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Last Bronx (Tokyo Bangaichi)
Année : 1996
Système : Arcade ...
Développeur : Sega
Éditeur : Sega
Genre : Jeu de Combat (VS fighting)
[voir détails]
Par Shenron (05 octobre 2009)

Tout le monde connaît la série des Virtua Fighter, qui fut précurseur en matière de combat en 3D "réaliste" (si on fait abstraction de la faible pesanteur qui règne sur les rings). Série phare de Sega, elle eut le bonheur de connaître de nombreuses suites et de nombreuses adaptations, certaines sur des supports un peu... exotiques (VF sur Game Gear ?). Tout le monde n'a pas cette chance. Prenez Fighting Vipers. Deux épisodes seulement, une apparition dans Fighter Megamix et puis s'en va. Mais il y a pire. Il y a Last Bronx - Tokyo Bangaichi.
Last Bronx marque la tentative de Sega de s'essayer à la baston sérieuse. Parce que c'est bien joli les pirouettes et les sommersault kicks, mais dans la vraie vie ce n'est pas comme ça que ça marche. Dans la vraie vie, quand on veut faire mal, une barre de fer c'est quand même plus efficace qu'une manchette.

Last Bronx est donc une histoire de guerre des gangs dans un Tokyo très vaguement futuriste. Les chefs des différentes factions ont été convoqués à une espèce de tournoi par un dénommé Red Eye, qu'ils ne connaissent pas et dont ils ignorent les motivations. Mais peu importe, car la leur, c'est de mettre sur la tronche de leurs rivaux, avec qui ils ont plus ou moins d'antécédents qui sont détaillés relativement précisément (et avec un peu d'humour) dans le manuel du jeu, ce qui est assez rare pour être souligné. Chaque combattant manie une arme différente : nunchaku pour Joe, tonfas pour Yoko, bô pour Tommy, bôken pour Kurasawa, etc. Évidemment l'arme choisie influe grandement sur le gameplay, on ne manie pas une massue à la Kaori Makimura comme des saïs à la Raphaël.

Il faut donc composer principalement avec l'inertie, et c'est là que Last Bronx marque sa différence : manquer un jab est une chose, rater un coup de massue en est une autre, et chaque attaque manquée rend extrêmement vulnérable, d'autant plus que les coups font très, très mal. Le moindre petit coup inflige quasiment 10% de dégâts, les plus violents ôtent la moitié de la barre de vie. De là à dire que le jeu est bourrin, il n'y a qu'un pas.

Mais en fait non. En plus du système PKG (Punch Kick Gard) initié par Virtua Fighter, Last Bronx offre un bouton de roulade, qui permet de se déplacer rapidement et d'esquiver la plupart des coups. L'accent a également été mis sur les feintes (chaque coup peut être interrompu en appuyant sur le bouton de garde) et les combos aériens. Finalement les combats sont donc plutôt tactiques, et peuvent durer 10 secondes comme plus d'une minute. Cependant la palette de coups relativement limitée (une grosse vingtaine par personnage) le place derrière un VF en termes de profondeur.

Tout le monde à l'école !
Ces vidéos sont certainement très utiles, mais en japonais...

Sega ayant bien compris que Last Bronx n'est pas facile d'accès, ils ont doté la version Saturn d'un deuxième disque avec un mode entraînement poussé et spécifique à chaque personnages et plusieurs vidéos commentées. Malheureusement nous, pauvres occidentaux, n'avons pas eu droit à ce deuxième disque, ni aux autocollants ou au poster moche offerts. En revanche on a eu droit à une boîte moche, ça compense. De plus, presque tous les logos présents ont été remplacés par des logos Sega, à l'exception de celui de la JAL.

À gauche, la boîte japonaise. À droite, la version européenne. Dommage...

Cette version Saturn a bénéficié d'autres ajouts : un mode Histoire différent du mode Arcade (toujours présent par ailleurs) dans lequel Red Eye n'est plus le dernier boss, ce rôle étant donné au principal rival de votre perso, des séquences animées (dont une très sympathique intro), et un boss bonus clin d'oeil à Dural.

Last Bronx tranche également avec VF2 au plan technique : s'il a été développé sur Model 2, l'ambiance est radicalement différente, les combats se déroulant dans un environnement urbain (parkings souterrains, aéroports, etc.) et souvent de nuit, dans des arènes fermées mais sans possibilité de ring out. Les animations ont été réalisées à l'aide de la motion capture, ce qui augmente le réalisme, et si on n'échappe pas à la légère impression de flottement que cette technique provoquait à l'époque, le résultat est saisissant, d'autant plus que le jeu tourne à 60 images/seconde.

Malheureusement la version Saturn est en basse résolution (contrairement à VF2), ce qui rend les graphismes un peu ingrats de nos jours, mais c'est vite oublié une fois que le jeu est en mouvement. Le résultat global est un titre sombre, duquel se dégage une certaine mélancolie. Les musiques, d'ailleurs, par leur orientation un peu jazzy, concourent à cette impression, et donnent aux combats un rythme un peu languissant qui tranche avec la violence des coups.

Assez difficile d'accès et très particulier dans son approche (on est presque au niveau d'une simulation), Last Bronx est un titre extrêmement intéressant. Il a eu son petit succès au Japon, entraînant même la création de mangas (classique), de dramas pour la radio (!), et d'un métrage live (!!!). Mais il faut croire que si le contexte était assez vendeur, le parti-prisau plan de la jouabilité ainsi que sa difficulté élevée ont nui à son succès auprès des joueurs et a dissuadé Sega de lui donner une suite. Mais, signe de son aura, il a quand même eu droit à un remake sur PS2 dans la gamme Sega Ages, ce qui n'est pas si mal.

Annexe : Un petit topo sur les persos :

1 - Yusaku est le chef du gang de motards "Neo Soul". Bizarrement, alors qu'il est mis en avant à la fois sur les illustrations et dans les vidéos, il n'est pas le héros du jeu, d'autant plus que son sansetsukon, espèce de grand nunchaku à trois branches, n'est pas forcément facile à manier. Il se bat dans un aéroport.
2 - Joe est le leader du gang "Shinjuku Mad". Il est le rival de Yusaku, et manie, lui, le nunchaku, ce qui en fait un personnage rapide et idéal pour débuter. Petit, trapu, assez bourrin et le front dégagé, il fait un peu penser à Vegeta.Il se bat dans le niveau "Dark Rooftop"
3 - Zaimoku est le chef des "Bennes à ordure de Katsushika", possède une allure de pirate et utilise une masse en bois (un peu comme celle de Hammerin' Hary). Très massif et très lent, il est le seul à disposer de contres, ce qui le rend redoutable. Il se bat sur des docks.
4 - Kurosawa est le chef des Roppongi Hardcore Boys. Mélange entre un furyo et un salaryman éméché, il utilise un bokuto (une épée en bois), mais un pied de chaise aurait aussi bien fait l'affaire, tant la violence de ses coups est excessive : il affectionne particulièrement les coups à terre et sur la nuque, ce qui le rend assez sympathique à jouer. Il se bat dans un parking souterrain.
5 - Nagi, surnommée "la lesbienne enragée (sic)" dirige le clan Dogma, et manie les saïs. Elle est peu puissante mais forcément rapide, et a donc tendance à grignoter la barre de vie par des attaques vives. Elle se bat sur le Tears Bridge.
6 - Yoko est le boss des "G-Troops", et c'est autour d'elle que tourne le scénario de la version arcade originale. Dotée d'un uniforme paramilitaire, elle utilise des tonfas, et recherche son frère Ken, co-fondateur du gang. Personnage équilibré, elle possède des enchainements faciles à mémoriser qui permettent d'alterner les coups hauts et les coups bas. Pour la petite histoire, elle piqué ses fringues à Apharmd, de Virtual On.
7 - Tommy dirige le gang "Helter Skelter" de Shibuya (le quartier de la jeunesse tokyoïte), et c'est justement là qu'il se bat, avec son bô. Pas bien rapide, pas très fort, Tommy a son allonge pour seul avantage, mais il n'est pas palpitant à jouer.
8 - Lisa est le leader du gang (et groupe de musique) des Orchids, et utilise deux bâtons en métal pour se battre. Assez similaire à Nagi dans ses caractéristiques, son style est cependant bien plus extravagant, ce qui la rend assez prévisible. Elle se bat dans le Moonlight Garden, et, pour la petite histoire, est convoitée par Tommy.
9 - Red Eye est le boss du mode Arcade, porte un treillis et manie les tonfas, on devine donc vite qu'il s'agit du frère de Yoko (en plus, c'est plus que suggéré dans l'intro animée). Ses coups sont quasi-identiques à ceux de sa soeur, en un peu plus rapides. Il se bat sur le toit d'un immeuble.

Shenron
(05 octobre 2009)
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