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Pokémon - Version Rouge, Bleue, Jaune & Verte
Année : 1996
Système : Game Boy
Développeur : Game Freak
Éditeur : Nintendo
Genre : RPG

A.III - Comment joue-t-on à Pokémon ?

A.III.1/ Ce Grmblblbm de Gary Oak...

Pokémon ressemble beaucoup à un RPG à la japonaise. Vous débutez dans votre village natal, « Bourg Palette » et devez explorer la région de Kanto pour affronter des dresseurs, progresser en niveau et capturer de nouveaux pokémons. Votre progression se fera plus ou moins dans le sens des aiguilles d'une montre autour de la région de Kanto.
Votre objectif sera donc d'atteindre la « Ligue Pokémon ». Pour ce faire, il vous faudra recueillir 8 badges d'arène, situés dans huit villes distinctes. Ces arènes sont le refuge de « champions », des dresseurs particulièrement talentueux qui se sont spécialisés dans un type de pokémon en particulier : aussi, le premier champion sera Pierre, maître des pokémons... roche, le deuxième Ondine, maître des pokémons eau etc. Une fois les huit badges obtenus, le chemin menant à la ligue s'ouvrira alors. Cette ligue est composée, à son tour, de quatre champions, « le conseil des 4 » ; et celui qui parvient à les vaincre est sacré « Maître Pokémon ».

De gauche à droite : Olga, maître des pokémons glace, Aldo, maître des pokémons combat et Agatha, maître des Pokémons spectre. En bas, Peter, grand maître de la ligue, spécialisé dans les pokémons Dragon. Ils seront votre pire cauchemar : leurs types sont très difficiles à contrer, et ce sont de fins stratèges... De vrais boss de fin comme on les aime. J'ajoute qu'il faut les affronter à la suite, sans possibilité de se soigner au Centre Pokémon entre temps.

Il ne suffit pas, cependant, d'aller d'une ville à l'autre et d'accumuler les badges « comme ça ». Non seulement il vous faudra traverser des forêts et des grottes, qui peuvent être considérées comme des « donjons » à part entière, dangereux et labyrinthiques, mais il vous faudra affronter également d'autres dresseurs qui partagent votre rêve. Ces dresseurs sont, pour la plupart, également spécialisés dans un type de pokémon en particulier et représentent de beaux indicatifs de votre progression au sein du jeu : si vous parvenez à les vaincre, c'est que votre niveau à ce stade-là de l'aventure est correct.
Pour affronter un dresseur, il faut croiser son regard. Ceux-ci en effet « campent » le long des routes, toujours regardant dans la même direction. Si l'on passe devant eux, un combat obligatoire s'engage, combat que l'on ne peut pas fuir. Il est souvent facile de les contourner, bien que certains combats soient nécessaires ; je ne le conseille pas, personnellement, car les dresseurs rapportent bien plus d'expérience qu'un pokémon sauvage et ce à niveau égal.

Les dresseurs se trouvent sur les routes et dans les arènes. Ici, un élève de Pierre (Brock en anglais), le premier Champion, qui vous défie (version Jaune).

Je tiens à préciser aussi quelque chose ici : en cas de game over, c'est-à-dire si tous les pokémons de votre équipe sont dans l'incapacité de combattre, vous revenez illico presto dans votre village natal avec la moitié de l'argent ramassé au cours de l'aventure. En revanche, vos pokémons garderont l'expérience acquise depuis la dernière sauvegarde.
Il est temps à présent de parler de l'initiative qui a rendu le jeu célèbre, qui a provoqué un nombre incroyable de caricatures, de memes et d'énervement tout autour du monde : votre rival.

« Alors, looser, toujours une lavette ? »

Reprenons les choses depuis le début. Au commencement du jeu, le professeur Chen vous demande de choisir parmi trois pokémons (que l'on appelle des starters pour cette raison) : Bulbizarre, de type Plante/Poison, Salamèche, de type Feu et Carapuce, de type Eau. Quel que soit le pokémon que vous choisirez, le petit-fils du professeur, « Blue », « Red » ou encore « Gary Oak » pour le dessin animé (Régis en VF) choisira toujours celui qui sera fort contre le vôtre. Choisissez le pokémon plante, il prendra le feu ; l'eau, le pokémon plante etc.
Votre rival, dès lors, va partir le premier à l'aventure et vous croiserez son chemin très, très, très régulièrement où il fera office de « boss » de fin d'étape. Il possédera perpétuellement des pokémons d'un niveau incroyable et surtout, surtout ! contrairement aux autres dresseurs et champions d'arène, il possédera une équipe très diversifiée et incroyablement équilibrée. Autrement dit, il vous oblige à avoir vous-même une équipe des plus intelligentes pour espérer le vaincre.
Ce qui fit sa grande renommée, c'est bel et bien son caractère : suffisant, persifleur, méchant et hautain, on pourrait presque le comparer à J.R. dans Dallas, c'est le « méchant qu'on aime détester ». Gary Oak est une peste complète, et je crois être sincère en disant que chaque joueur de Pokémon le déteste autant qu'il est possible de détester un personnage de jeu vidéo. Oubliez donc Revolver Ocelot et Sephiroth : Gary Oak, he's the man.

Mais votre route croisera également celle d'un autre ennemi, autrement plus dangereux : la Team Rocket. Il s'agit d'une manière de mafia, ou d'organisation paramilitaire on ne peut plus hiérarchisée sous l'égide d'un chef unique, Giovanni. Leur plan est on ne peut plus clair : arracher les pokémons à leurs dresseurs pour les revendre au prix cher. Cela est d'autant plus détestable que, bien évidemment, il est impossible de capturer le pokémon d'un autre dresseur lors d'un combat. Ils tiennent des casinos, voire des maisons de passes et font planer une véritable menace sur un monde que l'on tend à considérer comme trop lisse.
Bien évidemment, vous serez amené à lutter contre ces tristes sires et à démanteler, à vous tout seul ! cette organisation des plus sordides.

Vous rencontrerez la Team Rocket un peu partout au cours du jeu. Ils sont divisés en membres réguliers (comme ici), en chefs et en boss. Ils utilisent très souvent des pokémons de type poison ou sol.

S'il n'y a plus grand chose à dire, ou presque, sur l'histoire en elle-même, puisqu'aucun des clichés ne nous sera épargné, il faut noter la double lecture quasiment constante du jeu. S'il s'adresse ouvertement à des enfants, certains passages sont assez croustillants, ironiques voire coquins par moment... Je pense notamment à ce dresseur féminin qui débute son combat par « Combattre ? Là, ici, devant tout le monde ? » et le termine après sa défaite par « Comment as-tu osé, alors que je n'étais pas prête ? »...
Je sais que je suis du genre à voir le mal partout, mais ici, c'est clairement voulu par les développeurs. Tout le jeu peut se lire sous ce mode, signe, comme souvent, d'une grande œuvre.

C'est marrant, il a comme des coui... enfin, des testic... enfin une tête bizarre, quoi.

A.III.2/ C'est moche, c'est mal fait et c'est moche. Vraiment moche.

On a tendance à dire que les jeux Pokémon ont une génération de retard. J'aimerais ici mettre les choses parfaitement au clair.

C'est vrai.

La version Jaune, sur GBC, est un tantinet plus belle mais bon... À droite, la carte de Kanto. Vous la parcourrez dans le sens des aiguilles d'une montre, en commençant par le deuxième point en bas à gauche avant de terminer sur le point le plus en haut à gauche.

Pokémon est moche. « Très » moche. Trop moche. La Gameboy est clairement capable de mieux : les graphismes sont rudimentaires, les musiques mal optimisées. Le personnage ne peut se déplacer que dans les quatre directions cardinales et avec une lenteur impossible jusqu'à ce que l'on puisse trouver, ô joie ! une bicyclette qui améliore notre progression. Le jeu n'est pas ergonomique. Les menus, très inspirés de Dragon Quest, ne sont pas pratiques pour un sou, l'inventaire est d'un fouillis sans nom. Mais, ce qui m'avait le plus énervé à l'époque, ce sont les « CS », ou « Capacités Spéciales ».
J'avais parlé plus haut des « CT ». Les « CS » sont des techniques spéciales, l'on n'en trouve qu'un nombre limité dans le jeu. Ce sont des attaques qui ne sont pas spécialement intéressantes, mais il vous faudra absolument les faire apprendre à un pokémon pour finir le jeu : en effet, ces CS ont des effets certains sur le terrain. « Coupe » permet de libérer de nouveaux chemins en coupant de petits arbustes, « Flash » éclaire les sombres grottes, « Surf » permet de traverser des étendues d'eau, « Force » permet de déplacer des rochers pour résoudre des énigmes simplexes, « Vol » permet de se rendre en un clin d'œil dans n'importe quelle ville déjà visitée. L'inconvénient de ces CS, c'est que non seulement les attaques sont faiblardes (seuls « Surf » et « Vol » sont intéressants), mais on ne peut les oublier qu'en allant voir une certaine personne dans une certaine ville ; sans cela, si vous tentez de faire apprendre une autre attaque à ce pokémon, le jeu le refusera immédiatement.

Deux combats. À gauche, Tortank affronte un Dardargnan (n°015). À droite, un Kangourex (n°115). Pokémon rare dans cette première génération, on ne le trouve que dans le « Parc Safari », une zone particulière où l'on ne combat pas les Pokémons mais où on ne peut que les attraper avec des « Safari Balls ». On y trouve des pokémons très intéressants et très puissants.

Bien entendu, la raison à cela est pratique : il ne faudrait pas que vous perdiez votre CS en plein milieu d'une île, sans possibilité de faire marche arrière. Mais il reste que ce système, énervant, oblige à se faire des pokémons « CS », capables d'en apprendre beaucoup, mais prenant une place dans votre équipe... C'est là un système encore en activité cependant de nos jours, et contre lequel je continue de pester même s'il n'est maintenant plus nécessaire d'utiliser « Coupe » ou « Force » dans chaque donjon traversé.
Lors des combats, il est possible d'observer de petites animations correspondant aux différentes attaques. Il faut les désactiver. Non seulement elles ne sont pas spécialement jolies, mais de plus, elles vous font perdre un temps fou lorsque vous tentez de progresser dans le jeu. Il en va de même des rencontres aléatoires, qui interviennent à un rythme frénétique et vous obligeront à acheter de nombreux « Repousses », qui évitent ces confrontations pendant un nombre limité de pas... mais qui n'ont qu'une efficacité de 80 %. Concernant la difficulté, tout est relatif en réalité et tout va fortement dépendre de votre starter.

Un moment décisif : le choix de votre premier pokémon...
  • Si vous prenez Carapuce, le jeu sera assez facile jusqu'à la troisième ville. En effet, vous posséderez un avantage contre les deux premiers champions d'arène (Eau est fort comme Roche, et résistant face à l'Eau), vous pourrez affronter le premier gros donjon, le « Mont Sélénite » (Mt. Moon), l'air serein puisque les pokémons trouvés seront surtout de type roche, et il est facile de se procurer des pokémons de type Vol au début de l'aventure, qui seront forts contre le starter de votre rival, Bulbizarre.
  • Si vous prenez Bulbizarre, le jeu sera de difficulté moyenne. Si vous possédez un avantage pour les trois premiers champions d'arène (le troisième étant spécialisé dans le type Électrique, faible face au type Plante) ainsi que pour le Mont Sélénite, votre rival sera en revanche d'une difficulté honteuse : il est en effet assez difficile de trouver un pokémon vraiment efficace face à son Salamèche et celui-ci possède des statistiques impressionnantes, il est sans doute le plus puissant des trois pokémons de départ. Il vous faudra alors entraîner un pokémon Roche très rapidement.
  • Enfin, si vous prenez Salamèche, préparez-vous à subir un véritable calvaire. Non seulement vous serez faible face aux deux premiers champions d'arène et pour traverser le premier donjon, mais il n'y a aucun pokémon réellement fort face au Carapuce de votre rival. On peut bien sûr trouver un Pikachu (type Électrique) assez tôt dans l'aventure, mais ce dernier est très, très rare. Il n'y a du reste aucun pokémon de type « plante » efficace face à lui jusqu'à la moitié du jeu. Il vous faudra alors faire un leveling immonde pour être à la hauteur. La récompense sera pourtant à l'image de vos efforts : énorme, puisque la dernière évolution de Salamèche, Dracaufeu, est sans doute le meilleur pokémon de son genre et son double type Feu/Vol le rend efficace face à un nombre impressionnant de type ; bref, le choix du spécialiste.
Bulbizarre (n°001), Carapuce (n°007) et Salamèche (n°004). Ne sont-ils pas choupinous ?

Sans cela cependant, le jeu est relativement difficile : les dresseurs « errants » deviennent rapidement des plaies, l'expérience finit par arriver au compte-gouttes et l'on ne peut gagner de l'argent, nécessaire pour acheter de nombreuses potions et autres objets de soin, qu'en gagnant des combats face aux dresseurs et aux champions d'arène. Heureusement, il est possible à tout moment de revenir vers les fameux « Centres Pokémon » qui vous permettent de soigner gratuitement votre équipe. Il faut se préparer cependant à faire de nombreux aller-retours pour progresser, ce qui peut apparaître souvent comme une contrainte.
Bref, dire que Pokémon est facile, c'est ouvertement ne rien connaître au jeu : les combats sont nombreux, le monde à explorer relativement immense, la stratégie rapidement décisive et surtout, la tâche qui vous incombe est énorme puisque ce sont 150 pokémons qui demandent à être capturés... mais il est impossible, à vous tout seul, de tous les réunir.

A.III.3/ Le premier réseau social

J'ai évoqué au début de cet article le fait que les deux jeux ne possédaient pas les mêmes pokémons, c'est là un premier point. Certaines créatures sont en effet exclusive à l'une ou l'autre : impossible de trouver un Sabelette ou un Miaouss dans la version Rouge, impossible de trouver un Caninos ou un Mystherbe dans la version Bleue.
Mais il y a d'autres moments où des pokémons vous échapperont nécessairement, à commencer par les deux autres starters : après en avoir choisi un, votre rival en obtiendra un autre mais le troisième, quant à lui, restera à jamais sur la table du professeur, élément qui en a énervé plus d'un à l'époque. À un autre moment du jeu encore, l'on vous demande de choisir entre deux pokémons, et il est impossible d'obtenir les deux à la fois. Enfin, certains pokémons ne peuvent évoluer que si et seulement s'ils sont échangés.

Voici de petites pièces de collection : deux Game Boy Color Pokémon Jaune et le câble Link Pikachu.

Quant aux autres pokémons, ils sont tous, en théorie, accessibles par un seul et unique joueur. Certains sont plus difficiles à attraper selon la version jouée, et d'autres n'apparaissent qu'une seule et unique fois au cours du jeu, ce sont les fameux « Pokémons légendaires », au nombre de quatre dans cette version : les trois oiseaux légendaires, Sulfura, Électhor et Artikodin et le fameux Mewtwo, le premier pokémon génétiquement modifié. Les mettre K.O., et ils s'envolent sans espoir de les retrouver un jour.
Mais il existe encore quelque-chose de plus fourbe : certains pokémons n'évoluent qu'au contact de pierres spéciales. Si l'on peut en acheter certaines dans les grands magasins, d'autres sont en nombre limité... et il en existe trop peu pour faire évoluer tous les pokémons qui le demandent. Enfin, il y a Évoli. Évoli est un pokémon unique en son genre : il n'en existe qu'un exemplaire dans le jeu, confié par un personnage au héros. C'est un pokémon de type Normal, pas très intéressant en lui-même. Mais il peut évoluer de trois façons différentes, au contact de pierres spécifiques : avec une pierre feu, il se change en Pyroli ; une pierre foudre le change en Voltali, une pierre eau en Aquali, trois pokémons excellents dans leur domaine. Mais, vous voyez où je veux en venir, une fois évolués... impossible de faire marche arrière.

Le choix est cornélien. Même s'il est difficile de trouver de bons pokémons feu dans le jeu si l'on n'a pas pris Salamèche au début de l'aventure (du moins dans la version Bleu, car Caninos [n°58], qui évolue en Arcanin [n°59] dans la version Rouge est formidable), je recommande personnellement Voltali, qui possède le grand avantage d'être non seulement un excellent pokémon électrique, mais aussi d'apprendre des coups de type Combat et de type Insecte, ce qui lui permet d'être réellement polyvalent. C'était du moins mon choix à l'époque.

Je pourrais multiplier encore les exemples. Le jeu vous force à faire de nombreux échanges pour espérer compléter un jour ce pokédex, avec du reste au moins deux autres amis. C'est l'unique moyen d'espérer compléter le jeu à 100 % ce que vous aurez tôt ou tard envie de faire, je vous le garantis.

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