour ce faire, il faut obtenir la combinaison du coffre qui se présente sous la forme d'un code de 4 lettres, chacune étant détenue par un professeur différent. Pour qu'un professeur nous livre son code, il faut faire semer un vent de panique sur l'établissement puis frapper l'enseignant au lance-pierre. Et pour que la panique règne dans Skool Daze, il faut d'abord frapper chacun des petits blasons disposés un peu partout dans les couloirs et les salles de classe. Mais attention, monsieur Creek, le vieux professeur d'histoire un peu sénile a oublié son code ! Il sait juste que ce dernier a un vague rapport avec sa date de naissance. Il faudra donc écrire sa date de naissance sur un tableau pour qu'il se remémore le code. Oui mais pas si simple : la date change à chaque partie et pour la connaître, il faut assister aux cours de monsieur Creek puisque certaines des questions qu'il y pose fournissent des indices capitaux ("Quelle bataille a eu lieu l'année de ma naissance ?").

Eric se fait coincer par Mr Withit alors qu'il saute pour frapper un blason.

Ouf ! Assez complexe pour un vieux jeu 8 bits, n'est-ce pas ?
D'autant que pour mener sa "mission" à bien, il sera indispensable de maîtriser toutes les actions pouvant être accomplies par le héros, et cela passe par l'utilisation des touches du clavier. En effet, s'il est possible de jouer au joystick, ce dernier ne permet que de se déplacer et de faire tirer son lance-pierre (touche F au clavier). Les autres actions possibles sont :

  • sauter : touche J
  • frapper : touche H
  • s'assoir : touche S
  • écrire : touche W

"Écrire" ne peut se faire que devant un tableau noir, on peut ensuite écrire ce qu'on veut au clavier et on reprend le contrôle de son personnage en tapant ENTRÉE.

Écrire sur les tableaux peut-être utilisé pour faire sa promo ! D'ailleurs Boy Wander en profite parfois pour écrire à propos d'autres jeux publiés par l'éditeur Microsphere.

Je vous l'avais dit : sans notice, pas évident d'improviser une partie de Skool Daze ! D'autant qu'il y a d'autres choses à savoir. Ainsi, une fenêtre en bas de l'écran affiche le lieu où le héros est censé être à chaque moment. Si c'est inscrit "Playtime", vous pouvez vous promener où vous voulez, en dehors des salles de classe. Sinon, le nom d'un enseignant et d'un lieu sera affiché, signifiant que vous devez assister à un cours. Vous pouvez sécher si vous le voulez, mais Einstein va vous dénoncer après le début du cours et, si vous vous faites coincer dans un couloir, vous serez punis.

Les punitions sont des centaines de lignes à copier. On en obtient en étant pris séchant les cours, en n'étant pas assis en classe, en usant de son lance-pierre, en étant surpris dans une salle où l'on est pas censé être ... Une fois arrivé à 10000 lignes à copier (et ça va vite !), la partie est terminée.

Une fois toutes les lettres du code obtenues, il faut les inscrire sur un tableau dans le bon ordre, et on peut enfin accéder au coffre-fort. Mais ce n'est pas fini : il faut ensuite re-toucher chaque blason et on peut enfin passer au niveau suivant.

En fait, il s'agit de refaire inlassablement le jeu, ce dernier nous indiquant juste qu'on est passé à la classe supérieure.

700 lignes à copier pour Eric qui vient de faire tomber Mr Withit en lui tirant dessus avec son lance-pierre.

UN GAMEPLAY QUI SE COULE D'AISE ?

Maintenant que nous connaissons les règles de l'école, nous n'avons plus qu'à nous lancer et tenter de toucher chaque blason afin d'activer le mode "panique" et de nous attaquer à un professeur pour obtenir son code. Et c'est là qu'on va devoir se montrer un peu critique envers Skool Daze. De nombreux jeux micros 8 bits brillent par un concept original mais sont entâchés par une jouabilité qu'on qualifiera de "perfectible" afin de rester polis. C'est le cas ici.

Parvenir à toucher certains blasons est bien frustrant : il faut en fait souvent utiliser un autre élève corpulent qu'on met à terre sous le blazon et on saute d'abord sur son camarade pour atteindre ensuite sa cible. Le problème est que parvenir à toucher l'autre garçon au bon endroit et au bon moment est délicat, d'autant que ce dernier ne reste pas longtemps à terre. Et puis certaines actions doivent s'accomplir au pixel près, comme par exemple s'asseoir sur une chaise en classe (pourtant pas ce qu'il y a de plus difficile dans la vraie vie !). Ce n'est pas un calvaire non plus, et la maniabilité était certainement honorable pour un un jeu micro de cette année, mais ça ne simplifie pas la tâche du retrogamer curieux tenté de découvrir ce titre tout en étant plus habitué à des contrôles plus ergonomiques et précis.

Ici Eric a cogné un camarade et se sert de son corps étourdi comme marche-pied pour atteindre le blason au-dessus.

C'est le seul reproche qu'on peut vraiment adresser à Skool Daze. Pour le reste, c'est un jeu amusant et original auquel on joue en rigolant en voyant ses camarades ou ses profs tomber par terre après s'être pris un vicieux tir de lance-pierre. Et toutes ces animations servent également le gameplay puisqu'elles influent sur le système de scoring. En effet, on peut en étant bien habillé s'arranger pour commettre une bêtise et voir un autre garçon se faire punir à sa place. L'autre recevra alors des lignes à copier, et c'est autant de points qui s'ajoutent au score.

Et il y a tant d'autres choses qui se déroulent pendant une partie de Skool Daze, comme le fait qu'on peut se faire renvoyer (et perdre) en quelques secondes si on attrape les oreillons (survient si on croise un certain autre élève malade à un moment du jeu), ou un garçon anonyme qui vient nous prévenir d'un piège tendu par Angelface le délinquant dans un endroit précis du collège (il faut alors s'y rendre avant le proviseur).

La réalisation graphique est vraiment très réussie, sur ZX Spectrum en tout cas. Sur une telle bécane, parvenir à afficher autant de sprites qui s'animent tous sur le même écran en gardant l'action lisible, ce n'est pas une mince affaire. Les sprites fins et détaillés parviennent à dégager une vraie personnalité malgré le nombre limité de gros pixels. Les quelques couleurs que la machine est capable d'afficher sont judicieusement utilisées et l'animation des différents acteurs de l'action ne souffre d'aucun défaut.

Skool Daze sur Commodore 64 : une conversion qui déçoit un peu.

Concernant la conversion Commodore 64 sortie quelques mois plus tard, on regrettera qu'il ne s'agisse que d'un port assez fainéant de l'original, ne profitant pas des capacités graphiques étendues de la machine (cette version parvient à être MOINS colorée que sur Spectrum, c'est un comble !) et qui de plus souffre d'une animation plus lente.

Enfin, le petit plus de Skool Daze, c'est le fait qu'on puisse le personnaliser en renommant chaque personnage. Ce prof d'histoire que vous détestiez ? C'est maintenant LUI qui se prend vos projectiles en pleine salle de classe !

A l'école de Grospixels, c'est lui le proviseur. Que ça ne vous empêche pas de lui tirer dessus au lance-pierre !

La presse anglaise a salué l'originalité du concept de Skool Daze et lui a attribué d'excellentes notes fondées sur le fun procuré par ce titre et son côté "sandbox", même si le terme n'était pas employé à l'époque, à savoir cette liberté laissée au joueur de se promener partout dans l'aire de jeu et d'essayer diverses choses.

C'est donc sans suprise qu'une suite est mise très rapidement en chantier, toujours réalisée par David Reidy. Elle sort la même année, uniquement sur ZX Spectrum cette fois.

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