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Souvenirs de Grospixeliens
Ce dossier est le récapitulatif d'un concours lancé début 2005 sur le forum de Grospixels. Il s'agissait pour les participants de raconter leur vie de joueurs dans un essai d'environ 4 pages. Cher lecteur, ne manque surtout pas de lire ces textes qui sont tous passionnants, vivants et la plupart du temps plein d'humour.

Les souvenirs de... Solonce

Vaisseau spatial

Ben quoi, c’est juste un crayon ça ? qu’est ce qu’y m’veut c’t’oiseau-là à vouloir me montrer la télé en poussant des exclamations aussi puériles qu’énervantes ? et pis, c’est l’heure de mon dessin-animé là, ok ? alors t’arrêtes de vouloir écrire sur un écran de télé !... c’est maman qui va aimer, tiens...

Tout à coup, mon père aperçoit mon air dubitatif. Il sourit et me tend le stylet.

Bon sang de bois, qu’est ce qu’y faut pas faire pour être tranquille ! Ok ! je le prends ton stylo... Oui, je le pointe sur l’écran... si ça peut te faire plaisir... pff, les vieux, ils sont tartes quand même...

Un incroyable tour de magie survient alors sous mes yeux : un trait apparaît sur l’écran. J’ai enfoncé le stylet, je l’ai bougé et l’écran a réagi ! Difficile à exprimer comme sensation, mais un nouveau monde apparaît soudain, une Terra Incognitae qui ne demande qu’à être découvert. C’est grisant. Frénétiquement, je fais tournoyer mon stylo tel un artiste dans sa tenue d’Adam en pleine montée de LSD aux premières lueurs de l’aube. J’inspire et les formes apparaissent avec leurs gros pixels chatoyants, j’expire et le pointillisme se mêle en un épique combat contre l’écran. La lutte s’intensifie, qui va vaincre ? l’homme ou la machine ?

Mon père.
Il reprend mon arme. Il avait sans doute peur de me voir sombrer dans la folie, possédé par mon insondable génie. Exténué mais fier, je regarde mon œuvre.

Bof !
Ouais... bof quoi ! Sur papier, j’ai fait mieux... Mr le démon du vidéoludique, il va falloir faire mieux pour m’impressionner. Et puis, quelle vulgarité, ce monochronisme !... Ah, mon pauv’ monsieur, quelle triste époque... j’ai 4 ans et je découvre l’interactivité de la télé via TO7. Cette télé, si gentille, si fidèle à ma génération, la voilà pervertie par ce mutant venue d’on-ne-sait-où. Qui sait ? peut-être les extra-terrestres...

Pendant ma profonde réflexion, l’écran laisse apparaître un nouvel arrière-plan. Le décor bouge tout seul, on reconnaît des arbres, des bâtiments, puis sur la gauche, on voit ... un truc. Mon père me tend un petit boîtier avec une petite barre verticale qui bouge au-dessus. Je le regarde inquiet pour son état mental, mais il me dit de faire bouger la tige. Il parait qu’il ne faut pas vexer les faibles d’esprit, alors je m’exécute.

Patatras ! Le machin ! le truc quoi ! Il bouge ! En haut ! en bas ! à droite ! à gauche !
Ah, il explose aussi... C’est quoi ce programme télé où les héros meurent ! Bon allez, je recommence, cette fois, je vais plus loin, foi de génie !

Toute la soirée durant, j’explorais ce monde étrange, abandonnant lâchement mon dessin animé pour cette belle amante sans lendemain. Bien des années plus tard, sur son lit de pré-retraité, mon père m’apprit une vérité que je me promis de ne jamais oublier : c’était un putain de vaisseau spatiale !

Je vous disais bien que les extra-terrestres étaient derrière tout ça...

Performer

Le jeu vidéo, c’est comme tout, c’est une histoire de frime.

J’ai eu de la chance : un pc faisait parti de ma famille. Y’avait mon père, ma mère, ma sœur, mon chien, et mon 386 SX 25 Mh. D’ailleurs mon passe-temps favori, c’était de dire « 386 SX 25 Mh » le plus vite possible. Déjà, c’est plus classe à dire que ‘Pepette’ (le chien) et pis, je sentais bien que, derrière son apparent flegme, mon auditeur se disait en lui-même : « Putain, mais qu’est ce qu’il a dit là !? l’enfoiré !... ». Hé hé, je suis machiavélique...

De la même façon, lorsque toute la famille se pointait à la maison, je ne manquais pas de faire découvrir à mes incultes préférés les joies du pad, ni surtout d’atomiser mes petits cousins à Bomberman, les voyant repartir en pleurant. Ce qui me faisait bien rire, c’est qu’ils étaient toujours pressés de revenir se faire ridiculiser.

Par contre, lorsqu’on se retrouve face à d’autres gamers, la stratégie change entièrement : il s’agit de se la jouer modeste. Vous savez ce que c’est, tout le monde l’a fait une fois, non ? Il faut faire semblant de pas savoir jouer à un jeu de baston, puis lorsque le premier round survient, mmmhhh... quelle plaisir ! Des heures d’entraînement pour apercevoir, un intense mais fugitif instant, la face de l’autre, complètement décomposée. Ca énerve de se faire éclater de cette façon, hein ?

Jeu vidéo, frime, performance, donc quantité. Je ne parle pas de sexe, pas encore. Là, je parle de collectionnite. Curieusement, on ne naît pas collectionneur, on le devient par un concours de circonstance. En ce qui me concerne, je dois ce travers ingérable de ma vie à mon père : il est prof de techno. ‘Ouais et alors ?’ me direz-vous, ou pas. Et bien, il animait durant de nombreuses années un atelier jeu vidéo à son collège. Ainsi, tous les vendredi soir, j’attendais son retour avec Pepette, puis lui sautais dessus et léchais ses oreilles, afin de pouvoir lui faire cracher les disquettes que lui ont confiés ses élèves à mon attention.

Des dizaines de copains, des centaines de jeux, des milliers de souvenirs... Je renonce à en énumérer ne serait-ce qu’une infime partie. Nous avons à peu près les mêmes : simples et idéalisés.

Bon allez, juste un seul pour la route : je revois cette sensation, la même que sur le TO7 six-sept ans auparavant : c’est avec Zak Mc Kraken. Curieusement, ce jeu est l’un des seuls achetés de ma poche – comme quoi, on n’est pas totalement machiavélique. Le jeu se lance, l’intro, le rêve. Je contrôle Zak, c’est ma première expérience avec un point and click (j’appelais ça un jeu de verbe à l’époque). Je sors de ma chambre, je fouille, j’ouvre le robinet, j’éteins la télé. Je sors de l’appartement, j’arrive dans la rue. Je marche sur le trottoir, je me ballade, je tourne à l’angle, je vois le bus, je continue... Ces 15-20 premières minutes m’ont vraiment impressionnées. A l’époque, je n’imaginais pas cela possible : se balader dans une ville qui ressemble à la mienne !... C’était un tour de magie bien sûr, je percevais cette illusion de liberté, mais je m’en accommodais largement.

1993

Le printemps, quelle belle saison. La petite brise, le bruissement des feuilles, les sourires, la douce chaleur, les courtes pluies, les narc-en-ciels, les fleurs, instant idéal pour pouvoir s’amuser dans les parcs, les bois, faire des cabanes, exploser des insectes avec des pétards, jeter des bombes à eau sur des passants, visiter des propriétés abandonnées...

Bon ben nous, on matait des films érotiques, des films d’horreurs ou on jouait aux jeux vidéo toute la journée. La grande classe quoi !

Pour la plupart d’entre nous, la 4ème se passe assez tranquillement : on a réussi à faire virer un prof de maths du collège, on mange des speculoos en cours de grec, et ma roue de vélo, malgré son énorme trou à force de faire des dérapages, n’a pas encore explosé. Pourtant un vent nouveau excite depuis peu notre curiosité, la Super Nintendo est sortie depuis peu.

Que d’espoirs sur cette machine et ses nouveaux jeux venus d’ailleurs. C’est Laurent, le riche de la bande, qui s’accapare l’attention de tous en premier. Il a acheté le précieux objet. C’est décidé, le prochain samedi sera un grand jour : pizza pour tout le monde, projection de Démon sur son grand écran et Street Fighter II en dessert.

Parfois, je me demandais ce qu’un génie tel que moi pouvait faire avec ces étranges otakus, cette bande de ratés. Alors, je me suis regardé dans le miroir de la salle de bain de Laurent. Bercé par la douce mélopée de 2Unlimited, j’aperçus mon teint blême tendance bleuâtre, sans doute dû au dangereux mélange hamburger + film d’horreur + jv épileptique. Je sentis la nausée m’assaillir. C’est donc au printemps 1993, sur le bord d’une cuvette de WC, que je me rendis compte d’une terrible vérité : je ne suis pas un génie ! je ne suis qu’un nerd moi aussi, ce que notre société appelle aussi looser, sans ambition, sans motivation professionnelle, une merde quoi !

Cool ! me dis-je finalement. Le cœur léger, l’esprit serein et l’estomac enfin vide, je rejoignis mes paires : « Oli ! passe moi ce putain de pad que je t’éclate avec Dhalsim ! » Ahh, le jeu vidéo, une école de la vie...

Plus tard, l’un d’entre nous, abonné à Player One, s’est pointé au bahut avec des réductions pour le premier SuperGame Show au CNIT. « On y va tous ! » et la bande s’y invitât à son tour. Le jour venu, une surprise nous attendait : quel monde à l’entrée ! Cette file d’attente impressionnante –alors que les portes ne sont pas encore ouvertes- nous permit de découvrir la communauté disparate mais importante des jeunes gamers de France. « Unissez-vous ! », qu’il disait, unissez-vous... pff...

Le SG Show, c’était le Disneyland du joueur, les stands Séga et Nintendo s’affrontaient à coup de bornes tous les 2 mètres. Une effervescence, une excitation de tout instant, de toute une génération. C’est sûr que, pour des puceaux comme nous, on en a pris plein les mirettes, exténués à force de jouer des coudes pour découvrir une exclu, mais gonflés à bloc par cette constante saturation de couleur, de pubs, de bips et du doux parfum de merguez.

Ouais, 1993, c’était sympa. Un samedi par mois, la randonnée Nation-Gare du Nord aller-retour pour lécher les vitrines des boutiques de jeux vidéo et de mangas nous épuisait. Notre fanzine mort né s’appelait Maniac Consoles, je m’occupais de la rubrique PC, me contentant d’un simple double test Dune 1 vs Dune 2. Et puis, on s’amusait avec rien. Dans la cours du collège, nos combats simulés s’accompagnaient des reproductions sonores à l’identique des héros de SF2 ou DBZ. Les filles nous regardaient dédaigneusement. On s’en foutait.

Mais plus pour longtemps...

Libido

« Les jeux vidéo ? pff, connais pas, moi ! c’est un truc de mioche, ça !... » Et voilà comment ma libido m’a fait quitter les joies du pad pour les tourments des jupes légères. Les petits clins d’œil, les regards pleins de sous-entendus, comment résister à de tels appels ?!... à moins que ce soit juste le fruit de mon imagination...

Bref j’ai trahi le corps des gamers de 1995 à 1998. L’avènement de la 3D, de la Playstation et la N64 me sont totalement passés à côté. J’étais dans un autre monde ; celui des boutons, de la fragilité et des nuits humides mais solitaires. Je côtoyais un autre jeu, bien plus dangereux. Dommage qu’il y en ait si peu dans l’industrie vidéoludique, les filles font d’excellentes game designer : créer les règles, gérer le risque et les récompenses du joueur deviennent un art entre leurs mains expertes. Cela donne parfois l’impression que le game designer s’amuse avec le joueur. Se joue de lui.

De temps en temps, pendant un jeu vidéo, il m’arrive un truc bizarre : alors que je suis sur le point de gagner la partie, il ne me reste plus qu’à passer à l’attaque, une formalité quoi !, j’ai peur et j’éteins. La peur de gagner, la lâcheté, je suppose. Ce schéma se reproduit quelque fois dans la réalité. Pour cette raison, j’ai refusé d’entrer complètement dans cette distraction féminine : je me suis contenté du rôle de spectateur, passif. Car, à l’avance, je sais que je suis perdant. Pourquoi ? Principalement parce que la nature ne m’a pas particulièrement avantagé. Dans le cas contraire, je n’aurais pas été un gamer, mais un fucking polish lover ou un truc dans le genre. Etrangement, je n’ai pas profité de ma solitude amoureuse pour me plonger dans le confort des jv. Pourquoi ? Tout bêtement parce que j’ai trouvé un autre monde à découvrir : la musique, avec laquelle j’ai autant de nostalgie que le jeu vidéo. Curieusement, j’aurais pu tirer un trait sur mes activités clandestines vidéoludiques et cracher sur mon passé de gamer, mais je ne l’ai pas fait. Pourquoi ? Parce qu’un jour, j’ai rencontré quelqu’un.

Une fille bien, simple et souriante. Elle se moquait de l’avis des autres : « les jeux, c’est un truc de gamin ? Ben oui, évidemment, mais qui a dit qu’on était des adultes ?! ». Et je suis tombé amoureux. J’ai eu de la chance, c’était réciproque.

Elle aime les jeux de plates-formes pour le bruit produit lorsque l’avatar prend les pièces/anneaux ; elle aime sauter sur les champignons et tuer les « gros balourds » ; elle aime les RPG japonais pour leur ambiance et parce qu’on peut avancer à son rythme. Faut dire aussi qu’elle joue comme une bille. Finalement, à la fin du 20è siècle : moi, génie infini, j’ai replongé dans le jeu vidéo grâce à une fille ! Sans nul doute, une grande époque pour l’humanité !

Fort heureusement, les copains ont connu la même trajectoire vidéoludique que moi. Donc, comme plusieurs années auparavant, le schéma squatteur-squatté s’est recréé : je suis le squatteur, profitant judicieusement de la naïveté de mes soi-disant amis. « Euh Xav, tu me prêtes ta N64 ? Ah non non non, c’est pas pour moi ! Voyons ! Pour qui me prends-tu ?!... c’est pour... euh, ma mie ! elle veut jouer à Zelda... [tousse en silence]». Ainsi, nous nous sommes remis au travail ensemble : quelques soirées de cours de rattrapage nous ont permis d’apprécier la curieuse course à la technologie du jeu vidéo, mais les séquelles de notre vacance sont restées ouvertes : nous sommes devenus des casual gamers. La honte !

Casual gaming

Je ne sais pas pour vous, mais moi, dès que je joue plusieurs heures aux jeux vidéo, je commence à me dire que je perds mon temps... Je ne joue pas seulement pour m’éclater ou pour savourer ma maîtrise graduelle du système ludique, mais aussi et surtout pour boucher les trous. Parce que je n’ai rien d’autre à foutre... Parce que je suis trop une feignasse pour aller dans une bibliothèque, emprunter des disques ou prendre des photos dans la rue. Et voilà, j’ai ma culpabilité qui me reprend : le jv, c’est du pipi de chat. Pourtant, ça n’a rien à voir avec l’influence du grand public conservateur, je les *$@%*!# : très objectivement, je considère le jeu vidéo comme une perte de temps. J’ai beau me persuader du contraire, il faut être fier d’être gamer, et blablabla, ben non, ça ne marche pas.

Alors, je cherche la méthode de combat idéale dans les T-RPG, j’oublie les quêtes annexes dans les Zelda, je peste devant les temps de chargement, je passe les cinématiques, j’abandonne lorsque le jeu devient trop difficile pour moi, etc. Ciel ! je prie pour que ce ne soit pas là les démons de la rentabilité qui me hantent. Je ne suis tout de même pas devenu aussi adulte. Je suis trop jeune pour être con, bon sang !

En parallèle, le vieux con s’est penché sérieusement sur ce média qui bouscule tout sur son passage (mais en oubliant la patience). J’ai profité de mon accès au net début 2003 pour avoir de multiples points de vue sur la massification du jeu vidéo et prendre du recul sur son industrie. J’ai adoré poser mes fantasmes game-design sur papier. N’allez donc pas croire que je n’aime pas jouer, mais la catharsis n’est simplement plus aussi facile. Comme tout le monde ici-bas, on grandit, on s’aperçoit qu’il y a d’autres manières de s’amuser, on a des responsabilités et il faut du temps pour les assumer, on rentre dans le moule psychologique des adultes. Et on regrette notre enfance. Normal quoi...

Mais finalement, fin janvier 2005, après plus de 20 ans de vidéoludisme derrière moi, j’ai acheté ma première console. Avec près de 2h30 de transport en commun par jour, je me suis permis un petit plaisir : une Game Boy SP. Jour après jour, je la vois se salir, prendre un peu de poussière, je la trouve belle. Je n’aime pas le neuf. Ma copine lui a confectionnée une petite pochette-chaussette à l’intérieur de laquelle elle reste bien protégée des chocs. Parfois, dans une rame bondée, je m’amuse à la sortir à grands gestes de ma sacoche et l’exhiber devant le regard indifférent des métro-parisiens. Ils ont leurs vulgaires et bruyants portables, moi, j’ai ma fifille, ma mienne. C’est agréable de frimer, quand même !

Un Tour de France embrumé

C’est l’Eté. Je dors, j’entends un drôle de truc dans mon rêve, comme un son d’hélico. Y’a des voix qui parlent de... danseuse... de 3è catégorie... le nez dans le guidon... J’ouvre un œil, la tv est allumée, le soleil aussi, il est 15h. C’est bon, je peux encore dormir.

Depuis deux nuits, nous sommes sur Flash back. Entassés à 7 dans une minuscule chambre, nous nous partageons les efforts pour mieux percer les secrets de ce monde fantastique. C’est Oli qui manœuvre, mais tout le monde est d’astreinte pour conseiller, donner des idées, participer, bref jouer. Hier, c’était le bal des pompiers dans notre commune. Vous vous doutez à quel point nous avons regretter de sacrifier cette fête enchanteresse, où s’affichent humblement les jeunes filles au jupe-ras-le-minou et garçons-au-torse-fier du quartier sous des airs mélodiques et rythmés, pour vaquer durement à notre tâche. Nous nous sommes juste permis une pause pour l’aussi court que piteux feu d’artifice de notre bonne vieille ville de banlieue parisienne.

Un rayon de soleil me réveille. Je regarde l’écran de tv et voit le podium de l‘étape. Pff, c’est encore Indurain qui va gagner cette année. Quelle guigne ! Il arrivera jamais à 5, c’est pas possible... Mes parents et ma sœur sont en vacances, j’ai la maison pour ma pomme. Quel pied ! Bon allez, encore dodo.

Je rentre avec les pizzas dans la chambre, ou plutôt la salle de jeu. Au moins avec elles, ça sentira un peu moins le fauve. Heureusement, on est pas chez moi. Alors c’est quoi le nouveau petit boulot ? chasseur de prime ? cool ! Et vous en êtes à quel étage du jeu real-tv ? Ca y’est ! on a réussi ! le présentateur nous accueille ! Vite ! dépêche toi de courir ! tout s’écroule autour de nous ! Mais je vais par où ?!!! Monte dans le vaisseau spatial ! Nous sommes sauvés ! on a fini le jeu !

Il est 10h du mat’. La tension est retombée d’un coup, les visages sont fermés, les traits tirés, les paupières lourdes. Mais nous avons sauvé la Terre, alors nous sommes heureux. Je prends mon vélo dans la cave du copain, on se dit à demain, à peu près à la même heure. On se fera des jeux de bastons pour changer un peu. Fais chier, j’aime pas ça, les jeux de bastons. M’enfin, je serais avec les copains, le reste, c’est du flan.

Je me rends lentement à mon domicile, il fait beau et bon. Je rentre le vélo dans le garage, je monte dans ma chambre, j’ouvre la fenêtre, j’allume la tv, je rentre dans ma couette. Je ferme les yeux. J’entends des oiseaux piailler comme des hystériques. J’entends les bips de Motus à la tv. Je laisse vaquer mon esprit, la fatigue venant.

Tout à coup, je repense au vieux vaisseau spatial sur le TO7. Je souris intérieurement, je soupire. Et je m’endors.

Solonce
(27 octobre 2005)