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No Second Prize
Année : 1992
Système : Amiga, Atari ST
Développeur : Thalion Software
Éditeur : Thalion Software
Genre : Jeu de Course / Simulation
[voir détails]
Par JPB (07 octobre 2008)

"La voici... Est-ce qu'une plus belle moto de course a déjà vu le jour ? Quand cette machine a été construite, une seule règle a été établie : ce qu'il y a de mieux serait tout juste suffisant... [...] Manque de chance, cependant, vous ne pourrez jamais acheter cette machine si particulière. Elle n'est simplement pas à vendre. Uniquement deux exemplaires ont été créés... et le second a été perdu. C'est donc le seul modèle restant. Le propriétaire ? Oh, il veut rester anonyme. Mais il offre cette machine comme récompense pour une unique saison de course en deux manches. Seuls les meilleurs pilotes peuvent se qualifier. Six jeunes hommes et femmes, remplis d'ambition et d'enthousiasme..."

Ce petit paragraphe est extrait de la documentation de No Second Prize. Il résume parfaitement le jeu : une saison de course, dont le vainqueur recevra un prototype de moto de course hors-normes et unique au monde.

La boîte du jeu version Amiga.

Moto Racer

Comme de nos jours sur PC, les courses de motos sur 16-bits sont moins communes que des courses de voitures (par course, j'entends soit simulation, soit action ou conversion d'arcade). On pourrait s'amuser à faire le tour de tous les jeux qui sont sortis, mais je préfère rappeler quelques grands noms : Super Hang-On, Grand Prix 500 II, RVF Honda, The Cycles, ou en 3D : Team Suzuki.

L'intro du jeu sur Amiga.

Thalion Software est connu des joueurs de l'époque, pour de nombreux titres tirant bien parti des capacités de l'Atari ST et de l'Amiga 500, comme Chambers of Shaolin, Wings of Death, Lionheart, Trex Warriors... No Second Prize ne déroge pas à la règle et propose un jeu à la réalisation très soignée. L'introduction du jeu propose une superbe animation, avec une excellente musique. On ne peut qu'apprécier la beauté des dégradés et des nuances de couleurs utilisées pour l'éloignement des objets, ainsi que de la fluidité de l'animation.
Attention cependant, ces superbes dégradés ne sont pas présents en cours de jeu. En fait, le jeu proprement dit est moins beau, mais plus fluide !

Le menu principal, et le choix des pilotes de la saison.

Un clic gauche vous amène au menu principal. Il est alors possible de commencer une saison, de s'entraîner sur un circuit, ou de rappeler une sauvegarde précédente. On a également accès aux records et aux informations des circuits.
Le plus intéressant étant sans conteste la saison complète, quand on choisit cette option, les six pilotes (4 hommes et 2 femmes) apparaissent pour que vous puissiez sélectionner celui ou celle dont les performances vous correspondent le mieux. Les cinq caractéristiques propres à chacun sont l'accélération, la vitesse de pointe, la tenue en virage, les points de vie du pilote et la résistance de la moto. Une fois que vous avez pris votre décision, vous entrez votre nom, et c'est parti !

La saison de championnat

Elle se déroule en deux manches : la première consiste en 5 courses de 5 tours ; la seconde se déroule sur les 20 circuits, avec 10 tours par circuit. La durée de vie du jeu est donc assez longue, sachant qu'il faut bien compter un bon quart d'heure pour boucler les 5 premiers tours sur le Paul Ricard... Il faudra être persévérant et endurant pour réussir à finir toutes les épreuves !

Les infos des deux premiers circuits.

Une fois que vous savez à quoi vous attendre au niveau du tracé, validez (on vous propose à ce moment-là de régler les vitesses auto/manuel et la sensibilité de la souris), et après un court chargement, la piste apparaît. Vous commencez toujours en dernière ligne, vos concurrents sont tous présents devant vous : on les reconnaît à leur couleur particulière. D'ailleurs, vous verrez que si vous essayez plusieurs personnages, la couleur du tableau de bord de la moto changera également. Sur les captures écran suivantes, je suis le pilote orange (Fabrizio).

Le départ. En dernière position, mais c'est pas grave, je vais tous les doubler sous peu.

N'ayez pas peur en voyant vos concurrents partir à toute vitesse : il est impossible de les griller au démarrage. Mais ce n'est que partie remise, car leur grande faiblesse, ce sont les virages. En ligne droite il est parfois difficile de les doubler à la régulière (surtout, ça dépend de votre moto et de celle que vous essayez de dépasser), alors qu'en courbe tous vos adversaires ralentissent plus que de raison, ce qui permet de les dépasser facilement.
Enfin, facilement, il ne faut pas les percuter non plus, donc il faut faire attention. Surtout qu'à la sortie du virage ils ont tendance à accélérer assez fort... et ils risquent de vous redoubler.

Je rattrape Michèle sur sa moto verte.
Le concurrent en pole position
est toujours survolé par l'hélico.

Le radar en haut à gauche de l'écran permet de savoir avec précision où se trouvent tous les pilotes, chacun d'eux étant représenté par un carré de sa couleur respective. De plus, ce radar est indispensable lorsque vous ne connaissez pas bien la piste, afin de regarder l'approche des virages, en complément des panneaux sur la piste (avec plus ou moins de flèches en fonction de la difficulté du virage).

Les concurrents et obstacles

Vos cinq concurrents directs (que vous avez pu découvrir lorsque vous avez choisi qui vous vouliez incarner) ont donc leur propre couleur, et en principe leur propre style de pilotage. Ils sont tous très rapides au démarrage, et sont assez difficiles à rattraper en début de course - à moins d'un gros virage peu après la ligne de départ. Il n'y a que par rapport à eux que vous obtiendrez des points une fois la course terminée : première place = 3 points, deuxième place = 2 points, troisième place = 1 point, et attention : sixième et dernière place = -1 point !
En dehors d'eux, vous allez rencontrer de nombreux pilotes de couleur marron ou noire. Ils sont plus lents que les autres, et servent principalement d'obstacles. Contrairement à d'autres jeux, ils ne zigzaguent pas sur la piste, et les doubler en ligne droite ne pose aucun problème. En courbe par contre, il faut faire plus attention. En tout cas, quel que soit le nombre de ces pilotes que vous aurez doublé, ça n'a pas d'incidence sur le classement.

Dans tous les cas, percuter un adversaire entraîne un ralentissement et des dégâts. Avec de la chance, la moto reste dans l'axe et on repart sans avoir perdu trop de vitesse ; mais souvent, la chute oblige à s'arrêter complètement, redémarrer et rejoindre la piste si on s'est retrouvé dans l'herbe.

Aïe aïe aïe, je n'ai pas intérêt à percuter ce concurrent !
Ces machins mauves... ce sont des tremplins !

Les obstacles font plus mal que les pilotes. En général, percuter un élément du décor peut détruire la moto en un coup. Ça arrive la plupart du temps quand on n'a pas assez ralenti dans un virage serré - voire en épingle à cheveux - et qu'emporté par son élan, on se retrouve dans un gradin ou une autre construction. Il ne faut donc pas hésiter à ralentir, mais moins que les adversaires...
On trouve aussi de temps à autre des tremplins, qui font un peu penser visuellement à des mines. Si vous les percutez, vous faites un joli vol plané, et parfois l'atterrissage est rude... Mieux vaut les éviter.

En dehors de ça, la piste elle-même n'est pas trop piégeuse (je ne parle pas du tracé). On trouve bien quelques descentes et quelques montées, mais elles ne sont pas réellement dangereuses. La moto, même à pleine vitesse, ne décolle jamais - en dehors des fameux tremplins.
Les dégâts de la moto et du pilote augmentent en fonction des chocs. S'ils sont trop importants, la course est finie.

Pas de chance : j'ai percuté un pilier à 319 km/h... J'ai perdu cette manche : -1 point !
Du coup je passe en temps accéléré.

Les replays

Comme dans pas mal de jeux de ce style, on peut avoir un replay des derniers instants de course. Dans No Second Prize, il suffit d'appuyer sur une des touches entre 1 et 4 pour automatiquement obtenir une vue différente des dernières secondes, respectivement entre la vue interne, la vue arrière proche, la vue arrière éloignée, et la vue de l'hélico... qui ne suit que le pilote en tête de la course.

L'hélicoptère va me suivre, je viens de passer en tête de la course ! :)

Bien sûr, ces replays ne sont là que pour le fun. Lors de la course, on ne peut pas changer de vue, on reste obligatoirement en vue interne ; mais on peut revoir la séquence à tout moment, sachant que pour revenir en course il faut appuyer sur la barre d'espace.

Vue proche, vue lointaine, les replays sont sympas à regarder.

la réalisation

Vous l'aurez constaté : graphiquement, c'est de la 3D assez dépouillée. Les objets 3D constituant le décor sont relativement bien faits, mais c'est vrai qu'il n'y en a pas beaucoup à l'écran, certains trouveront que le jeu est vide... Pour comparer ce qui est comparable, les objets sont tout de même plus variés et plus complexes que ceux présents dans Team Suzuki, l'autre course de motos en 3D sur Amiga. Par contre, le tableau de bord de No Second Prize est moins travaillé que celui de Team Suzuki, qui propose en plus quelques animations au niveau des mains du pilote.
Pour ce qui est de la modélisation des pilotes et des motos, je reconnais que le résultat dans No Second Prize est assez bizarre. On dirait qu'il y a eu une fusion moléculaire entre le pilote et sa machine... Toutefois c'est mieux que ce qui était proposé dans Team Suzuki : une moto sans pilote !

Quelques images des décors qu'on peut trouver sur les circuits.

Cependant, c'est l'animation de No Second Prize qui est impressionnante. Il n'y a pas le moindre à-coup quand on pilote et qu'on penche la machine dans les virages, que ce soit quand on est seul sur la piste ou quand on double 5 à 6 concurrents. L'impression de vitesse est de plus assez bien rendue, on ne peut pas dire qu'on ait l'impression de se traîner sur un vélo. Si on compare une fois de plus avec Team Suzuki, il n'y a pas photo : Team Suzuki est nettement saccadé. Par curiosité, j'ai refait quelques tours avec ce jeu : l'animation de Team Suzuki rend difficile le pilotage, surtout dans les virages serrés, et au final comme on peine à diriger sa moto on s'amuse beaucoup moins.

Team Suzuki, plus vieux d'un an, est dépassé par No Second Prize, qui est plus beau et surtout bien plus fluide.

Le son : je le qualifierais de simple et efficace. Un bruit de moteur standard, les crissements des pneus lors de virages un peu raides, le bruit des moteurs des concurrents quand on les dépasse (avec un bel effet Doppler), bref rien à redire à ce sujet. Pour la musique d'intro, je le disais au début : elle est très chouette, les sons utilisés sortent de l'ordinaire.

La jouabilité est exemplaire. Grâce à cette animation si fluide, le maniement de la moto à la souris se fait pratiquement instinctivement. Bouton droit pour accélérer, bouton gauche pour freiner, deux touches du clavier pour passer les vitesses manuellement (à moins que vous préfériez les vitesses automatiques), rien de plus pour piloter la moto. On prend vite de l'assurance, à bien "enrouler" les virages en les prenant à la corde, et il est possible de corriger les erreurs de trajectoire tellement la moto répond parfaitement et instantanément.
Au bout d'un moment, on peut se sentir invulnérable. Un bon joueur va réussir à distancer ses adversaires au bout de 3 tours... et s'il ne fait pas d'erreur, ils ne pourront jamais le rattraper. Du coup, certains joueurs trouveront que le jeu est trop facile...

Ça se bouscule par ici...
T'as aucune chance Miyuki : je vais te doubler !

Pour conclure, No Second Prize est une course très intéressante et très bien programmée, surtout au niveau animation. Certains pourront trouver qu'elle manque un peu de challenge, car d'une part le maniement est parfait et pardonne beaucoup d'erreurs, et d'autre part les concurrents ont tout de même tendance à ralentir un peu trop dans les virages. Mais le jeu n'a aucun équivalent sur 16-bits, et même de nos jours le plaisir reste intact, au moins pour quelques tours, le temps de découvrir ou renouer avec ce jeu.

D'ailleurs, No Second Prize est désormais téléchargeable légalement et gratuitement. Vous trouverez des infos intéressantes sur le jeu ici : http://thalion.exotica.org.uk/games/nsp/nsp.html, et de là vous pourrez accéder à un site très complet sur Thalion, notamment à tous les jeux qu'ils ont édités. Pour accéder directement au téléchargement du jeu, versions Atari ST ou Amiga, c'est sur cette page.

No Second Prize fut testé :
- dans le Tilt n°108 de Novembre 1992 (Hits, 17/20 version Amiga) ;
- dans le Gen4 n°51 de Janvier 1993 (89%).

JPB
(07 octobre 2008)
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