You say you want some Metal I'll give you all I've got My deadly grasp is lethal This force will never stop POWER METAL ROCK FOREVER
(Pantera - Power Metal)
Nous sommes en 2010, dans une métropole étouffante dont les rues mal fâmées sont arpentées par de violents loubards venus frotter leur blouson de cuir sur les murs crados des immeubles. Ici, le seul espoir de s'en sortir offert à la population est incarné par le son violent du heavy-metal délivré par des groupes tels que Cyberpriest. Hélas, les uns après les autres, les meilleurs métalleux de la ville disparaissent sans laisser de trace. La situation dégénère jusqu'au point où Sadok, le guitariste de Cyberpriest, est assassiné à coup de fusil-plasma à la sortie d'un concert. La police classe vite l'affaire, estimant que Sadok n'est qu'une victime de plus des guerres de gangs qui dévastent la ville. Mais l'explication ne satisfait pas Ian, jeune guitariste ami de Sadok, qui après avoir cuvé sa cuite décide d'enquêter sur la mort de son pote.
Le joueur incarne donc Ian et débute l'aventure dans l'appartement de ce dernier, armé d'un flingue à petit calibre mais aux munitions illimitées. La première partie du jeu consiste à prendre contact avec les autres membres de Cyberpriest afin d'en savoir plus : Faustus, Goat et la belle Phantasm. Il faudra pour cela explorer la ville tout en se débarassant des nombreux gangs de loubards, motards et autres camés qui tirent à vue sur Ian. De corde en guitare (ou de fil en aiguille si vous préférez) notre héros sera amené à remplacer Sadok pour un concert, à infiltrer le repaire du gang des Death Wings, à combattre des mutants dans la zone toxique hors de la ville, et plus généralement à démasquer une gigantesque machination impliquant l'armée et le scientifique fou Dr Ultrashred qui projettent d'utiliser la puissance cosmique du Heavy Metal pour asservir tous les peuples !
Ian, Phantasm, le détective incorruptible Hammer, le Dr Ultrashred et quelques autres : voici les personnages charismatiques qui permettent à Metal Warrior de se forger une vraie identité, de développer son petit univers mettant en scène des hardos un peu tarés et un peu portés sur la bibine, mais qui se lancent à corps perdu dans l'aventure. On suit l'évolution de leur histoire à travers des dialogues, qui ne manquent pas d'humour, qu'on enclenche en se postant devant un autre personnage et en appuyant sur la barre d'espace, et grâce à des cinématiques joliment illustrées qui interviennent entre les différents chapitres du jeu. On n'est pourtant pas vraiment dans un jeu d'action/aventure, le coeur du jeu reste un run and gun pur jus avec quelques phases de plateforme, mais cet habillage réussi et original parvient de façon exemplaire à motiver le joueur à avancer.
En effet, place à l'action maintenant : Ian est aussi agile de ses doigts pour caresser les cordes d'une guitare, que pour presser en cadence la détente de son flingue ou des multiples autres armes qu'il trouvera sur sa route, ou qu'il pourra acheter avec l'argent que laissent parfois les ennemis vaincus : fusil-mitrailleur, lance-flammes, pistolet-laser, grenades ... Attention, car toutes ces armes bien plus destructrices disposent également de munitions limitées. En plus de tirer, le héros peut sauter, s'accroupir, et choisir un objet dans l'inventaire, comme les précieux medikits, avec deux touches du clavier. Toute la subtilité du système de combat repose sur la rapidité du joueur à s'abaisser pour éviter les tirs ennemis et éventuellement se soigner, mais bien vite de nouveaux ennemis apparaissent qui rendent cette manœuvre pourtant indispensable bien périlleuse : motos arrivant à toute allure, animaux mutants sautilleurs, drônes, oiseaux de proie, ou bien ces redoutables tueurs équipés de jetpacks et de fusils plasma, certainement les ennemis les plus retors du jeu.
Heureusement, l'action toujours lisible est servie par un scrolling impeccable (qui fait la fierté de son auteur !) et par une maniabilité parfaite. Le rockeur bondit comme un félin dès qu'on incline le joystick vers le haut, il se déplace très vite, et dispose d'une très bonne cadence de tir. C'est un vrai plaisir de manier Ian, quelle que soit la situation. La difficulté du jeu est d'ailleurs remarquablement bien réglée : on est très loin de l'approximation des collisions et des frustrations qu'elles entraînent, et qu'on trouvait malheureusement assez souvent dans certains jeux d'action sur micro-ordinateurs 8 bits. Ici les ennemis ne sont jamais trop nombreux, tout en proposant constamment un challenge intéressant.
Si le jeu est divisé en chapitres d'un point de vue narratif, il n'offre cependant pas à proprement parler une structure en niveaux qu'on parcourt les uns après les autres. Ici nous avons un système de hub articulé autour de la ville. On revient plusieurs fois à cette dernière pour faire évoluer l'intrigue et obtenir des objets ou des informations qui nous permettent d'accéder à de nouvelles zones une fois à l'extérieur. L'architecture reste malheureusement très succinte, et pour cause : le jeu est très court et peut se terminer en 2 ou 3 heures, voire moins si on le connaît bien. Rappelons qu'il s'agit du travail d'un seul homme, amateur qui plus est. Il s'agit cependant du seul élément qui trahit cet état de fait, car le soft dispose d'un degré de finition exemplaire, très largement supérieur à la grande majorité des titres d'époque tournant sur le Commodore 64. Il en va de même pour la jouabilité parfaitement réglée et l'équilibrage général. Enfin techniquement, c'est une grande réussite du support, avec des graphismes fins, de nombreuses couleurs, et comme déjà évoqué, un scrolling fluide et rapide. On déplore cependant quelques inévitables ralentissements lorsque des sprites de taille assez imposante se retrouvent en grand nombre à l'écran.
Les épisodes suivants vont tout de même largement améliorer la variété des décors et l'animation des personnages (on voit ici à peine les armes dont Ian fait usage).
Enfin, l'un des grands points forts de Metal Warrior, c'est sans contexte sa bande-son. Dans la grande tradition des jeux micro 8 bits, il faudra choisir entre musique et bruitages. Oubliez ces derniers : même s'ils sont tout à fait convenables, il serait criminel de passer à côté de l'incroyable musique de Metal Warrior. Le hard-rock craché par le fameux processeur sonore SID de la machine est d'une efficacité redoutable, magnifié par cette patte "brute" qui caractérise les musiques C64 et qui colle si bien à ce style. N'oublions pas que Cadaver, l'auteur du jeu, est avant tout un musicien qui s'est déjà illustré au sein de la scène C64, avec quelques reprises très efficaces (comme sa version de Aces High de Iron Maiden) mais aussi des compositions assez géniales. Et pour juger de ce dernier point, je vous recommande de cliquer sur ce lien afin d'écouter les musiques du jeu, grâce au player SID proposé sur le site www.Gamebase64.com : enjoy !