Actualité de l'émulation [contenu fourni par Emu-France]
|
|||
|
Par Jika (29 juin 2006)
La société Rare est de nos jours un des studios de développement de jeux vidéo les plus connus au monde. Leurs derniers titres en date, sortis tous deux en Europe le 2 décembre 2005 en tant que ‘launch titles’ de la toute fraîche Xbox 360, ont beaucoup fait parler d'eux. Bref, en 2006, Rare c’est ca : Ca, tout le monde connaît. Par contre, si on s’amuse à remonter l’histoire du développeur anglais, on risque de perdre pas mal de monde. Alors, revenons si vous le voulez bien aux origines de Rare, à l’époque où celui-ci s’appelait encore Ultimate Play the Game (historiquement, le tout premier nom de la société est Ashby Computer Graphics, ou ACG, mais ce nom n’a pas perduré et la société est vite devenue Ultimate). Nous voici donc en 1983, date de sortie des premiers jeux engendrés par la compagnie qui deviendra plus tard Rare. Cette année-là, Le Retour du Jedi cartonne au cinéma, Michael Jackson enflamme la piste de danse avec Billie Jean et Louis de Funès nous quitte. En 1983, donc, Rare/Ultimate, c’est ca : 1983. Durant la première année d’existence du studio, le ZX Spectrum de Sinclair voit apparaître dans sa ludothèque un jeu au titre plutôt curieux : PSSST. Derrière ce soft se cachent Chris et Tim Stamper, les deux frères cofondateurs du studio Ultimate. On ne présente plus ces deux hommes aujourd’hui, étant donné que nous avons tous joué à au moins un de leurs jeux. Effectivement, l’énumération (même non-exhaustive) de leurs créations donne le tournis : citons pêle-mêle JetPac, Alien 8, Nightshade, Knight Lore, Snake Rattle’n Roll, Battletoads, Donkey Kong Country, Killer Instinct, GoldenEye 64, Banjo-Kazooie, Perfect Dark, Conker’s Bad Fur Day ou encore Grabbed by the Ghoulies... Rare/Ultimate fait partie de ces studios capables de faire germer les softs d’exception à la chaîne, et ce depuis plus de vingt ans. Si vous êtes en train de lire un article sur Grospixels, c’est que vous vous intéressez un tant soit peu au jeu vidéo. Et si votre culture vidéoludique s’étend au-delà d’un plombier moustachu ou d’un hérisson bleu, vous avez forcément joué à l’un des titres issus du studio des frangins Stamper. PSSST, le jeu officiel du Baygon vert.Véritable machine à rêves, le jeu vidéo vous a déjà permis d’incarner de multiples personnages plus valeureux et téméraires les uns que les autres. Oui, vous êtes déjà entré à plusieurs reprises dans la peau d’un soldat fier et courageux, d’un preux chevalier ou d’un aventurier bravant milles dangers. PSSST pousse encore plus loin les limites de l’héroïsme et vous propose d’endosser le rôle de votre vie : celui de Robbie le robot. La tâche qui incombe à ce brave Robbie est noble mais délicate : le petit robot a pour mission de repousser les assauts de vilains insectes affamés voulant dévorer une plante. Celle-ci ne demande par ailleurs qu’à se développer, jusqu’à éclore et donner une fleur resplendissante. Vous, dont les connaissances en botanique n’ont d’égal que votre compréhension parfaite de l’Araméen, avez reconnu sans peine cette plante verte : le précieux végétal est une fleur de concours appartenant à la variété appelée Thyrgodian Megga Chrisanthodil. Lorsque la partie débute, votre plante est réduite à l’état de jeune pousse. Cette dernière a alors besoin de temps afin de grandir, développer quelques feuilles et enfin se métamorphoser en une fleur fuschia du plus bel effet. Néanmoins, ce ne sera pas chose aisée. En effet, le jardin dans lequel pousse votre Thyrgodian Megga Chrisanthodil est plutôt mal famé, une sorte de San Andreas du potager. D’ignobles insectes tenteront de s’agglutiner à votre précieux végétal, afin de le dévorer lentement mais sûrement. En mordant goulûment dans votre plante, les insectes feront diminuer la taille de cette dernière, repoussant ainsi l'achèvement du niveau (qui intervient lors de l’épanouissement de la fleur, rappelez-vous). Bien sûr, si votre plante est déjà affaiblie et toute petite, un game over peut survenir si les insectes continuent leur festin. Des gueules de morts de faim.Dans PSSST, vous serez amené à tenir la dragée haute à trois types d’insectes :
Toutes griffes dehors (enfin, c’est une expression, ne cherchez pas non plus des griffes sur un ver ou sur un moucheron...), ce petit monde tentera de venir déguster votre appétissante plante verte. De plus, si vous percutez un des ces insectes au cours de la partie, vous perdrez une de vos vies. Et quand on sait qu’elles sont très limitées, vous comprendrez qu’il vaut mieux éviter de se frotter de trop près à ces charmantes petites bêtes. Néanmoins, Robbie n’est pas du genre à être pris au dépourvu : pour contrecarrer les plans de cette ménagerie, le robot que vous incarnez a prévu de sortir l’artillerie lourde. Vous aurez donc à votre disposition trois sprays vaporisateurs (d’où le titre du jeu, PSSST, sensé représenter l’onomatopée associée au son qu’une bombe d’insecticide peut émettre), chacun de ces trois sprays étant associés à une couleur différente :
La difficulté de PSST vient du fait que Robbie a de toutes petites mains : il n’est hélas capable que de tenir une seule bombe à la fois. Quand il voudra changer de spray (pour contrecarrer un ennemi différent et donc sensible à un autre insecticide par exemple), il devra reposer celui qu’il tenait. Sur les côtés de la zone de jeu, Robbie pourra trouver dix emplacements répartis le long de deux murs de briques. Il pourra déposer un spray dans un emplacement du mur qui était préalablement vide, ou au contraire venir chercher une bombe d’insecticide dans une des alvéoles s’il ne tenait rien entre ses pinces. Il va donc falloir jongler entre les trois aérosols dont dispose le joueur tout en faisant des allers-retours entre les différents emplacements sur les parois, afin de pouvoir poser ou reprendre la bombe d’insecticide adéquate. Contre les insectes qui font Bzz-Bzz ou Crr-Crr, il y a PSSST.PSSST est un jeu à tableaux, dans la plus grande tradition du genre : on enchaîne les levels, ces derniers se ressemblant tous les uns les autres, et seuls quelques détails changent d’un niveau sur l’autre, histoire d’augmenter la difficulté du soft. Et comme toujours dans ce type de jeu, l’objectif prioritaire est le high-score. PSSST est un jeu difficile, basé sur un système de score assez exigeant, ce dernier récompensant les manœuvres les plus périlleuses. Par exemple, pour faire gonfler rapidement son score, le joueur devra se démunir de tous ses insecticides pour aller chercher des bonus qui apparaissent aléatoirement dans les alvéoles des murs latéraux. Ces bonus arrivent dans la zone de jeu en prenant la forme d’un objet ayant un rapport plus ou moins direct avec le jardinage (un arrosoir, de l’engrais, une tapette, etc.) : en allant les chercher, le joueur doit délaisser quelques instants sa précieuse plante tout en déposant les armes qu’il peut avoir à sa disposition, ce qui le rend extrêmement vulnérable pendant un court laps de temps. 23 ans... PSSST a 23 ans... Pour un jeu vidéo, un tel âge est souvent synonyme de décrépitude ludique totale. Ici, le même miracle que celui qui a préservé JetPac se produit : même de nos jours, PSSST est encore amusant à jouer. Certes, il appartient à une époque complètement révolue et comporte plusieurs détails rappelant impitoyablement qu’il est trop daté pour encore passionner tout le monde. L’absence quasi-totale de musique, la redondance du gameplay tout au long de l’expérience de jeu ou encore la technique à la traîne avec ses sprites aux couleurs baveuses et ses bouillies de pixels lorsque deux objets se superposent (ZX Spectrum rules) nous rappellent que de PSSST à Kameo, il y a un monde. Malgré cela, avec l’appât du high-score et ce concept simple et accrocheur, la magie perdure et on se surprend à enchaîner les parties pour aller toujours plus loin et pour faire toujours plus de points. PSSST appartient à cette génération de softs qui se moquaient d’avoir un scénario ou de faire vivre une aventure. PSSST est un ‘jeu’, au sens le plus évident du terme : il n’a pas d’autres ambitions que de distraire celui qui y joue, et ses mécaniques de jeu basées principalement sur la quête du high-score font penser aux jeux de café d’antan. PSSST ne rencontrera pas un succès retentissant lors de sa sortie, probablement éclipsé par JetPac qui, lui, connaîtra les honneurs de deux suites. Aujourd’hui, tout le monde connaît un grand nombre de jeux du studio Ultimate/Rare, mais certains softs moins célèbres ne jouissent pas de la même gloire que celle dont profitent des titres comme Perfect Dark ou Conker’s Bad Fur Day. Afin de pouvoir briller en société par la suite, je vous invite à jeter un œil à PSSST si vous l’avez raté jusqu’à aujourd’hui. Le jeu est suffisamment bon pour mériter le coup d’œil, même de nos jours. Entre la quête d’un guerrier élémentaire de Kameo et une joyeuse session de frags frénétiques sur Perfect Dark Zero en réseau, lancez donc un émulateur ZX Spectrum : chasser des insectes pour protéger une fleur de concours n’est pas le genre d’exploits que l’on réalise tous les jours... PS : Pour votre culture personnelle, sachez que PSSST est sorti uniquement sur ZX Spectrum mais que le soft a connu deux sorties différentes. En effet, il a été édité sous deux formats distincts : en version cassette, comme les autres jeux ZX, mais aussi en version cartouche (format ROM), compatible avec l’Interface 2 de Spectrum. Cette interface disposait de deux ports manettes et d'un lecteur de cartouches spéciales dédiées à la machine de Lord Sinclair. Plus d’informations à cette adresse : http://en.wikipedia.org/wiki/ZX_Interface_2 Il est amusant de constater que seulement 10 jeux sont sortis en version ‘cartouche ROM’ sur ZX Spectrum, étant donné que ce format coûtait beaucoup plus cher que les cassettes que les autres jeux utilisaient. Ces titres sont : JetPac, PSSST, Cookie, Tranz Am, Chess, Backgammon, Hungry Horace, Horace and the Spiders, Planetoids et Space Raiders. Notez que 4 de ces 10 jeux sont des productions Ultimate Play the Game. PPS : Pour finir, signalons que dans Starfox Adventure (2002), sur Game Cube, jeu développé par Rare, l'une des nombreuses épreuves traversées par Fox Mc Cloud, et qui sont autant de mini-jeux, est un hommage assez évident à PSSST. Il s'agit de protéger les oeufs d'une maman dinosaure, placés au centre de l'écran, de serpents qui arrivent par des entrées situées aux 4 coins de l'écran. La gestion des priorités est similaire à celle de PSSST, bien que simplifiée. Un avis sur l'article ? Une expérience à partager ? Cliquez ici pour réagir sur le forum (15 réactions) |